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Jean-Pierre, le 7/11/2019

Merci CHRISTINE pour ce texte et cette approche.
J’y suis d’autant plus sensible que ma foi est une foi non pas en des dogmes plus ou moins enseignés, mais dans ce DIEU trinitaire.
C’est un peu en ce sens que je suis mal à l’aise dans la notion "d’évangélisation" considérée comme une forme de recrutement pour une sorte de caste (d’élu(e)s).
Je crois que Jésus est né, a vécu au milieu des hommes, a souffert sa passion mais est ressuscité le troisième jour pour tous les humains (tous appelés à la rédemption).
Certains sont appelés et aspirent à la sainteté par le partage d’une vie totalement consacrée à DIEU et à la venue sur terre de son royaume d’amour et de miséricorde.
Ma foi s’alimente à une part de doute et de recherche non pas pour faire dire des choses à Dieu, mais me confier ainsi que tous ceux que je rencontre à sa miséricorde.
Oui, j’ai beaucoup attendu de Vatican 2 et d’une communauté au service de la volonté divine, de son amour de l’humanité. D’un rejet de toute forme de violence ou de volonté de domination.
Je pense à ce texte de saint Jean évoquant une foule immense d’humains dont les vêtements ont été lavés dans le sang de l’agneau.
La réforme que propose Christine, ne repose pas sur une volonté de la hiérarchie, mais surtout sur une nouvelle approche de notre place de baptisé.
Fraternellement.

Michel Poirier, le 9/11/2019

Ta réflexion, Christine, part d’une mise en regard fidèles-hiérarchie ou laïcs-clercs, présentés comme des groupes face à face. Tu n’as pas tort, en ceci que concrètement c’est ainsi que dans la majorité des cas que les fidèles la vivent. Mais il ne devrait pas en être ainsi, et rompre avec cette vision serait peut-être une des premières réformes à faire passer.

Car qu’est-ce qu’un laïc ? Ce mot d’origine grecque signifie : membre du laos, du peuple. Depuis que Vatican 2 a bien mis en tête de la doctrine sur l’Église que celle-ci est peuple de Dieu, il faudrait ne jamais oublier que nous sommes tous devenus par le baptême membres de ce peuple, donc laïcs au vrai sens du mot, et que nous ne cessons jamais de l’être, y compris si, assumant certaines charges dans ce peuple, certains deviennent aussi des clercs. Le clergé, les membres de la hiérarchie ne sont pas (ne devraient pas être) face aux laïcs, ils sont dedans. J’ai bien aimé l’attitude du Père Cristobal, l’archevêque de Rabat qui, dans ses remerciements à tous ceux qui l’avaient félicité pour son élévation (il paraît que c’est le mot officiel) au cardinalat, a précisé qu’à ses yeux il n’y a pas pour un chrétien de titre plus élevé que celui de fils de Dieu, qu’il tient de la grâce de son baptême.

Une conséquence est qu’un prêtre, un évêque, continue à agir en la plupart des actes de sa vie en tant que laïc, au vrai sens de ce mot. Par exemple tout le monde aujourd’hui peut s’asseoir sur les bancs d’une faculté de théologie et postuler à une licence ou un doctorat de cette spécialité, et le prêtre théologien est un théologien comme un autre. C’est seulement lorsque, évêque ou délégué par un évêque ou par le pape, il exerce la fonction de discerner pour le bien de l’Église si une doctrine publiquement professée comporte des dangers ou des avantages pour la foi, qu’il agit au titre de la hiérarchie. Et encore ne doit-il pas se précipiter pour tenter de clore prématurément des débats qui gagnent à être pleinement développés pour mieux approcher la vérité. Benoît XVI en était bien conscient lorsque, pape depuis peu, il a publié son ouvrage sur Jésus en tant que Ratzinger et en précisant qu’il ne s’agissait pas d’une intervention pontificale.

Je connais (et j’approuve) bon nombre de prêtres qui aujourd’hui ne disent plus qu’ils ont célébré une messe, mais qu’ils l’ont présidée. Ils reconnaissent ainsi que c’est l’Église tout entière (le peuple tout entier) qui célèbre ; la place propre du prêtre ordonné est alors de présider au nom du Christ cette célébration, ce qui l’authentifie et ménage qu’elle soit sacramentellement efficace. Ainsi est-il évité, au moins en principe, qu’elle soit la chose du prêtre isolément, et il ne devrait plus apparaître comme un magicien transsubstantiateur. C’est ce qu’il faudrait faire passer dans les esprits.

Il me semble que mes rapports avec les prêtres que je n’ai cessé de côtoyer au cours d’une longue vie, je les ai ordinairement vécus ainsi : nous sommes les uns et les autres des baptisés, tous responsables à ce titre de la foi et de l’Église dans le monde présent, et nous avons souvent aussi des responsabilités particulières de prof, de patron, de syndicaliste, de militant d’association, de père ou mère de famille, etc. De la même manière ils ont, eux, une responsabilité particulière au service de l’Église, mais cela n’en fait pas des êtres d’une autre nature, et nous pouvons travailler ensemble fraternellement, chacun à sa place et selon sa responsabilité.

Une remarque sur la fin de ton article. François d’Assise n’était pas resté un laïc, il n’a pas voulu être prêtre, mais il a été diacre, et je crois qu’Élie aussi. La cléricature n’est pas homogène.

Christine Fontaine, le 9/11/2019

Une remarque à mon tour sur la fin de ton commentaire. C'est de mémoire que j'ai écrit que frère Elie était laïc comme Bernard de Quintavalle. Mais je pense vraiment ne pas me tromper. En revanche, je viens de vérifier pour François. Il est vrai que l'Eglise officielle en parle comme d'un diacre, cependant l'historien du Moyen-Age - Jacques le Goff - dit que François a toujours été laïc et a tenu à le rester. Cf. Entre autres, le CD à voix haute "Saint François d'Assise" de Jacques le Goff (Gallimard). J'ai privilégié la version de l'historien sur la version officielle. Il est vrai que c'est un choix !

Comme tu le sais sûrement, la vie de François est un casse-tête pour les historiens. Les biographies écrites par ses 1ers compagnons ont presque toutes été détruites en 1266. 1er grand autodafe de l'histoire ! N'a été autorisée que la vie écrite par saint Bonaventure faisant de François l'homme du juste milieu... ce qu'il n'était certes pas (selon Le Goff).

François M., le 14/11/2019

Ton texte est tout à fait remarquable. Il faudra malheureusement beaucoup de temps avant que la hiérarchie ecclésiale et de nombreux laïcs parviennent à penser et à vivre de même. Cela réclamera une sacrée conversion !

Mais, comme dit l'autre, "Paris ne s'est pas fait en un jour" et "les voies de Dieu sont impénétrables" !