Retour à l'article
Retour page d'accueil

Pour ajouter un commentaire ou une page au débat,
envoyer un mail à
nicodeme@dieumaintenant.com
en précisant sur quel article vous réagissez.

Pour suivre le fil d'un débat, commencer en haut de page.
Pour lire les nouveaux messages, commencer en bas de page.

Danielle Nizieux

Danielle Nizieux nous fait part d'un article qu'elle a rédigé sur le même sujet et qui rejoint les réflexions de Michel Poirier. Nous en extrayons ces passages :

Dans le langage courant actuel, et en particulier dans la tradition chrétienne qui nous intéresse ici, on confond couramment le saint et le sacré, l’Homme et le Temple ; on parlera indistinctement des textes saints ou sacrés ; on dira la sainte Bible, la sainte Église, le saint Office, mais on dira le Sacré Cœur de Jésus, la consécration, et même – en cumulant les notions ! – le Saint Sacrement.
D’aucuns affirment volontiers que les notions de sainteté et de sacralité recouvrent le même concept. Après d’autres, je conteste cette confusion ; les deux termes s’appliquent à des réalités différentes et pas aux mêmes catégories, ni aux mêmes circonstances. C’est à mon sens, une facilité regrettable 5 qui nous éloigne de la profondeur et de la raison d’être du message de Jésus.

Le sacré est une notion qui vient du fond des temps : là où il y a trace d’homme, il y a trace d’un culte, d’abord des morts, puis de quelque chose de supérieur, d’éloigné, de structurant, à quoi on donne la qualification de sacré. Pour simplifier, on l’appellera Dieu. (…)
Le sacré implique la notion d’allégeance : il faut se ménager les bonnes grâces de Dieu, avec qui en quelque sorte on (soi-même ou la Cité) passe un contrat. Ce contrat contient des règles à appliquer pour le satisfaire. Au plan social, ce Dieu et ces règles constituent un mode du « vivre ensemble ». Le sacré est en quelque sorte le support du lien social, lequel lien social est la religion. Lorsque cette religion s’institutionnalise, elle fait émerger soit une caste de prêtres, soit une Église avec des prêtres ; l’institution est alors garante de la mise en œuvre de ces règles, en assure le contrôle et donc éventuellement la sanction. (…)
Le sacré fige ; il instaure des pratiques définies par un rituel dont le propre de l’alliance sera de ne pas les changer. Tout ce qui peut modifier les pratiques est suspect et attentatoire à Dieu. Pour beaucoup, on trouve Dieu dans le culte et les cérémonies religieuses et nulle part ailleurs.(1) Ainsi le Temple est sacré, les rituels et les objets du culte sont sacrés. Rien ne saurait apporter une modification dans ce qui est, qui était et donc sera. (…)

Jésus nous appelle à ne pas tomber dans le piège du sacré. Jésus nous appelle à la sainteté, c'est-à-dire à la Vérité de l’amour. La sainteté est une qualité intérieure et personnelle : personne ne peut être saint à la place de l’autre. Chacun a des comptes à rendre sur sa propre sainteté. La quête du Dieu de Jésus, ou du Dieu-Jésus est intime et unique. (…) La nouveauté chrétienne, c’est que le salut se fait dans la vie profane. Il ne dépend pas du respect des innombrables préceptes mais du service rendu à son prochain…. Ce message de salut est universel puisqu’il n’est lié à aucun culte et qu’il ne rejette personne du salut.(2)
C’est la réponse de Jésus à la question : quel est le plus grand commandement ?
Matthieu 22,36-40 : « Tu aimeras le Seigneur… Tu aimeras ton prochain comme toi-même : de ces deux commandements dépendent la Loi et les prophètes. » L’amour du prochain est déclaré le même que l’amour de Dieu, et il n’y a rien au dessus de ce commandement, et il n’y a pas de précepte concernant un culte spécifique à rendre à Dieu.

(Les Églises) ne sauvent pas les hommes avec leurs cultes et leurs rites : elles les sauvent dans la mesure où elles apprennent aux hommes à chercher Dieu et à aimer leur prochain.(3) (…) La sainteté, selon Jésus, c’est l’inverse du sacré qui délimite, et qui éloigne ce et ceux qui sont « hors normes » dans tous les domaines de la vie ; c’est un projet également possible pour chacun, car « il n’y a plus ni grec ni juif, ni homme ni femme, ni maître ni esclave. »

Dans la Genèse, Dieu cherche Adam « où es-tu ? ». De même, Jésus lance un appel ; et chacun, en vivant le message, peut s’affranchir du poids de son péché, pour acquérir plus d’ouverture aux autres, plus d’esprit de paix et inaugurer une vie nouvelle ; en fin de compte, celui que Jésus trouve et qui trouve Jésus y gagne plus de liberté et de bonté. C’est un saint. Certes, il ne fait pas forcément des miracles, il n’est pas forcément un exemple de vertu, mais il prend le risque de s’inscrire dans les pas de Jésus (cf. la parabole des talents ou l’éloge du risque) et à ce titre, il est accueilli dans le Royaume. Ici-bas et dans le Ciel. Le voici dans la communion des saints.

Le Temple de Dieu, c’est l’Homme. Depuis Jésus, L’Homme est le lieu sacré où Dieu s’invite, où il est accueilli ; l’Homme en est le signe vivant.

Danielle Nizieux

1- Extrait du livre de Joseph Moingt et de Marc-Alain Ouaknin La plus belle histoire de Dieu. / Retour au texte
2- idem / Retour au texte
3- idem / Retour au texte