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Débat autour du texte "P.M.A. pour toutes..." au sein de l'équipe animatrice

Rappel :
L'équipe animatrice du site "Dieu maintenant" est composée de 23 personnes de sensibilités religieuses différentes : certaines sont pratiquantes d'autres non. Elles ont également des options politiques diverses (sauf d'extrême droite). Elles ont en commun de croire que, par-delà nos diversités, une parole chrétienne libre peut trouver son chemin.
Nous entendons par parole libre :
- une parole qui ne s'oppose pas systématiquement à la hiérarchie (et nous situerait en contre-dépendance);
- une parole qui reflète notre diversité ou nos divergences quand celles-ci apparaissent (et non une parole qui cache, sous couvert de communion, des points de vue différents) ;
- une parole nette quand il y a consensus sur un point entre nous. Ceci sans prétendre pour autant posséder la vérité mais en faisant apparaître nettement notre point de vue commun surtout quand l'enjeu nous semble important. Quand le consensus n'est pas complet ou que seuls quelques membres ont participé à un débat, nous signons les articles de "Nicodème".
Cette circulation de la parole et de l’écoute entre nous, au nom de Jésus-Christ, consiste pour nous à vivre dans l’obéissance de la foi.

Réactions de membres de l'équipe

A la demande de Christine Fontaine, coordinatrice du site, Michel P. rédige un texte qui, à quelques nuances prêt, est celui qui est mis en ligne. Il ne s'agissait pas de se situer sur le fond mais sur les appels à résister à la PMA pour toutes adressés aux catholiques par la hiérarchie catholique.

François, le 21/9/2019

Je signe.

Michèle, le 21/9/2019

Je signe également.

Joseph, le 21/9/2019

Bonjour à tous, et merci à Michel P. pour ce texte auquel je souscrit pleinement.
Je n'ai pas suffisamment réfléchi sur la question de la "PMA pour toutes les femmes" pour avoir un avis personnel très définitif.
Il faut beaucoup lire et s'informer, ici en particulier, pour comprendre tout les enjeux. Par conséquent, je ne vois aucun problème à voir s'exprimer nos prêtres, nos évêques etc... Mais à condition qu'ils le fassent pour y débattre avec nous !
Ce que je trouverais insupportable c'est qu'ils veuillent imposer leur point de vue, et nous dicter leur choix. Pour aller plus loin, je trouverais désolant et contre productif tout appel aux catholiques à manifester par notre hiérarchie, qui empêcherait ainsi le débat, et opposerait de fait, les catholiques entre eux ! Les bons d'un côté (ceux qui iront manifester leur opposition) et les autres les mauvais (ceux qui pensent que la loi peut raisonnablement "évoluer")
Et si la loi qui étend la PMA à toutes les femmes passe, les couples de femmes qui sont contre cette extension, ne seront pas obligées de la réclamer !!

Marité, le 21/9/2019

Moi aussi je peux signer ce texte...j'ai lu cette semaine comme toi Michel le dossier de "La Vie" ; j'ai été sensible au droit à manifester mais pourquoi donc au devoir? j'entends et je me pose toutes les questions autour de la filiation, de la marchandisation du corps, de la difficulté à admettre les limites, de l'adulation du "progrès" généré par la science...je peux penser, discuter, confronter, écouter les agnostiques comme les chrétiens et il me semble essentiel que chacun, de sa place, trouve un chemin qui le fasse vivre. Je crois qu'il y a d'abord un chemin d'humanité à rechercher et dans cette quête, peut alors se poser un regard et une parole de Foi, balbutiante parfois .Les évêques ont, me semble t'il, à nous inviter à cela et non à nous donner une injonction à manifester... sous peine de quoi? d'être rangés dans la catégorie des mauvais chrétiens ?

Boutros, le 22/9/2019

Je cherchais ce matin comment exprimer mon accord avec le texte intelligent et exhaustif de Michel, lorsque je tombe sur le message de Marité qui exprime ma pensée mieux que je n’aurais pu le faire. Merci à l’un à l’autre.

Corinne et Phuc, le 22/9/2019

Concernant la PMA, nous sommes globalement d'accord avec la position de ceux qui ont répondu: le sujet est difficile et gagnerait à être débattu dans le calme et le respect des autres.
Par contre, en lisant l'interview de Mgr Aupetit, nous n'y avons pas trouvé d'injonction à manifester. Il donne son avis, mais ce n'est pas nécessairement le nôtre. Les commentaires plus ou moins violents de l'article montrent clairement la position de leurs auteurs, mais ne peuvent être imputés à l'Archevêque.
Nous avons lu aussi l'article de "La Vie" et la position de la Conférence des Évêques. Là encore, il me semble qu'il n'y a pas d'appel à manifester, bien que pour certains évêques, l'envie semble être bien présente. Mais je peux comprendre qu'on veuille avoir raison.
L'article proposé par Michel P., bien qu'écrit avec un ton mesuré, ne fait pas avancer le débat et entretient la polémique.
Pour nous, il est essentiel de montrer que ceux qui iront manifester le 6 Octobre ne représentent pas la majorité des chrétiens, ce que les articles du magazine "La Vie" ont largement contribué à faire.
Bref, n'augmentons pas le bruit autour de ce sujet.

Michel P., le 22/9/2019

Je revois autant que possible ces objections.
Il est exact que Mgr Aupetit n'appelle pas franchement à manifester, il se contente de dire que selon lui cette manifestation est "utile", ce qui est tout de même une forme d'invitation. Mais l'archevêque de Reims et Président des évêques de France, Mgr de Moulins-Beaufort, est plus explicite, et avance qu'il "aurait tendance à dire" que c'est un "devoir" pour un catholique d'aller manifester. En langage épiscopal, c'est une invitation nette et forte (pour lire le texte, introduire dans un moteur de recherche "PMA archevêque de Reims"). On pourrait donc récrire, pour être plus précis, ce passage du texte.

Marianne, le 22/9/2019

Je soutiens l'avis de Phuc et Corinne et je préfèrerai un texte qui affirme notre position d'ouvrir le débat et qui denonce des positionnements ideologiques excluant la parole et l'écoute. Il faudrait rester centré sur le problème posé plutôt que de contester des partis pris par les uns et les autres.

Nicole, le 22/9/2019

Je signe le texte de Michel P. et je suis heureuse que le débat de la PMA soit engagé à l’intérieur de notre association.
Le temps de manifester n’est pas encore venu. L’urgence étant de s’interroger et d’ouvrir le débat.
Merci à tous ceux d’entre vous qui ont risqué un témoignage sur leurs interrogations.
Je me sens concernée par le problème posé dans le texte mais à ce jour, je n’ai aucune compétence pour donner un avis sérieux et je ne pense pas que la hiérarchie catholique soit plus compétente !

Michèle, le 22/9/2019

Tout à fait OK avec,Marianne,Phuc... Seulement,quelques observations :nulle part,je n'ai entendu : "tout le mal, le caractère péremptoire, violent..."de certains évêques, mais, je n'ai pas lu "Famille chretienne".
J'ai regardé le débat aux Bernardins et, dès le lendemain, j'entendais à la radio que E de Moulin Beaufort appellait à manifester (France Inter) ce qui n'était pas vrai ; ça y est,les medias vont faire monter le truc, ai-je pensé ; ça n'a pas manqué.
Je n'attends aucune consigne de la part des évêques en la matière,et je me sens "très libre" par rapport à la hiérarchie ! Au fait, où, quand, m'oblige-t-elle à agir, à croire, à manifester, alors qu'en conscience je ne serai pas d'accord ?
Je continue à me sentir "bien" dans des lieux où ce n'est pas l'affrontement qui prime, où c'est l'écoute, le dialogue et l'accueil de la souffrance de l'autre qui s'expérimentent.
Que Nicodème dise quelque chose, d'accord, mais surtout ne pas en rajouter dans le ton et la polémique.

Michel P., le 22/9/2019

Bonsoir à tous Je crois qu'il est vrai que Mgr de Moulins-Beaufort appelait à manifester le 6 octobre. Voici pourquoi :
Voici comment le journal L'Union de Reims (et je trouve la même information sur d'autres sites) rapporte l'intervention de Mgr de Moulins-Beaufort à la sortie de la réunion des Bernardins :

" À l’issue de la rencontre, Mgr de Moulins-Beaufort a apporté son soutien aux « citoyens » « inquiets » du projet de loi et désireux de manifester le 6 octobre, comme l’ont appelé à le faire une vingtaine d’associations, dont La Manif pour tous.
"Je ne vois pas comment nous pourrions empêcher des citoyens, catholiques ou non, inquiets de ce projet de loi, de manifester s’ils pensent que c’est un moyen utile pour se faire entendre", a-t-il déclaré devant la presse.
« J’aurais tendance même à dire qu’ils ont le devoir de le faire », a-t-il ajouté.
L’archevêque de Reims a toutefois précisé que « nous l’Église n’organisons pas la manifestation ». « Ce n’est pas notre manière d’agir », a ajouté le président de la CEF qui ne sera pas à la manifestation. "


Il me semble que c'est clair : le patron de l'Église de France n'organise pas la manifestation, agit autrement, mais pour lui ce serait un devoir d'y participer. Si c'est un devoir, il me paraît impossible de dire qu'il n'appelle pas à la manifestation, d'autant plus que toute la réunion des Bernardins a présenté l'inquiétude devant le projet de loi comme la position catholique.

Dès lors, je proposerais de remplacer le troisième paragraphe du texte (1) qui vous a été soumis, par celui-ci, plus nuancé et plus précis :

C’est pourquoi le caractère péremptoire et définitif de certaines interventions nous heurte, ainsi que la caution donnée plus ou moins directement à l’appel à manifester le 6 octobre contre le projet. C’est le cas par exemple de l’entretien accordé par Mgr Aupetit, archevêque de Paris, au magazine Famille Chrétienne. Pour se faire une idée de l’ambiance dans laquelle ce texte prend place, on aura profit à cliquer en haut de la page de Famille Chrétienne sur l’accès aux commentaires. Et une fois de plus on s’aperçoit que pour certains responsables d’Église, si au terme du débat leur avis n’a pas été suivi, c’est un signe de débat faussé et de mépris. Pourrait-on accepter de ne pas toujours obtenir d’avoir raison ? Pour la manifestation du 6 octobre, Mgr Aupetit se limite à dire qu’elle est « utile », l’invitation reste indirecte. Mais Mgr de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et Président de la Conférence des évêques de France, se risque à présenter la participation comme un « devoir », la consigne est beaucoup plus nette. Nous le regrettons.

Si cette modification, ou un texte très proche, ne réussit pas à obtenir l'accord de tous ou presque tous, je pense qu'il faudra renoncer à présenter une position au nom de Dieu Maintenant.


1- Le texte initial était :
"C’est pourquoi le caractère péremptoire, définitif et violent de certaines interventions nous heurte, ainsi que la caution donnée officiellement à l’appel à manifester le 6 octobre contre le projet. C’est le cas par exemple de l’entretien accordé par Mgr Aupetit, archevêque de Paris, au magazine Famille Chrétienne . Pour se faire une idée de l’ambiance dans laquelle ce texte prend place, on aura profit à cliquer en haut de la page de Famille Chrétienne sur l’accès aux commentaires. Et une fois de plus on s’aperçoit que pour certains responsables d’Église, si au terme du débat leur avis n’a pas été suivi, c’est un signe de débat faussé et de mépris. Pourrait-on accepter de ne pas toujours avoir raison ? /
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Jean-Claude, le 23/9/2019

La révision du texte proposé par Michel me semble être plus réactive... mais est-ce bien utile ?
On est en face d'une prise de conscience tardive d'une question d'éthique qui dépasse nos frontières, le second paragraphe nous y enferme, la société dans laquelle nous voulons vivre ne s'y arrête pas, la société de nos voisins belges,espagnols et autres nous est commune et ils ont déjà écrit comment ils pouvaient se situer par rapport à la PMA. Pourquoi faudrait-il que les femmes vivant en France, désirant une PMA ,soit obligée à s'expatrier pour ce faire, au prix d'une grande solitude ?

A part cela l'adhésion au coté récup politique de la hiérarchie épiscopale (La Manif pour tous en tête !) me dégoutte ...
Alors, que ce débat ait lieu : OUI ; que nous associions nos voix pour faire polémique : NON

Jean-Luc, le 23/9/2019

La polémique entre catholiques ne m'intéresse pas vraiment et je n'ai pas une opinion éclairée sur les positions que devrait prendre la hiérarchie. Je suis en difficulté pour contester, à ceux qui veulent protester, le droit de manifester et ce au nom des libertés démocratiques. Je n'ai rien à voir avec une manifestation a l'appel de "la manif pour tous" dont je ne partage pas les idées. Il est hors de question que je participe à une telle manifestation mais je ne me sens pas la légitimité de désavouer ceux qui iraient.

Le texte que vous nous proposez ne prend pas partie sur le fond. Prendre parti est-il interdit au nom du respect de l'autre ? Sommes nous condamnés a une neutralité axiologique, au "laisser faire" des libéraux pour trouver notre place dans la post modernité ? Pouvons nous dire ensemble quelque chose de significatif et d'utile sur un tel sujet, voila peut être la difficulté.

A titre personnel je trouve que la question n'est plus, depuis le mariage pour tous, la question du père. Je crois que nous avancerions en permettant aux couples de femmes homosexuels de pouvoir recourir à la PMA mais pas en occultant la compagne mais au contraire en exigeant un projet parental à deux avec, comme c'est le cas aujourd'hui pour les PMA pour infertilité, un lien de filiation renforcé pour les deux parents.

L'accès à une PMA pourrait être conditionné a la mise en oeuvre d'un projet parental en couple (comme aujourd'hui) et ne pas être ouvert aux femmes seules. Je suis toujours étonné, sur ces sujets, de l'alliance des libéraux et des libertaires qui entendent nous entrainer vers un "tout individu" comme si une société décente pouvait faire l'économie des communs. En Afrique on a l'habitude de dire qu'il faut un village pour élever un enfant. Pourrions nous oser affirmer que pour faire un enfant en France ce ne serait pas trop d'être deux ?

Bien sûr il faudrait pouvoir se mettre d'accord sur les raisons philosophiques, psychologiques, spirituelles qui pourraient influencer notre position. Engendrer est peut être une histoire d'altérité, d'autonomie, de collectif... avant que d'être une histoire de libre accès à une prestation de service. Je ne sais pas si mon intervention va nous faire avancer mais je me suis dit que de m'exprimer était plus fraternel que de me taire.

Jean-Michel, le 24/9/2019

Depuis Hô-Chi-Minh-Ville, je lis vos commentaires sur la pma.
C'est un sujet grave. La loi peut elle prévoir l'extinction du père pour des enfants ? Là où je crois que nous nous retrouvons tous c'est que, chrétiens, nous sommes libres vis à vis des positions de tel ou tel évêque.

Marité, le 24/9/2019

Merci infiniment Jean Luc pour tes réflexions...en te lisant, j'ai le sentiment d'un peu moins patiner sur la planche à savon. Si engendrer est d'abord une question d'altérité, nous pouvons alors risquer le "pas de côté" qui, entre la crispation et la glisse inexorable nous permet de rester debout.

Madeleine, le 25/9/2019

Tout à fait d'accord avec le texte rédigé par Michel P., et la signature de l'équipe animatrice.

Boutros, le 25/9/2019

Le texte de Jean-Luc est une réflexion de fond tout à fait remarquable. Il mérite plus ample développement et un travail en commun qui soit conséquent. J’ai envie de proposer qu’il soit le thème d’une prochaine réunion, cette question étant appelée à se poser à la société pendant encore longtemps.
S’il nous faut prendre position dans l’immédiat, ça ne peut-être, me semble-t-il, que pour contester le droit de nos « pasteurs » à forcer nos consciences en tant que croyants d’une façon aussi simpliste et brutale.

Christine F., le 26/9/2019

Après discussion entre Michel P. et moi, il nous semble difficile de signer le texte de "l'équipe d'animation" puisque quelques uns ont émis des réserves importantes. Nous le signerons donc de Nicodème comme tout texte travaillé à plusieurs mais n'ayant pas pour autant l'aval de toute l'équipe. Vous trouvez le texte définitif en PJ.

Le texte de Michel P. n'avait bien sûr pas pour but d'ouvrir une réflexion sur la PMA mais de nous distancer de la manière dont la hiérarchie catholique apporte sa vérité sur le sujet sans réellement s'ouvrir elle-même à un débat. Nous retenons de plusieurs de vos commentaires que ce débat sur la PMA (sur le fond de la question) doit être repris par notre équipe (nous l'avions déjà amorcé au moment du "mariage pour tous"). A suivre.

Débat général

Michelle.C. Drouault, le 1/10/2019

Chers amis,

Merci de vos articles. Je vous signale que j’ai publié sur mon blog « Féministe et croyante », un article intitulé
"PMA pour qui ?" qui pose les questions qui fâchent… Que des évêques qui sont des hommes célibataires se permettent autant de « certitudes » sur le corps des femmes me choque profondément. Quant à considérer le fait de manifester comme un « devoir », on aimerait les voir aussi offensifs quand il s’agit des migrants et des sans abri!!! Il me semble que l’Eglise a le « devoir » de cesser de se replier que des questions de moeurs.
Cordialement,

Nathalie, le 1/10/2019

Merci Nicodème,
Je n'ai pas encore lu les articles, mais je suis heureuse de trouver un lieu de "dialogue" sur des sujets où les réponses automatiques et idéologiques ne résolvent rien.
Je vais relayer sur mon blog car beaucoup de lecteurs attendent une parole nuancée sur ces questions.
A bientôt pour le synode de l'Amazonie.

Marie-Claude Peyvieux, le 1/10/2019

Je constate que si les positions de certains membres de l'Eglise peuvent paraître péremptoires, les positions favorables à la PMA ne le sont pas moins. On ne peut quasiment pas objecter les problèmes posés (absence programmée du père, effacement de la différence sexuelle, technologisation de la procréation, marché, eugénisme en vue et déjà acté - voir Jacques Testart in Politis) sans se faire insulter, et sans être suspecté d'avoir des positions politiques réactionnaires. Quant aux témoignages des femmes homosexuelles en désir d'enfant ils peuvent être émouvants sans forcément légitimer la démarche. La loi n'a pas pour fonction de permettre à tout désir si prégnant soit-il de se réaliser et l'intérêt de l'enfant devrait primer sur la satisfaction des "parents d'intention".

Jean-Pierre, le 1/10/2019

Bonjour à tous.

J’ai moi-même été choqué par la prise de position de la conférence des évêques, et celle de mon évêque (Pascal ROLLAND évêque de BELLEY -ARS (AIN)) qui a donné lieu à une annonce en chaire de notre curé.
Après avoir lu les différentes prises de position des membres de votre équipe, j’aurai une approche proche de celle de JEAN-LUC.
Pourquoi vouloir une position sous la forme d’une “norme“ ?
J’attends davantage un appel à la réflexion et à la responsabilité en se basant non pas seulement sur les conséquences individuelles (pour la mère et l’enfant, mais aussi en prenant en compte leur environnement).
Comme le dit Jean-Luc, prendre en compte le fait de l’homosexualité et de la notion de couple homosexuel avec un amour et un projet partagé.
D’autre part ne faudrait-il pas remettre en cause cette notion de patriarcat ? (Probablement pas pour le remplacer par le matriarcat) mais prendre en compte d’une part la notion de couple mais aussi les familles et la collectivité, et là avoir une réflexion sur leur rôle ?
Enfin, je me fais la réflexion sur la croissance du nombre de familles monoparentales et quel regard porte nos sociétés sur ce phénomène et quelle aide leur apporte tant les institutions religieuses que gouvernementales ou laïques ?
Je suis un homme et ne suis pas directement concerné par la PMA, mais par contre comment dois-je me comporte rpour, non pas juger, mais apporter aide et accueil à mes sœurs confrontées à cette question qu’elles soient croyante ou non ?
Merci pour cette approche, et que l’Eglise du christ ne se comporte pas en juge suprême, mais en porteuse d’espoir, qu’elle soit davantage à l’écoute des femmes et des hommes et évolue avec son temps.

Fraternellement

Sylvie Eltschinger, le 1/10/2019

Bonjour,

Suite à votre article, j’ai moi aussi envie de réagir !

La conférence des évêques de France au Bernardin, fin septembre, m’a fait un bien fou et dans ma naïveté de mère au foyer retirée de toute vie active, j’ai cru qu’elle serait soutenue par l’ensemble des chrétiens. A ma grande surprise, je découvre vos lignes ! Ce qui dilate le cœur pour certains, amène de la méfiance chez d’autres ! Quel dommage ! Nullement poussée à aller manifester ce 6 octobre, je n’en adhère pas moins à l’appel de nos évêques d’ouvrir les yeux sur ce qui se passe et de prendre parti. C’est bien beau de continuer à sommeiller, il y a quand même urgence à se réveiller, non ? On ne peut tout de même pas leur reprocher de s’affirmer ; n’oubliez pas que « Dieu vomit les tièdes ». On vit dans un monde où tout est permis, où le seul critère de discernement est le plaisir qu’engendre mes actes, mon bienêtre… mon petit moi avec l’amour que je pourrai donner si seulement et si encore… moi et rien que moi, toujours plus de moi, moi, moi… Mais est-ce cela que le Christ nous a enseigné ? N’est-il pas allé jusqu’à mourir sur une croix ? A lire vos lignes, on crierait presque « au complot » ! Mais enfin, cette conférence a eu le mérite d’être claire, de donner un avis, et c’est de cela dont nous avons besoin ! Dommage que votre article amène le doute sur un si fort témoignage… J’ai un rêve moi aussi : que le monde marche vraiment à la suite du Christ !

Bien cordialement

Alain Rohand, le 1/10/2019

Précision préalable : je ne suis pas membre de votre association, mais simple lecteur occasionnel de votre site, par ailleurs deux de mes textes ont été publiés ici, notamment « mon rapport à la religion chrétienne », dont le chapeau de présentation commence ainsi : « Alain Rohand est un ami de Christine Fontaine ».

En premier, j'apprécie hautement votre démarche et les propos de cet article qui permet un regard « plus intéressant » sur cette perspective de la PMA pour tous.
Que les évêques réprouvent le projet, pourquoi pas, rien d'ailleurs de très étonnant, c'est conforme à leur positionnement habituel sur ces sujets. Que la PMA avec ou non extension soit l'objet de questionnements, compte tenu des évolutions sociétales et médicales, c'est bien normal.
En revanche, que les évêques, une fois de plus, se croient détenteurs de la seule Vérité Des Vérités devant laquelle chaque être humain doit s'agenouiller et baisser la tête. Non ! Il s'agit simplement d'une position parmi bien d'autres. Ensuite, le peuple en décide par l'intermédiaire de ses représentants régulièrement élus par les Français et les Françaises. Les évêques ne sont que des citoyens à égalité avec les autres. Nous ne sommes plus sous un régime de Droit Divin !

Cela dit, que les chrétiens manifestent dans la rue s'ils en ont envie. Je peux vous assurer que le fruit retiré de cette instrumentalisation sera un rejet supplémentaire de cette institution religieuse par le peuple.

Il est désagréable de voir l'archevêque de Paris avoir des propos, dont certains relèvent du café de la gare, ou des commentaires de Facebook ou Instagram, tels que :

« Nous voyons que nous sommes dans l’ère du professeur Nimbus et des savants fous...
A-t-il [l'embryon] moins de valeur que les larves du scarabée doré ou que l’œuf du rouge-gorge ?
La médecine soignante devient une « prestation » au service des volontés individuelles. La médecine se met en dépendance du marché de la procréation où priment les intérêts financiers et la volonté toute-puissante des adultes. L’enfant désiré y est réduit à l’état de produit.
Nous assistons à un véritable eugénisme. »


(J'apprends donc que la PMA a pour but premier de créer une nouvelle race de sujets sains de qualité supérieure ? Dans ce cas la loi dira expressément que les donneurs de sperme devront être uniquement des grands blonds bien musclés ?)
Et ce ne sont que quelques citations parmi d'autres. Je ne suis pas certain que, s'ils existaient encore, les Guignols de l'Info auraient osé mettre de tels propos dans la bouche d'un évêque !

Ces généralités apportées, je m'en tiendrai à du simple factuel dont j'ai été et suis toujours témoin. Je crois fondamentalement au réel des témoignages. C'est d'ailleurs ce qui m'intéresse le plus dans l'Évangile.

— La PMA pour tous existe partiellement : sauf qu'il faudrait dire qu'actuellement elle s'appelle « la PMA pour les nantis ». La loi nouvelle permettra de mettre fin à cette inégalité entre les riches et les pauvres. J'aurais tendance à trouver cela plutôt évangélique.

Une de mes filleules a épousé une autre femme suite à l'adoption de la loi que les chrétiens ne voulaient pas. Elles ont ainsi officialisé une relation homosexuelle d'une bonne quinzaine d'années.(L'une est cadre infirmière, l'autre DRH dans une grande entreprise.) Elles sont parents de deux garçons issus de la PMA en Belgique. Chaque fois que je vois ces deux beaux garçons je les trouve tout à fait « ordinaires » au sens que leur développement physique et psychique, leur réussite scolaire, leur sociabilisation, leur bonheur de vivre, de même que leur crise d'adolescence, semblent parfaitement comparables à ce que vivent mes sept petits-enfants issus de relations hétérosexuelles durables.

— J'ai exercé pendant plus de 30 ans un métier d'aide à la personne en difficulté psychologique et en recherche de sens à sa vie. Nombre de ces personnes issues de relations hétérosexuelles, ont souffert grandement de l'absence paternelle, par suite de démissions des pères, de divorces, de décès, et autres circonstances. Que l'on soit né d'un procédé « traditionnel » ou de PMA, le problème de la présence et de l'absence paternelle est le même. J'ai connu des mères célibataires ou aux maris disparus, exerçant la fonction paternelle de manière réussie.

Quant aux « adoptés » que la sainte église tolère. Le silence, le secret, des parents adoptifs sur l'origine biologique de l'enfant, a causé bien plus de dégâts que le fait d'être informé et de constater que l'on est issu d'une PMA.

Enfin je soulignerai l'énorme capacité d'adaptation du petit enfant à la situation devant laquelle il se trouve en raison de la plasticité cérébrale dont la nature (ou Dieu ?) l'a doté.

Marie-Reine M., le 2/10/2019

Chers amis,

C’est en tremblant que je vous écris, en réponse à votre article, tant le sujet me semble grave. Je m’y risque en raison du grand respect de la parole de chacun d’entre vous et sur le site. De tels lieux sont rares et je vous remercie encore de nous l’offrir. Je réponds un peu à côté du sujet, vous voudrez bien m’en excuser.

Quand nous sommes convaincus que quelque chose est grave, oui, nous avons le « devoir » de le dire, quand bien même cela ne nous fait pas d’amis, quand bien même ceux qui étaient nos amis se moquent de nous ou nous reprochent « d’imposer » notre point de vue alors que nous ne faisons que leur parler en confiance, avec la fermeté que donne l’intime conviction, sans mettre de « modérateurs » dans nos propos, genre peut-être. Il n’est pas possible de se taire et il est difficile de ne pas être virulent quand on parle de questions très graves.

Que les autorités ecclésiales aient imposé autrefois aux catholiques « ce qu’ils devaient croire », cela ne fait aucun doute. Mais ce temps est révolu. L’Eglise n’est plus une autorité crédible dans la société. Les exactions qui ont été commises en son sein parce qu’elles ont été et restent couvertes pour sauver les apparences, la discréditent. De même que les consignes qu’elle a données en matière de vie sexuelle, qui ont fait fuir de nombreux couples hors de l’Eglise ou qui, lorsqu’elles ont été suivies aveuglément, ont contribué à détruire la relation conjugale de bien des couples. Quant aux catholiques romains, ils sont de plus en plus nombreux à savoir qu’ils doivent ultimement obéir à la voix de leur conscience sans se soumettre aveuglément à quelque autorité que ce soit pour s’épargner le risque de s’engager. Reste alors pour chacun de nous à savoir comment nous écoutons, ce qui suscite notre assentiment. Car bien sûr chacun peut se tromper ou être trompé, surtout par ce qui est séduisant.

Un ami prêtre me disait récemment que la Manif pour tous cherche à maintenir le modèle familial qui est apparu au XIXème siècle. Cela m’a permis de comprendre pourquoi j’avais tant de réticence à aller manifester avec eux, alors que je partage l’idée que le choix la « PMA pour toutes » est un pas de plus dans la destruction des fondements anthropologiques qui étaient les nôtres.

Parce qu’il existait et qu’il existe des situations douloureuses dues au rejet des personnes en fonction d’une « norme » établie, il est jugé nécessaire de transformer ce qui était exceptionnel et rejeté en nouvelle norme. Nous basculons dans l’individualisme roi et la technique reine, dans une société qui évacue le corps et qui est régentée par la jalousie : « il n’est pas juste » que je n’aie pas, moi aussi, ce qu’a l’autre ; la société, puisqu’elle en a la capacité technique, a le devoir de me donner l’enfant que je ne peux avoir quand je me soustrais à la relation sexuelle avec une personne de l’autre sexe.

L’enfant ne sera plus celui qui naît dans l’union des corps, dans les balbutiements, les merveilles mais aussi les aléas de la rencontre, mais celui qui est « produit » par la technique, comme l’avait pressenti Aldous Huxley en 1932. Il devra correspondre à nos attentes, comme tout produit, tandis que nous-mêmes tentons désespérément de devenir conformes à ce que nous imaginons être ou devoir devenir pour être enfin vivants. La vie, avec ses surprises, ses aléas, ses souffrances ne doit plus être le don d’une altérité qui nous surprend et nous appelle ailleurs que dans la confection désespérante de l’image que nous avons de nous-mêmes.

Trouver un cadre légal, comme nous en avons le devoir, pour accueillir tout enfant qui naît, quelles que soient les conditions dans lesquelles il est né, aurait été tout autre chose que de glisser vers cette idée que la société doit procurer à tout adulte qui en a le « désir » (!) et fait montre de capacités éducatives l’enfant de ses rêves. Comme je l’ai lu sous la plume d’un sociologue qui s’en réjouissait : l’enfant est désormais l’objet de l’épanouissement de l’adulte. C’est moi qui souligne ce terme d’objet, bien sûr ; son propos à lui était de se réjouir que la venue des enfants ne soit plus quelque chose de « subi », non voulu, non désiré. Il est évident qu’il est très douloureux de naître dans une famille qui ne se réjouit pas de notre naissance, mais combien pire sera l’augmentation de la pression familiale et sociale pour que chacun corresponde bien à cette attente dont l’intensité se fait passer pour de l’amour. Nous croyons nous ouvrir à l’accueil de l’autre dans sa différence alors que notre conformisme au mieux ne fait que se déplacer, au pire augmente.

Dans toute famille, quelle qu’elle soit, le défi est de passer de l’enfant-objet, produit de sa mère, à l’enfant sujet, appelé à quitter son père et sa mère, pour aller à la Vie avec un autre. Car toute mère est confrontée à son envie de possession. Et de ce fait, oui, bien sûr, comme l’écrit l’un de vous, il aurait été souhaitable de ne pas autoriser l’adoption par les femmes seules.

Nous nous trouvons pris dans un engrenage où les fantasmes sont pris pour le réel, où l’on accorde à la bonne « intention » et aux bons sentiments plus de crédibilité qu’ils n’en méritent, où sont volontairement dissociés le géniteur et le père, où l’on ne voit plus très bien d’ailleurs pourquoi un père serait nécessaire… les gamètes suffisent… Il est évident que demain nous ne pourrons pas éviter la GPA. C’est tellement injuste que les hommes ne puissent pas, eux aussi, seuls ou en couple, avoir les enfants qu’ils désirent ! Nous ne pourrons pas non plus éviter longtemps la PMA post-mortem pour consoler certaines femmes de la perte de leur conjoint. Nous devenons incapables d’accompagner quelqu’un sur son chemin humain sans remédier à sa souffrance en lui donnant ce qu’il demande en imaginant que cela règlera le problème !

Je vois bien que mes propos sont désordonnés, décousus, que j’affirme sans rien démontrer. Il y a eu tant de gens qui se sont exprimés dans le débat public qui pourtant n’a eu lieu que pour l’apparence de la prise en compte des différents avis. Il n’y a pas eu d’écoute véritable.

Certains psychanalystes insistent sur l’altérité constitutive de l’humain et à laquelle nous avons accès d’abord et de manière inévitable, par la différence des sexes. Ils expliquent l’importance de la relation ternaire, l’importance de la fonction paternelle. Ils insistent sur la « structure » humaine, sur le danger qu’il y a à dissocier Réel, Symbolique et Imaginaire en décrétant qu’il est indifférent que le père géniteur soit autre que le père symbolique (celui qui « reconnaît » l’enfant et lui donne la loi de la castration humaine) et du père imaginaire (le papa qui prend soin – comme il le peut – de l’enfant). Ils souligneront que le Désir est inconscient, que nous ne savons pas ce que nous désirons et qu’il ne faut pas confondre Désir inconscient et envie consciente, quelle que soit l’intensité de cette envie. D’autres vont accorder une primauté aux intentions, à l’éducation, au « désir » conscient…

Il n’y a pas de « preuve » objective. Il y aura des effets sociaux à la disparition du père. Ils existent déjà mais peu nombreux sont ceux qui interprètent les violences chez les jeunes, la recherche de gourous, de « maîtres », comme les effets d’un monde sans père.

Il y a en fait une très grande violence derrière cette apparente non-violence dans laquelle se dissout l’altérité. Croire aimer, vouloir aimer, « sentir » qu’on aime… ce n’est pas aimer en vérité.

La volonté que tous soient « les mêmes » est identique dans les deux cas : que j’exclue celui qui n’est pas « comme moi », « pas dans la norme », ou que j’impose une nouvelle norme qui efface l’altérité sexuelle, qui réduit les corps, les humains, le réel, aux idées que nous en avons.

Je pense souvent à cette phrase de Paul Beauchamp à propos des prophètes dont la parole venait parfois contester la volonté du roi ou l’opinion du peuple : « Sachant qu’ils ne seraient pas entendus, ils parlèrent pour avoir parlé. »

Ce sont nos petits-enfants ou nos arrière-petits-enfants qui vivront les conséquences de nos décisions écologiques et anthropologiques (notamment quand ils deviendront eux-mêmes parents, n’ayant eu eux-mêmes ni père ni mère mais seulement des « mamans » femmes ou hommes). Nous ne serons plus là pour voir ces conséquences. Mais ma référence aux prophètes, à l’histoire du peuple auteur de la Bible, à la mort et à la résurrection du Christ, m’interdit de céder au désespoir et m’invite à croire que la Vie de Dieu est toujours redonnée, sans toutefois pouvoir éviter que beaucoup paient de leurs souffrances les errances de leurs pères.

Julien, le 4/10/2019

Cher Nicodème,

Merci d'ouvrir un débat qui a été confisqué, à mon avis, lors des travaux parlementaires sur la loi dite du Mariage pour Tous. Cette confiscation a été mutuelle : d'un côté une certaine frange de l’Église catholique qui s'est érigée en représentante absolue de l'ensemble des croyants, et de l'autre un gouvernement et des parlementaires de la majorité prompts à dégainer l'anathème, les accusations d'homophobie, à tout questionnement pourtant sincère et intellectuellement recevable.

J'interprète ce fort clivage comme un piège dans lequel ont sauté à l'époque bien des évêques, jusqu'à cette déclaration ahurissante de Mgr Barbarin qui se demandait si la prochaine étape n'allait pas être le mariage avec des animaux ! De tels propos ont fait la bonne affaire du gouvernement et des parlementaires pour couper court aux demandes d'un débat équilibré et raisonné.

Comme je suis sur le diocèse de Versailles, j'ai pris connaissance du communiqué de Mgr Eric Aumonier que vous trouverez sur le site officiel diocésain. Chacun est libre de le partager, de le nuancer ou d'être en désaccord, mais il ne contient aucune injonction, ni explicite ni implicite, à aller manifester et ne dicte pas leur conduite aux fidèles. La déclaration s'adresse d'ailleurs aux croyants comme aux non croyants.

Dieu Maintenant est un site chrétien, certes, mais je souhaiterais préciser qu'il ne faudrait pas non plus donner l'image que le débat sur la loi Bioéthique se résume à une binarité entre les catholiques et le reste de la société française. Il y a aussi beaucoup de personnes parfaitement athées que cette loi interpelle, questionne, inquiète etc.

Amitiés.

PS : pour info le communiqué de Mgr Aumonier :
https://www.catholique78.fr/2019/09/19/revision-de-la-loi-de-bioethique-2019-communique-de-mgr-eric-aumonier/