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Jean-Marc C., le 28/02/15
J'ai publié votre article sur l'Islamophobie sur mon blog (Carrefour du silence). Il est très bien et il m'a éclairé car à priori j'étais
plutôt contre la loi interdisant le voile à l'école.
Bernard Dutoit, le 28/02/15
MERCI à Christine pour son merveilleux témoignage sur l’islamophobie qui nous conforte dans notre engagement. Même dans le Gers profond à l’interieur
de nos paroisses nous ressentons cette islamophobie violente. Je dois, le 7 février, en paysan amorti, parler de l’interreligieux aux "Amis de la Vie". Me
permets tu Christine d’emprunter quelques uns de tes exemples très pertinents ce jour là ? Fraternellement
Christine Fontaine, le 28/02/15
@ Bernard : Il n'y a aucun droit d'auteur réservé dans ce que j'écris; tu peux bien sûr utiliser tout ce que tu veux.
Merci de contribuer à casser ce ghetto et cette humiliation dans lesquels les musulmans se sentent enfermés !
Philippe L., le 28/02/15
Merci à Christine Fontaine pour son excellent article.
Je me permets un commentaire :
« L’autre est celui qui vient bousculer nos habitudes et le confort d’être entre soi ».
Je pense que ce confort n’existe pas, car quand on est entre soi on est quand même entre personnes différentes.
C’est important pour moi parce que si on n’est pas capables d’accueillir l’autre musulman, les mêmes raisons feront qu’on ne pourra plus se supporter,
accueillir le voisin, ou le ressortissant d’un pays de l’UE.
La focalisation se porte sur les musulmans, mais c’est notre rapport à l’autre qui mérite d’être soigné, et tout notre société comme le dit l’article.
C’est vrai qu’une manif pour tous sur ce sujet, ça aurait de l’allure !
Jacqueline D., le 29/02/15
Les propos de Leïla sont exactement identiques à ce que m'a dit Amina et quelques autres... Et nous continuons à nous étonner hypocritement qu'ils puissent
écouter Tariq Ramadan et cie. Lui, au moins, les rend fiers de leur culture et d'eux-mêmes. Pénible, alors qu'un minimum de curiosité amicale des habitudes de
l'autre permettrait enfin de coexister ENSEMBLE.. Je lis et relis le "journal" de Mouloud Feraoun. Il montre très bien comment et pourquoi les Algériens nous
ont rejetés. La progression de ce changement était inéluctable. C'était avant 1962... Nous n'avons rien appris. Fasse le ciel que nos amis de confession musulmane
soient plus sensés que les "de souche" si fiers de leur généalogie et de leur civilisation judéo-chrétienne ou du siècle des lumières (!)
Francis M., le 29/02/15
Lorsque quelqu'un est fiable, travaille sérieusement, avec un bon contact, les préjugés tombent pour cette personne qui est reconnue pour ce qu'elle est.
La difficulté est peut-être d'avoir l'opportunité de faire ses preuves professionnellement en accédant à un premier emploi, alors que la stigmatisation est présente
à l'envoi du CV.
Que peut-on faire ?
1. Je pense qu'un élément de réponse est de rechercher tout ce qui empêche un jeune d'avoir cette première expérience professionnelle qui lui permettra de montrer
qu'il est fiable et bosseur, qu'on peut lui faire confiance.
Par exemple La cravate solidaire aide à savoir se présenter. Une épreuve pour qui n'a pas appris ça dans son environnement familial.
2. Mais l'essentiel est peut-être ailleurs. Il y a 10 ans j'ai entendu un chef d'entreprise retraité, très catholique dire qu'un patron ne devait pas recruter de
musulmans, qu'il prenait des risques, "avec le ramadan et tout ça...". Voici la conséquence logique de tous les préjugés véhiculés.
Il faudrait lutter pour faire comprendre les conséquences dramatiques pour toute la société de pareils propos qui excluent définitivement du monde du travail
et donc de toute intégration ceux qui en sont victimes, avec un renforcement évident des communautarismes et quelles violences à venir pour nous ou nos enfants ?
Sur un plan moral est-il acceptable qu'une partie de la société soit ainsi exclue, comme l'écrit Leïla ?
Françoise L., le 3/03/15
J'ai beaucoup apprécié cet article. Je travaille avec des femmes du Maghreb et je côtoie leurs difficultés. Ici elles sont un peu plus protégées mais
leurs soucis sont grandissant pour leurs enfants, pour leurs filles en particulier.
Merci encore.
Xavier S., le 10/03/15
Xavier est frère des écoles chrétiennes. Il habite en Egypte.
L’article de Christine Fontaine additionne arguments forts et regards lucides sur les manifestations concrètes de ce qu’elle nomme « fracture sociale ».
Le danger existe en effet de voir renaître les conflits religieux auxquels Henri IV pensait avoir mis fin. L’exemple du médecin du 16ème est emblématique
du climat de haine et de bêtise qui s’est déjà trop répandu. On apprécie les deux antidotes suggérées : que la Conférence des évêques condamne l’anti-islamisme
comme elle l’a fait pour l’anti-sémitisme ; surtout, que les familles de religions différentes cherchent à se rencontrer et à entrer en amitié, ce qui
se fait déjà beaucoup mais qui doit être encouragé. J’ignorais le scandale de l’impunité des agressions contre les Musulmans. Pourrait-on aussi imaginer
que des chrétiens, en tant que personnes physiques ou morales, se proposent de porter plainte contre les auteurs d’attentats ?
Evidemment, on n’est pas forcé d’adhérer pleinement à l’exposé de Christine, pourtant bien charpenté et nuancé, concernant le voile, serpent de mer qui
fascine nos yeux d’Occidentaux. Depuis une quarantaine d’années, la plupart des prêtres et religieux ont abandonné le port de la soutane. Ils ont souvent
un petit signe distinctif. Justement, la discrétion devrait être la règle : on ne s’impose pas au public, tout en manifestant sa liberté. Personnellement,
j’ai horreur de tout ce qui est ostentatoire : les voiles qui cernent la tête des femmes et qui les défigurent, les taches de piété sur le front des hommes,
les soutanes et cols romains des prêtres intégristes, les kippas… Ceci dit je ne vois pas pourquoi j’en voudrais à ces personnes. Je les vois comme des
victimes ou des prisonniers.
Le concept d’universalité et d’humanité devrait être le marqueur des comportements. Ce n’est pas le cas des enfants de Jérusalem qui portent de grands chapeaux
noirs et des rouflaquettes qui tombent jusqu’à la ceinture ; ni des gamines de 6 ans de mon village qui sont déjà voilées. Encore moins du nikab que les femmes
pauvres adoptent en échange d’une rémunération : vendredi dernier, dans le train, j’avais en face de moi une femme ainsi recouverte avec un bébé sur les
genoux : « Il ne peut même pas voir le visage de sa mère », me disais-je, révolté contre ces mœurs inhumaines.
« Plus la société rejette les Musulmans, plus les femmes portent le voile ». Ce raisonnement ne tient pas beaucoup en Egypte. Personne ne rejette les
Musulmans et pratiquement toutes les femmes portent le voile. Cela a commencé dans les années 90 et a gagné peu à peu l’ensemble de la population.
Dans « Le Rhinocéros », Ionesco avait bien prophétisé… Comment croire que les femmes ont été soudain prises dans un grand élan de piété et que le port
du voile est le fait d’une génération spontanée ? Comment s’imaginer qu’elles se couvrent par conviction alors que les dévoilées sont fusillées du regard ?
Comment ne pas être perplexe en voyant les jeunes filles se pliant à cet usage vestimentaire mais exhibant pour le reste une tenue qui ne le cède en rien
aux aguicheuses de nos boulevards ? Comment avec tant de prêche-vertu ce pays bat les records de harcèlement sexuel ?
Il n’y a pas à chercher loin l’origine de ces pratiques rétrogrades. Elles viennent du courant wahabiste par le truchement des Frères Musulmans et des
Salafistes qui ont conquis ce pays toutes voiles dehors. Les Arabes souadiens avaient pris de l’avance. Ils appliquent la charia avec le même zèle que
les crapules du Daech, sauf qu’ils ne massacrent pas les Chrétiens, puisqu’il n’y en a pas. Retors dans l’art du sophisme, les extrêmistes s’appuient
sur le Coran pour imposer le port du voile, comme si on ne l’avait pas lu auparavant. Leur réussite est parfaite et spectaculaire. De même qu’on parvient
à susciter des candidats aux attentats-suicides, ainsi les femmes ont fini par introjecter les discours pseudo-religieux au point qu’elles disent agir
de leur plein gré.
J’ai la chance d’avoir reçu le message de l’Evangile qui nous libère de toutes les névroses religieuses et qui nous donne à croire en la présence de
l’Esprit-Saint dans le tréfonds de chacun et chacune. Un jour que je prenais le thé – je rêvais de prendre une boisson plus corsée, mais cela ne se
fait pas ici – à la buvette très populaire d’un train, je remarquais une femme revêtue de l’intégrale accroupie dans l’encoignure. Elle faisait partie
de ces pauvres qui n’ont pas le moyen de réserver un siège et qui se placent où ils peuvent. Soudain elle m’a tendu un petit paquet de biscuits. Je n’ai
pu dire que merci. Se parler, d’homme à femme, cela ne se fait pas ici. Je ne saurai jamais la couleur de ses yeux ni sa façon de sourire. Mais elle
m’a montré qu’elle avait un cœur.
GHH, le 11/03/15
Oui la situation est en train d’échapper à tout le monde.
En tant que médecin je ne perçois pas cette discrimination (patients ou confrères) mais j’accepte naturellement les témoignages
Ce que je constate par contre c’est l’augmentation de visibilité des religions. Comme si l’appartenance à une communauté plus ou moins définie était une bouée
de sauvetage dans une société qui nous somme d’être libres et de réinventer une voie, un sens à nos existences à partir de rien… puisque nous sommes libres.
Pour revenir à l’islam (bien plus que les musulmans qui n’en sont que les bras), j’observe une non prise en compte de la difficulté pour les plus éclairés, de
se faire connaitre, voire d’exprimer simplement leur position.
En clair, le coran est un texte divin donc non négociable, non interprétable. Les sourates les plus récentes effacent les plus anciennes et sont très
(c’est un euphémisme) contraignantes, non édulcorables puisque pas écrites de main d’homme ; Enfin la notion d’imitation du prophète semble un élément
important dans la pratique religieuse. L’ennui est que, comme chacun sait (même moi, peu instruit en la matière), il s’agissait d’un redoutable chef de
guerre qui n’hésitait pas à actionner le cimeterre et à constituer son harem.
Or certains esprits éclairés nous donnent des pistes intéressantes pour sortir de cette impasse redoutable.
Qui les écoute et qui peut les écouter ?
La parole est détenue par des imams peu instruits vaguement francophones.
Naturellement on ne découvre pas l’eau chaude, cela est observable depuis en gros la guerre d’Algérie soit 60 ans.
Mais on a laissé faire, 1905 oblige, paresse intellectuelle en outre .
Que faire alors ?
N’est il pas trop tard ?
Comment faire émerger un mouvement progressiste ?
Certains pensent que l’islam de France ne pourra pas être le fer de lance de ce mouvement au risque de passer pour les harkis de l’islam.
Bref je n’ai pas d’idée.
Bien amicalement à vous tous
Robert H., le 29/07/15
Merci Christine pour votre article.
Pour commenter à ma manière cette difficile question, je vais avancer la parabole de l’inversion-stérilité. Ce que je veux dire est que l’homme a le pouvoir d’inverser, pas de créer, mais son orgueil lui fait confondre les deux. Il se fait que sur un axe, nous pouvons nous déplacer d’un pôle à l’autre pour rencontrer une telle différence, qu’elle nous fait croire à une nouvelle création. Mais nous sommes toujours sur un même axe que nous n’avons pas créé. Après une période religieuse de 1000 ans, riche en symboles et en spiritualité, il paraît que nous sommes rentrés dans le siècle des lumières, celui qui a précédé l’erre scientifico-raisonnable. Elle se manifeste aujourd’hui par une attitude officielle anti-religieuse, une perte des valeurs symboliques et spirituelles. Nous avons basculé d’un pôle à l’autre. Cependant, fondamentalement, rien n’a changé : nous sommes toujours non sécurisés, nous avons toujours peur de l’autre et c’est valable pour toutes les civilisations.
Le piège est que nous ne savons pas collectivement changer d’axe, nous ne le pouvons qu’individuellement. Le Christ n’a jamais apporté de message collectif. Il a parlé individuellement à chaque homme, à ce qui raisonne dans son propre cœur pour y amener un changement personnel. Il n’y a donc pas de réponse commune, objective à cette question de l’intégration car elle est elle-même un concept subjectif. Il n’y a qu’une réponse personnelle et elle ne peut se réaliser dans les idées de la pensée. Bien au contraire, celle-ci nous montre que depuis 10000 ans, la pensée est un échec complet : l’homme ne sait rien faire d’autre que détruire ce qu’il a construit avec ses représentations mentales. Hier, l’Occident était le bien face au communisme qui était le mal ; aujourd’hui, il est le bien face aux musulmans qui sont le mal ; demain, cela se déplacera encore… Fondamentalement, rien n’a changé. Je n’ai rien d’autre à opposer au rejet des musulmans par une partie de la collectivité que mon propre amour singulier. Je sais que le musulman est un concept vide qui ne résiste pas à l’importance de cette unique personne qui est en face de moi.
En arabe, les mots cœur et inversion sont les mêmes, leur prononciation diffère un peu, c’est tout. A vous de comprendre le reste.
Si cet article est validé, j’en ferais un autre plus tard sur votre illusion, en tant que chrétiens d’Occident, de croire que vous pouvez comprendre quelque chose à l’islam.
Robert H., le 4/08/15
Pour expliquer l’impossibilité de l’Occident à comprendre le monde oriental, musulman, je vous propose la théorie des trois couronnes. Elle m’a été révélée suite à la lecture de l’évangile de Jean : la lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l’ont point reçue. Jusqu’à ce jour, cette phrase m’interpelle et me bouscule très profondément. La couronne la plus périphérique est intellectuelle, analytique ; c’est la couronne de l’Occident. La couronne suivante, plus intérieure, est émotionnelle, celle des sentiments et passions ; c’est la couronne de l’Orient. Plus profondément encore, entourant le centre, est la couronne des ténèbres. Au centre est la lumière, la lumière spirituelle s’entend, créatrice et incréée, le visage même de Dieu qui est amour absolu. C’est la cessation du temps. Chaque couronne est un couvercle qui recouvre la lumière et chaque couvercle extérieur, refoule celui qu’il recouvre. Le monde occidental est intellectuel, il pénètre dans le monde avec des concepts ; le monde oriental est émotionnel, il pénètre dans le monde avec ses sentiments. Ces deux univers opposés, recouvrent les ténèbres comme ils peuvent et vivent dans des planètes différentes qui ne se rencontrent jamais. Pour imaginer combler le fossé qui éloigne l’Occident de l’Orient, celui-là produit des concepts et encore des concepts. Mais ils ne rentrent pas dans la couronne des émotions, ils restent constamment en périphérie. Ils ne font rien d’autre que parler d’eux-mêmes en imaginant parler d’un autre inaccessible avec des représentations cognitives. De même, quand l’oriental répond émotionnellement à l’occidental, celui-ci ne comprend jamais celui-là. Bien au contraire, l’occidental sous-estime et méprise l’oriental car il ne le voit pas à la hauteur de son intelligence conceptuelle, son seul repère de comparaison. Cependant, par rapport à la lumière, les couvercles que doit soulever l’occidental sont bien plus nombreux et difficiles à mobiliser, mais il ne le voit pas. Le seul terrain d’entente de ses deux civilisations ne peut émaner que de la lumière centrale. Il signifie la politique de la main tendue, la générosité, l’entraide, en un mot, l’amour ; cet amour justement que nous avons exclu du champ social et institutionnel pour le remplacer par des concepts stériles dans le temps, qui ne font rien d’autre que démontrer que l’homme fonctionne mal, mais ne veut pas le reconnaître. N’essayez pas de comprendre pourquoi les femmes musulmanes portent le voile, vous ne le saurez jamais. Les femmes musulmanes portent le voile, c’est tout et aucune de vos explications intellectuelles ne saura l’appréhender. Les femmes occidentales portent bien le string. Et à vrai dire, entre la pudeur du voile et le string, je préfère le voile.
Michel Poirier, le 05/07/20
J’aimerais réfléchir un peu sur un passage de l’article de Christine, que voici :
« Nous avons connu plusieurs jeunes femmes qui élevaient leurs enfants toutes seules ; elles étaient souvent harcelées par des hommes dans la cité. Du jour où elles ont porté le voile, on les a laissées tranquilles : le port du voile les a libérées d’une certaine emprise masculine. Je crois que les raisons de porter ou non un voile sont plus complexes qu’il n’y paraît. »
Incontestablement, le voile islamique leur a apporté la tranquillité. Mais est-il légitime de parler d’une « libération » à ce propos ? Curieuse liberté que cette liberté dont on ne peut jouir que si préalablement on s’est conformé à ce qu’exige un groupe de gens ancré sur ses convictions. N’y -t-il pas là comme une imposture ? Le jour où les mâles de leur cité accepteront de respecter toutes les femmes, qu’elles soient voilées ou non, ce jour-là elles seront libres. Pas avant.