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Marie-Reine

Merci beaucoup pour cet article, tout en nuances, très respectueux, qui pose de vraies questions sans "noyer le poisson" pour ne déplaire à personne.

En ce qui concerne le "droit à l'enfant", j'ajouterai que les mêmes questions se posent pour les femmes célibataires qui adoptent ou bénéficient de l'insémination artificielle, pour les couples hétérosexuels qui ont recours à une mère porteuse. L'enfant est-il un objet auquel nous avons "droit" et que la société serait désormais tenue de nous procurer puisque c'est techniquement réalisable ?

Tout autre chose est la reconnaissance et l'accompagnement spirituel que l’Église peut offrir aux personnes conduites à reconnaître leur homosexualité et à la vivre sous le regard de Dieu, dans une relation de fidélité, sans instrumentaliser d'enfant.

Reste enfin la question de la continence sexuelle à laquelle l’Église appelle les divorcés remariés et les personnes dont l'orientation est homosexuelle. Pourquoi cette demande ? Dans quel but ? En quoi la vie sexuelle pourrait-elle nuire à la vie de personnes engagées dans une relation de parole et de fidélité ?

Paul

Cet article sera précieux. Je n'ai d'autre expérience de l'homosexualité que celle de personnes qui souffrent de n'être pas reconnues dans leur différence. De ce point de vue il me semble que la situation a empiré depuis soixante ans. Lorsque j'avais vingt ans on parlait des homos de manière sarcastique et méprisante, mais, dans les fait, on leur trouvait une place dans la société. Deux exemples:
- Brève étape entre deux trains dans une gare parisienne en 1950. Je commande un chocolat et deux croissants. Au moment de régler ma note le garçon me dit qu'elle et payée et désigne d'un mouvement du menton un homme attablé à un guéridon. Je m'en approche pour le remercier et entends des propositions que je ne pouvais accepter. Le garçon était-il appointé pour diriger les bénéficiaires des largesses du "PD"??? Son information en tout cas était discrète et ne m'a pas paru discriminatoire.
- En 1953 j'ai été très satisfait du travail d'un homosexuel chargé de peser, parfois au gramme, les produits entrant dans la composition de mélanges de caoutchouc... Toute l'usine se moquait de "Marinette" mais tous les contremaitres, chefs d'équipe, conducteurs de "Babury" et autres mélangeurs à cylindres savaient que ses préparations étaient fiables.

Vue de l'extérieur de la condition, l'insertion sociale n'était alors qu'une discrimination sexuelle, pas une exclusion professionnelle et sociale...

Sur la question de l'adoption l'article me paraît négliger un point fondamental : l'enfant n'est jamais un droit. J'écris cette affirmation à partir de la naissance d'un enfant dans notre couple génétiquement stérile pendant quinze ans, mais fécond de trois adoptions pendant cette même période. L'un de ces enfants adoptés m'a en outre fait grand-père adoptif de deux enfants. Ces expériences m'ont appris, nous ont appris, parents, enfants et petits-enfants, que nous sommes tous des enfants adoptés. L'amas de gènes vagissants n'est qu'un potentiel humain. Son humanité s'éveille par le maternage et le "paternage". L'enfant loup de l'Aveyron et le tragique destin des "élevages d'Ariens" par les nazis ont démontré l'absolue nécessité d'une relation d'amour gratuit pour que l'être humain se constitue à partir du cerveau et des membres du "païs" des grecs, qui ne distinguait pas l'enfant du petit animal, ou du "puer" des Romains dont la vie valait si peu que le père de famille en disposait à sa guise... Les homosexuels sont-ils incapables d'amour gratuit ? Ce serait la seule justification au refus de leur droit d'adopter qui n'a rien à voir avec un "droit à l'enfant".

Marie

J'apprécie particulièrement cet article qui met un peu de lumière dans le débat actuel qui est souvent très passionnel et très embrouillé. Le "point de vue de Nicodème" en fin d'article me paraît particulièrement intéressant. Il tente d'ouvrir des perspectives sans exclure personne. Merci à Nicodème !

Luce

Merci à vous pour ces articles qui apportent un nouvel éclairage. Les questions évoquées sont graves et il est bien difficile d'y voir clair mais nous ne pouvons nous dispenser d'y réfléchir... Merci donc à vous !

Lucien

A partir de l'homoséxualité, des mariages homoséxuels et des problèmes de l'adoption,je crois que ces questions sont ici posées dans leur véritable dimension et qu'y répondre est loin d'être simple. Les éclairages portés par la psychanalise demeurent imperméables pour moi, par contre le point de vue exposé par Jean-Luc Rivoire est, à mes yeux, une bonne base de réflexion.

Paulette

Avec un certain retard, hélas, je viens de lire vos derniers articles. Mais cela n’empêche en rien de goûter à la force du témoignage de Jean-Michel Cadiot ou la clarté des exposés de Nicodème : leur bon sens, leur esprit d’ouverture, et leur recul. Et on a toujours intérêt à découvrir l’autre sans les masques dont on le recouvre, à vivre de sa vie et de vibrer à ses émotions. Surtout s’il se trouve stigmatisé par un rejet depuis un demi-millénaire.
Merci à tous pour ces très beaux articles,

MISHA

Merci pour ces articles fort bien conçus, et surtout, pleins de respect pour tous. Néanmoins, j'aurais deux commentaires à faire :
Le premier est qu'on est surpris de constater que la société voit les personnes homosexuelles, non pas comme des hommes et des femmes, mais comme une sorte de "troisième sexe" indifférencié, et c'est là que la différence des sexes est niée. Ces personnes sont avant tout des hommes et des femmes (et des citoyens et des citoyennes).
Et si par malheur, notre société dérivait, et que reviennent des mesures discriminatoires envers les femmes ? Toutes les dictatures en instaurent rapidement, une des premières mesures de Pinochet a été d'interdire le port du pantalon pour les femmes, les colonels grecs en avaient fait autant ! (la restriction des droits civils a suivi...), les hommes homosexuels se retrouveraient en position de dominants, et les femmes en position de subordination. Avant 44, les hommes homosexuels votaient, les femmes lesbiennes, non.

Un enfant élevé par deux femmes, dont l'une est sa mère biologique -même s'il s'agit d'une insémination- a une mère. Et un tiers entre sa mère et lui (ou elle). Ce tiers est du même sexe, certes. Cependant, combien d'enfants, surtout après les deux guerres mondiales, ont été élevés par deux femmes? Enormément. Il ne semble pas qu'ils en aient été le moins du monde déséquilibrés. Avoir ce que Bowlby appelait une "figure d'attachement stable" qui est aussi celle qui vous a portée, dont on a entendu la voix in utéro, est un atout majeur pour la construction de sa vie. Et dans la cour de l'école, si un certain nombre de bambins n'ont pas de papa, tous ont une maman. Beaucoup d'instituteurs "zappent" la fête des pères, mais jamais la fête des mères. L'enfant peut, et doit, surtout si c'est un garçon, avoir un parrain, un grand-père, un oncle qui soit un modèle, mais ait aussi une certaine autorité et un rôle de conseil auprès de la mère et de sa compagne. Je ne pense honnêtement pas que de tels enfants courent grand risque de perturbation. Combien sont plus traumatisés tous les enfants maltraités des couples hétérosexuels!

Mais, deuxième volet de ma réflexion, être un enfant-objet est aussi une maltraitance.
Comme l'exposent vos intervenants, être élevé par deux hommes suppose soit l'adoption, soit le passage par une mère porteuse.
L'adoption est claire : l'enfant a eu deux parents de sexe différent, qui n'ont pas été en capacité de l'élever.

Quant au recours à une mère porteuse, c'est encore une fois la marchandisation du corps des femmes, une aliénation proche de l'esclavage : aliéner 9 mois de sa vie, 24H/24, être considérée comme une couveuse vivante, avec de surcroit l'interdiction de s'attacher au bébé que l'on porte... J'ai vu des interviews d'hommes homosexuels américains totalement inconscients de ce drame, ne sachant visiblement pas ce qu'est le corps d'une femme, ce qu'est la maternité, voyant le bébé comme un cadeau du Père Noël ! On retrouve encore une fois une autre facette de la domination masculine: les hommes, économiquement plus nantis, socialement plus forts, louent des corps de femmes. Des femmes lesbiennes veulent en faire autant ? Des hétérosexuelles stériles aussi ? Elles sont beaucoup moins nombreuses. Enfin, appelons un chat un chat, et ne faisons pas d'angélisme, toutes ces possibilités peuvent très bien être détournées par des réseaux de prostitution enfantine, et il convient d'être vigilants. Dans les pays où l'adoption par deux hommes est acceptée, elle est bien plus rare que l'adoption par deux femmes, et extrêmement contrôlée.

Enfin, le PACS n'est pas satisfaisant, et pour personne : il est réversible par simple lettre recommandée. C'est une répudiation déguisée. En cela c'est peut être la seule chose violemment désapprouvée par Jésus dans les Evangiles. L'Eglise pourrait se borner à être contre le PACS pour les hétéros comme pour les homos. Ce n'est pas une union stable et pérenne, elle ne donne d'ailleurs pas droit à pension de réversion. Combien de "veuves" pacsées se retrouvent dans le plus grand dénuement après le décès accidentel de leur partenaire ! J'en ai encore eu récemment un exemple sous les yeux.

ON pourrait donc envisager un mariage homo, mais qui ne comporte pas les mêmes droits et possibilités. Et religieusement une bénédiction qui ne soit pas un sacrement.
Voilà. A suivre pour continuer à réfléchir tous ensemble.

Michel P., le 24/09/2012

J’ai été un peu étonné par une phrase du commentaire de Misha, à propos du PACS. : « c’est une répudiation déguisée ». C’est toujours l’histoire du verre à moitié vide, ou à moitié plein. Par comparaison avec le mariage, la remarque se comprend. Mais dans une société où de plus en plus de jeunes répugnent à se marier, et où de toute façon les homosexuels ne le pouvaient pas, le concubinage, qui se répandait toujours plus, n’apportait, en cas de rupture, aucune garantie au plus faible des deux, Le PACS en apporte certaines, et si elles sont insuffisantes il faut permettre au contrat de PACS d’en apporter plus, si les contractants le désirent. On ne contraindra pas au mariage ceux qui n’en veulent pas, et supprimer le PACS c’est les renvoyer au concubinage, dans lequel la répudiation peut être bien plus brutale.

Lucie, le 25/09/2012

Merci pour cet article, qui ouvre quelques pistes de réflexions dans le respect de chacun et de nos différences.
C'est un sujet d'une extrême délicatesse et chacun a son vécu, son expérience qui rend toute vérité impossible (me semble-t-il).
Sur le "droit à l'enfant", je suis tout à fiat d'accord qu'il faut un papa et une maman pour concevoir, avoir et faire "grandir", dans tous les sens du terme, un enfant. Alors pourquoi autoriser l’adoption par des femmes (et plus rarement des hommes) seules ? J'ai moi-même, en tant que célibataire, entrepris cette démarche. J'ai eu mon agrément et j'ai commencé les démarches pour adopter un enfant (long, difficile ...); je suis même allée en Belgique me renseigner sur les procédures pour une insémination.
Mais tout au long de ces démarches, me taraudait une unique question : comment répondre à mon enfant plus tard quand il me poserait cette question "pourquoi je n'ai pas de Papa moi ?" N'ayant toujours pas trouvé de réponse autre que celle d'un désir d'enfant j'ai abandonné mais le temps passe, je suis toujours célibataire et je sais que je n'aurais pas d'enfant.
Dans une société (une église ai-je envie d'ajouter) et avec une éducation où seuls les couples avec enfant ou les laïcs consacrés ont une place ce n'est pas simple ... il y a aussi de ce côté là des pistes à travailler.

Alice, le 7/10/2012

« Je ne fais pourtant de tort à personne en suivant mon chemin de petit bonhomme.
Mais les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux.
Non les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux.
Tout le monde médit de moi, sauf les muets, ça va de soi.


Je ne fais pourtant de tort à personne en suivant les chemins qui n'mènent pas à Rome.
Mais les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux. »

Pourquoi me réveiller avec ces paroles de « la Mauvaise Réputation » de Georges Brassens?
Je repense alors à certaines rencontres vécues, il y a environ une vingtaine d'années. J'ai rencontré, plusieurs fois, un homme et sa fille. Il en avait la charge durant la semaine et elle allait chez sa mère durant le weekend. Situation pas banale ! Encore maintenant, de nos jours, en France, la garde de l'enfant est pratiquement presque toujours attribuée à la mère! Cette ado vivait cette situation, sans manifester de difficulté. Puis, un jour, j'ai vu la joie de cet homme portant un bébé de quelques jours dans ses bras. C'était son 1er petit-fils que le fils aîné était venu lui présenter. Oui, j'ai vu la joie de ce père qui devenait aussi papy. Quelques temps plus tard, cet homme a obtenu sa mutation et il a voulu nous inviter à un pot d'adieu. Je l'ai vu hésiter sur le lieu. Il nous a invité chez lui. Il nous a alors présenté son ami. Il nous a fait visité la maison, notamment sa chambre ou plutôt « leur » chambre. Et j'ai vu la joie de cet homme d'avoir pu dire la vérité sur cette réalité humaine, sans se sentir jugé. Magnifique fête!!! Joie fantastique!!! Ces personnes étaient heureuses. Et je veux porter ce témoignage en ces temps où l'on dit tant de « mauvaisetés »!

« Je ne fais pourtant de tort à personne en suivant les chemins qui n'mènent pas à Rome.
Mais les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux. »

Dans le mariage catholique, notre amour doit être fécond, sans se soucier de savoir si l'enfant à venir est désiré(e), sans se soucier des droits de l'enfant. Il doit exister ! Sauf dans les cas de stérilité du père ou de la mère! Alors là, interdiction de demander le secours de la médecine.

Pour les homosexuel(le)s, le désir d'enfant n'est pas admis. On pense, (formidable changement de mentalité!) surtout aux « droits de l'enfant ». N'oublie-t-on pas un peu trop facilement qu'un(e) enfant ne se construit pas uniquement dans une relation : « père, mère, enfant » ? Un(e) enfant se construit lorsqu'il (elle) se sait aimé(e). Dans ce cas de parents homosexuel(le)s, l'enfant se découvre particulièrement désiré(e) pour exister malgré tous les obstacles mis sur la route de ce couple.

Un(e) enfant, comme toute personne humaine, se construit par la diversité des relations dans le cadre familial mais aussi dans un cadre non familial, par les familles amies, les copains-copines à l'école ou dans différentes activités ou associations culturelles ou de loisirs.

« Je ne fais pourtant de tort à personne en suivant les chemins qui n'mènent pas à Rome.
Mais les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux. »

Aucun argument théologique , aucune loi ne peuvent justifier une discrimination.

Il serait temps d'arrêter de jeter l'opprobre, l'interdit et la stigmatisation, le dénigrement. Pensons que nous sommes tous, toutes, frères et sœurs en humanité car le Christ est présent en chacun(e) d'entre nous.

« Aimons-nous les un(e)s les autres comme le Christ nous a aimé(e)s, c'est à dire en aimant l'autre tel qu'il est, telle qu'elle est ! « Il y a de nombreuses demeures dans la Maison de mon père ». « L'Esprit nous conduira sur des routes nouvelles ».