Lorenzo Monaco
L'Annonciation
vers 1420-1424, tempera et or sur bois, 169,6 x 120,7 cm, collection Alana
Maître de Fra Angelico, Lorenzo Monaco (1370-1424) fait partie de ces artistes trop peu connus qui, dans la lignée de Giotto, ont marqué le passage du Moyen Age à la Renaissance.
Le fond en or, la perspective encore balbutiante qui donne à voir une profondeur peu cohérente, renvoient au monde gothique dans lequel le peintre florentin s’est formé. Et les visages et les expressions hésitent entre le respect d’un modèle conventionnel et la recherche d’une vraisemblance figurative plus inventive. On reconnaît les éléments typiques de la scène de l’Annonciation : le lys et le vase, symbole de pureté, et la colombe de l’esprit saint. Les ailes de l’ange se distinguent par un raffinement de coloris remarquable ; « Je n'ai jamais vu d'anges ni de déesses, Voilà pourquoi je n'en peins pas. » disait Gustave Courbet, l’inventeur du Réalisme autour de 1855. Sans doute Lorenzo Monaco a-t-il, lui vu cette scène dans son imagination, ce qui lui permet de la donner à voir avec une précision étrange. Sur le livre que tient Marie se déchiffre le début du psaume 122 « Ad te levavi oculos meos qui habitas in coelis », « vers toi, qui habites dans les cieux, j’ai levé mes yeux ». Et le tableau se fait ainsi invitation à lire autant qu’à contempler. Il est une porte ouverte sur le ciel qu’il rend présent ici bas. Le regarder c’est prendre part à cette conversation sacrée entre Marie et le Divin, à cet échange entre Dieu et l’humanité qui est, consciemment ou non, notre vie à chacun.
Paul-Louis Rinuy