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Julien, le 3/9/2018

Merci pour cet article très tonique et documenté. Par exemple, je ne connaissais pas Tony Anatrella. Son cas m'évoque celui d'Edgar Hoover, le redoutable directeur du FBI et âme damnée de Kennedy. Hoover pourchassait les homosexuels dans le cadre de ses fonctions policières - l'homosexualité étant à l'époque un délit aux USA - alors que lui même l'était.

La fin de l'article conclut ainsi : "Heureusement, beaucoup anticipent déjà joyeusement ces manières d'incarner l'Evangile autrement (etc)".

J'aimerais justement en savoir plus ! L'objet d'un prochain article ?

Jean Lavoué, en réponse à Julien, le 7/9/2018

Merci Julien pour votre lecture et demande de précisions. Voici quelques éléments pour tenter d’y répondre :

La démarche de transformation institutionnelle dans l'Eglise est difficile à mener tellement le pouvoir se trouve concentré sur une ligne hiérarchique étroite : ce n'est pas trop de celle-ci qu'il faut donc, à mes yeux, attendre le changement... D'où cet appel inédit du pape François au peuple de Dieu lui-même pour renouer avec les intuitions vives de Vatican II auxquelles résistent de toutes leurs forces les pouvoirs cléricaux qui l'entourent et qui se sont bien renforcés ces dernières décennies...

La suite, je crois, est dans nos mains : partout ou deux ou trois sont réunis pour vivre de la Parole.
C’est de la Source que vient le renouvellement ! Elle ne nous a pas quittés... C'est souvent nous qui nous en sommes éloignés !

Il y a pour l’Eglise, je pense, au-delà de la question de la sexualité qui pose problème, une problématique du rapport au temps et donc à la dimension historique de l'incarnation... Or une institution qui se contente d'un "institué" arrêté une fois pour toutes ne se laisse plus inspirer par l'" instituant " qui la fonde qui est, pour l'Eglise, le souffle vivant de l'Evangile porté par tous ceux qui s'en reconnaissent, où qu’ils en soient les témoins... Et il y en a beaucoup aujourd’hui qui se trouvent hors des murs de l'institution visible...

De nombreux groupes informels vivent de cette dimension ecclésiale « instituante ». Peu visibles de l’institution formelle, ils sont aussi privés par elle du partage des sacrements dont elle garde le monopole. Ceux-là aussi, ils les vivent autrement, comme une promesse de fraternité puisée à même la source de l’Evangile... Ces groupes auraient pu être beaucoup plus nombreux qu’ils ne le sont aujourd’hui et constituer même le tissu vivant d’une véritable universalité partout répandue dans la communauté humaine. Mais ils ont dû bien souvent demeurer clandestins, diaspora dispersée, communautés de base discréditées par le mouvement centripète organisé autour de la figure centrale du ministre ordonné : quitte à préférer voir disparaître, au nom d’une gestion obstinée de la pénurie des prêtres, la vitalité même de certaines communautés locales…

Cependant ces groupes existent. Un peu partout. Et s’ils n’existent pas, c’est à nous de les créer. Pas besoin d’un ministre ordonné pour cela ! C’est là le chaînon manquant de l’Eglise peuple de Dieu : la vitalité de ces petits groupe où s’intériorisent progressivement pour chacun un rapport neuf à la Parole. Ils sont lieu de nouvelle naissance… C’est là ma terre d’Eglise depuis plus de vingt ans, ce qui ne m’empêche nullement de célébrer aussi parfois, mais moins fréquemment qu’autrefois, cette fraternité qui nous réunit dans le cadre paroissial avec d’autres chrétiens. En attendant que de nouveaux ministères, non forcément définitifs, puissent être conférés à des femmes ou à des hommes issus de ces groupes et impliqués dans leur vitalité et leur croissance… Les communautés de base, notamment en Amérique latine, vivaient de ces intuitions dans les années 60/70 : elles ont été mises à mal par la hantise de l’institution, sous Jean-Paul II, de réduire la portée de la théologie de la libération. Dès lors, dans la clandestinité et de manière souvent souterraine, d’autres formes de vie ecclésiale en réseau se sont développées : sauront-elles cependant transmettre aux jeunes générations ces intuitions qui les ont fait vivre dans un souci d’autonomie, de responsabilité et de coopération ?