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Michel Jondot, 21 août 2010
Lettre au rédacteur de l'article dans le journal "la Croix" (Deux destins au nom de la Règle de saint Benoît)
Cher Monsieur,
Je ne saurais manquer de vous remercier de vous être tourné vers Soeur Marie-Boniface et Soeur Martin, Bénédictines à Vanves, pour votre série
« Ils ont traversé le siècle » (La Croix du jeudi 19 Août).
En revanche, je suis attristé de constater à quel point vous avez édulcoré ces deux vies, en particulier
celle de Soeur Boniface. Leur séjour au Viet-Nam fut une véritable épopée. Soeur Boniface, pendant de nombreuses années, au coeur des conflits
les plus violents de la guerre avec le Vietcong, a vécu avec une autre Soeur, sa vie monastique en s'acculturant, dans un village des Hauts-Plateaux, à des ethnies rejetées depuis des siècles. Il a fallu à ces deux soeur une force extraordinaire pour inventer la double fidélité à la règle de St Benoît et à la vie d'un village dont les habitants étaient, au milieu de ce siècle dont vous évoquez la traversée, des exclus parmi les exclus !
Du talent de Soeur Boniface, vous n'évoquez que les dessins de son enfance ! Avec un grand art, ignorant superbement les galeries à la mode, elle a produit des oeuvres d'une beauté étonnante dans le seul but de traduire l'Evangile à des populations ignorées du monde entier. Jésus changeait l'eau en vin. Votre texte transforme des vies particulièrement savoureuses en fades tisanes pour vieilles dames !
Ne prenez pas ces remarques pour des reproches. Soeur Boniface est sans doute trop modeste pour développer ce qui constitue une des plus belles pages de l'histoire de l'Eglise en ce tragique 20ème siècle et je comprends qu'elle ait évité d'étaler ce qui fait la beauté de sa vie. Si vous souhaitez avoir des détails sur cette aventure merveilleuse, vous pouvez consulter le site www.dieumaintenant.com à la page : http://www.dieumaintenant.com/montagnards.html
Je suis un fidèle lecteur de la Croix. J'aime ce journal et c'est pourquoi je me suis permis de vous adresser ces remarques. Je suis persuadé que vous saurez excuser mon impertinence.
Avec mes sentiments les meilleurs.
Christine Fontaine, 21 août 2010
Je lis dans le journal "La Croix" du 19 août (pages 16 et 17)un article sur Soeur Marie-Boniface et soeur Martin que je connais bien. Ce sont les oeuvres de Soeur Marie-Boniface qui illustrent en grande
partie le site de Dieu Maintenant. En signe de reconnaissance, au moins pour ce cadeau qu'elle nous fait, je dois dire que je ne la reconnais pas du tout dans cet article.
Certes soeur Martin et elles sont parties toutes deux aux Vietnam ensemble. Mais elles n'étaient pas seules : Soeur Colomban (dans le civil Françoise Demeure) était même la supérieure de ces "mères fondatrices". Et si elles ont vécu les premières années au Vietnam dans la même communauté, reste qu'au bout d'un certain temps, leurs histoires se sont séparées : soeur Martin allait avec d'autres dans un monastère de la plaine; soeur Colomban et soeur Marie-Boniface faisaient une expérience de déprise totale en demeurant seules au milieu des montagnards (cf notre auticle).
Il ne s'agit pas, pour moi, de juger du bien-fondé de l'expérience de l'une ou de l'autre mais de regretter qu'une fois de plus, au nom de l'unité, la différence de leurs parcours ne se soit pas exprimée. D'autant que leurs parcours différents, leurs vues différentes, ne les ont jamais empêchées - au contraire - de demeurer vraiment soeurs. Je peux en témoigner.
Je regrette profondément cette fausse unanimité qui gomme l'altérité. Pourquoi ne nous avoir pas montré, dans cet article, ce qu'a pu permettre la règle de saint Benoît au Vietnam : un même esprit, une même règle a conduit quelques femmes à se séparer pour mener deux histoires vraiment autres, tout en ne cessant jamais de se reconnaîtres "soeurs".. Si la règle de saint Benoît permet vraiment cela (mais le permet-elle toujours?) elle redeviendra peut-être intéressante pour beaucoup, au moins pour qu'on s'en inspire!
Michel
Cette histoire a une suite. En plein pays communiste là où sœur Boniface et Soeur Colomban ont vécu leur aventure, s'épanouit une communauté bénédictine entièrement vietnamienne . Vous pouvez en avoir un aperçu en visionnant le CD réalisé par Lizette Lemoine et Aubin Hellot ("Alliance Inter Monastères: "Si loin si proche"). Les deux réalisateurs ont promené leur caméra à travers le monde pour faire un reportage sur la vie bénédictine au milieu des cultures les plus diverses: Afrique, Indes Brésil...et Vietnam. On y découvre que la vie monastique peut être un véritable facteur de développement. Loin de replier sur une communauté, la règle de St Benoît permet aux moines et aux moniales une ouverture sur les plus pauvres, une promotion de l'environnement humain et une ouverture extraordinaire sur les cultures les plus diverses. A l'heure où les civilisations sont écrasées sous le modèle unique de la culture anglo-saxonne, on respire de voir que la vie religieuse est instrument de dialogue interculturel. Pour vous procurer le C.D. vous pouvez vous adresser à "Alliance Inter Monastères" 7, rue d'Issy VANVES. France; (aim.vanves@wanadoo.fr).