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Robert, le 19/10/2015
J’ai été touché par l’article du Cardinal Martini qui brosse en quelques lignes fortes, un tableau juste de la réalité du monde hors et dans l’Eglise. Le Christ a été proche des pauvres, mais il n’a jamais spécifié de quelle pauvreté il s’agissait. Nous l’interprétons aujourd’hui comme une pauvreté matérielle, conséquence de l’injustice et de la domination des riches qui font le monde économique. Nous ne parlons que de ça, d’ailleurs, comme si nous savions avec certitude qu’elles étaient les paroles d’un Christ qui a vécu il y a 2000 ans. Or l’histoire du monde nous montre que la lutte contre cette pauvreté n’amène aucun effet durable dans le temps. Elle réduit certes un peu les inégalités matérielles sur une période donnée. Cependant, à long terme, elle ne fait rien d’autre que déplacer les problèmes, parfois même les aggraver. Nous n’évoquons jamais la pauvreté intérieure. Je ne dis pas la pauvreté spirituelle, ce qui est de la liberté de chacun. J’évoque la pauvreté intérieure, celle de la connaissance de soi, qui nous ouvre grandes les portes de notre implication dans nos conditions de vie. J’espère employer le mot « implication », d’une manière la plus neutre possible, pour dire qu’individuellement, nous ne pouvons pas être complètement étrangers à la condition dans laquelle nous sommes. La pauvreté matérielle peut être le reflet de la pauvreté intérieure, la richesse matérielle encore et c’est plus répandu qu’on ne l’imagine. De celle-là, aucun mot n’est jamais dit, car il ne fait pas partie de ce monde tourné uniquement vers la superficialité et l’apparence, le divertissement et l’amusement. Tant que cette pauvreté ne sera pas investie, le pauvre restera toujours pauvre et il n’aura jamais la possibilité de s’extraire par lui-même d’une pauvreté dans laquelle il est impliqué. Pourtant, tourner son regard vers l’intérieur est la seule façon d’amener une solution durable aux problèmes de l’humanité.
J’ai évoqué plusieurs fois ma parabole favorite ; celle de savoir qui, en finale, a condamné le Christ ? Ce n’est ni les Romains, ni le clergé Juif ; c’est le peuple lui-même qui a préféré libérer le mal, Barabas, et condamner le bien, le Christ. Une fois, en groupe, cela a été mal perçu ; une autre, dans un forum catholique, cela a été censuré. Figurez-vous que je vis de plus en plus l’Evangile, non pas comme un écrit qui nous parle de ce qui s’est passé dans les temps anciens ; mais de ce qui se pérennise actuellement, à notre époque, aujourd’hui, sous nos yeux. Fondamentalement, rien n’a changé. Devant les écrans, nous jouissons du spectacle de la mort de l’autre, du mal qui est ailleurs, jamais en nous ; mais nous refusons d’être acteurs de notre propre mort. Nous remplissons les salles de spectacle, rassasions de jeux télévisuels et informatiques, et encombrons les consultations et les hôpitaux psychiatriques, sans voir le lien qui unit ces deux activités. Nous nous nourrissons d’écrits qui racontent les malheurs de ce monde, de journaux et de revues qui répètent constamment les mêmes événements, mais ne lisons pas les Écritures saintes ni les vies des Saints et des maîtres spirituels. Finalement, il y a pire que toutes les horreurs du monde : une vie passée sans avoir regardé à l’intérieur de soi. Le monde a toujours été régit par la lumière et les ténèbres, elles se sont déplacées d’époque et de continent, c’est tout. Hé bien, en fin de compte, c’est bien grâce à tout cela que la seule réponse à donner à chaque humain est l’amour.
Amitiés.