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Martin Luther
par Matthieu Arnold

2- Enfance et jeunesse
Texte : Préface au Jugement sur les vœux monastiques

3- Au couvent

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Martin Luther

2- Enfance et jeunesse

Martin Luther est né le 10 novembre 1483 (peut-être 1482 ou 1484) à Eisleben, dans le comté de Mansfeld, en Thüringe, comme premier ou second fils de Hans Luder et Margarete née Lindemann. Il est baptisé dès le lendemain, à la Saint- Martin, dont il reçoit le nom.

Issu d’une famille paysanne, Hans parviendra à s’élever dans la société : après avoir travaillé dans les mines de cuivre, il est lui-même propriétaire de plusieurs exploitations ; durant l’enfance de Martin, Hans acquerra le droit de bourgeoisie à Mansfeld, et, à sa mort, en 1531, il laissera un important héritage.

Certainx Propos de Table de Luther donnent à penser que son éducation fut particulièrement sévère. Pourtant, il est douteux que les coups qu’il a reçus tranchaient avec les méthodes éducatives de l’époque. On estime par ailleurs que la mère de Luther, fort superstitieuse, a pu être la source de sa croyance au diable et à la sorcellerie ; mais la conception luthérienne du diable est moins folklorique que théologique : quels que soient ses traits, le diable est l’adversaire, celui qui s’oppose à Dieu.

Martin fait ses études à l’école latine municipale de Mansfeld (1491-1497), puis à l’école du chapitre de la cathédrale de Magdebourg (1497-1498), avant d’entrer à l’école paroissiale de Saint-Georges, à Eisenach (1498-1501).

Muni de cette formation classique primaire, qui incluait le latin, parlé et écrit, des rudiments de rhétorique, de la musique, mais aussi les principales expressions de la foi chrétienne, Martin entre, en 1501, à l’Université d’Erfurt.

Il parcourt les différentes étapes de la formation universitaire propédeutique (grammaire, logique, rhétorique), obtient le baccalauréat ès arts en 1502, et poursuit ses études en se familiarisant notamment avec les grands écrits d’Aristote : Métaphysique, Ethique à Nicomaque.

A Erfurt, Luther fréquente les cercles humanistes, qui cherchaient notamment à promouvoir un latin plus élégant ; les membres de ces « fraternités littéraires » prisaient le beau style, et échangeaient lettres et poèmes rédigés dans les langues anciennes.

En janvier 1505, il est reçu maître es arts. Au printemps, il commence, conformément aux vœux de son père, des études de droit. Mais le 2 juillet, au retour d’un voyage à Mansfeld, surpris par un orage près de Stotternheim, il formule, rempli d’effroi, le vœu de devenir moine si Sainte Anne le tire d’affaire. En dépit des objurgations de ses proches, il ne revient pas sur cet engagement, mais, deux semaines plus tard, le 17 juillet, après avoir arraché à son père un consentement du bout des lèvres, il entre au couvent des Augustins : ce monastère, qui comptait alors une cinquantaine de moines, était retourné à la stricte observance des règles de l’Ordre

Texte :
Préface au Jugement sur les vœux monastiques

Voilà presque écoulée la seizième année de mon existence monacale, dans laquelle je suis entré contre ton gré et à ton insu. Dans ton affection paternelle, tu craignais pour ma faiblesse : n’étais-je pas déjà un jeune homme, engagé que j’étais dans ma vingt-deuxième année, et cela ne signifiait-il pas, pour parler comme Augustin, que je portais la brûlante livrée de la jeunesse ? N’avais-tu pas appris au surplus, instruit par de nombreux exemples, que le genre de vie adopté par moi s’était avéré funeste pour plusieurs ? Quant à toi, tu me destinais aux liens d’un mariage honorable et opulent. Ces craintes te pesaient et l’indignation que je t’inspirais était implacable. Il en fut ainsi du moins quelque temps. Tes amis te suggéraient en vain, à supposer que tu voulusses faire quelque offrande à Dieu, de donner ce que tu avais de plus cher et de meilleur. Entre-temps, le Seigneur faisait retentir au sein de tes pensées cette parole du Psaume [94, 11] : « Dieu connaît les pensées des hommes, il sait qu’elles sont vaines. » Mais c’était parler à un sourd.

Tu cédas enfin et tu soumis ta volonté à Dieu, sans cesser toutefois de craindre pour moi. Je me rappelle, en effet, comment tu me parlas un jour – le souvenir n’en est que trop vivant pour moi : tu étais, à ce moment-là, déjà parvenu à l’apaisement,et, alors qu’au fil de notre entretien, j’affirmais avoir été appelé par le moyen de terreurs venues du ciel (car ce n’est pas de bon gré ni volontiers que je devenais moine et bien moins encore pour la tranquillité de mon ventre, mais assiégé par l’épouvante d’une mort subite, j’émis le vœu forcé et contraint) : « Pourvu, disais-tu, que ce ne soit pas une illusion ou un sortilège ! »

Martin Luther