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Jean V., le 6/3/2019

Moi aussi j'ai été accablé par le film vu hier soir sur Arte.

Je me défends comme je peux, dis paresseusement qu'il y a de l'exagération, de l'amalgame : tous violeurs de religieuses, mais aussi tous homos, tous pédophiles. C'est un regard de l'extérieur et les croyants qui apparaissent dans le film sont des pièces d'un montage fait de l'extérieur, par des auteurs qui n'appartienent pas à la communauté des croyants.

Mais reste, reste que la vérité doit être plus sombre que ce que je savais et imaginais et ça c'est accablant. Et dès ce matin viennent ces 3 témoignages, j'ai repoussé du coude les travaux en cours pour tout lire, y compris l'ancien article de Michel Poirier. C'est mon histoire que je relis. Nous sommes arrivés là où nous sommes ensemble, à travers des parcours parallèles, portés par quelque chose qui nous dépasse. C'est réconfortant d'entendre des voix fraternelles dans la tempête (" si j'entendais ta voix j'oublierais ma peur pour marcher sur la mer ").

Je ne sais pas trop quoi dire. Merci d'avoir réagi si vite.

Thierry Becker (prêtre en Algérie), le 6/3/2019

Merci, chers Marité, Michel et Michel pour vos beaux textes où la vérité rend libres.

J'ai vu moi aussi ce reportage d'Arte hier soir, atterrant ! Le système catholique romain est arrivé à son comble, il va s'effondrer et renaître plus vrai, c'est ce que je souhaite.

Ce reportage me fait enter en carême, colère et guérison pour les religieuses abusées, justice et supplication pour les prêtres prédateurs, courage et humilité pour les évêques, persévérance et compassion pour le peuple de Dieu, nous passons par l'épreuve. Le corps du Seigneur que nous sommes est victorieux de la mort.

Vive amitié !

Marie-France, le 6/3/2019

Merci Michel (Jondot) pour ce témoignage vrai et plein d’espérance dans lequel on ne peut que se retrouver, quel que soit le statut du lecteur.
Je n’ai pu encore lire les autres, en Bretagne où j’ai peu d’internet.
Bon et joyeux carême à tous ceux qui le font ! C’est Lui seul qui donne la vraie joie quand on revient vers Lui, le Seigneur de tous (“Dieu est celui qui sait”. “Dieu est miséricordieux”).
Amicalement à toute l’équipe.

Robert Saadi, le 6/3/2019

Bonjour,

Merci pour ces trois contributions,mais le long texte de Michel Poirier : « Octogénaire dans l’eglise romaine » m’a particulièrement boulversé. Je suis aussi octogénaire, même un peu plus (87) et j’ai cru, en le lisant, relire mon histoire avec l’église que j’ai découverte à Encalcat pendant mon service militaire(1952). Issu du protestantisme évangélique, j’ai découvert à Encalcat les merveilles du grégorien et les textes des pères de l’église, toutes choses ignorées des évangéliques. Baptisé en 1955, je me suis marié en 1956 après beaucoup d’hésitations, tant l’appel de la vie monastique résonnait en moi. Je ne regrette pas cette décision : mon épouse (90) fait chaque jour mon admiration, elle m’a donné 4 enfants dont un est retourné près du Seigneur, lors d’une chute de sérac dans le massif du Mont Blanc durant son service militaire à l’EMHM (école militaire de haute montagne) il était aspirant guide.

Vivant à Lyon, j’ai découvert TC, Économie et humanisme, les tentatives de réforme liturgique sur la paroisse St Pothin et dans la petite Église du beaujolais : la Chassagne avec le P Gelineau, le mouvement œcuménique avec l’abbé Michalon et surtout l’abbé Couturier, sans parler du travail réalisé par le Prado... J’arrête là cette énumération qui pourrait paraître ennuyeuse.

Oui l’annonce du Concile a été comme une « bombe » et un immense espoir, je vivais à ce moment-là en Auvergne et j’avais tenté, dans la petite ville où je résidais, de mettre en route des rencontres pendant la semaine de l’unité avec le pasteur de Clermont, j’avais même organisé une conférence avec lui, conférence à laquelle les deux curés du lieu avait, en chair, interdit à leurs paroissiens d’assister !!!!

Je voulais vous écrire tout cela comme pour me décharger de la tristesse que j’éprouve devant tout ce qui se passe dans l’église en ce moment, mais peut-être encore plus par ce retour aux comportements à l’ancienne (pas de communion dans la main, salut au St Sacrement à la fin de la messe, cols romains, soutane etc...) Dans la banlieue parisienne où j’habite en ce moment, le curé est en soutane !!! eh oui !!! Il appartient à la communauté de St Martin. Heureusement Evry n’est pas très loin avec des prêtres de la Mission de France, mais jusques à quand pourrais-je conduire pour y aller ?

Mon dernier mot sera pour vous dire que : si il n’y avait pas l’Eucharistie, je n’aurais plus ma place dans cette Église Catholique Romaine.

Encore merci Michel Poirier.

Julien, le 7/3/2019

Bonjour,

Tout d'abord merci pour ces trois contributions.
Je découvre régulièrement, sur votre site, les témoignages de celles et ceux qui ont connu une église créative, ouverte et innovante à partir de la fin des années 50 puis pendant les deux décennies suivantes environ. En regard de la situation actuelle qui se passe de commentaires, me vient finalement à l'esprit cette seule question : " Comment en est-on arrivé là ? ".

Philippe B. Kabongo-Mbaya (pasteur protestant), le 7/3/2019

Bonjour. Je connais directement deux personnes parmi les trois qui ont livré leur témoignage à Christine Fontaine de "Dieu maintenant".
C'est bouleversant!
Bien cordialement.

Nicodème, le 7/3/2019

Philippe a joint à ce mail un texte intitulé "La crise des mœurs dans le catholicisme... Croire l’Eglise ou croire en l’Eglise ?". Ses réflexions nous ont paru suffisament importantes pour faire l'objet d'un article. Vous le trouvez à la page "lacrisedesmoeurs.html"

Alain Rohand, le 11/3/2019

@ Michel Jondot

Tout d'abord je tiens à vous remercier d'apporter un témoignage personnel. La plupart des prêtres exposent la doctrine chrétienne ou sa morale, sans témoigner de leur propre expérience spirituelle, comme si « parler de soi » était une incongruité pour un clerc. C'est dommage, cela concourt à l'impression d'êtres désincarnés qui ne montrent guère une âme vibrante de pasteur. Je n'en fais pas une généralité bien évidemment. Donc merci de parler de vous, non pas pour mettre en avant, mais pour témoigner d'un vie de service. Car c'est de cela dont il s'agit.
Vous n'avez pas gâché votre vie, puisque vous vous êtes mis au service de personnes humaines qui ont certainement trouvé auprès de vous le réconfort et l'assistance dont ils avaient besoin, le tout animé par votre désir d'aimer les personnes. Sinon je ne vois guère de raison de faire ce choix de vie et de répondre à un appel intérieur de votre être profond.

Tout cela eut à se vivre au sein d'une institution déliquescente à raison même de son fonctionnement et de ses structures hiérarchiques et autocrates, ne peut que laisser amertume au cœur.… Mais pas que…
La seule cohérence est de vivre à partir de sa conscience profonde. D'une certaine manière c'est à elle que l'on doit obéissance. Et je dirais même : à elle seule ! On ne peut pas « suivre Jésus » si on ne suit pas sa conscience profonde.
Mais l'église n'est pas organisée selon ces modalités. Elle est fondée sur une hiérarchie absolue et sur une obéissance servile, ce qui m'apparaît comme le contraire même de ce que propose Jésus. Des hiérarques ecclésiastiques sont « par nature » dans l'erreur. Leur obéir est une erreur, une dérive évangélique.

J'ai rompu avec l'église catholique, la religion en général, pour cette raison centrale. Qu'il y ait des prêtres alcooliques, arrivistes, et même pédophiles, si c'est lamentable, n'est pas la raison centrale. Tout organisme quel qu'il soit comporte des adeptes déviants pour toutes sortes de raisons généralement enracinées dans la misère humaine. Mais que l'ensemble du système soit à ce point vérolé… ça finit par être inadmissible… et si les gens sont partis c'est qu'is ne l'admettent plus. Je ne l'admets plus. Beaucoup déclarent que c'est au nom même de leur conscience éclairée qu'ils ont déserté.
La cohérence chrétienne que vous évoquez se résume dans l'exhortation de Jésus : « aimez-vous les uns les autres ». Et l'amour est incompatible avec des rapports hiérarchiques où les uns commandent et imposent et les autres obéissent et se soumettent. Fussent-ils papes ou évêques. Cela me paraît aussi simple que ça.

J'ai une expérience de laïc chez les curés. Ce que vous dénoncez je l'ai vu plus d'une fois. J'en fus même victime, tout laïque que j'étais. Je ne raconterai pas les exemples précis, cela n'a pas d'importance. Mais je pourrais le faire quasiment preuves à l'appui.
Alors, je suis parti, définitivement (tout du moins je crois), parce qu'on ne peut pas rester dans une institution qui trahit à ce point son Fondateur.
C'est une question d'hygiène spirituelle. Pour ne pas dire de fidélité à l'Évangile.

Quant à vous j'admire la fin de votre texte. Vous avez consacré votre vie à fondamentalement servir des êtres humains en recherche, et non pas collaborer à une institution. Car ce qui compte ce sont les personnes, pas les structures. L'Évangile reste une bonne nouvelle toujours disponible pour chacun. Jésus n'est pas assigné à résidence dans une quelconque religion. Fort heureusement !

Le divin dans l'homme existe par nature, ontologiquement. C'est bien ce que Jésus nous apprend d'une manière ultime ! il peut être réveillé en chacun de nous d'une manière ou d'une autre. L'espérance est toujours à l'œuvre. Les nouveautés poussent toujours sur des décombres. Vous connaissez mieux que moi l'histoire des vieilles outres. L'église actuelle en est une. Elle a fait son temps. Place aux nouvelles outres.

Michel Jondot, le 11/3/2019

Merci Alain pour vos réflexions; beaucoup de chrétiens pensent comme vous et il est important de ne pas le cacher.

Vous avez raison de parler de "conscience éclairée". Cela fait partie, d'ailleurs, de la doctrine officielle de l'Eglise.

Nous sommes tous conscients des lacunes de cette dernière; les médias empêchent désormais qu'on cache ses misères. Quitte à avoir tort je décide, pour ma part, d'y demeurer. J'y gagne au moins d'y rencontrer plus que des amis, des frères. J'ai la possibilité aussi , au moins par le site "Dieu-Maintenant " d'y aborder l'Evangile et d'entendre d'autres croyants m'en parler. Mais je sais que cette Eglise n'est pas le Royaume de Dieu et c'est lui que j'attends.

Je serai toujours heureux de lire vos propos.

N. Lemoine, le 26/3/2019

Il se trouve que les révélations en chaîne des ces derniers mois me troublent assez peu. J'en ai souffert dans ma foi il y a quelques années, en 2011. On parlait déjà à cette époque d'actes pédophiles par des membres du clergé. Un dimanche à l'Eglise le prêtre après avoir commenté le texte du jour principalement en le paraphrasant, s'était lancé dans une diatribe contre ces prêtres autrichiens qui avaient lancé un appel pour rendre facultatif le célibat des prêtres et (comble de la folie) envisager l'accès des femmes au sacerdoce. J'étais assez fatigué à cette époque, avec mon premier enfant de un an et quelques mois qui enchainait les otites et autres bronchiolites et subséquemment peu apte au dialogue. J'allais pourtant voir ce prêtre à la fin de la messe et lui témoignait mon désaccord, lui faisant valoir que le mariage était béni de Dieu et que je ne voyais pas en quoi cela pouvait être un obstacle à l'accession au sacerdoce (il m'écoutait en souriant jusque là mais je fis beaucoup moins dans la finesse ensuite) et que quand on voyait par ailleurs tous ces prêtres pédophile... Là il monta sur ses grands chevaux : je me permettais de juger les prêtres ! Je fus estomaqué par cet aplomb. J'ajoutais encore que l'Eglise avait besoin de plus de pasteurs pour se maintenir : lui faisant remarquer que l'assemblée qu'il avait présidée était presque exclusivement composée de cheveux gris ou blancs, je lui demandais d'imaginer s'il y aurait encore des assemblées dominicales dans cette église dans vingt ans ou si celle-ci serait transformée en musée. Il me fit comprendre que l'Eglise corps du Christ ressuscité ne pouvait disparaître. Ce n'est que plus tard que je pensais qu'elle pouvait très bien disparaître d'Europe ou que les églises orthodoxes, tout aussi légitimes et anciennes que l'église romaine pouvaient bien se maintenir sans cette dernière. Mais sur le moment, je restais silencieux. Il prit alors un air compassé pour me dire qu'il fallait faire confiance au pape Benoît.

Je revins à la messe la semaine suivante. C'est là que je vis que j'avais perdu la foi. J'assistais au rite que je connaissais en détail, comme s'il s'était agit de la reconstitution d'un culte tout à fait extérieur, étranger. A quoi bon imaginer faire vivre l'Eglise. Comment porter créance à une parole portée par des individus pareils, dont l'attitude a été mainte fois dénoncée depuis. Je me tins à distance de l'Eglise pendant deux ans. J'y revins ensuite peu à peu, via la lecture de la Chute d'Albert Camus et surtout la lecture du bouc émissaire de René Girard, qui me rappela toute la consistance et l'importance de la révélation évangélique. Surtout, je m'engageais dans un cursus de théologie dans le but de me situer par rapport à l'enseignement de l'Eglise. Le cours de christologie déborda un jour sur l'ecclésiologie et m'apporta un enseignement très important. La personne du Christ, parole du Père, image du Père identique au Père a une double nature divine et humaine. Vrai dieu, il n'en est pas moins vrai homme, avec une volonté d'homme, mais sa nature humaine est anhypostasiée (c'est-à-dire qu'elle n'a pas de personne associée sinon celle qui s'incarne en lui). L'Eglise, en tant que corps du Christ ressuscité est la nature humaine de ce dernier. Elle n'est donc corps du Christ que si elle renonce à être une personne par elle-même de façon à accueillir pleinement celui qui l'unit intimement à sa nature divine. Elle n'est corps du Christ que dans la mesure où elle s'efface devant celui qu'elle incarne. Cette Eglise là ne peut se superposer parfaitement avec une institution humaine, qu'elle soit romaine ou autre, car "l'homme, victime de cette faiblesse et de cet orgueil qui manifeste le comble de sa perdition, passe à côté de la révélation, reste aveugle à l’œuvre divine de la réconciliation et méprise toutes les exhortations d'en haut, pour édifier, au gré de ses fantaisies, ses petites ou ses grandes tours de Babel qui, bien entendu, ne sauraient plaire à Dieu ni attester sa gloire" (Karl Bart, Dogmatique). Fort de cet enseignement et immunisé contre toute sacralisation du clergé, je vis donc ces péripéties en essayant de faire Eglise comme je peux pour accueillir Celui qui vient, car on ne peut ni vivre ni transmettre sa foi en dehors de l'Eglise.

A part cela, je voulais vous signaler l'opération Maria 2.0, lancée par un groupe paroissial de Münster en Allemagne, où elle rencontre un certain succès. Le journal La Croix en a fait état en France (mais la page Facebook est en allemand uniquement) :

www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Monde/femmes-catholiques-allemandes-lancent-appel-greve.

J'ai cru comprendre que la vocation du site n'était pas d'être contestataire. En même temps peut-on laisser tant de femme suivre la voie du troisième homme de Roustang sans réagir ? Je voudrais que cette opération ne reste pas confinée à l'Allemagne. A défaut de vous en faire écho vous-même, pourriez-vous me dire qui pourrait soutenir une telle initiative en France ?

Cordialement