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Christine Fontaine

Je suis cette Christine qui a osé te poser ces questions sur "le métier de théologien". En me remettant ton texte, tu m'as dit : "Ne le perds pas; c'est mon testament que j'ai écrit." Et je t'ai répondu : "Ecrire un testament, heureusement, n'a jamais fait mourir personne. Mais nous t'en prions : tiens bon car nous sommes (encore) nombreux à avoir besoin de toi!"

Si je dis "encore" ce n'est pas parce que, atteints par le grand-âge, un grand nombre d'entre nous seraient déjà morts. Mais parce que la hiérarchie considère souvent que nous sommes "encore trop nombreux"... qu'il faut "encore" patienter un peu pour remettre de l'ordre dans l'Eglise... Pourtant, Dieu sait qu'ils sont nombreux ceux qui en sont sortis - non pour avoir perdu la foi - mais par lassitude...

Aussi aujourd'hui, au nom de ceux qui sont toujours présents et de ceux qui sont partis, je voudrais te dire merci. Je ne suis pas sûre que l'Eglise un jour te canonise... De nos jours il semble que l'on préfère canoniser la hiérarchie (Pie XII, Jean-Paul II sont en bonne voie... mais as-tu remarqué que l'on a oublié Jean XXIII et Paul VI... les papes du Concile ?)... Nous autres, pauvres laïcs, n'avons le pouvoir de canoniser personne mais nous avons celui de te dire merci.

Merci pour ces douze années passées à sainte Bathilde pendant lesquelles nous avons travaillé ensemble. Je dis bien "ensemble" car tu ne t'es jamais présenté comme celui qui savait mieux que les autres. Tu as su nous écouter jour après jour. Tu voyais l'avenir de l'Eglise dans de petites communautés. Mais nous étions responsables d'une paroisse... et tu as su te laisser déporter par nos questions. Tu as su nous rejoindre et croire, avec nous, que nous pouvions faire surgir la vie de ce lieu qualifié de "peu fréquentable" par d'autres théologiens que toi et qui nous regardaient de haut. Tu as su entendre la demande des chrétiens engagés mais aussi celle des parents d'enfants du catéchisme, celle des contestataires et celle des catholiques les plus classiques.

Tout ton savoir et toute ta théologie t'ont conduit à exercer ta "vocation" d'écoute mutuelle... ta "vocation de théologien"... Ta grande pudeur te pousse souvent à taire l'intimité que tu vis avec Dieu. Mais tu ne peux nous cacher que sans cette écoute inlassable de l'Autre, tu n'aurais pas pu écouter l'Eglise comme tu l'as fait. Merci, Joseph, pour ta foi, ton espérance envers et contre tout, et pour ta solidité en amitié. Puissions-nous être de plus en plus nombreux à vivre dans ton sillage !

Marc

Au moment où je prends connaissance du commentaire de Christine (ci-dessus), je reçois la newsletter de "la Paix liturgique" : un site traditionnaliste (je n'adhère pas à leurs convictions mais je trouve intéressant d'entendre leur point de vue). Je cite :

"(...) La Compagnie de Jésus, dont l'un des traits distinctifs est, en principe, son vœu d'obéissance au pape, semble peu à peu entrer dans l'esprit de Benoît XVI et s'ouvrir à la réforme de la réforme. Pas encore de façon institutionnelle et massive mais par petits bouts et à la base. Prions pour que le mouvement s'amplifie et finisse par atteindre notamment la Province de France..."

Merci à Joseph Moingt d'exister ! Prions nous aussi pour que la Province de France fasse naître des théologiens comme lui !

Marie-Reine

Je viens de relire ce magnifique texte de Joseph Moint qui me redonne souffle et espérance ! Saurons-nous trouver d'autres voies que la mise en concurrence des prêtres et des laïcs à une époque où le monde aurait tant besoin d'une "parole de vie", d'une "bonne nouvelle".

Je lis dans le courrier des lecteurs de "La Croix" (28/12/2011 cette plainte douloureuse d'un prêtre à propos d'un article de Monique Hébrard : "Elle n'a pas entendu la plainte des curés "vidés" par des laïcs qui leur ont refusé de célébrer les obsèques de leur mère, pour laisser le monopole à l'équipe des funérailles ou qui, en vacances, se proposant d'assurer la messe dominicale, ont dû laisser la place aux animateurs de l'ADAP."

Pourquoi sommes-nous si sots, si jaloux, que nous ne parvenions pas articuler les places des uns et des autres, dans une fécondité mutuelle au lieu de nous placer en rivalité ?

Pour avoir été sept ans co-responsable d'une aumônerie d'hôpital avec un prêtre, à une époque où il n'était pas habituel que des laïcs aient cette charge, je sais qu'il a fallu qu'il consente lui-même à se retirer de certains services hospitaliers pour que je puisse être reconnue comme "aumônier" à part entière. Mais il ne s'est jamais laissé instrumentaliser, cantonner à un rôle "d'administrateur de sacrements" et nous avons vécu ensemble de vrais accompagnements de personnes qui rencontraient le Seigneur en ce temps de la maladie, à des places différenciées, prêtre-laïque et homme-femme, dans une relation féconde. Il n'était pas jaloux qu'une femme, à côté de lui, vive une vraie responsabilité ministérielle et cela ne détruisait en rien son propre ministère.

Pourquoi nous comportons-nous en "fonctionnaires du culte" ? Pourquoi nous imposons-nous des règles si strictes qu'il s'agisse de "virer" le prêtre ou de "virer" le laïc au lieu de chercher ensemble comment rendre nos missions convergentes et fécondes ?