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Robert Saadi le 20/2/2020
Merci M.Lucas
pour votre article courageux à propos de ce texte de François. Je remarque que François intitule chacun des chapitres de ce texte : le rêve...... quand finiront nous de rêver et quand François pourra-t-il écrire tout haut ce que je crois qu'il pense tout bas.
Amitiés
Antoine le 21/2/2020
Sur l'ensemble
Merci de votre dernier envoi. C'est, comme à chaque fois, une bouffée d'air frais, libre et vrai--une voix comme il y en a peu d'autres.
Amitiés
Samir Nassif, le 21/2/2020
Je réagis à l’article de Jean-Luc Lecat
que je trouve plutôt injuste vis-à-vis du Pape François, le sujet est bien plus complexe.
Je pense à l’inverse que François a voulu éviter une approche strictement cléricale du problème « pastoral » de l’Amazonie.
Je renvoie à l’article du journal La Vie du 20 février, dont vous trouverez ci-joint le lien et le texte. J’en extrais quelques passages qui résument l’essentiel à ce sujet :
« Ainsi, lorsque le pape propose son « rêve » pour l’Église d’Amazonie, il livre une critique du cléricalisme et d’une vision trop structurelle de l’Église. Qu’est-ce qui est spécifique au prêtre et ne peut être délégué ? commence par interroger François. Réponse : l’eucharistie et le sacrement de réconciliation. Or, dans certaines zones particulièrement isolées, les fidèles sont privés de ces deux sacrements. Alors que faire ? « Cette nécessité urgente, affirme le pape, m’amène à exhorter tous les évêques, en particulier ceux de l’Amérique latine, non seulement à promouvoir la prière pour les vocations sacerdotales, mais aussi à être plus généreux en orientant ceux qui montrent une vocation missionnaire à choisir l’Amazonie. » En effet, dans une note (132) – et l’exhortation Amoris Lætitia a déjà prouvé l’importance des notes de bas de page dans les textes de François –, le pape remarque : « J’attire l’attention sur le fait que, dans certains pays du bassin amazonien, il y a plus de missionnaires pour l’Europe ou pour les États Unis que pour aider leurs propres Vicariats de l’Amazonie. ». […]
Se focaliser uniquement sur une plus grande présence de ministres ordonnés qui peuvent célébrer l’eucharistie, insiste François, serait« un objectif très limité », si l’Église n’essayait pas aussi de « susciter une nouvelle vie dans les communautés ». Il s’agit donc de savoir par quel bout prendre le problème. Plutôt que de vouloir faire des prêtres à tout prix, le pape pense qu’il faut commencer par aider les populations locales à entrer en contact avec la Parole – la Bible, les Évangiles – et la « maturation dans la sainteté ». Ainsi, une Église aux visages amazoniens aurait une culture ecclésiale propre, « nettement laïque ».
Est-ce donc la fin du débat sur les « viri probati » ? Oui et non. Oui, clairement, pour ce qui est de l’exhortation apostolique, dans laquelle le pape déplace la problématique en encourageant à ne pas tout penser à partir du prêtre. Et non, car le débat est un serpent de mer et que François sait parfaitement qu’il reviendra forcément à la surface. Par ailleurs, comme l’a expliqué un des plus hauts responsables de la communication du Vatican, Andrea Tornielli, au micro de France Inter : si « le pape a décidé de ne pas modifier les règles actuellement en vigueur », aujourd’hui, « dans le Code de droit canonique, tout évêque peut demander au Saint-Siège une dispense s’il estime nécessaire d’ordonner prêtre un homme marié ». Et d’ajouter : « C’est déjà prévu dans le Code de droit canonique, rédigé par saint Jean Paul II, au cas par cas pour un besoin particulier. Le pape a décidé de ne pas ajouter une nouvelle exception pour la région amazonienne, car il pense que cette réponse n’est pas la bonne. » Ce qui semble indiquer que si un évêque amazonien prenait la responsabilité de demander une dispense afin de pouvoir ordonner tel diacre permanent marié, dans une situation d’urgence pastorale, sa demande pourrait être étudiée. Mais que François ne veut pas toucher à la règle du célibat. »
Article de La Vie (réservé aux abonnés) :
dans-querida-amazonia-le-pape-invite-a-ne-pas-tout-penser-a-partir-du-pretre
Bien amicalement
Marie-Reine Mezzaroba le 21/2/2020
Sur l'article de Nicodème
L'exhortation est magnifique et nous mettrait en grande joie et au travail tous ensemble... mais il y a en effet cette quatrième partie qui invite finalement les communautés chrétiennes qui se trouvent sans prêtre résidant proche du jeûne eucharistique. Tout en affirmant toujours l'importance de l'eucharistie, il est toutefois demandé aux chrétiens de s'en passer !
Vous écrivez : " Mais ce qui se manifeste – au moins vu de l’extérieur – comme une incongruité est peut-être simplement le signe que le Pape voyait la solution dans l’ordination d’hommes mariés issus de ces communautés et qu’il en a été empêché. "
Qu'est-ce qui peut l'en empêcher ? Bien sûr il y a des pressions très grandes, très fortes... Ont-elles plus de poids que le Synode dans la vie de l'Église ? Pouvez-vous m'expliquer ?
Je veux bien croire que le pape attende la transformation des cœurs et des consciences, qu'on ne réforme jamais rien en vérité de l'extérieur et de haut. Mais faut-il priver les " petits ", les communautés, du pain de vie pour satisfaire la soif de pouvoir de princes de l'Église ou de personnes terrifiées par la surabondance de l'Amour de Dieu qui décident que le don de Dieu doit passer exclusivement par leurs mains ?
Ou faudra-t-il que les communautés "passent outre" pour rester vivantes ? Faudra-t-il qu'elles dépassent les lois... s'il est impossible de les réformer ? Partir ? Mourir en appliquant sagement les règles ? Ou passer outre comme l'ont fait les couples chrétiens qui sont restés engagés dans l'Église tout en se référant à leur conscience quand au mode de contraception qu'ils devaient utiliser en dépit des consignes d'Humanae Vitae ? Passer outre en communauté... ce n'est pas une évidence ! Accepter le suicide de la communauté non plus !
Amitiés
Christine Fontaine le 21/2/2020
Sur l'article de Nicodème, en réponse à Marie-Reine
Dans l’article signé Nicodème, nous avons essayé de rendre compte à plusieurs et le plus honnêtement possible de cette exhortation. Maintenant, je me situe avec toi personnellement.
Je crois que le Pape était assuré de pouvoir faire passer – au moins pour l’Amazonie - le mariage des prêtres (les 2/3 des évêques d’Amazonie y étaient favorables). Par ailleurs ce n’était pas faire une révolution dans la mesure où des prêtres d’Orient rattachés à l’Église catholique sont mariés. François avait dit ne pas avoir peur d’un schisme… mais il avait sûrement mal mesuré la force du mouvement ultra-conservateur qui anime en grande partie l’Église aujourd’hui (et pas seulement au Vatican !). Est-ce faire preuve de manque de courage que de ne pas faire ce schisme ou faire preuve de sagesse en sursoyant ? A sa place, je ne suis pas sûre que j’aurais agi autrement que lui.
Sur le fond, même si pour moi le mariage des prêtres n’aurait dû poser aucun problème, je ne suis pas sûre que cela aurait changé foncièrement la donne. Plusieurs articles attiraient déjà notre attention sur le fait que depuis des décennies des religieuses portaient le poids de communautés en l’absence de prêtre. Si on avait trouvé, dans ces communautés, des hommes mariés et qu’on les ait ordonnés, la question aurait été : comment faire pour qu’ils ne récupèrent pas tout le pouvoir et que les religieuses puissent continuer à exercer leur responsabilité ? Le problème n’est pas d’être marié ou non mais de trouver des croyants (prêtres ou non) qui se mettent entièrement au service d’une communauté non pour défendre leur place mais pour faire place à chacun dans la diversité de ses possibilités et de ses dons. De tels hommes (et femmes) ont à combattre la vision ancestrale du prêtre chez les fidèles. Il ne suffit pas d’être marié pour faire front.
Dans le texte du Pape, il y a une dichotomie entre deux visages du Christ. Il parle des pauvres comme visage du Christ et du prêtre comme représentant du Christ tête. Mais en Jésus-Christ la pauvreté extrême (le renoncement à tout pouvoir sauf celui d’aimer sur la Croix) va de pair avec son élévation (comme Christ tête). Certes le Pape reconnaît le Christ dans la pauvreté des plus démunis et il demande qu’on se mette au service de leur élévation. En revanche, en liant autant qu'il le fait la fonction du prêtre à son rôle dans les sacrements, il ne parle pas du tout du nécessaire abaissement (renoncement à la volonté de puissance) du prêtre pour pouvoir représenter aussi le « Christ tête ». En Orient, des prêtres sont mariés mais par rapport à la volonté de puissance, beaucoup d’entre eux n’ont rien à envier à ceux d’Occident !
Enfin je crois urgent de trouver des croyants (dont certains ayant acquis une compétence théologique pour ne pas faire n’importe quoi) qui veulent faire l’Église et qui sont prêts à y consacrer toutes leurs énergies, en cessant de se demander s’ils sont prêtres ou non. Qu’autour d’eux, humblement, puisse vivre une communauté fraternelle, où chacun puisse déployer ses propres capacités. Si parmi eux, il y a un prêtre, l’eucharistie pourra y être célébrée. S’il n’y a pas de prêtre, ils auront à trouver les moyens de célébrer ensemble dans l’esprit de l’eucharistie. L’important, à mon avis, est avant tout de garder ou de retrouver l’esprit de fraternité qui permet de faire corps les uns avec les autres. Dieu y est présent, autrement que dans le sacrement mais réellement : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. »
Voilà ma position actuelle, en fonction de ce que devient l’Église aujourd’hui… mais elle peut évoluer. J’ajoute qu’à mon avis, il ne faut pas attendre de changements profonds de la hiérarchie. Ce serait bien une première dans l’histoire !
Marie-Reine Mezzaroba, le 21/2/2020
En réponse à Christine
La question qui me taraude depuis longtemps est cette question : comment peut-on défendre l'importance des sacrements de l'Eucharistie et du pardon et dans le même temps en interdire l'accès aux chrétiens ? Les aumôniers d'hôpitaux laïcs, hommes et femmes, la posent depuis longtemps : il n'y a quasiment plus de prêtres pour donner le sacrement de réconciliation à l'hôpital. Les aumôniers laïcs, missionnés par l’Église, peuvent dire que Dieu pardonne mais ils ne peuvent donner le sacrement. Faut-il comprendre qu'au final le sacrement n'a pas de pertinence puisque l'Église ne juge pas nécessaire de donner mission à quelqu'un pour le donner ? De même, comment peut-on prétendre que l'Eucharistie est source et sommet de la vie chrétienne et dans le même temps refuser de chercher à reconnaître quelles sont les personnes que le Seigneur envoie aujourd'hui pour servir son Église ? Quel fondement théologique, quel fondement chrétien à ce qui devient Le critère : il est nécessaire qu'il s'agisse d'un homme et qu'il soit célibataire ?
Que le refus d'ordonner des hommes mariés ou des femmes permette d'éviter la poursuite du même cléricalisme inchangé, je l'entends parfaitement. Mais dans ce cas, il faut se monter vraiment attentifs et inventifs. Les premières communautés chrétiennes n'avaient pas tout ce cadre législatif pour célébrer l'Eucharistie. Elles avaient des critères de discernement pour choisir les responsables de communautés et diverses fonctions dans la communauté. Et bien sûr elles célébraient la Cène du Seigneur. Y a-t-il un moyen de remettre le Christ et le sens de l'Eucharistie au cœur de nos réflexions pour trouver un cadre adapté au temps présent ? Faut-il une traversée du désert durant 40 ans, en célébrant l'Eucharistie " en esprit " ? Pourquoi le Christ nous demande-t-il de manger et pas seulement de prier ?
Christine, le 21/2/2020
En réponse à Marie-Reine
Depuis le temps que l'Eglise demande de prier pour les vocations sacerdotales, il faut croire que ou bien la parole de Jésus "demandez et vous recevrez" est fausse ou bien Dieu ne veut plus de ce genre de prêtres... et qu'il faudra soit faire sans soit reconnaître (comme tu le dis) où il les donne. D'autant que ceux qu'il avait semblé donner (Cf les légionnaires du Christ, par exemple) ne sont pas toujours au top... pas sûr que ce soit Dieu qui les aient appelés ! (sourire)
Mais peut-être aussi faut-il relativiser le " monopole " des sacrements. Dieu s'y donne mais il n'en est quand même pas esclave : il peut passer ailleurs et autrement. Quand Saint Paul disait "laissez-vous réconcilier avec Dieu" (2 Co,20-21), il ne parlait pas du sacrement de pénitence (qui n'existait pas à l'époque et qui a existé sous des formes très différentes au cours de l'histoire de l'Eglise). Le même Saint Paul disait par ailleurs qu'il n'était pas venu pour baptiser mais pour annoncer l'évangile. Personnellement, ce qui m'importe au plus haut point est que cette annonce de l'évangile ne se perde pas. Je suis sûre qu'il en va de même pour toi. Il n'y a pas besoin du sacrement de l'Ordre pour y consacrer toutes nos énergies. Il n'y a pas besoin non plus de se perdre en des combats à n'en plus finir avec la hiérarchie. Ceci dit, cela ne répond pas dans l'immédiat à ce que tu écris par exemple au sujet des aumôniers d'hôpitaux laïcs.
Enfin tu m'as fait rire avec tes quarante ans dans le désert... et le fait que le Christ nous demande de manger et pas seulement de prier... As-tu oublié que dans le désert, pendant 40 ans, Dieu a nourri son peuple avec la manne chaque jour... mais comme le dit Saint Paul c'était un « aliment spirituel » (1Co 10,4)... Comme tu le sais, « Man » ou encore « Mân hou » veut dire « c'est quoi ? ». Dieu ne peut pas nous laisser sans nourriture mais nous pourrions nous aider à répondre à la question : "C'est où ?"
Jean-Luc Lecat, le 21/2/2020
Sur son article et en réponse à Samir Nassif
Cher Samir, je ne cherche pas à juger le pape François et de quel droit le ferais-je ! Je trouve qu'il publie un texte plein de richesses et de pistes sur l'Amazonie.
Ici je me situe au niveau du cléricalisme que représente la prise de position de Francois sur le prêtre.
Je me réfère ici au système que le pape consolide en donnant une définition du prêtre qu'il dit " configuré au Christ tète ", et auquel est reconnu par l'Eglise un pouvoir particulier par rapport aux autres baptisés.
C'est sur ce point que se place ma réflexion et je reconnais que je m'attaque à une montagne !
Mais, à mon avis, c'est la question fondamentale à laquelle nous devons accepter de nous confronter, si douloureux et difficile que cela puisse être.
Le fond du problème de l'Eglise actuelle n'est pas, selon moi, le mariage ou le célibat des clercs, l'ordination des femmes, le fond du problème, la racine du cléricalisme que François lui-même nous a demandé de contester en août 2018, je crois que c'est lié au statut même d'hommes ordonnés, c'est la place attribuée aux prêtres dans l'Église catholique, le " pouvoir sacré " qui leur est reconnu.
Même si cela s'enracine dans une longue histoire de la théologie, c'est sur ce point fondamental qu'il faut, me semble-t-il, que le peuple entier des baptisés ait le courage de se pencher.
Jean-Claude Valomet, le 22/2/2020
Sur l'ensemble
Je partage dans mon modeste quartier HLM les articles qui sont l'avenir de l’église de demain - si elle refuse de se remettre en cause c'est la fin de l’église - que le CHRIST PAR SON ÉVANGILE a voulu construire pour les pauvres de cœur que nous sommes.Je crois à ce renouveau dans certaines communautés - pas celle de l'Emmanuelle qui est ma paroisse. J'annonce malgré tout ma particularité et reste très attaché à Nicodème
Bien à vous tous - vous êtes les graines de l'avenir, la vie est belle avec le Christ.
Marie-Reine Mezzaroba, le 22/2/2020
En réponse à Christine Fontaine
Chère Christine,
Tes réponses, et globalement les articles du site, me ramènent toujours de l'inquiétude affairée (" Marthe, Marthe, tu t'agites et tu t'inquiètes pour bien des choses, une seule est nécessaire...") à la paix. Et ta question : " c'est où ? " me renvoie à la réponse que fait Jésus à la Samaritaine quand elle lui demande " où " il faut adorer. Ni à Jérusalem, ni sur cette montagne, mais en esprit et en vérité. Les médiations qui permettent à chacun de rencontrer le Seigneur sont différentes... peu importe... c'est dans nos cœurs qu'il veut habiter. Que nos corps soient le Temple où le Seigneur vient nous visiter par la médiation de la rencontre avec nos frères, par sa Parole donnée à travers les Écritures ou dans la rencontre avec l'autre, par le pain partagé en communauté appelée elle aussi à se laisser transformer en Corps, par la prière...
Ma véhémence pour que les solutions que je crois bonnes soit adoptées et la découverte sans cesse renouvelée de sa prétention et de sa vanité, me montrent qu'il n'y a pas de " bonne solution ". Notre convoitise pour le pouvoir, notre illusion de savoir et notre volonté d'imposer ce savoir ont quelque chose d'irrémédiable et prennent des formes si variées, si sans cesse renouvelées... Nous sommes conduits à contempler le corps de Jésus crucifié... seule réponse, seul remède à l'irrémédiable.
Ta réponse me conduit aussi à m'interroger sur une possible idolâtrie du Pain eucharistique que les difficultés du temps présent mettent peut-être en évidence.
Mais : " Prenez et mangez en tous..." à quoi Jésus nous invite-t-il vraiment ? Pourquoi passer par le corps et ne pas en rester à la manducation spirituelle de la Parole ?
Christine, le 22/2/2020
En réponse à Marie-Reine
Je ne voudrais pas laisser penser que je méprise l'eucharistie. Jésus nous invite à faire Corps avec lui pour alimenter le Corps qu'ensemble nous formons. Pour cela il a pris du pain et du vin. Mais si l'Eucharistie devient - entre autres - un (LE) signe de la sacralisation du pouvoir clérical, elle est déviée de son sens. Les uns passent outre et participent quand même à l'eucharistie. D'autres ne supportent plus. Dans ce cas, mieux vaut - à mon avis - se réunir pour le partage de la Parole que de partir seul dans son coin.
Quant à l'idôlatrie autour de l'Eucharistie actuellement... selon moi, elle est bien réelle dans cette surenchère autour du Saint-Sacrement. Elle participe de la recléricalisation ambiante. Jésus dit " quand vous priez, rentrez dans votre chambre..." Il n'y a pas besoin de prêtre pour cela... en revanche la prière devant le Saint-Sacrement implique l'action d'un prêtre qui a consacré l'hostie... même s'il n'est pas présent durant l'adoration...
Julien, le 14/5/2020
Sur l'ensemble
Je viens d'avoir enfin un peu de temps pour lire Querida Amazonia. J'ai ensuite lu les deux articles et la session des commentaires. C'est passionnant. Mais j'avoue rester toujours aussi perplexe sur le quatrième "rêve ecclésial". Ce commentaire est donc plus une série d'interrogations.
Je relève qu'il est déjà surprenant qu'une Exhortation pontificale se présente sous la forme de "rêves" ce qui est tout de même bien plus humble et poétique qu'une liste de directives !
Ma première perplexité porte sur le rôle des prêtres, l'accès à l'Eucharistie, la place des laïques et des femmes. Mon impression a été de lire une acrobatie contorsionnée dans laquelle le Pape fait le job pour lequel il a été choisi mais dans la douleur. Je l'y perçois comme essayant tellement de ménager des courants antagonistes, et d'éviter le "clash" interne, qu'il finit lui-même par s'y perdre. Je ne peux que partager l'intuition de certains de vos commentaires : il n'a pas pu faire ce qu'il souhaitait.
Ma seconde perplexité porte sur la question de l'inculturation, qui occupe dix paragraphes du quatrième rêve. Dans les rêves précédents, François a humblement demandé pardon pour toutes les souffrances infligées aux peuples amérindiens depuis les conquistadors, légitimés à l'époque par l’Église. Le respect, l'écoute, le décentrement culturel, le dialogue et plus encore la défense des peuples et cultures autochtones irriguent ses rêves. Et puis, il fait aussi son job de Pape en parlant d'évangélisation. Là encore j'ai perçu une acrobatie. Comment faire ? Parce que ces peuples ont aussi leurs propres croyances. Comment alors les respecter tout en leur annonçant l’Évangile, puisqu'il ne s'agit surtout pas de refaire le sale boulot de Cortès et de Pizarro ? François en arrive alors à proposer ce qui me semble une sorte d'étrange syncrétisme qui ne dit pas son nom. Est-ce possible ? Est-ce souhaitable ?