Retour à l'article
Retour page d'accueil

Pour ajouter un commentaire ou une page au débat,
envoyer un mail à
nicodeme@dieumaintenant.com
en précisant sur quel article vous réagissez.

Pour suivre le fil d'un débat, commencer en haut de page.
Pour lire les nouveaux messages, commencer en bas de page.

Réponse de Monseigneur Francis Deniau à Christine Fontaine
le 30/09/2013


Bonjour Christine,

Ton papier m'a bien intéressé, surtout par la distinction entre deux âges ou deux paradigmes qui marquent forcément notre annonce de la foi et notre manière de la vivre, même si aucun des deux n'en est directement issu.

Et aussi par ce que tu appelles une loi à 0% : la parole de Jésus qui est toujours au-delà de toute réalisation concrète.

Par rapport à ce que j'exprimais et que tu cites, tu fais une "loi" (d'ailleurs comprise plutôt comme un règlement interne que comme loi au sens fort) de ce qui est pour moi une parole. Si la loi au sens fort est, comme le souligne la psychanalyse, une parole, toute parole n'est pas une loi. Pour moi, cela a sens de dire une parole que je reçois de la tradition et de l'expérience humaine de l'Église méditant l'Évangile, car je crois que cette parole peut être constructive pour ceux que je rencontre; mais je ne leur propose pas (a fortiori ne leur impose pas) une loi, et encore moins un règlement... Il me semble que c'est ainsi que nous échangeons... Je sais qu'il est d'autres lieux où cela ne fonctionne pas comme cela, mais je parle de l'expérience du dialogue, dans la recherche de ce qui peut faire grandir chacun par la parole de l'autre.

Il me semble que c'est aussi l'attitude pastorale de notre pape François, mise en forme dans l'image de l'hôpital de campagne : quand il s'agit de soigner une grave blessure, on ne demande pas au blessé son taux de cholestérol... Une parole qui vise à aider une responsabilisation personnelle peut être dite sans pour autant imposer un comportement concret.

Évidemment, réfléchir sur la signification anthropologique et spirituelle de l'engagement du mariage demanderait une réflexion plus approfondie, dans laquelle je ne peux m'engager aujourd'hui. J'aimerais aussi rebondir sur les deux paradigmes que tu décris, et qui me semblent éclairants...

Réponse de Christine Fontaine à Monseigneur Francis Deniau
le 1/10/2013


Bonjour Francis,

Je t'ai connu bien avant que tu ne sois évêque néanmoins tu l'es aujourd'hui. Le livre que tu m'as envoyé et auquel je fais allusion dans cet article porte bien la signature "Monseigneur Francis Deniau" et son titre est "Un évêque en toute bonne foi" (Fayard). Même si tes propos y sont libres, tu écris en tant que représentant de la hiérarchie. Je m'étonne qu'un évêque puisse dire que cette loi à 1% concernant l'union libre avant le mariage n'en soit pas une. Je me permets de te renvoyer au Catéchisme de l'Eglise Catholique ; au paragraphe 2400, il est écrit : " L'adultère et le divorce, la polygamie et l'union libre sont des offenses graves à la dignité du mariage. " Ce paragraphe fait partie du chapitre " Les dix commandements " et conclut la sous-partie " Le sixième commandement ".

A moins que tu ne considères qu'il n'est d'autre loi que celle à 0% dont parle l'Evangile et qui fait de chacun de nous un "pauvre pécheur" devant Dieu. Toutes les autres seraient de l'ordre non du commandement mais de la recommandation. Resteraient cependant deux questions (au moins!):
- Pourquoi la hiérarchie interdit-elle de communier à des catégories entières de personnes (polygames d'Afrique, divorcés remariés, homosexuels...) ?
- Même si ce que tu dis sur le concubinage est une parole et pas une loi, pourquoi ne te laisses-tu pas déplacer par 99% des catholiques qui considèrent que cette parole ne passe pas ? Ce qui ne signifie pas qu'il n'y ait rien à dire... mais une autre parole serait peut-être à trouver si la hiérarchie se laissait décentrer par eux...

Guy Lafon, théologien
le 1/10/2013


Chère Christine,

Je viens de lire et relire très attentivement cet article.

Je veux te dire très simplement mon admiration pour la façon simple et profonde dont tu sais dégager les conséquences de la situation indépassable d'entretien dans laquelle nous sommes tous, et cela du fait, justement, que nous sommes, que nous existons tous ensemble, les uns avec les autres, jamais les uns sans les autres. Tu as réussi à rendre sensible cette condition qui est la nôtre en rappelant notre heureuse appartenance, notre "relevance" aimerais-je dire, à une loi à 0%. Or, en défendant la position d'une loi à 1%, les responsables de l'Eglise restent encore en dehors du régime de la grâce...

Je me réjouis très profondément d'avoir pu lire les développements que tu proposes et je souhaite qu'ils rencontrent une très large audience. Ils sont éclairants et libérateurs.

Quant aux propos de ton correspondant sur la parole, j'aurais beaucoup à dire. S'il peut les tenir, c'est, me semble-t-il, parce qu'il méconnaît l'importance décisive, "structurante", de l'adresse dans toute parole, parce qu'il oublie que le "contenu" d'une parole est lui-même envoyé, expédié et, en conséquence, reçu ou refusé, toujours tant soit peu "répondu" !

Jean-Pierre, le 1/10/2013

Les questions posées par Christine Fontaine m'interpellent.
Surtout après avoir lu l'article "Le Dieu concret est aujourd'hui !"
La Loi et les traditions sont marquées par l'état des connaissances humaines de l'époque où elles ont été édictées.
De la même façon, notre relation à Dieu est elle même marquée par nos origines et l'éducation reçue.
Je pense que l'ESPRIT souffle en permanence, Dieu parle sans cesse aux hommes. Ces derniers ont une oreille sélective et sont par ailleurs sensibles au merveilleux.
Mais pour nous chrétiens, l'histoire est marquée par un évènement primordial :
L'Incarnation de Dieu en son fils Jésus Christ avec l'aide de l'Esprit et le Oui de Marie.
Par cette incarnation avec une mort infamante sur une croix, mais suivie d'une résurrection, la loi n'a pas été abolie mais accomplie.
Ce faisant, nous sommes appelés à agir "selon l'Esprit" dans le respect d'un commandement unique : Celui d'aimer.
La sexualité, par exemple, est à aborder dans cet Esprit. Il ne s'agit pas de céder à des passions, mais d'aimer dans le respect de soi-même et de l'autre.
Alors, il est possible de "fauter", mais cela ne doit pas conduire à une condamnation, mais au contraire à chercher comment aimer véritablement.
Je prendrais un autre exemple : Celui de la procréation. Je pense que dans les millénaires qui ont précédé, compte tenu de la mortalité tant infantile que de la faible espérance de vie, la société avait besoin d'une grande fécondité.
Qu'en est-il aujourd'hui? Le droit à l'enfant ne doit-il pas céder devant le droit de l'enfant? C'est à dire tout un engagement vis à vis de ce dernier, sans oublier la Providence.
Il en est de même pour toutes les questions de société, où notre action doit être questionnée à la lueur de notre foi et de notre raison, en particulier pour nous croyants.
N'est-il pas primordial de lutter contre toute forme d'exclusion?
Nous n'avons pas à juger, mais à essayer de comprendre et témoigner notre foi en un DIEU AMOUR?
Agissons ainsi, et avec l'aide de l'ESPRIT les clercs suivront.

François Valois, le 1/10/2013

Merci à Christine Fontaine d’avoir vu et exposé si finement et si clairement la situation dans « Le combat perdu de l’Eglise » ?".

D’une certaine façon, il n’y aurait rien à ajouter, sauf à compliquer les choses. Mais peut-être faudrait-il tenir compte de la philosophie de The Age of Fallability de Georges Soros (eh oui, le fameux financier, je m’excuse de mes fréquentations). L’intérêt est que Soros se situe délibérément après Popper et montre que les dogmatiques (qui doivent finalement s’imposer par la violence) ne sont pas forcément les arriérés d’un monde dépassé mais sont passés par la période critique de la société ouverte et en ont été déçus, voire paniqués. Il me semble ainsi que le qualificatif de traditionnaliste que certains attribuaient à Benoît XVI – qui a eu sa période Conciliaire – n’était pas pertinent : il était devenu dogmatique par peur (et violent : comme Préfet de la CDF il a, selon des chiffres que j’ai trouvés, condamné un théologien en moyenne tous les 15 jours sur presque un quart de siècle).

Bien cordialement. François Valois. Besançon.

Geneviève V., le 1/10/2013

J'apprécie le contenu des nouveaux articles. C'est riche, et je n'ai plus l'impression d'être "en marge" de l'Eglise. C'est la première fois depuis longtemps.
Merci pour votre travail.

Françoise D., le 4/10/2013

Christine Fontaine a fait un travail considérable : bravo à elle !

Jean-Luc, le 7/10/2013

Merci à Christine Fontaine pour avoir eu le courage d'aborder la question des rapports entre l'Eglise et la sexualité.
D'accord avec elle sur le caractère insensé de ce qu'elle appelle justement les lois à 1%. L'éclairage apporté par ses développements sur les lois à 0% de l'Evangile sont vraiment très féconds.

Qu'il me soit permis de marquer une réticence sur l'utilisation des mots : "dictatoriale" et "pouvoir totalitaire". Si je comprends que Danièle Hervieux-Leger puisse parler de fonctionnement totalitaire cela n'est pas pareil que les expressions qu'utilise Christine qui font ,me semble-t-il, diversion et opacifie son discours principal.

Je ne crois pas à l'existence d'un système centré qui produirait des lois immuables. Il y a toujours eu du mouvement, du changement dans l'Eglise. Vatican II est dans nos mémoires. L'esclavage et la peine de mort ont été admis par l'Eglise qui pourtant est devenue abolissioniste. L'ordre du monde n'est pas immuable et ne l'a jamais été. Mais toutes les règles ne sont pas sur le même plan. Il existe bien des lois fondamentales ayant une vocation universelle (la déclaration universelle des droits de l'homme). L'idée que le droit est inconsistant et se contente d'enregistrer passivement la variation incessante des différents rapports de force qui travaillent l'opinion et la société refuse de prendre en compte la fonction anthropologique du droit. Au fond la question de la loi est plus complexe qu'il n'y parait.

L'image du jeu de taquin me plait bien par l'existence d'un vide. L'effacement de l'Eglise ou des autres religions ou des autres regroupements idéologiques ne garantirait, malheureusement, pas l'existence d'un vide au coeur du système. De la même façon l'existence d'un cadre est loin d'être acquis. Je crains, quant à moi, que la figure du taquin fasse l'impasse sur la difficulté majeure que nous rencontrons à faire société et les raisons profondes de cette difficulté. L'affirmation selon laquelle "l'esprit critique et l'écoute des autres sont enseignés dès le plus jeunes âge", semble oublier la puissance du système marchand et de son bras armé, la télévision, qui mettent en place une société grégaire ou le mimétisme domine, rendant toute singularité suspecte.

Ce sont les positions de l'Eglise qui me semble critiquables pas le fait que l'Eglise ait des positions. J'attends de l'Eglise qu'elle soit un point d'appui permettant un rapport critique à la société contemporaine. Je ne suis pas sûre de souhaiter son silence.

Comme le dit Christine , il appartient à l'Eglise d'accueillir les exclus de toute sorte, de ne pas se contenter de bonnes paroles mais de poser des actes concrets. Notre responsabilité est d'obtenir de la hiérarchie de l'Eglise ainsi que de nos communauté ecclésiales qu'ils renoncent au repli et s'ouvre à tous, les étrangers, les divorcés fussent-ils remariés, les homosexuels seuls ou en couple et tant d'autres. Qu'ils soient accueillis humainement et sacramentellement. Que l'Eglise les aide à dépasser leur isolement et s'appui sur eux pour faire société.

Maurice, le 20/10/2013

J'ai été particulièrement intéressé, entre autres, par " En quoi les grands principes seraient-ils le signe d’un fonctionnement totalitaire et dictatorial quand ils concernent la manière de vivre en société et ne le seraient-ils pas quand il s’agit de la sexualité ? "
Et " Cette tension entre les uns et les autres manifeste peut-être deux systèmes de pensées incompatibles que la hiérarchie tente en vain de concilier. Sous couvert de faire l’unité entre tous, le Magistère demeurerait alors dans une sorte d’entre-deux qui ne rejoint presque plus personne ".
Et bien d'autres remarques...