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Y., le 4/7/2016

Chère Christine,

Je partage ta révolte, mais je plaide pour le Purgatoire… à ma manière.

D’abord, croire au Paradis pour récompenser les bons et à l’Enfer pour punir les méchants, rien de plus humain, cela existe dans de nombreuses religions et le christianisme étant une croyance humaine, il a endossé cette vision simpliste de l’au-delà. L’entre-deux, pour ceux qui ne sont ni trop méchants (comme Hitler) ni parfaits, c’est encore une vision horriblement, mais réellement humaine, prenons-là comme elle est.

Cependant, dans une préface eucharistique que l’on dit plusieurs fois dans l’année, les Catholiques entendent parfois cette magnifique et étrange formule : « l’éternité qui commence dès ici-bas » ! Je m’y reconnais pleinement, car je crois vraiment à la vie éternelle et logiquement cette vie affranchie du temps ne peut avoir ni commencement ni fin, nous y sommes donc déjà introduits. Par le baptême ou par la grâce de Dieu. Que nous le sachions ou que nous l’ignorions.

Pour ma part, la libération apportée par le pardon du Père qui accueille l’indigne croyant pécheur que je suis m’a persuadé, depuis quelques années, que je suis déjà au Paradis. Quand nous sommes réunis, entre amis, et cherchons à échanger la Parole reçue, c’est un moment de bonheur que je ne cèderais pour rien au monde. Et si on me disait qu’au Paradis je n’aurais pas ce bonheur-là, alors je n’aurais vraiment pas envie d’y aller, dans ce paradis. Donc j’y suis, moi l’indigne.

Mais, comme m’a fait remarquer un jour un théologien protestant de mes amis, ce paradis dans lequel nous sommes déjà en quelque sorte bien que nous n’en soyons pas toujours très conscients, ce paradis est encore teinté d’imperfections. Nous ne nous comprenons pas toujours très bien, nous souffrons de maladies, de vieillissement, de désirs inassouvis, de gestes imparfaits qui font du mal aux autres et que nous regrettons, d’angoisses non maîtrisées. Les enfants malades qui souffrent, les victimes des violences humaines ou des catastrophes de la nature nous rappellent combien le Paradis auquel nous aspirons est encore loin de nous. Tel n’est-il pas le Purgatoire, ce lieu intermédiaire où il n’est pas question de marchander le pardon et le ticket d’entrée, mais d’attendre impatiemment comme le veilleur attend l'aurore ? Et la seule porte de sortie de cet état d’enfantement douloureux, c’est effectivement - ajoutait mon ami protestant - le Paradis que nous entrevoyons chaque fois dans la joie partagée.

Je souscris entièrement à la méditation de Joseph Moingt si profondément ressourcée dans l’Ecriture :

« Nous ressuscitons donc chaque jour de notre vie dans l'invisible de l'histoire où nous "revêtons", par notre vie de foi, de liberté spirituelle et d'amour, " l'homme nouveau " (Éphésiens 4,24) qu'est devenu Jésus, car, dit Paul aux fidèles, " vous êtes le corps de Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa partÁ" (1 Corinthiens 12,27). »

Amitiés,

Christine Fontaine, le 4/7/2016

J’ai été étonnée que tu aies pu penser que j’étais révoltée. En relisant mon texte, je m’aperçois que le mot « sidérée » pouvait prêter à confusion. En lisant l’article de Michel Poirier sur le Moyen-Âge… ma terre a tremblé quelque temps… sans révolte… mais avec l’impression de perdre pieds tant ce Dieu Juge (certes pas seulement mais quand même !) m’est étranger.

Je suis complètement d’accord avec ce que tu écris et avec la citation que tu fais de Joseph Moingt.

Je crois qu’en fait on ne peut rien dire de l’Au-delà… tant il est par-delà tout ce qu’on peut imaginer ou concevoir. Tu écris qu’il n’y a ni commencement ni fin… je le comprends mais même cela est encore une référence au temps que nous connaissons. Que signifie commencement ou fin quand ils ne sont plus accrochés à une notion de temps ?

Je crois aussi comme toi que l’on fait dès maintenant une certaine expérience de « la vie éternelle » et du « purgatoire ». Je crois qu’il est important de s’en parler pour éclairer mutuellement notre foi… même si on devrait toujours ajouter que « ce n’est pas ça » mais que c’est peut-être bien… par là quand même…

Je crois comme toi que tout acte d’amour a une portée infinie et qu’au bout du compte ne demeurera de chacun que l’amour dont il a été précédé et qu’il a lui-même donné… celui de Dieu qui passe par ses frères du ciel et de la terre… L’Amour nous sauvera tous puisque Jésus a dit « Je ne suis pas venu pour juger le monde mais pour le sauver ». Son amour indéfectible nous sauve et nous sauvera.

Comme tu le sais, les orthodoxes ne croient pas au purgatoire. Mais ils croient que l’enfer n’est pas vide (Cf. le bon et le mauvais larron). Moi je crois que l’enfer est vide comme l’Église catholique autorise à le penser. C’est une position plus douce, me semble-t-il, que celle des orthodoxes… et comme Jésus est « doux et humble de cœur » je la trouve davantage plausible. Cependant poser que l’enfer est vide, oblige presque à « inventer » un purgatoire… qui ne s’achève pas avec la vie d’ici-bas… C’est ce que j’ai tenté de montrer tout en sachant que je ne pouvais que parler à côté…

Y., le 4/7/2016

Oui, Christine, merci de ta réponse. Si tu n’es pas révoltée, moi je le suis… contre ce catéchisme débile qu’on nous enseignait autrefois. Et contre le marchandage sur les années de Purgatoire. (Dont le clergé vit encore : les honoraires des messes en sont le fruit quotidien pour beaucoup de prêtres).

Quant à savoir si l’Enfer existe et s’il est vide ou non… ce n’est pas vraiment mon affaire. Pour beaucoup de gens, l’Enfer, c’est Auschwitz, c’est Bagdad ce matin, c’est la Somme il y a cent ans: la barbarie, la violence, le refus de la paix.

D’ailleurs, je voudrais changer le Credo et y mettre les formules qui pourraient rassembler les chrétiens d’aujourd’hui mieux que les débiles affirmations d’un Dieu « créateur du Ciel et de la Terre » ou d’un Dieu « qui jugera les vivants et les morts ». Quant à la descente aux Enfers (en réalité, au séjour des morts), cette formulation est tellement incompréhensible qu’elle entretient sans doute l’incroyance de beaucoup de nos contemporains. À la place, je voudrais qu’on dise : « Je crois en toi, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Je crois en toi Jésus qui nous appelles à la délivrance et au salut, qui es mort pour nous sur la Croix, qui es ressuscité et qui nous appelles à la vie éternelle. Je crois en toi, Esprit qui nous donnes la vie et la force. Je crois en l’Eglise qui nous rassemble dans la foi. » Je pense que cela suffirait.

Je t’embrasse.

Christine Fontaine, le 4/7/2016

Tu écris : " Je crois en l'Eglise qui nous rassemble dans la foi. " Pour ma part j'écrirais : "Je crois en l'Eglise, celle qui nous rassemble dans la foi." Mais je crois aussi que le comportements de bien des gens d'Eglise peut faire perdre la foi à certains... "Oublie ta révolte, calme ta fièvre il n'en viendrait que du mal", dit la Bible. Je demande que cette grâce me (nous) soit accordée alors nous serons libres d'aimer sans fin... jusqu'à l'Eglise lorsqu'elle se fait l'ennemie des croyants... mais en reconnaissant qu'alors elle agit en ennemie de la foi... et en luttant chacun à notre place pour contrer ce mouvement mortifère... Nous ne sommes pas trop de tous ensemble pour tenter l'aventure !

Jean-Pierre, le 5/7/2016

Bonjour,

J’avoue que cette notion de “Purgatoire“ si elle peut s’expliquer d’une part par cette “tradition“ qui s’est construite peu à peu parmi les descendants d’Abraham et d’autre part par notre conception humaine de “justice“, est contraire à ce que je crois.
Pour moi, Dieu est Amour infini et représente la vie.
Un monde vivant auquel Dieu par son incarnation en Jésus avec l’aide de l’Esprit, et sa résurrection a permis aux êtres humains d’accéder.

Un univers hors de la notion de temps car fondé sur l’amour.
Je fais l’hypothèse que la mort est comme un passage de la nuit à la lumière, et plus notre nuit aura été opaque plus ce passage risque d’être douloureux.
Je crois comme le dit si bien Christine Fontaine ou même Joseph MOINGT, que Ce Dieu Père ne juge pas mais souffre de nos éloignements et se réjouis de nos gestes d’amour.
Oui, je pense que nous sommes tous appelés à ces petits gestes de partage, de réconfort vers ceux qui souffrent où sont plongés dans le désespoir.
Cet autre monde est celui du partage de l’amour infini de Dieu, où il n’y aura nulle place pour la haine ou la soif de puissance. Cela me semble être tout le sens des béatitudes.
Je crois qu’il est toujours possible de “recommencer“, de prendre conscience de nos erreurs et de chercher à vivre d’amour avec l’aide de l’Esprit si nous sommes croyant et solidairement avec les autres êtres humains si nous ne sommes pas croyant mais admettons ce postulat de l’égalité en droits de tous les êtres humains dans l’espace et le temps qui est une forme laïque de “la communion des saints“ des chrétiens.
Je crois que nous sommes tous appelés à construire ce royaume d’amour voulu par ce Dieu Père qui nous a voulu à son image, c’est à dire faits pour aimer et être aimés.
Ensuite cette mort est un passage irréversible.
Alors, éclairons notre nuit par des gestes d’amour pour nous préparer à être face à l’amour infini.

Alain D., le 20/7/2016

Si pour moi, le Purgatoire est un état d’accommodation à l'intense lumière d'Amour et de Miséricorde de Dieu (des lunettes de soleil que, pécheur même pardonné, je mets moi-même pour m'y adapter, en espérant avec ardeur le face à face sans écran), je crois que l'Enfer existe, que le Démon, même vaincu par l'incarnation et la résurrection du Christ, continue à agir avec ses anges, non seulement par les camps de concentration, goulags, génocides et idolâtries de toutes sortes, mais aussi par ses opérations de sabotage permanentes du plan de salut du Seigneur sur chacun de nous (voir l'importance du "Délivre-nous du Mauvais" du Notre Père).