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3ème dimanche du temps ordinaire

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc
Lc 1,1-4;4,14-21

Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le début, furent les témoins oculaires et sont devenus les serviteurs de la Parole.
C'est pourquoi j'ai décidé, moi aussi, après m'être informé soigneusement de tout depuis les origines, d'en écrire pour toi, cher Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus.

Lorsque Jésus, avec la puissance de l'Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues des Juifs, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait grandi. Comme il en avait l'habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres, et aux aveugles qu'ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur.

Jésus referma le livre, le rendit au servant et s'assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Cette parole de l'Écriture, que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. »

La grandeur des petits !
Christine Fontaine

Prédicateurs de l’Evangile
Christine Fontaine

Aujourd’hui l’Evangile !
Michel Jondot


La grandeur des petits !

Jamais assez grands – Jamais assez petits

Nous vivons dans un monde qui est sans pitié pour les faibles. Il faut sans cesse se comparer les uns aux autres, évaluer notre force, se méfier et au bout du compte se résigner à écraser les petits si on ne veut pas l’être soi-même. Monde du chacun pour soi, de la peur et de la concurrence, où il faut se battre jour après jour pour être plus puissant que les autres, toujours plus fort, toujours plus grand. Monde sans pitié où l’on ne fait pas de cadeau aux petits.

Mais les chrétiens – dans ce monde où l’on n’est jamais assez grands – veulent vivre de l’Évangile et, nous le savons bien, l’Évangile n’aima pas les grands. Il a partie liée avec la faiblesse. Notre Dieu renverse les puissants de leur trône alors qu’il élève les humbles. Il nous invite à choisir la place du faible, du tout-petit.

Pour le monde, nous ne sommes jamais assez grands. Pour Dieu nous ne sommes jamais assez petits. En tant que chrétiens, nous hésitons à reconnaître notre grandeur face à Dieu. En tant qu’humains, nous hésitons à reconnaître notre petitesse dans la société. Nous nous sentons ligotés, pris au piège, toujours en tort, toujours en péril. Entre les grands et les petits, un fossé infranchissable est creusé. De quel côté de cet abîme allons-nous choisir de vivre si nous voulons être en même temps dans ce monde et dans l’esprit de l’Évangile ?

Quand grandeur et petitesse sont liées

En fait si notre monde se divise entre grands et petits, il n’est pas sûr qu’il en soit de même pour l’Évangile. Entre grandeur et petitesse Jésus, lui, ne choisit pas. Il concilie l’inconciliable en prenant l’une et l’autre à la fois.

Jésus, dans cet Évangile, se reconnaît du côté des puissants. Il se montre du côté des grands : il se lève et se fait remarquer dans la synagogue. Il attire tous les regards : « Tous ont les yeux fixés sur lui. » Il n’hésite pas à dire que par lui s’accomplit la parole d’un grand prophète, la parole d’Isaïe. Il annonce que sur lui repose une force que nul homme ne pourra égaler, celle même de Dieu : « La puissance du Seigneur est sur lui. » Et cette puissance est reconnue dans son entourage : « Jésus, avec la puissance de L’Esprit revient en Galilée où sa renommée se répand. »

Mais la puissance de Jésus a partie liée avec une faiblesse extrême ; car Jésus, au moment même où il affirme sa grandeur, reconnaît qu’elle ne vient pas de lui. Il est bien celui en qui s’accomplit la parole d’Isaïe mais c’est grâce à un Autre – grâce au Seigneur – que cette parole s’accomplit en Lui. Sa propre puissance est liée au bon plaisir d’un autre… parce qu’il a plu au Seigneur. Il a plu au Seigneur non de remarquer ses qualités ou ses vertus mais de la marquer d’une onction : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’Il m’a consacré par l’onction. »

Reconnaître que ce que l’on a ne vient pas de nous, accepter ainsi de dépendre en tout d’un autre pour en recevoir la force, n’est-ce pas se reconnaître par soi-même étrangement petit ? La grandeur de Jésus lui vient de sa dépendance d’un Autre. Il n’est absolument rien sans Lui.

Mais il y a plus encore. Non seulement Jésus reconnaît que sa puissance ne vient pas de lui mais il affirme qu’elle n’est pas pour lui. Elle le traverse pour rejoindre par lui tous les pauvres de la terre. Lui n’est que passage. L’Esprit du Seigneur l’envoie pour les autres : « Il l’envoie porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, aux aveugles qu’ils verront la lumière et apporter la libération aux opprimés. » L’Esprit du Seigneur l’envoie pour libérer la grandeur des petits !

Jésus consent à ce que la puissance d’un Autre passe par lui sans en retenir pour lui le bénéfice. Cette puissance liée à la faiblesse est un bienfait pour le monde, pour tout le monde : « Il annonce une année de bienfaits accordée par le Seigneur. » Ce qui s’accomplit par l’un se diffuse à tous les autres. Ce qui passe par l’un arrive aux autres. C’est ainsi que l’autre cesse de devenir un concurrent et peut enfin devenir un frère.

Faire corps

Nous vivons dans un monde sans pitié pour les petits. Mais nous sommes appelés à tenter de vivre à la suite de Jésus au moins en Église. Elle pourrait être ce lieu, au milieu du monde, où nous n’avons plus rien à craindre les uns des autres et tout à espérer. Plutôt que de craindre que l’autre devienne un concurrent nous pourrions espérer, désirer sa puissance puisque cette force qui lui est donnée est destinée à se diffuser à tous. Alors nous deviendrions libres les uns devant les autres. Nous pourrions vivre dans la reconnaissance du don reçu par nous ou par les autres, peu importe. Heureux autant de ce qui nous arrive que de ce qui arrive aux autres. Nous réjouissant du don qui nous est fait de faire corps, de recevoir les uns des autres joie, force et vigueur… nous réjouissant de notre dépendance mutuelle.

Nous découvririons alors que non seulement pour nous mais aussi par nous peut s’accomplir aujourd’hui la parole d’Isaïe : dépendants et petits mais lucides sur la puissance qui nous anime lorsque nous faisons corps avec Jésus, nous deviendrions assez forts à notre tour pour annoncer aux pauvres de la terre la Bonne Nouvelle, aux captifs leur libération, aux opprimés la liberté. Nous pourrions inscrire dans ce monde marqué par la convoitise qu’il est possible et vraiment heureux de vivre en frères et d’être unis !

Christine Fontaine


Prédicateurs de l’Evangile

Prédicateurs de l’Evangile L’Eglise enseignante

Nous sommes, avec cet Evangile, aux débuts de la prédication de Jésus. Dans la synagogue de Nazareth, il prend la parole devant toute la communauté réunie. Il affirme que « l’esprit du Seigneur est sur lui parce que le Seigneur l’a consacré par l’onction ». On reconnaîtra sans peine la place qu’occupe aujourd’hui des évêques, des prêtres ou des diacres qui, marqués eux aussi par l’onction, nous enseignent du haut de leur chaire.

Nous sommes également au commencement de l’Evangile selon saint Luc. L’évangéliste a mené une longue enquête auprès des témoins oculaires de Jésus devenus serviteurs de la Parole. Il a vérifié qu’entre ce qu’ils disent avoir vécu avec Jésus et ce qu’ils prêchent il n’y a pas de distorsion. Il le fait afin, dit-il à Théophile, « que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus. » D’un bout à l’autre de cet Evangile il est bien question de prédicateur et de prédication.

Tout le monde n’est pas témoin oculaire comme les apôtres devenus serviteurs de la parole, tout le monde n’est pas évangéliste comme Luc, tout le monde n’est pas marqué par l’onction comme les évêques ou leurs délégués. Tout le monde n’est pas fait pour monter en chaire. Il y a bien d’un côté ceux qui ont la charge d’enseigner et de l’autre ceux qui ont le devoir d’écouter. Le contenu de la prédication est, selon Jésus, « la Bonne nouvelle » annoncée aux pauvres. Mais quand la prédication de l’Evangile ne touche plus les pauvres baptisés, ceux-ci ne peuvent-il légitimement s’interroger ou interroger le prédicateur sur la solidité des enseignements reçus ? Que penser de cette Eglise où certains ont la charge d’enseigner et les autres d’écouter quand ce qui est dit ressemble davantage à un discours insipide qu’à une Bonne Nouvelle c’est-à-dire quelque chose de bien nouveau et de vraiment bon à recevoir ?

L’Eglise enseignée

Dans la synagogue de Nazareth, Jésus se lève pour faire la lecture du prophète Isaïe où il est écrit :
« L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelles aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. »

La parole de Jésus s’adresse à des pauvres, des prisonniers, des aveugles et des opprimés. Elle ne s’adresse ni aux riches, ni aux hommes prétendument libérés, ni à ceux qui voient ou qui savent mieux que les autres, ni à ceux qui oppriment. Les témoins oculaires qui aujourd’hui sont devenus serviteurs de la parole sont ceux qui ont accepté de reconnaître leurs manques, leurs prisons et leurs aveuglements. Ceux-là témoignent que la Parole de Jésus progressivement les en a fait sortir. On ne peut pas vouloir prêcher aux autres l’Evangile sans s’être soi-même laissé buriner par la Parole de Dieu.

Nous découvrons la solidité de l’enseignement qu’ils ont reçu au fait qu’ils ne se prennent jamais pour des supérieurs ou des maîtres. Ils sont en vérité les frères de tous les pauvres de la terre. Ils ont eux-mêmes plongé au plus profond de l’abîme de leur impuissance ou de leur médiocrité pour ne plus être tentés de juger les autres. Ils ont compassion de tous comme le Christ a eu compassion d’eux-mêmes. Ils sont libérant pour ceux qui les écoutent parce qu’ils ont connu dans leur propre chair le poids des chaînes et qu’ils ont connu la souffrance d’être ainsi enchaînés en même temps que la joie d’être progressivement libérés. Ce sont à ces hommes d’expérience que l’on peut faire confiance. Leur enseignement ne porte pas à côté, il touche le cœur. Ils ont ce poids d’humanité qui leur permet de ne pas prononcer des paroles toutes faites, en l’air ou qui portent à faux.

L’Eglise enseignée - enseignante

On pourrait rêver d’une Eglise où tous ceux qui ont été marqués par l’onction épiscopale aient eux-mêmes fait l’épreuve de leur propre pauvreté. On pourrait rêver qu’ils délèguent leur pouvoir d’enseigner à ceux dont ils découvrent la profondeur d’humanité (ce qui n’exclut pas d’avoir fait quelques études de théologie). On pourrait aussi souhaiter qu’ils envisagent de dispenser de prédication ceux qui n’ont pas ce poids d’humanité, qu’ils soient diacres ou prêtres.

Mais il est aussi de bon ton, dans certains milieux ecclésiaux, de faire des écoles de prédication pour les femmes. Pourquoi pas… je serais mal placée pour penser que les femmes sont moins bien qualifiées que les hommes pour annoncer l’Evangile. Cependant je suis portée à me méfier du goût du pouvoir qui risque de se cacher dans cette démarche. Si nous avons demain non seulement des hommes mais aussi des femmes qui écrasent le peuple nous ne serons guère plus avancés. Personnellement je crois que cette Eglise-là serait un mauvais rêve.

Mais sortons du rêve bon ou mauvais. Reconnaissons qu’en vérité nous sommes tous appelés à devenir prédicateurs de l’Evangile les uns pour les autres. Nous ne le serons jamais si nous ne commençons par constater notre propre pauvreté à aimer. La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ consiste à ne pas avoir peur de se reconnaître de pauvres pécheurs les uns devant les autres et devant Dieu. Notre Dieu n’est pas venu pour juger les prisonniers que nous sommes mais pour nous libérer de la crainte de son jugement. Il est venu pour nous guérir de la peur d’être pauvres devant lui. Soyons compatissants les uns avec les autres et la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ passera par nos pauvres existences sans que nous ayons besoin d’une chaire, d’une aube ou de phylactères pour prêcher !

Christine Fontaine

Aujourd’hui l’Evangile !

L’Evangile et son contraire

Si vous voulez deviner ce qu’est l’Evangile en le définissant par son contraire, interrogez quelques jeunes professeurs de collèges ou de lycées dans certaines banlieues difficiles. Ils arrivent avec des compétences acquises difficilement au cours d’années d’études, après avoir traversé des épreuves et réussi des concours angoissants. Ils aimeraient préparer des jeunes à réussir leurs vies. Hélas ! Ils se trouvent devant une trentaine d’adolescents qui ne veulent rien entendre et qui préfèrent s’enfoncer dans une ignorance crasse au risque de gâcher leur avenir.

Peut-être faut-il encore, pour vraiment bien comprendre, interroger quelques chrétiens à la sortie d’une messe dominicale. Ils ont voulu poser un acte de foi et de fidélité à l’Eglise de leur baptême ; ils se sont déplacés pour être présents au rendez-vous dominical ; au bout d’une heure, quand ils s’apprêtent à retourner chez eux, si vous leur demandez de quoi il fut question dans l’homélie, beaucoup, dans bien des cas seront embarrassés. Ils n’ont rien retenu. Ils n’étaient pas dépourvus d’attente ; on leur a appris que l’Evangile était une Bonne Nouvelle. Ils ressortent avec le sentiment de n’avoir rien entendu de neuf ni de bon !

L’Evangile et l’attente

Ces deux situations, si l’on en croit, le texte de ce jour, sont l’envers de ce qu’est ou pourrait être l’Evangile. D’une part, il s’agit de répondre à une attente, contrairement à ces jeunes qui n’attendent rien et ne veulent rien entendre. S’il n’y avait eu la curiosité de ce Théophile qui veut avoir confirmation de ce qu’on lui a dit sur Jésus, si les mots que Luc, pour répondre à sa demande, a pris la peine d’aligner, comme l’avait fait autrefois le Prophète Isaïe, nous n’aurions pas l’Evangile de Luc qui a nourri et changé la vie de tant et tant de générations chrétiennes. Luc prononce son enseignement et son discours est reçu parce que celui-ci est désiré.

D’autre part, c’est encore le désir qui travaille lorsque Jésus est en situation non pas d’écrire, comme Luc, mais de lire. Les mots du Prophète Isaïe, sans doute, lui sont bien connus et pourtant ils sont tout neufs à ses oreilles et à ses yeux. Le texte vieux de plusieurs siècles ne le renvoie pas au passé ; il y décèle l’actualité. « Cette parole de l’Ecriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Jésus, en effet, de retour à la synagogue de Nazareth revient d’un parcours à travers la région. Il a vu malades et aveugles en décelant leurs attentes ; il a entendu sans doute parler de Jean-Baptiste dans sa prison ; il a été témoin de l’oppression pesant sur les plus pauvres, par le système d’imposition des Romains : il était lui-même bouleversé par leur impatience d’être libérés. Les désirs qui traversent la vie des hommes de son temps ne font qu’un avec les paroles de l’Ecriture. Il en prend conscience dans la synagogue de Nazareth en lisant les paroles d’Isaïe.

L’aujourd’hui de l’Evangile

L’Evangile naît lorsque dans l’aujourd’hui que nous vivons le désir des hommes n’est pas occulté, lorsqu’il peut se dire, lorsque des oreilles écoutent ceux qui le font entendre, lorsqu’il trouve des cœurs capables de répondre. L’Evangile - l’Ecriture - n’a aucun sens s’il ne nous pousse pas à ouvrir les yeux sur le présent, à nous tourner vers autrui avec un regard neuf et plein de bonté. Jésus, lisant Isaïe, réveille les regards : « Tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui ».

Pourquoi, dans notre société, les jeunes des banlieues semblent si loin de leurs éducateurs ? Peut-être parce que les regards de nos contemporains sont sans pitié ; ils ne veulent pas de ceux qu’ils considèrent comme des étrangers : mettons-les à l’écart. Des indésirables ! L’Ecriture s’accomplit, l’Evangile se réalise lorsque l’Espérance peut poindre dans la vie des exclus, lorsqu’un monde nouveau s’ouvre à leurs yeux. L’Evangile s’accomplirait si les sans-abri trouvaient à se loger, si le souci de ceux qui sont sans travail était partagé en vérité par toute la société, si les prisons étaient moins déshumanisantes.

Pourquoi, dans notre Eglise, les croyants sont-ils si peu perméables aux paroles de l’Evangile ? Celui-ci aurait-il vieilli ? Est-ce seulement la faute des prédicateurs ? N’est-ce pas aussi parce que la foi qui nous habite reste extérieure à nos soucis personnels et humains ? « C’est aujourd’hui que s’accomplit cette parole de l’Ecriture ». L’Evangile s’accomplit, prend sens, chaque fois qu’à partir des mots qui nous parviennent à travers le texte de Luc et des autres, nous décelons où est la vie. La vie est là où les attentes qui traversent les cœurs nous tournent les uns vers les autres. La vie est là où nos yeux savent déceler et notre cœur sait reconnaître tous les appels qui nous sont adressés. La vie est là où nous savons faire apparaître nos propres désirs Et là où sont nos désirs, là sont nos cœurs. Il est une façon de désirer – celle qui ne nous replie pas sur nous-mêmes - qui nous permet de reconnaître « aujourd’hui » où est ce Jésus en qui nous croyons : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ! » Dieu est le trésor que nous trouvons sur notre chemin là où nous savons vivre.

Magnificat

Ne nous arrêtons pas aux paroles de ce jour pour reconnaître, dans l’appel du pauvre, du malade ou de l’opprimé, le passage de Dieu. Les associations humanitaires se multiplient et il est de bon ton, parmi les chrétiens, de s’y engager. Il est bien de militer à Amnesty International, à l’ASTI ou au Secours Catholique. Ce n’est pas suffisant. Il faut vivre également – et peut-être d’abord – là où sont nos propres désirs. Un jeune homme et une jeune fille qui peuvent se déclarer leur amour sont aussi le lieu où l’on peut dire en vérité « Aujourd’hui s’accomplit l’Ecriture ». De même lorsque se produit une naissance dans un foyer ou lorsqu’un personne aimée trouve le chemin qu’elle cherchait. En réalité l’Ecriture s’accomplit chaque fois que nos pas nous guident là où nos lèvres pourront crier en vérité « Magnificat » !

C’est en ce point qu’on devrait trouver l’Eglise dont la mission est de transmettre l’Evangile pour qu’on y reconnaisse, partout où la vie est neuve et belle, le passage de Dieu.

Michel Jondot