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Jean-Pierre, le 13/01/2020

Bonjour, et merci à Christine pour cet article.
Ma génération a pu approfondir sa foi grâce à VaticanII et les témoignages de certains Chrétiens qu’ils aient des responsabilités ecclésiales ou sociales.
J’avoue mal vivre certaines célébrations et tout un système d’adoration de l’EUCHARISTIE qui me semble proche de l’idolâtrie.
Ma foi concerne effectivement un Dieu qui abandonne sa puissance et se met “à la merci“ des hommes au service des plus humbles des plus démunis.
Nous avons vécu dans une paroisse dont le curé était un ancien prêtre ouvrier et comme cette paroisse comprenait plusieurs clochers, il avait organisé une alternance d’ADAL (et non ADAP)pour toutes les églises.
Depuis nous avons déménagé (toujours dans le même diocèse; même si l’évêque a changé). Du fait de mon état de santé, je ne peux pas toujours assister à la messe paroissiale, et donc parfois je prie avec la célébration du jour du Seigneur à la tv.
J’avoue avoir du mal à supporter toute la gestuelle avec encensement et utilisation du latin tant pour le prière de pardon que la glorification ou la proclamation de la sainteté de Dieu.
Je partage l’opinion tant celle de Christine pour un engagement des chrétiens pour célébrer ensemble cette mort et cette résurrection du Christ au travers de l’eucharistie et de son partage. De même l’unité des chrétiens n’existera vraiment qu’en acceptant ce partage eucharistique.
Fraternellement

N. Lemoine, le 21/06/2021

Merci pour cette réflexion de Christine Fontaine, si pénétrante, présentées dans l'article intitulé "Des femmes dans l'Eglise catholique". Dans le respect de l’Église institutionnelle, je voudrais tout de même aller un petit peu plus loin que de se replier dans un cocon avec d'autres personnes de ma sensibilité en attendant des jours meilleurs.
Je voudrais notamment qu'avance la question de l'appel des filles à être enfants de coeur (servant de messe).

Avec la récente publication du motu proprio Spiritus Domini par le Pape François, disposant notamment que désormais tous les laics, hommes et femmes, sont appelés aux ministères du lectorat et de l'acolytat, je pensais naïvement que cela règlerait définitivement la question de l'appel des jeunes filles à être servant de messe au même titre que les garçons, et mettrait fin à deux pratiques que je n'admets pas : refuser l'accès des filles à l'autel ou leur donner la possibilité de devenir servante d'autel avec un statut inférieur aux garçons (pas d'aube mais une sorte de cape blanche et l'obligation de se tenir, au moment de la consécration, une marche plus bas que les garçons). Or la question s'est posée dans notre paroisse. Une jeune fille qui venait de faire sa première communion a fait part de son souhait de devenir servant de messe, chose qui jusqu'à présent ne s'était jamais fait dans cette paroisse. Un catéchiste, plein d'assurance, a donc demandé sur la liste de diffusion whatsapp de la paroisse à ce que les filles puissent être appelées à être servant de messe, pensant lui aussi demander pour la forme quelque chose qui semblait évident. Le curé a répondu vertement qu'il était le seul maître à bord et que tant qu'il serait là cela ne se ferait pas. Les échanges en ligne sont partis en quenouille et le dialogue a vite tourné court. Etonné par cette attitude si tranchée, le catéchiste s'en est ouvert au vicaire général qui a rappelé la position de l'évêque sur la question : chaque curé fait comme il l'entend dans sa paroisse.
D'où les questions que je me pose
1° Un curé ou un évêque peuvent-ils ignorer un texte du magistère, signé par le Pape lui-même ?
2° Est-ce que cette possibilité de continuer ces pratiques d'un autre âge vient de ce que le Pape, dans son motu proprio a laissé aux conférences épiscopales de chaque pays la possibilité de définir précisément les modalités d'accès à l'acolytat et que la conférence des évêques de France a décidé de ne permettre d'accès à l'acolytat permanent qu'à des personnes adultes, excluant de fait les enfants de chœurs, mineurs, de ce statut et donc des possibilités nouvelles offertes par le Pape ?
3° Même dans ce dernier cas, que reste-t-il des arguments traditionnellement utilisés pour justifier ces pratiques d'un autre âge, compte tenu des arguments développés par le Pape (égale dignité de tous les baptisés, sans distinction de sexe). 4° Comment procéder pour obtenir que les pratiques évoluent effectivement, de préférence avant le décès ou une éventuelle renonciation du pape actuel, qui n'est pas éternel et dont rien ne dit qu'il sera remplacé par un successeur sur la même ligne que lui, en particulier sur la place des femmes dans l’Église ? (autrement dit nous avons peu de temps pour profiter de l'impulsion donnée par le pape, impulsion à laquelle l'épiscopat français résiste de toute son inertie à un point qui confine à la désobéissance).

La question pour moi n'est pas anecdotique.
1° Parce que je suis convaincu que ce refus repose sur une vision de la place des femmes dans la société qui est à combattre partout, y compris dans l’Église catholique. 2° Parce que cette vision est contraire aux enseignements du concile et du pape actuel.
3° Parce que le fait que quelqu'un se sentant appelé à une mission d'Eglise se voie opposer un tel refus n'est pas de nature à stimuler les vocations qu'on appelle par ailleurs à grands cris. A Nancy, les carmélites sont parties il y a vingt ans, puis les soeurs de la Visitation. Cette année, dans la ville voisine de Vandoeuvre, ce sont les clarisses qui quittent leur monastère, non pas à cause de problèmes financiers, ni de problème de bâtiments, ni d'une crise au sein de la communauté, mais, comme pour les fermetures précédentes, faute de vocations permettant de renouveler la communauté ( https://www.catholique-nancy.fr/actualites/fermeture-monastere/clarisses ). Sans aller jusque là, la vocation pourrait simplement être de rester fidèle à l’Église !
4° On se trouve face à une question qui ne nécessite nullement une évolution normative des règles ecclésiales mais qui relève de pratiques installées et que la disparition de ces pratiques ouvrirait des perspectives actuellement bouchées.

Pourriez-vous répondre à mes questions et me donner des pistes pour agir, sachant qu'une très large majorité de chrétiens engagés dans la paroisse est favorable à une évolution sur cette question ?

Cordialement.

Christine Fontaine, le 21/06/2021

Franchement vous me prenez de court.
Effectivement il y a sûrement un vide juridique sur le statut des enfants servants de messe.
A la suite du motu proprio du pape la plupart des journaux ont diffusé des photos de fillettes servantes de messe. En fait le pape parlait de femmes adultes puisqu'il qualifiait de "ministère" le fait d'autoriser les femmes autant que les hommes à faire des lectures à la messe.
Pour ma part, je trouverais bien plus sain d'autroriser les garçons et les filles à entrer dans le choeur sans les "déguiser" en leur faisant porter une aube. Ce port de l'aube peut leur plaire mais il ne fait que délimiter un espace "sacré" dans lequel les profanes ne peuvent entrer. Mais là n'est pas votre question.
Devant ce vide juridique, l'évêque renvoie à la responsabilité du curé : chacun est maître dans sa paroisse. Juridiquement, rien à dire.
Comment contester ce pouvoir absolu alors que les arguments juridiques ne le permettent pas ?
Une possibilité serait de parler aux garçons servants de messe et de leur expliquer ce que cette ségrégation entre garçons et filles a de profondément injuste. De leur demander s'ils accepteraient au nom de l'égalité entre baptisés masculins et féminins de ne plus être servants de messe tant que des filles ne pourraient pas l'être aussi. Autrement dit, de leur proposer de se mettre en grève du service de l'autel... Si cela était possible cela les rendraient acteurs, au nom de leur baptême, d'un combat non violent pour l'égale dignité des deux sexes dans l'Eglise. Un appel dans ce sens pourrait être fait sur internet par eux-mêmes et/ou leurs parents concernant non seulement cette paroisse mais toutes celles où une pratique de discrimination est effective. Mais j'ignore complètement si cette solution, dans le contexte de votre paroisse, est possible...
Cette toute puissance du curé est évidemment dangereuse et ne forme pas les enfants (ni les adultes!) à vivre dans la liberté des enfants de Dieu dont parle le Nouveau Testament.
Ceci dit, c'est ce qui me vient à l'esprit mais je vais me renseigner pour avoir d'autres avis.

Si vous voulez faire connaître une initiative que vous prendriez (celle-là ou une autre), n'hésitez pas à nous le faire savoir.

En toute amitié.

N. Lemoine, 22/06/2021

Merci pour cette première réponse.
Nous envisageons de relancer une discussion à ce sujet à la fin de la réunion de pré-rentrée des catéchistes, à laquelle le curé est présent (puisqu'il a refusé de mettre la question à l'ordre du jour d'une réunion de l'EAP). L'idée serait de demander d'organiser une discussion de type synodal au sein de la paroisse, le curé étant chargé de la décision finale, mais après l'échange, pas a priori.
Il me semble par ailleurs que l'évêque peut combler le vide juridique en établissant une loi propre à son Église particulière (éventuellement après une démarche similaire à ce que nous proposerons pour la paroisse), dans la mesure où cette loi n'est pas en contradiction avec les normes de l’Église universelle, ce qui serait le cas ici. Mais évidemment, cela risquerait de faire des vagues de la part de certains dont on préfère ne pas mettre à l'épreuve leur obéissance... A court terme, nous proposerons à cette enfant de s'adresser à une paroisse proche où elle pourra être accueillie selon son souhait, une fois vérifié que cela ne posera pas de problème, histoire d'éviter qu'elle n'essuie un second refus.
Nous n'en sommes pas encore à aller au conflit par des actions de protestation.
Cordialement,

Jean-Louis Schlegel, 22/06/2021

J'ai demandé à Jean-Louis Shlegel, qui est un ami, de bien vouloir donner son point de vue. Voici sa réponse.
Christine


À propos des servantes d’autel

Avant tout, je tiens à saluer le texte magnifique de Christine F. sur la place des femmes dans l’Église à la suite du Motu proprio de François sur les femmes lectrices et acolytes. Sur le fond et la forme, il est excellent, très bien argumenté et avec du contenu.
Attention : il concernait toutes les femmes, de tous âges, mais son objet est l’entrée des femmes dans le chœur pour lire et faire diverses tâches, et non la question des servantes d’autel ou des filles « enfants de chœur ».

D’abord sur le texte du pape : il est quand même étonnant qu’il ait fallu attendre 2021 - près de 60 ans après Vatican II – pour qu’un pape dise que les femmes ont le droit d’aller lire les textes de l’Ecriture dans le chœur ! Que « lectrice et acolyte » était des ministères possibles pour elles ! Ma première réaction a été de penser : c’est archi-limité et ça existe déjà ! Cela me paraissait donc dérisoire mais en y regardant de près, c’est très important. Dans l’Eglise est toujours présente quelque part l’idée que le corps des femmes est impur, avec ses règles, le désir qu’elle suscitent, etc.…

Et désormais le texte du pape sera opposable à ceux qui refusent de laisser les femmes faire des lectures, et refusent même aux petites filles, l’entrée dans le choeur - et c’est très important. On voit bien ce qu’il y a derrière : le pur et l’impur, la souillure du sacré par l’impur. C’est une idée toujours quelque part présente alors qu’aux origines, dans l’enseignement même et le comportement de Jésus, dans les évangiles, la rupture était claire et nette avec les règles de pureté corporelle ou alimentaires du Lévitique (voir le papier très tonique de Véronique Margron, « Espèce d’acolyte ! » (sur le site de RCF-Radios Chrétiennes de France), était excellent sur ce point.

Les filles « servantes d’assemblée », c’est une autre question. Mais j’ai la même grille d’interprétation à propos de l’instauration invraisemblable durant les dernières décennies, dans de nombreuses paroisses, des filles comme « servantes d’assemblée » (pour rendre de menus services… souvent inutiles, même si elles semblent ravies – je le vois dans ma paroisse…), et l’impossibilité pour elles de devenir « servantes d’autel ». Je ne suis pas sûr que ceux qui ont pris et prennent cette mesure réalisent toute la charge symbolique et les représentations maladives qui se trouvent derrière tout ça, tous ces interdits, tous ces mots... C’est justement, pour les femmes et les filles, sur la question de la frontière du chœur dans la liturgie que les incompréhensions et les attentes se sont faites de plus en plus fortes. Donner sans restriction aux femmes le droit d’entrer dans le chœur et de lire n’est pas une mesure mineure, je viens de le dire ! Refuser que même des petites filles (non adolescentes) y aillent est invraisemblable ! Cela en dit long sur ce qui se passe dans la tête de certains prêtres. Il y a quelques années, une amie crédible me parlait d’un curé qui refusait de serrer la main aux femmes jeunes, devinez pourquoi… Même avec des adolescentes, où est le problème… ? (à ce propos, je suis un peu en désaccord avec Christine : l’habit a l’avantage de mettre tout le monde sur un pied d’égalité, et d’éviter, aussi pour les garçons, les fantaisies inutiles et les inégalités…. Dans le chœur on peut avoir une certaine uniformité rituelle, qui évite au spectateur des curiosités pour des trucs sans intérêt).

Pour les filles réduites au rôle de « servantes d’assemblées », un prêtre qui les refusait comme « servantes d’autel » m’a aussi dit, dans les années 2000 qu’il fallait leur épargner l’envie de devenir prêtres, et donc une grosse déception, vu que c’est impossible. Ce souci pour les sentiments des filles était louable, mais là encore, que de fantasmes ! On a pourtant pu voir dans des liturgies à Saint-Pierre de Rome, présidées par François, des filles servantes d’autel (et plutôt adolescentes) ! L’exemple n’a pas suffi : il a donc fallu mettre les choses au point avec un motu proprio ad hoc en janvier 2021.

Pour le reste, après les conflits des deux déconfinements, je me pose vraiment des questions sur la centralité de l’eucharistie. C’est mon autre (amical) désaccord avec Christine. Ce geste magnifique est en effet devenu un enjeu idéologique majeur : l’eucharistie (la messe) au centre aujourd’hui, c’est aussi le prêtre au centre, donc, pour les tradis, l’occasion d’en faire un verrou central en vue de maintenir et conserver la sacralisation, et pour sacraliser la cléricalisation, i.e. le pouvoir et l’entre-soi sacerdotal. Les évêques sont obsédés par ça en ce moment, prêts à vendre leur âme au diable (tradi voire intégrisant) pour avoir des prêtres, en allant les chercher à l’étranger (c’est vrai aussi des religieuses).

Voilà pour l’essentiel. Bien amicalement.

Christine Fontaine, 22/06/2021

Jean-Louis et moi n'avons pas interprété le motu proprio du Pape de la même façon. Interrogé en privé, il répond : " Pour le motu proprio, je ne sais pas s’il concernait les enfants. Il concernait les femmes de tous âges, à mon avis, et leur possibilité d’accéder au chœur. C’était déjà possible, mais des curés profitaient de ce que l’obligation n’était pas marquée pour leur refuser l’accès au chœur pour quelque raison que ce soit. Là ils n’ont plus le choix. "
Nous continuons à chercher et nous vous tenons au courant.

Michel Poirier, 23/06/2021

J'ai demandé à Michel Poirier (membre de l'équipe animatrice que je coordonne) s'il voulait bien faire une recherche sur le motu proprio du pape afin de nous aider à y voir plus clair. Voici sa réponse. Christine

Je suis allé voir le texte même du motu proprio, sur https://fr.zenit.org/2021/01/11/spiritus-domini-le-motu-proprio-du-pape-autorisant-les-femmes-a-devenir-lecteur-et-acolyte/

La première constatation importante est celle-ci : l’instruction papale ne concerne directement que le lectorat et l’acolytat institués, le fait de conférer officiellement et de manière stable à un baptisé, homme ou (c’est la nouveauté) femme, en vertu de son baptême et sans le faire entrer dans la cléricature, le ministère de lire à l’ambon l’Écriture et celui de coopérer dans le sanctuaire aux cérémonies sacrées, les fonctions réservées aux ministres sacramentellement ordonnés étant sauves.

Cette modification du droit canon ne légifère ni sur l’appel occasionnel (et pourtant déjà fréquent, en tout cas en France) à des laïcs, hommes et femmes, pour remplir ces fonctions à la messe du dimanche, ni sur les jeunes servants d’autel.

Cependant il me semble que le motu proprio peut entraîner, indirectement, des conséquences pour les uns et les autres. D’abord, l’instruction papale insiste sur le fait que le ministère ainsi confié l’est à des laïcs en vertu de leur baptême, de leur sacerdoce baptismal, et plus particulièrement de la condition royale du baptisé. Cela n’en fait pas des demi-clercs ; à plus forte raison ceux qui remplissent quotidiennement ces fonctions sans passer par une cérémonie les « instituant » jouent là pleinement leur rôle de laïcs, de baptisés. Ensuite la décision du pape implique qu’aucune incapacité fondamentale n’interdit aux personnes de sexe féminin de s’approcher du sacré, de pénétrer dans le sanctuaire des églises. Cela vaut aussi pour les filles servant à l’autel. Un vieux tabou est ainsi exorcisé.

Le texte ne s’appliquant qu’au lectorat et à l’acolytat « institués », il n’oblige pas un évêque ou un curé à accepter des filles comme servantes d’autel. Mais s’il refuse, il lui est interdit à mon avis d’invoquer pour justifier son refus de prétendues raisons théologiques excluant le sexe féminin de ces fonctions, il ne peut invoquer que son bon plaisir, des habitudes, des préjugés.

Julien, 24/06/2021

En réponse au témoignage de N. Lemoine, je voudrais apporter le mien.

Je fais partie d'une paroisse de la banlieue parisienne depuis l'automne 2015, dans une commune pauvre, où se côtoient plusieurs dizaines de nationalités différentes. Notre paroisse est à cette image. Je suis engagé dans l'équipe d'animation liturgique et j'y ai toujours été activement militant pour que nous intégrions des filles dans l'équipe des servants d'autel. Je parle de jeunes filles, c'est-à-dire de mineures, des enfants et des adolescentes. Notre curé, pourtant ouvert, a longtemps tergiversé, repoussant une décision ou évoquant des incompréhensions possibles à l'égard de certaines origines culturelles parmi notre communauté. Il y a quelques années, le vicaire d'alors avait fait remonter en réunion d'équipe liturgique que quelques filles lui avait demandé pourquoi elles ne pouvaient pas être servantes d'autel. Le débat avait été éludé par notre curé. J'avais à cette occasion pris une position d'emblée sans réserve en faveur d'une intégration égalitaire des filles au service de l'autel, position que j'ai à plusieurs reprises réitérée, y compris en conversation individuelle avec notre curé.
Une chose par contre a toujours été claire du côté de notre curé : il n'était pas question de pratiquer comme dans une paroisse voisine de la nôtre, plus "bourgeoise", où les filles sont déguisées en gentilles petites soubrettes, avec des capelines blanches, sous le terme de "servantes d'assemblées". Autrement dit, elles restent cantonnées à l'assemblée et pas question qu'elles s'approchent de l'autel. Face à cet affichage d'un sexisme effroyable, il valait mieux encore ne rien faire ! Pour ma part, j'ai toujours mis en avant les préconisations et pratiques de François, qui célèbre avec des filles et des garçons au service de l'autel, et l'égalité entre les sexes. J'ai également mis en avant que notre paroisse alors jumelle, dans le même département, avait déjà des servantes d'autel.

Et puis, à ma grande joie, la décision a été prise en ce début d'année. Notre curé nous a expliqué que des filles étaient venues directement lui demander d'être servantes d'autel, et, si j'ai bon souvenir, que deux d'entre elles arrivaient de paroisses où elles avaient déjà tenu ce rôle. Face à une demande aussi claire, il ne lui était plus possible de refuser et il avait pris conscience de la violence à leur égard qu'aurait causée son refus.
La chose a été présentée officiellement en réunion d'équipe liturgique, et elle est passée sans problème, à part une paroissienne (donc une femme) qui nous a sorti des arguments un peu étranges, sans doute liés à ses propres complexes à l'égard de la féminité, mais qui ont fait long feu. Et en paroisse, cela s'est passé comme une lettre à la poste. Les servantes ont été présentées officiellement lors d'une messe dominicale, et ont reçu une belle salve d'applaudissements !
Il a été également décidé que, désormais, l'encadrement de l'équipe des servantes et servants d'autel par les adultes serait mixte. Pour refléter la même parité mais aussi pour éviter des risques de rumeurs que vous comprendrez aisément si un homme seul s'en occupait. Tout se passe très bien et je suis toujours en joie quand je vois nos servantes, très consciencieuses, s'affairer au service de l'autel avec les garçons.

Quant au refus persistant de nombre de curés d'accueillir des filles au service de l'autel, que dire si ce n'est mon affliction et ma colère. Et en ayant lu "Sodoma", j'en arrive à me demander s'il n'y a pas également des raisons plus cachées, et peu avouables, à ces refus.

N. Lemoine, 24/06/2021

Bonjour et merci de cette étude. C'est bien ce que j'avais cru comprendre (et que je suggérais dans mes questions posées dans mon premier courriel). Merci de cette confirmation. Je pense aussi que même si ce texte ne concerne pas directement les servants d'autel, il permet de repousser tous les arguments avouables qui pouvaient être opposés à cette demande et comme les arguments inavouables ne seront pas avoués, cela laissera en principe sec les responsables qui continueraient à refuser d'appeler des jeunes filles au service de l'autel. Restera l'argument d'autorité.

Christine Fontaine, 25/06/2021

Je me permets de partager une partie du message privé reçu hier : "Ce que je trouve fou, c'est qu'il faille avoir un débat sur ce sujet.(...) Cela révèle bien le chemin rétrograde qu'a pris l'Eglise depuis ces dernières décennies, et la manière dont les tradis et les réacs ont réussi à y avancer leurs pions, au point de rendre sujet à controverses ce qui ne le devrait pas. "

Par ailleurs, N. Lemoine vous écrivez : "comme les arguments inavouables ne seront pas avoués (...) restera l'argument d'autorité." Il me semble que si j'étais la mère d'un petit garçon servant d'autel, je m'inquiéterais pour mon fils et j'essayerais de cerner ce que cache cet inavouable et jusqu'où il va en particulier dans les relations privées que mon fils peut avoir avec ce prêtre. Peut-être n'y a-t-il rien de plus que ce qui se voit mais peut-être pas. Je l'inviterais aussi à apprendre à se situer par rapport à "l'autorité" de ce prêtre qui "normalise" une vision sexiste qui n'est pas normale dans la société, a fortiori pour quelqu'un qui dit suivre l'évangile. C'est ce que je cherchais à signifier maladroitement en disant d'inviter les garçons à "se mettre en grève". Je voulais dire : leur apprendre à prendre de la distance.

Bon courage à vous et aux amis de votre paroisse.

Maurice B., 25/06/2021

1 - Voici ce que je répondais à une demande d'information au sujet des "servantes d'assemblée" en 2011

Tu tu poses des questions sur les “innovations” concernant les enfants de chœur.
Je n’ai pas d’arguments “pour” cette décision de réserver le chœur aux garçons, et quand j’en ai demandé, je n’ai pas eu de réponse argumentée.
Voilà en p.j. quelques données en ma possession.

En fait, on voit, à la lecture des documents, que la décision de limitation aux garçons seuls du service de l’autel est locale, mais ne repose
- ni sur des normes liturgiques,
- ni sur des décisions papales,
- ni sur des décisions épiscopales,
Or, seules, des décisions épiscopales à ce sujet sont prévues par l’Église (voir Servant de messe dans la PGMR). Il n’y a pas eu de décision officielle dans notre diocèse.
Le cas de décisions du clergé local de certaine paroisse du Val d’Oise n’est pas totalement isolé en France : voir : http://www.baptises.fr/conference-des-baptises-de-france/ministeres/ecoute/malaise-ordinaire/ (ce lien ne fonctionne plus)

Si l’on me dit que les femmes n’ont pas accès au chœur, et que je demande ce que font plusieurs fois par jour bénédictines, carmélites et autres clarisses au chœur, et dans combien de paroisses l’animation (chants et/ou lectures) des messes dominicales est 100% féminine, je n’ai pas de réponse non plus...
Sans réponses, je ne peux me faire une idée correcte du fondement de cette attitude qui, faute de justification, suscite donc de ma part des réserves expresses.
Voilà les données que j’ai sur le sujet.

2 - Ce que dit la législation de l'Église :

Ce que dit Redemptionis sacramentum (25 mars 2004 - congrégation pour le culte divin) :

- 47 - Il est tout à fait louable que se maintienne la coutume insigne que soient présents des enfants ou des jeunes - dénommés habituellement «servants d’autel» ou «enfants de chœur» - qui servent à l’autel comme acolytes, et reçoivent, selon leurs capacités, une catéchèse utile, adaptée à leur service.[119] On ne doit pas oublier que, du nombre de ces enfants, qui servent à l’autel, a surgi, au long des siècles, une multitude de ministres sacrés.[120] Afin de pourvoir plus efficacement aux besoins pastoraux de ces servants d’autel, il est nécessaire d’instituer et de promouvoir pour eux des associations, en faisant même appel à la participation et à l’aide de leurs parents. Quand des associations de ce genre acquièrent une dimension internationale, il revient à la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements de les ériger, ou d’approuver et de reconnaître leurs statuts.[121] Les filles ou les femmes peuvent être admises à ce service de l’autel, au jugement de l’Évêque diocésain; dans ce cas, il faut suivre les normes établies à ce sujet.[122]C'est moi qui souligne.

À noter que le cardinal Arinze, préfet à l'époque de la congrégation pour le culte divin ne pouvait pas passer pour un ''moderniste''.

3 - Ce qui se fait ailleurs :

3 - 1 Au Pakistan : agence Zenit du 2 septembre 2008 : je cite ce qui concerne le service liturgique des chrétiens témoignage de la liberté intérieure des chrétiens

"Il est par ailleurs positif que le témoignage des chrétiens change quelque chose dans la rencontre personnelle avec les musulmans et que ces derniers ressentent que « les chrétiens sont différents ». Ce sont avant tout les femmes musulmanes qui sont attirées par « la liberté et la joie » qu'elles vivent auprès des chrétiennes, car les « femmes chrétiennes peuvent aller avec leur mari à l'église, elles ont le droit de chanter dans une chorale, et les jeunes filles peuvent même ça et là devenir enfants de chœur ». La présence des religieuses est également un « merveilleux témoignage ». De nombreuses jeunes musulmanes aimeraient bien suivre des cours dans des écoles catholiques. L'Église s'engage surtout dans la formation des femmes, et organise de nombreux groupes de femmes auxquels des femmes musulmanes sont toujours invitées. C'est justement des femmes qu'Asi attend un changement de la société.""

3 - 2 En Corée

La Vie 10.12.09 - WEB (cet article n'est plus accessible sur le site
CORÉE. Un prêtre catholique d'une paroisse coréenne propose à des couples et à leurs enfants de devenir "familles de chœur". Une façon de renforcer leurs liens et d'approfondir leur foi.
Là, c'est toute la famille qui est au service du chœur

4 -Mes observations et mes conclusions

La peur du féminin est, dans un cas que j'ai vu, la clé de compréhension de cette attitude d'un prêtre, plutôt jeune.
Dans d'autres cas, j'ai entendu invoquer le respect d'une ''tradition'' nullement inscrite dans ''La Tradition''. Cette tradition repose sur l'espérance de faire naître des vocations presbytérales, espérance dont je n'ai pas vu de résultats.
J'ai encore d'autres documents sur le sujet (enfants de chœur fille rencontrant B XVI, etc) mais je ne veut pas alourdir ma contribution, déjà longue.

Jean-Pierre Burdin, 25/06/2021

Juste pour rappeler que l’aube blanche est le rappel de la robe baptismale. Pour quoi d’ailleurs premiers communiants, communiantes peuvent porter l’aube. C’est du moins mon humble avis et c’est comme cela que je comprends l’usage des habits liturgiques,

L’aube n’est pas le signe du sacerdoce , l’apanage des clercs…. Le signe du sacerdoce est l’étole, portée comme un tabler de service service par le diacre, et comme un joug rappelant la charge pastorale par le prêtre. Dans le chœur, seul, ils revêtent l’aube - l’habit pourtant de tous - mais comme habit de chœur. Un laïc ami avait demandé que pour ses obsèques à ce qu’une aube soir posée sur son cercueil … ce qui fut fait en signe de résurrection dont il fut marqué à son baptême.

Ce n’est toutefois probablement pas pour la seule commodité que seuls les clercs revêtent l’aube quand ils sont dans le chœur mais aussi pour manifester la diversité du peuple de Dieu dans sa totalité, qu’il ne s’arrête pas aux frontière du chœur, qu’il y a un laïcat en tant que tel et qui ne serait plus visible si tout le monde revêtait l’habit de son baptême.

Il est donc pour moi légitime que les baptisés qui servent à l’autel homme ou femme ; fille ou garçon, puissent porter l’aube. Par contre je trouve que les femmes et les hommes non ordonnés qui interviennent à l’autel venant de la nef manifestent, en gardant l’habit de ville, leur appartenance à l’ensemble du laïcat et plus largement au vaste et divers peuple de Dieu. De même et pour les mêmes raisons pour les laïcs portant la communion durant l’office, comme en viatique à domicile.

Probablement que le motu proprio du pape François provoque des ajustements de pensées sur tout cela…

Quand à la liturgie je suis sensible à certains usages pour les messes festives et solennisées Solennités n’exclut pas simplicité. Je regrette que l’encens soit devenu un rituel presqu’uniquement réservé aux funérailles ; Il devient donc, de facto, pour les gens, signe de mort. De même sur l’usage de l’aspersion, voire de la lumière et des cierges. De même j’aime qu’a certaines occasions, et à condition que le célébrant chante bien, que préface et prière eucharistique puissent être chantées par le célébrant. De même l’évangile. Sorte d’élévation des cœurs. Bien entendu l’ensemble de la liturgie doit être claire, lisible et compréhensible, dite en langue vernaculaire. Même si il est bon, de mon point de vue, d’une part pour respecter les différentes sensibilités, qu’un hymne ou deux, à certaines occasions ( vaste rassemblement, offices universels, solennités… ) que quelques chants ou hymnes du canon puissent être chantés en latin, ou en grec, en langues orientales … il me semble aussi important de manifester ainsi, lorsque c’est possible, que chants et rites s’inscrivent dans des cultures, dans des sensibilité et des sensualités qui ont une histoire que les liturgies doivent rendre sensibles, remémorées, portées et manifestées qu’elles portent les vivants et les morts.