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Julien, le 14/04/2022

Merci pour cet article très intéressant qui rejoint des questionnements que j'ai pu aborder ici autour de la question écologique.
Le phénomène de l'ignorant ignare de sa propre ignorance semble non seulement une évidence mais il est sans doute apparu très tôt dans l'Humanité, témoin l'origine antique du mot "ultracrépidarianisme". Cela existe sans doute depuis l'aube des temps.
Mais je crois que l'arrivée d'internet a changé la donne et rend désormais dangereux les ultracrépidariens, ce que vous soulignez justement. Comme le disait Umberto Eco, jadis le pilier de bar qui déblatérait ses idioties au comptoir n'atteignait pas les personnes situées au-delà de la porte du débit de boisson. Aujourd'hui, ce même personnage le fait sur les réseaux sociaux : il atteint la société toute entière, et l'abîme.
De plus, la masse des données disponibles sur la Toile entraîne une confusion totale entre information et savoir. Une information, au sens basique, peut recéler n'importe quel contenu. Elle ne constitue nullement un savoir en soi. Mais la répétition d'une information finit non seulement par donner l'impression d'un savoir et, pire encore, d'une vérité. C'est un principe bien connu d'intoxication de masse, qu'internet a rendu encore plus efficace par ses effets démultiplicateurs.
Ainsi, je n'ai guère été étonné d'apprendre que nombre de comptes des réseaux sociaux figurant parmi les principaux diffuseurs de désinformation sur la Covid soient devenus du jour au lendemain des comptes pro-russes. Il y a des puissances hostiles à la démocratie qui exploitent l'ultracrépidarianisme pour déstabiliser nos sociétés.
Enfin, ce que je trouve tout aussi inquiétant, c'est qu'il existe de nombreux ultracrépidariens qui sont fort loin d'être des personnes incultes de très faible niveau d'éducation. Au contraire, parmi eux l'on peut retrouver des personnes d'un haut niveau de formation, expertes dans un domaine, desquelles on n'attendrait pas ce genre de comportement. J'en ai personnellement rencontré plusieurs, ayant des niveaux d'ingénieurs. Cela me laisse pantois, et l'autorité qu'ils peuvent représenter autour d'eux, par leur statut social et leur qualification, les rend d'autant plus dangereuses. Il y aurait de nombreux développement à évoquer autour de votre article, que je partage avec beaucoup d'intérêt.