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Michel J.

Je ne suis pas exégète; j'hésite à m'exprimer après avoir lu ce texte dont je reconnais la beauté. J'apprécie cette approche de la foi qui dépasse tout objet: croire sans voir et sans savoir. J'ose, malgré mon incompétence, une remarque.

Derrière les textes auxquels se réfère l'auteur(e) on voit se profiler la naissance du monothéisme; en particulier l'hésitation à propos du nom entre pluriel et singulier. L'avenir qui se dessine derrière les opérations aboutissant à la figure d'Abraham est, en réalité, l'histoire d'un monothéisme qui n'a pas cessé de faire ses ravages. L'Un fait la Loi; l'Un est le contraire de l'Autre et réduit tout au même. "En toi seront bénies toutes les nations"... La promesse fait frémir. Toute les religions monothéistes se sont efforcé de tout réduire au même. La mondialisation semble effectivement l'aboutissement, non religieux, du travail amorcé avec le départ d'Abraham. L'écrasement du peuple palestinien avec l'approbation des pays autrefois chrétiens par les héritiers directs d'Abraham me laisse rêveur.

Ces remarques ne contestent pas la démarche évoquée par le texte. Je les fais à la suite de la lecture d'un livre de Jean-Luc Nancy ("l'adoration") que je viens de terminer.

Marie-Reine Mezzarobba

Merci Michel pour cette analyse qui ne manque pas de pertinence historique et politique. Il est bon de souligner les dérives concrètes et réelles qui s'appuient sur des positions théologiques.

Ce qui a guidé ma réflexion, théologique et non politique ou historique, a été l'analyse que fait Paul BEAUCHAMP du rapport entre l'Élu (l'Un) et l'universel. Je ne prétendrai pas avoir tout compris car c'est très subtil. Mais cela me semble très intéressant et rarement dit :
- un peuple unique, élu, choisi, pour le salut de toutes les nations
- un homme unique, élu du Père, Jésus le Christ, pour l'humanité.
P. Beauchamp souligne combien ce choix de l'unique suscite de l'incompréhension et de la jalousie. Pour Beauchamp, Dieu ne se contente pas de dire qu'il veut bénir toute l'humanité, mais il le montre par ce qu'il fait pour un peuple particulier. Ce qu'Il fait pour ce peuple est ce qu'il veut faire pour tous. La relation d'amour et de confiance qu'Il a avec son Fils unique est celle qu'Il veut avoir avec chacun. Tout homme est à l'image de Dieu, comme le Fils unique.

Le problème est que la singularité nous est quasiment insupportable et que nous naviguons sans cesse entre la volonté de l'uniformité (dont le modèle est la tour de Babel) et l'individualisme forcené : tout pour moi, rien pour les autres – ce qui est à l'autre m'est enlevé !

La Bible nous propose un chemin qui ne nous est pas naturel : c'est bien pourquoi nous parlons de Révélation. Naturellement, nativement, nous sommes jaloux et réduisons l'autre à nous-mêmes. Elle nous propose de reconnaître notre jalousie et d'en sortir ! Le premier « ennemi », peut-être même le seul ennemi, est le frère (cf. Caïn et Abel) ; les histoires de relations fraternelles dans la Bible ne manquent pas de souligner les tensions et les issues possibles (cf. Jacob et Esaü, Joseph et ses frères) jusqu'au « ce que je viens de faire pour vous, faites le les uns pour les autres : lavez-vous les pieds les uns des autres » de Jésus ou même plus encore : « aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent » ! L'incarnation, spécifique du christianisme, est un chemin risqué : l'universalité dont l'Église catholique romaine se réclame, à laquelle elle aspire, n'a pas manqué de se confondre avec l'impérialisme politique ! Jésus a été rejeté pour avoir déçu ceux qui attendaient un Messie politique.

P.S. Je me réjouis que le site offre une possibilité d'échanges et de débats constructifs qui nous permettent d'évoluer, chacun à partir du lieu où il se trouve.