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Jean-Claude Caillaux, le 11/09/2023

Bonjour Christine,
Cette photo est tout simplement révélatrice.
Une simple analyse de l’image donne à voir tellement de choses :
Les grilles qui entourent le chœur (je sais bien que ce n’est pas là signe d’enfermement, mais je me contente de lire, sans chercher de contexte : seulement ce que dit l’image) : le lieu est enfermé, clos.
Le plus saisissant, comme tu le soulignes, c’est l’opposition entre l’homme revêtu de tous les ornements et Jésus, à moitié nu sur l’instrument de supplice.
L’évêque est élevé sur le petit podium (nécessaire, j’en conviens, mais je ne fais que regarder) tandis que Jésus est élevé sur une croix.
Ton analyse est fort juste, et j’y adhère.
Il se peut que la plupart d’entre nous ne fasse plus attention à cette forme de mensonge.
Deux réactions sont possibles : « c’est honteux », ou bien : « c’est risible ».
Dans les deux cas : quelle parole à partir de ce lieu ? Audible par qui ? Crédible par qui ?
Bien fraternellement.

Marcel Metzger, professeur émérite d’histoire de la liturgie à Strasbourg, le 11/09/2023

Vous avez raison de dénoncer ce retour aux anciennes modes vestimentaires des évêques. Ce décor désuet et sans signification avait disparu après le concile, et voilà qu’il revient en force, car l’évêque Crépy n’est pas le seul à s’entourer de tels falbalas.

Un confrère de notre diocèse de Strasbourg, décédé depuis, Paul Winninger, avait publié tout un livre sur « La vanité dans l’Église », dénonçant les titres honorifiques, les dentelles et autres bricoles vestimentaires, et tout le protocole pompeux. C’était il y a plus de soixante ans. Mais rien n’y fait. Au contraire, à Strasbourg un vicaire épiscopal, qui n’est que chanoine honoraire, s’est affublé d’une soutane noire, mais atteinte de l’inflammation de la boutonnière, = boutons violets et ceinture violette, c’est une usurpation d’uniforme !

Que les évêques renoncent enfin à leur titre de Monseigneur, et que les journalistes cessent de le leur attribuer.

Danielle nizieux mauger, le 11/09/2023

Je n’avais pas eu connaissance de la publication de la fameuse photo.

Je ne peux que dire à Christine Fontaine : non, vous n’avez pas eu tort de parler, de dénoncer... c’est même salutaire si nous prétendons nous mettre du côté de Jésus. Ils sont aveugles, ces évêques… Sur cette photo, nous ne sommes pas avec les disciples du Messie, nous sommes au Temple de Jérusalem, avec ceux que Jésus appelle les sépulcres blanchis !

Non, ce n’est pas une scène anodine : c’est le signe que le signe est plus important que le message, qui passe au second plan. Et quand le signe prend le dessus, c’est aussi l’autorité indiscutable, indépassable qui prend le pouvoir : l’inverse de ce que nous dicte le message de liberté et d’amour que nous a confiés Jésus…

Merci Christine, recevez ces quelques lignes comme un hommage et un encouragement.

Isabelle, le 12/09/2023
Commentaire sur l'ensemble des articles de septembre 2023


Merci pour ces envois que j'apprécie beaucoup
étant dans une Unité Pastorale en Belgique,
unité qui fait selon moi de la marche arrière.
J'ai transmis votre mail à des personnes qui pensent comme moi et à d'autres...
Très cordialement

Didier Levy, le 12/09/2023

Je partage toutes les indignations que suscite cette exposition de "signes de pouvoir" – ceux que le cléricalisme a multipliés, fortifiés et enracinés pour faire paraitre sa puissance et son autorité toujours plus légitimes.

Pour en interdire toute mise en cause, en procédant d’abord à l’affichage d’une majesté qui entend s’imposer par le spectacle qu’elle donne d’elle-même. Et qui veille à se rehausser à chaque degré de la construction hiérarchique de la cléricature.

Mais cette explication de mon ressenti me conduit à aller au-delà d’une critique circonstancielle. Jusqu’à une contestation bien plus globale, dont je ne voudrais pas qu’elle choque les lecteurs qui l’auront sous les yeux – alors qu’elle se réclame seulement d’un libre examen de l’une des problématiques à laquelle nous confronte l’état présent de l’Institution romaine.

L’image, et donc le fait, qui ont provoqué l’article si fondé et si salutaire de Christine Fontaine font-ils vraiment l’entièreté du débat ici posé ?

La mise en question n’est-elle pas celle, assurément bien plus radicale, de l’appareil voué à consacrer l’éminence des hiérarques de la religion catholique ? Constitué d’un décorum millénaire dont chaque composante tend à signifier que les fidèles ont devant eux une Noblesse du culte, reconnue à ses privilèges et dans chaque signe qui symbolise ou souligne la sacralité qui lui appartient et, corrélativement le pouvoir, conjuguant le spirituel et le temporel, qui lui revient.

Une Noblesse qui ne saurait œuvrer que dans l’apparat, la pompe du cérémonial et – peut-être pour le plus immédiatement signifiant – parée d’un vestiaire qui perd dans des temps reculés les raisons de son insigne complexité, pour ne plus laisser paraître que son faste, son éclat et son ostentation.

Dans la photo qui a appelé tant de critiques, la réfutation n’aurait-elle pas dû se centrer en premier lieu sur la tenue liturgique de l’évêque, dont quasiment plus aucun fidèle n’est aujourd’hui en mesure de déchiffrer les symboliques ? Et qui n’a plus d’autre destination que de placer encore davantage celui qui la porte en surplomb de la célébration. Toute la charge d’archaïsme qui compose cette illisibilité réduit l’image du prélat à figurer le centre d’une scénographie.

Encore que, sur cette photo, la garde-robe de cérémonie de l’évêque de Versailles puisse être tenue pour relativement empreinte de simplicité, voire de modestie : en regard, en tout cas, du spectacle qu’offrent les grandes célébrations vaticanes, avec leurs grandiloquents défilés costumés où se succèdent la phalange des cardinaux et les cortèges de clercs de tous grades - pour ne pas citer l’auguste appareil qu’à quelques retouches près, la tradition maintenue réserve encore au Souverain Pontife.

Peu séparerait, en fin de compte, le tableau d’un cérémonial en grande tenue qui se serait déroulé au Concile de Trente, de la retransmission télévisée d’une prestigieuse commémoration romaine d’aujourd’hui.

Pour le croyant peu pratiquant, ou le non-croyant, qui s’arrête aux descriptifs qui précèdent, une question vient spontanément à l’esprit : dans leurs déplacements, le Christ et ses apôtres sont-ils vêtus autrement que les foules qui se rassemblent pour écouter la Parole ? Au repas de partage de la Cène, ont-ils emprunté les tenues qui devaient être celles réservées aux prêtres et aux dignitaires du Temple ? Lorsque le Christ ressuscité se fait physiquement reconnaitre par Marie de Magdala, a-t-il pris un habit plus royalement glorieux encore que ceux qu’avait portés Salomon ?

Question qui, en suivant exactement la même logique, en appelle une autre : lorsqu’il officie, un prêtre du XXIe siècle, pour perpétuer ce qu’ont fait ses confrères sur des siècles et des siècles, aurait-il besoin d’endosser un vêtement particulier (un "vêtement de messe" pour que la magie attendue de la consécration opère ?), et devrait-il tourner le dos à l’assemblée – sauf à ce qu'on découvre que le Christ a fait de même pour inviter les apôtres à faire « ceci en mémoire de (lui) » ?

Je confesse qu’à déduire ainsi les interrogations les unes des autres, on en arrive au questionnement le plus dérangeant : qu’on ait besoin de praticiens des ‘’affaires de la foi’’ - possédant les connaissances théologiques et exégétiques et les capacités de discernement éthique nécessaires à l’exercice de leur service – implique-t-il l’existence d’une caste de clercs ordonnés et rangés dans une hiérarchie à qui l’autorité, en toute matière, est dévolue ? Toute créature de Dieu n’est-elle pas appelée à rompre le pain et à bénir la coupe, comme elle l’est à donner sa compassion et à répandre l’amour ?

La destruction du Temple a entraîné l’extinction des prêtres dans le judaïsme, et l’apparition du judaïsme rabbinique. Et les places respectives du rabbin et du pasteur réformé ont nombre de points communs. Plus cet avantage, inestimable, qu’il existe de longue date des femmes pasteures et, dans le judaïsme libéral au moins, des femmes rabbins.

Joseph, le 17/09/2023

Les deux articles de la rubrique "Église en question" ("Une profonde blessure" et celui-ci) m'ont particulièrement intéressé.
Mais c'est l'article concernant la photo de Mgr Crépy qui a suscité mon intérêt. Merci d'avoir pris cette initiative car je ne supporte plus le retour en arrière dans tout ce qui est soi-disant de tradition ou symbolique mais qui en final assoit la supériorité du clergé et le distancie des pauvres pécheurs que nous sommes.

Il y a 3 semaines je suis sorti au milieu de la messe dominicale, après la fin d'une homélie qui m'a mis hors de moi. Un nouveau prêtre arrivé de Guinée, éduqué pourtant puisque venu terminer son doctorat en France, nous a fait la morale pendant des minutes qui m'ont paru des heures. C'est devenu une constante dans le diocèse de Versailles où règne Mgr Crépy. Le prêtre nous a expliqué et répété qu'il y a les traditions avec un petit t (celles de nos cultures et vies de tous les jours) et la Tradition avec un grand T, celle que le pape et l'église nous rappellent. Je me suis senti infantalisé, rabaissé, n'ayant pas le droit de réfléchir et encore moins de mettre en doute La Vérité absolue, celle détenue par les papes (encore que je trouve François habité plus que d'autres par l'esprit saint) et les hommes d'église. Au secours !

Ça me navre vraiment car je ressens un grand besoin de prière en communion avec d'autres croyants, et la messe du dimanche reste un moment privilégié installé dans mes habitudes.

Un autre exemple qui touche directement Mgr Crépy. J'ai été particulièrement choqué lors d'une récente réunion à laquelle j'avais été invité par cet évêque pour un dialogue avec les associations de solidarité de saint germain en laye. Le curé qui recevait Mr Crépy dans sa paroisse a ouvert la réunion en présentant ce dernier comme "le descendant des disciples à qui Jesus a confié son Eglise". Le décors était planté... et le dialogue aussi ! Puisqu'on se trouvait en face d'une telle icône, comment espérer dialoguer d'égal à égal ?

Alain Rohand, le 20/09/2023

Dans un premier temps je dois dire que la photo ne m'a pas semblé choquante. J'étais une fois de plus en présence de ce folklore anachronique. J'ai même pensé que c'était une « vieille photo » du siècle dernier. Un vestige du passé. Et cela m'a rappelé le film « Roma » (1972) de Federico Fellini et ce célèbre défilé ecclésiastco-vaticaneque parodique appelé « Fellini's Vatican Fashion Show », défilé de mode d'évêques à mitres clignotantes et autre déguisements que le Vatican est bien capable d'inventer encore ou de ressortir des placards mités. Déplorable, mais pourtant toujours réel !

En revanche, les commentaires et textes que j'ai lus et qui bavassent sur ce sujet m'ont donné mal à l'estomac de tant de crispations passéistes inadmissibles. Si c'est ça la Tradition, le respect de rituels incompréhensibles et obsolètes, c'est à vomir.

On est à des années-lumière de Jésus de Nazareth. Trahir son message sera-t-il tolérable encore longtemps ? Heureusement je crois que non. Les églises sont désertées par les disciples de Jésus de Nazareth, les bâtiments sont vendus pour faire des hôtels de luxe ou des résidences pour gens friqués. De Charybde en Sylla en quelque sorte. <

Les chrétiens méritent bien mieux que ce grand cirque permanent.

Ami(e)s de Jésus, partons ailleurs, on nous attend. Là où souffle l'esprit libéré et libérateur.