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Robert H., le 27/15/2016

Chrétien d’Orient, j’ai grandi avec les musulmans et suis plus proche d’eux par certains aspects, que des chrétiens d'Occident. Je prie et médite encore aujourd’hui aussi bien dans les églises que dans les mosquées, cela ne me gêne pas ; bien au contraire, j’y trouve un profond enrichissement intérieur. Qu'importe qu’il soit reconnu par les uns ou les autres, ce n’est pas ma préoccupation. Il n’y a rien à reconnaître, d’ailleurs. Je ne peux même pas dire que « je » le fais car il n’y a pas de « je » propre. Il n’y a rien d'autre que l’écoute d'une énergie qui me pousse dans les lieux sacrés pour faire taire ma petite lumière au profit de la Sienne. Et quand Il le décide, Elle descend.

Je reconnais la grande générosité des musulmans, leur profonde foi, leur spiritualité, la possibilité d’échanges avec eux, en Orient ; échanges que je ne peux pas avoir avec les chrétiens d’Occident que j’estime plus limités par un discours intellectuel et conceptuel qui plafonne leur compréhension.
J’irais plus loin.

A mon sens, un prophète évolue sur deux registres. D’une part, il y a l'au-delà du mental, le niveau que l’on qualifier de spirituel non-duel. Je n’ose pas prononcer le mot de métaphysique dont je me méfie, je préfère celui de présent. D’autre part, il y a l'en deçà du mental, le niveau que l’on peut qualifier de psychique, limité par la dualité relative à toute pensée, à tout concept donc, et émotion. Le spirituel s’incarne dans le psychique qui nous relie à une histoire familiale, une culture, une époque. Aucun être humain ne peut l'éviter. C’est un court résumé évidemment, mais dans le cadre d’un réponse comme celle-ci, je ne peux aller plus loin.

Au-delà donc de l’image péjorative donnée du prophète Mohammed (psl), limitée à ses registres matériels, comme le commerce et la guerre ; j’entends sa subtilité, sa spiritualité, sa luminosité. J’entends encore sa reconnaissance des limites du psychisme de ses contemporains. Je me demande parfois si les musulmans mêmes ont en saisi l’importance car cela supposerait de reconnaître leur propres limites psychiques, ce dont je ne suis pas convaincu.

Tout cela n’empêche pas mon discernement ; je dirais, la vision pénétrante d’une certaine réalité qui me permet de prendre la bonne distance vis-à-vis d’une borne que certains musulmans, je ne veux pas dire tous, c’est présomptueux, n’arrivent pas toujours à garder.

Mon expérience de cette relation intime que j’ai parfois avec les musulmans d’Orient, la manière dont je les entends en Occident aussi, la difficile condition dans laquelle ils se trouvent d’une manière chronique dans pratiquement tous les pays du moyen-orient, me fait comprendre que l’Islam a un problème avec « l’autre », sa reconnaissance en tant qu’entité différente, incompréhensible à travers les repères religieux du peuple soumis à Dieu.

Commenter par exemple la trinité des chrétiens à travers des repères intellectuels, des commentaires symboliques, de surcroît, d’une autre religion, est tout à fait ridicule. La trinité n’est pas une métaphore que des symboles, c’est-à-dire l’en deçà du mental, peut clore. Elle est une expérience intérieure située au-delà de toute représentation symbolique. Elle se vit dans le silence d’un face-à-face solitaire avec soi-même.

A ce jeu stérile, les chrétiens ne sont pas en reste sur l’expérience salvatrice du Christ limitée à la seule religion chrétienne. Quelle dérision ! Le Christ était juif, n’a jamais parlé de religion ni de chrétienté et n’a jamais affirmé qu’il venait sauver le monde par sa mort. Il l’a fait dans la solitude et le silence de sa puissance intérieure sans jamais en donner une raison.

Je peux continuer longtemps encore, par exemple, sur la vraie et la fausse histoire des prophètes ; sur des passages capitaux de la bible qui ne peuvent pas être interprétés à la lumière des concepts mentaux ; sur l’illusion des erreurs attribuées au colonialisme comme cause première du malheur des autres. Je n’impose rien, mais si on me pose une question, il faut assumer ma réponse.

Tout cela pour vous dire qu’un amour profond pour l’autre ne fait pas l’impasse sur l’indispensable discernement qu’il faut lui porter. C’est à exactement cela que Dieu nous invita en nous laissant le libre arbitre.