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Marie-France (adulte), 29/08/2015
Je n'ai pas été très à l'aise avec la réponse du prêtre ni même avec celle au prêtre.En revanche celle de Nicodème à Astrée m'a plus intéressée.
A Astrée je poserais bien quelques questions, pour savoir d'abord de quoi on parle :
- S'agit-il du rejet de l'homosexualité ou du rejet des homosexuels?
- l'Eglise finit-elle avec l'arrivée de Jésus ou commence-t-elle avec lui ? Et qu'est-ce que Jésus (qui n'est nommé ni par Astrée ni par le prêtre d'Internet !) apporte comme nouveauté de regard ? (cela a été montré par la réponse de N. à Astrée)
- Christine Boutin n'est pas l'Eglise, même si elle a donné le nom de " chrétien " à son parti politique. Ni Benoît XVI ni le Pape François n'admettent qu'il y ait des partis " chrétiens " : à titre personnel, les chrétiens doivent s'engager en politique, ne serait-ce qu'en votant, ils font leurs choix en leur âme et conscience de chrétien, mais ces choix n'engagent pas l'autorité de l'Eglise. La foi nous éduque à juger par nous-mêmes...
Robert H.(adulte), 29/08/2015
Sans rentrer dans les détails, ce n’est pas l’objet de ce commentaire, la sexualité est intimement liée à notre relation à la violence. Il se fait que les sociétés, les religions, les courants de pensée les plus violents, sont ceux qui répriment le plus l’homosexualité. Accepter la sexualité de l’autre est donc une façon de réduire la violence, de fluidifier les rapports humains, de partager et d’aimer. Sans doutes y a-t-il plus élevé à concevoir que d’assimiler l’autre à son sexe ! Je n’ai jamais lu ni entendu que le Christ avait condamné l’homosexualité. Je parle bien du Christ, de l’enseignement de sa vie, pas des récupérations idéologiques faites par la religion, ensuite. Je discerne tout à fait la religion, des religieux ; l’enseignement du Christ, du christianisme ; l’Eglise parfois dogmatique et rigide, des homélies parfois riches et subtiles que j’entends dans mon église.
Si d’aventure un texte biblique condamnait les homosexuels, non seulement je considérerais ce texte comme rétrograde et inadapté, mais j’affirme haut et fort que l’amour que j’ai vis-à-vis de mon prochain doit être plus élevé que les écrits qui prônent le contraire. Il nous appartient de placer l’amour au-dessus de toute autre considération, même au-dessus d’une parole biblique qui ne va pas dans ce sens. C’est à cet enseignement du Christ que je crois.
Avant de critiquer la sexualité des autres, interrogeons-nous sur la nôtre, d’abord ; nous aurions plus de discernement, ensuite ; mais personne n’est obligé de me croire.
Maintenant, l’Eglise Catholique, les prêtres Catholiques ont le droit de penser ce qu’ils veulent, c’est bien ce que je fais en ce moment.
Marie-Reine M. (adulte), 29/08/2015
Je suis affligée que nous soyons incapables, dans notre Église, de sortir d'une certaine manière d'aborder la question du mariage homosexuel : d'une manière plutôt binaire ; je dirais, de manière peut-être caricaturale, en termes de « pour » ou « contre » :
- comme si la question n'était qu'une question sociale (il faut évoluer avec son temps, dira-t-on alors),
- ou comme s'il ne s'agissait que d'une question de « bonne morale », au sens où certains sauraient, de manière simple et claire, ce que chacun doit faire pour agir selon le désir de Dieu pour l'humanité.
Nous ne sommes pas aussi libres que nous l'imaginons dans nos choix : orientations sexuelles, attrait pour certains types de personnalité... Il ne suffit pas d'être mariés sans relations sexuelles adultères et d'avoir six enfants pour être réellement ouverts à la vie qui se donne à nous et par nous et pour que notre motivation principale et première soit l'amour de l'autre et de Dieu ! Ce qui est au fond de nos cœurs est bien plus complexe, que ce soit en termes de générosité, d'intérêt pour autrui, ou, au contraire, en termes de motivations plus obscures : incapacité à « quitter son père et sa mère » pour s'attacher à un ou un autre, de soumission à la « loi du plus fort » quel qu'il soit, possessivité, souci de plaire... La vie de Dieu se donne en nous et par nous, mais nous ne sommes pas seulement toute ouverture ! Confessons, en tous cas je confesse, quelle énergie je peux mettre à m'opposer à ce torrent de vie, à ce don qui me dépasse et m'emporte là où ce n'est plus moi ou mes idées (bonnes ou mauvaises) qui commandent.
Que l'attrait sexuel hérité de la manière dont s'est fait notre engendrement, dont nos parents vivaient dans une relation d'alliance ou de rivalité ou encore de haine, de notre éducation, nous ait conduit à l'hétérosexualité ou à l'homosexualité, ne règle pas la question posée à chaque chrétien de devenir un homme ou une femme en vérité, selon Dieu et ne dispense pas chacun d'entre nous d'avancer sur le chemin de liberté où nous appelle le Christ, quand nous reconnaissons de quoi ou de qui nous sommes esclaves. Ce discernement reste à faire toute sa vie !
En revanche nous ne pouvons pas continuer à ne pas voir que le courant sociétal actuel, chez nous, nous conduit à la prééminence de l'unisexe, du « même », à une conception mathématique de l'égalité qui ne peut pas faire place à la différence : 2 + 3, 1 + 4, 5 sont des écritures différentes d'une même réalité. Confusion des générations (il devient malséant de vieillir), confusion des sexes. Ce courant sociétal nous conduit également à une confusion majeure entre envie (volonté propre) et désir : nous sommes alors esclaves de l'image de nous-mêmes que nous voulons construire et il nous devient insupportable que nos envies ne soient pas satisfaites.
Dans ce cadre se pose la question du mariage homosexuel. Qu'est-ce que le mariage ? Un contrat de nature sociale entre deux individus, qui donne des droits et des devoirs ? Quid du droit à l'enfant ? La société doit-elle toujours suppléer à la souffrance de ne pas avoir d'enfant ? Souffrance des couples homosexuels ou des couples hétérosexuels stériles qui devient insupportable d'être exacerbée par l'obligation de faire ce qui nous plaît.
Le fait que nous naissions hommes et femmes inscrit le principe de l'altérité dans la chair de chacun et dans notre humanité. « Pourquoi y a-t-il des garçons ? Pourquoi y a-t-il des filles ? » sont les questions que se pose tout enfant à l'âge où il assaille ceux qui l'entourent de multiples « pourquoi ? ».
Notre condition sexuée nous renvoie à une limite, à un manque, nous ne sommes pas homme et femme mais homme ou femme, et nous avons sans cesse à faire à cet autre sexe que nous ne connaissons pas grâce à la connaissance que nous avons de nous-mêmes, mais dans la rencontre, dans ce que l'autre dit, donne, et qui n'est pas nous.
Mon propos ne vise donc pas la relation privilégiée, de solidarité et d'affection, qui peut exister entre des personnes homosexuelles. Mais il nous appelle tous, quelle que soit notre orientation sexuelle et nos conditions de vie, à prendre en compte cette progression de l'attrait pour le même pour ne pas dire de l'impératif du même, qui crée sournoisement de nouvelles exclusions, de nouveaux prêts à penser et de nouvelles contraintes d'action.
Vouloir être comme l'autre est le fondement du rapport de jalousie. Ce qui m'inquiète dans le mariage homosexuel est ce comme, cette tentation de faire comme si c'était comme ça. Cette tentation est loin de se limiter aux questions de sexualité, mais dans la situation qui nous occupe il s'agit bien de faire comme si une relation homosexuelle pouvait être comme une relation hétérosexuelle.
Marie-France de Muizon(adulte), 19/09/2015
Merci à Marie-Reine pour cette superbe réflexion de discernement qui renvoie chacun de nous à sa juste place.
Je partage sa préoccupation de vouloir toujours faire "comme si" au lieu d'accepter le réel avec les différences qui lui sont inhérentes et aussi la richesse de dialogue et de relation à laquelle elles peuvent conduire: à preuve cette réflexion qui ne pouvait avoir lieu que dans la suite des questions posées par les différences d'orientation sexuelle qui sont là et qu'il faut accueillir, sans porter de jugement et même en reconnaissant tout ce qu'elles nous font découvrir de beau, mais sans les réduire au "même", ce qui serait un appauvrissement pour l'humanité de chacun.
Merci à Astrée qui a lancé le débat et à Nicodème de l'avoir relayée.
Marie-Reine M. (adulte), 19/09/2015
Je souhaite, moi aussi, vous remercier pour la qualité d'échanges que vous permettez sur votre site. Nous sortons du système de clans et de "prêts à penser" qui nous dictent ce qu'il est de bon ton de penser, à telle époque (en attendant que cela s'inverse dans la génération suivante, cette inversion n'étant que l'envers de la même pièce). Nous pouvons nous risquer à parler et à chercher ensemble comment vivre avec les autres, dans notre monde.
Bien amicalement.