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Mgr Barbarin et Vincent Lambert
Christine Fontaine

La polémique sur l'arrêt des soins donnés depuis 13 ans à Vincent Lambert a pris un nouveau tour cette semaine : Monseigneur Barbarin a appuyé la volonté des parents de Vincent que soient continués les soins donnés à leur fils. Christine Fontaine donne son point de vue sur cette intervention de Mgr Barbarin.

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" Lundi 20 juillet 2015, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a refusé de revenir sur sa décision du 5 juillet qui autorise l'hôpital à arrêter les soins. La famille se déchire entre d'une part le clan des parents de Vincent Lambert, favorables à son maintien en vie, et celui de sa femme, qui souhaite que les traitements s'arrêtent. Accidenté en 2008, Vincent Lambert est dans un état végétatif irréversible selon plusieurs experts médicaux.

Son neveu François, interrogé sur RTL mercredi, redoute une nouvelle procédure collégiale qui « ouvrirait des recours aux parents de Vincent, ce qui serait complètement délirant ». « Vincent n'aurait pas voulu vivre dans ces conditions-là », assure-t-il. Il craint enfin que ce conseil de famille à l'hôpital ne « se passe mal ».

« Si les parents ne sont pas entendus et si nous estimons que cette nouvelle procédure collégiale ne correspond pas aux droits fondamentaux de Vincent, nous saisirons le tribunal administratif », a de son côté expliqué vendredi Jean Paillot l'avocat des parents du patient de 38 ans, ancien infirmier psychiatrique victime d'un accident de la route en 2008. " (source Le Parisien du 22 juillet 2015).

Monseigneur Barbarin hier est entré dans la polémique pour appuyer les parents de Vincent Lambert. Il a déclaré que Vincent est vivant et que la vie humaine doit être protégée du début à la fin. Je ne me prononcerai pas sur le fait qu'on puisse ou non parler de " vie humaine " pour Vincent Lambert. Simplement je constate que si la vie de Vincent - comme toute vie humaine - est sans prix, elle a néanmoins un coût pour la société, comme n'importe quelle autre quand il s'agit d'hospitalisation.

Je viens d'accompagner pendant une dizaine de jour un ami très proche dans l'hôpital d'une ville de province. C'était aux jours de forte canicule. Pas de ventilateur dans les chambres, pas de personnel pour venir hydrater les patients qui avaient droit à une seule carafe d'eau par jour en plus des repas, personne pour rafraîchir leur corps : une seule fois en 10 jours une aide soignante a posé un gant de toilette sur le front de mon ami. Pas de médecin titulaire : des remplaçants se succèdent pendant les 5 jours de la semaine, personne pendant le week-end. Raisons de tout cela : restrictions budgétaires.

La vie humaine de ces personnes hospitalisées dans cette ville de province est-elle moins " sans prix " que celle de Vincent Lambert dont l'hospitalisation depuis huit ans a coûté à la société environ 2 millions d'euros ? La vérité, me semble-t-il, est que sur cette terre nous sommes acculés à faire des choix. Alors que tous les tribunaux ont approuvé l'arrêt des soins pour Vincent Lambert, il me semblerait juste que ceux qui n'approuvent pas ce choix payent désormais le coût de son hospitalisation.

Monseigneur Barbarin a le droit de penser le contraire de ce qu'ont jugé tous les tribunaux civils. Mais il n'a pas le droit de faire supporter le coût de son choix à l'ensemble de la société. Je serais donc favorable à ce qu'il organise une collecte auprès de tous ceux qui, au nom de leur foi, pensent à l'opposé des lois civiles que la vie de Vincent doit être maintenue. Je pense d'ailleurs qu'il serait bon qu'il montre l'exemple en donnant le premier avec abondance. Faute de quoi la parole de cet évêque n'engagerait à rien, elle serait me semble-t-il... du vent... et un vent qui risque bien d'engendrer la tempête...

Christine Fontaine