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Michelle Colmard Drouault, le 22/03/2019

On ne peut pas faire confiance à quelqu’un qui ne reconnait pas vraiment la justice civile, puisque bien que le cardinal Barbarin ait été condamné clairement, il n’accepte pas sa démission… Donc l’Eglise serait au dessus des lois ? Cette attitude a révolté un grand nombre de catholiques comme étant « la gaffe de trop ». Je la vois comme une marque de mépris de trop vis à vis des victimes.

Les ecclésiastiques dans leur majorité n’ont aucune idée de ce qu’est un enfant, un enfant réel, avec ses réactions sa vulnérabilité, son psychisme. Il devient clair que l’Eglise veut rester une secte d’hommes, et garder le pouvoir. Mais que dirait donc Jésus à voir cela ? Quelqu’un se pose la question au Vatican ? Tout cela est affligeant , désespérant, et un mal cruel pour les croyants…

Nathalie, le 22/03/2019

C'est vrai que cette "affaire" est bien délicate à évaluer... et pour nous qui sommes à Lyon la situation est passée de "délétère" à "floue"... Notre "administrateur" essaye de faire travailler le diocèse de manière plus "synodale"... mais il faut attendre un peu pour voir comment répondront les diverses "sensibilités" qui divisent le diocèse....

Jacques Musset, le 22/03/2019

La seule parole de Mgr Barbarin : "Dieu merci, les faits sont prescrits", qui relève du fait observable, est une faute gravissime. Elle relève d'un esprit clérical dont le souci premier est de sauver "le système catholique". Rien que cette parole qui n'a pas pu échapper au cardinal s'il ne la pensait pas - ou alors on peut s'inquitérer pour son état mental - méritait qu'il donne sa démission et que le pape l'accepte. Au fait, il pouvait démissionner sans demander au pape son avis. Vraiment un petit garçon pas très autonome ! Et ce n'est pas à l'honneur du pape de procéder ainsi.

Charles M., le 22/03/2019

Tres interessant. Merci Christine Fontaine.

François Q., le 22/03/2019

Raisonnement astucieux, chère Christine. Mais il me semble que Mgr Barbarin se serait un peu grandi en ne faisant pas appel. Je suis très sensible à ce tweet de l'écrivain Serge Joncour, dont je n'apprécie pas nécessairement le contenu de certains romans, qui dit en substance : finalement la justice humaine est meilleure que celle de Dieu. Parole d'incroyant sans aucun doute, mais censée.

Djamel A., le 22/03/2019

Je crois comprendre les remarques et l'hypothèse de Christine. J'apprécie son hypothèse. Comme hypothèse, selon moi elle se tient. Comme lecture personnelle aussi (comment cela pourrait en être autrement ?) Il reste que dans l'optique du choix du Pape qui serait de renverser la situation, le pape pouvait aussi prendre à la lettre la déposition de la démission à son intention comme le supérieur de Mgr Barbarin, qu'il est, et dire quelque chose comme : puisque tu me remets ta démission, j'en prends acte. Donner une valeur performative et non interrogative au geste de Mgr Barbarin aurait été aussi un renvoi à la décision seule de Mgr Barbarin qui est l'auteur de la démission. Pour cela il est bon de préciser qu'on ne remet pas une démission pour qu'elle soit refusée. Ce renvoi à la responsabilité est dans le propos "je prends acte de ta démission". Ce n'est ni l'accepter ni la refuser c'est prendre Mgr Barbarin pour un adulte responsable (en l’occurrence on sait de quoi il est responsable). Sinon pourquoi Mgr Barbarin n'a-t-il pas attendu le résultat de son appel pour évoquer sa démission si ce n'est pour jouer ? Par jeu ? Tomber dans ce jeu c'est partager une responsabilité même avec le souhait que ce soit à Mgr Barbarin de décider. Si Christine, d'une certaine façon le Pape a marché dans le jeu de Mgr Barbarin.

Nour A., le 22/03/2019

J'aime bien ton article. Très intéressant

Francis R., le 22/03/2019

Ton analyse est tout fait interessante!

Jean-Philippe P., le 22/03/2019

Merci Christine... Cette hypothèse est pertinente à prendre en compte d'autant que je fais également confiance au Pape François...

Abdelbaki A., le 22/03/2019

La miséricorde appartient à Dieu. Je veux croire en la sincérité des hommes malgré leur faiblesse. En effet l'honorabilité serait une démission et une repentance si les accusations sont avérées. Pensons ici aux victimes ainsi qu'à l'Eglise... mais si l'innocence devait être... alors la sagesse du Saint Père....

Boutros H., le 22/03/2019

J'adhère à cette lecture qui serait en cohérence avec la vision de François.

Jean-Pierre B., le 22/03/2019

Merci Christine pour cette lecture d'un événement qui était par ailleurs si difficile à comprendre !

Elisabeth P., le 22/03/2019

Bien vu ! Je crois en ton analyse.

Michel Jondot, le 22/03/2019

Le désarroi est grand après la rencontre entre le Pape et le Cardinal Barbarin; cela tient, me semble-t-il, au fait qu'un trouble naît du fait que la conclusion n'est pas claire. J'en vois la cause non dans les propos du Pape François mais dans les réactions du Cardinal. Le premier ne pouvait régler l'affaire : on lui aurait reproché de se mêler de ce qui ne le regarde pas, en ratifiant ou en contestant une décision de justice d'un pays étranger. Il a fait savoir que seul son visiteur pouvait prendre une décision claire mais ce dernier s'est réfugié dans une position ambigüe : se retirer mais en continuant à signer les décisions et en attendant des jours meilleurs pour éventuellement revenir. "Là où il y a du flou, il y a du loup", et,de fait, on entend des hurlements venant de tous les côtés. La balle, désormais, est peut-être dans le camp des laïcs et des prêtres du diocèse de Lyon : qu'ils aillent fraternellement prier leur évêque de se retirer définitivement. Il y va de la paix dans l'Eglise !

Jean-Michel C., le 23/03/2019

J'adhère aussi à cette vision selon laquelle le pape François met barbarin devant ses responsabilités. J'ajoute que je pense qu'en plus il respecte la justice française puisque barbarin a fait appel et n'est donc pas encore condamné. Si la condamnation est confirmée,nul doute que barbarin sera démis. D'ici là, il est possible et même probable que le cardinal ait réellement démissionné.

Nathalie (et Christian), le 23/03/2019

Re-bonjour Nicodème
Nous venons de lire le texte de Christine Fontaine... Christian qui est canoniste trouve que c'est la meilleure analyse de la situation qu'il ait vu...
Bravo
on va le faire passer Ubi et Orbi c'est sûr !
bonne continuation
bien fraternellement

Joseph, le 23/03/2019

Bonjour Christine,
Moi j'ai toujours pensé que c'était le cardinal qui déconnait. Son appel du jugement m'a révolté. L'interprétation que tu fais du refus du pape est probable et dans ce cas louable, mais son refus reste incompréhensible de la grande majorité des catholiques et du monde. Et en cela, je ne pense pas que sa décision nous éclaire, ni apaise les uns et les autres.

Odile MV, le 23/03/2019

Merci beaucoup pour cette interprétation fine, intelligente et « évangélique » de Christine Fontaine.

Aygline O., le 23/03/2019

Merci Christine pour ton éclairage que je partage. Il m'a permis de mieux comprendre ce qui a vraisemblablement guidé le pape dans sa position face à Mgr Barbarin. Merci aussi pour les derniers partages de Nicodème qui ont été très appréciés d'amis prêtres en Périgord.
Avec toutes mes amitiés.

Catherine Delahaye, le 23/03/2019

Bonjour,

Une simple réflexion quant aux soubresauts de l’Église actuellement.
Comme tant d'autres malheureusement j'ai traversé cet insupportable chemin de silence autour de violences, obligeant à consentir aussi au tabou autour des abus sexuels. Pourtant ces voix qui se lèvent partout donnent espoir. Le chemin est encore long pour reconnaître réellement dans l'Église, autant que dans la société, ces immenses abus de pouvoir qui ont gangrené plus que nos corps. Abus non assumés qui sont devenus une suite sans fin et grandissante de limites dépassées (morales, économiques, politiques, écologiques...). Les victimes restent victimes de ces silences, de cette lenteur à regarder le mal en face, à accueillir ce qui pourrait finalement nous délivrer tous de tant de souffrances. Aucune famille ne peut se croire épargnée. La réparation devrait être collective. Seulement pour le moment ce sont encore les mots qui continuent à cacher la misère, ils ne font que retarder la paix. Ces histoires apaisées seraient tellement nécessaires au moment où l'humanité est mise plus que jamais face à son destin.

Cordialement

Jean V., le 23/03/2019

Je suis convaincu par "l'hypothèse" de Christine. J'avais été surpris et déçu comme beaucoup de la réaction du Pape.

Nicodème, le 23/03/2019

Nous venons de prendre connaissance du communiqué officiel mis en ligne sur le site du diocèse de Lyon. Le voici.

Communiqué officiel
rencontre du cardinal Philippe Barbarin et du pape François le 18 mars 2019


Lundi matin, j’ai remis ma mission entre les mains du Saint Père.
En invoquant la présomption d’innocence, il n’a pas voulu accepter cette démission.
Il m’a laissé la liberté de prendre la décision qui me paraît la meilleure pour la vie du diocèse de Lyon, aujourd’hui.
À sa suggestion et parce que l’Église de Lyon souffre depuis 3 ans, j’ai décidé de me mettre en retrait pour quelque temps et de laisser la conduite du diocèse au vicaire général modérateur, le père Yves Baumgarten.
Cette décision prend effet à compter de ce jour.
Lyon, le 19 Mars 2019.
Philippe Barbarin, Archevêque de Lyon

Selon ce communiqué, il semble que l'interprétation de Christine soit juste.
1- Effectivement, le pape ne peut pas intervenir dans le droit civil d'un pays. Selon ce droit, puisqu'il y a appel, il y a présomption d'innoncence. Donc le Pape, selon le droit, ne peut pas accepter la démission du Cardinal.
2- Malgré cela, il ne le retient pas. Si le Cardinal venait pour être confirmé par le Pape, il n'a pas obenu ce qu'il cherchait.
3- Le Pape renvoie le Cardinal à sa propre responsabilité. Il l'invite à faire passer le bien du diocèse avant le maintien de sa place de Primat des Gaules.

Julien, le 25/03/2019

Je remercie tout d'abord l'équipe de Dieu Maintenant d'avoir pris le temps de cette publication. Je n'ai pas de remarque particulière à faire sur le contenu de l'interprétation de Christine.
Je tiens à dire que j'apprécie le pape François mais que je reste tout de même dans l'incompréhension face à sa décision. L'hypothèse de Christine est plausible mais je la crois incompréhensible pour le plus grand nombre, cette multitude dans laquelle je me range d'ailleurs. C'est là où est le problème. D'autant que le pape n'a pas donné beaucoup d'éléments pour justifier sa décision.

En effet, je considère que les problèmes de l’Église ne concernent donc pas qu'elle, mais bien les sociétés où elle s'inscrit. Je ne suis pas du tout en train de réclamer une sorte de réunification de l’Église et de l’État en Franc : je reste un laïque revendiqué et je réaffirme sans cesse que la séparation des deux est une très bonne chose, à conserver absolument. C'est pourquoi je crains que la décision du pape François, quand bien même elle se fonderait sur les arguments de Christine, est en quelque sorte une faute politique - même si elle ne l'est peut-être pas sur le plan théologique, mais trop difficilement accessible par le public, à mon avis.

L’Évangile ne cesse justement de nous pousser à sortir de l'entre-soi, à repousser la tentation de l'enfermement, à aller dans le monde vers les autres (avec discernement : "candides comme des colombes et prudents comme des serpents") ce qui a pu faire dire à Patrice de Plunkett dans son dernier livre que le christianisme est de ce fait la première religion destinée aussi à celle et ceux qui n'en sont pas. Le bien de l’Église est important mais je ne le séparerais pas du bien de la société toute entière.

C'est là où je crains fort que cette décision n'entache davantage l'image désastreuse de l’Église, encore une fois même si elle répond aux hypothèses de Christine. Et pour ma part, je pense avant tout aux victimes et je prie pour elle.

Christine Fontaine, le 25/03/2019

@ Julien

Tu es l'un de ceux qui nous ont poussés à tenter un éclairage sur cette situation. Comme tu le sais, nous n'étions pas très chauds pour le faire. D'une part nous n'y voyions pas clair, d'autre part les problèmes institutionnels ne nous passionnent pas. Mais en l'occurence tu avais raison puisqu'un grand trouble s'empare, comme tu le dis, non seulement des catholiques mais de beaucoup d'autres qui étaient portés - croyants ou non - à faire confiance au Pape et qui doutent de sa sincérité aujourd'hui. Tu dis que, malgré mes explications, la situation demeure trouble. Certes elle l'est mais, comme l'écrit Michel, est-ce à cause du Pape ou à cause de l'attitude du Cardinal ?

Dans l'espoir de rendre la situation plus compréhensible, tentons de reprendre les choses autrement, en étant plus factuels.

1- Avant la décision du tribunal le cardinal demande une audience privée au Pape. Il annonce publiquement que c'est pour lui présenter sa démission. S'il agit ainsi, dit-il, c'est parce qu'il veut le bien de son diocèse et non son propre pouvoir. Il s'en remet au pape pour trancher ce qui est le mieux pour l’Église.
2- La décision du tribunal le déclare, contre toute attente, coupable.
3- Le cardinal sait qu'il a un mois pour faire appel.
4- Il sait aussi que le RV prévu avec le Pape aura lieu bien avant la fin de ce mois.
5- Pourquoi fait-il appel sans attendre d'en envisager l'hypothèse avec le Pape au cours de ce RV ?

N'importe qui d'entre nous - s'il était dans la même situation que le Pape - se poserait cette question. Le Pape est-il tellement aveuglé par la confiance qu'il accordait à Barbarin qu'il soit le seul à ne pas se la poser? Si c'est le cas, le Pape lui-même n'est pas digne de confiance. Il déclare vouloir combattre le cléricalisme alors qu'il est aveuglé par ce même cléricalisme.

Misons sur le fait que le Pape n'est pas aveugle et qu'il comprend maintenant le jeu de Barbarin. En fait ce dernier n'a jamais voulu démissionner (contrairement à ce qu'il prétendait), il voulait PARAITRE humble et PARAITRE ne pas chercher à garder le pouvoir. En fait c'était de l'hypocrisie. Le Pape a pris conscience de cette hypocrisie de celui qu'il prenait pour un ami.

Le Cardinal Barbarin, en faisant appel sans attendre d'en discuter avec le Pape, lui a retiré toute raison de le démissionner. Cependant le Pape NE REFUSE PAS NON PLUS SA DEMISSION. Le Cardinal dit partout que le Pape ne l'a pas acceptée. Et c'est en cela qu'il jette du trouble sur cette situation. S'il avait dit : "LE PAPE N'A PAS REFUSE MA DÉMISSION" tout aurait été bien plus clair.

Monseigneur Barbarin a préféré, pour se présenter à la télévision, mettre des sandales d'humble pèlerin ("Voyez comme je suis humble!"). Il a cité les paroles du pape manifestant qu'ils se tutoyaient ("Voyez comme nous sommes amis!"). Moyennant quoi il plonge toute la catholicité dans le trouble. Le peuple croyait pouvoir faire confiance à ce Pape et il se met à en douter. Et si le Pape n'a plus la confiance du Peuple dans sa lutte contre le cléricalisme, il ne peut plus rien faire.

En conclusion :
- Je trouve que les accusations d'hypocrisie que certains - croyants ou non - portent contre le Pape sont injustes.
- Je trouve qu'il est injuste d'attribuer au Pape le trouble actuel.
- Je trouve injustes ceux qui essayent de justifier l'attitude du Cardinal.
- Mgr Barbarin et ceux qui le soutiennent sont, à mon avis, responsables du trouble concernant la sincérité du pape qui s'est emparé de l'Eglise et du monde.

Thierry Becker (prêtre en Algérie), le 11/04/2019

Merci, chers amis, pour ces beaux textes qui apaisent et sonnent juste, vive amitié !

Marie-Reine, le 11/04/2019

À travers la figure du cardinal Barbarin qui la représente, l'Église se trouve comme la femme adultère devant son Seigneur et à la face du monde. Oui, il est heureux que la vérité se fasse, que l'Église connaisse la honte. Seule la vérité peut nous guérir que nous soyons victimes ou coupables.

Mais ce n'est pas parce que nous lapiderons la femme adultère que les enfants qu'elle a gravement blessés seront guéris. Méfions nous de notre jouissance d'accuser.

Je comprends le suspens du pape - même s'il scandalise les "justiciers" que nous sommes - comme un suspens qui nous appelle à suspendre notre geste pour "tuer" l'autre qui a été trouvé coupable.

Même si la justice humaine l'acquitte, le cardinal Barbarin représente la partie émergée de l'iceberg de mensonge qui a sévi et sévit dans l'Église. Il sera contraint de démissionner. Mais le pape ne pouvait pas en faire le bouc émissaire chargé de porter les fautes de tous ceux que leur silence a rendu complices.