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15ème dimanche du temps ordinaire
Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc
Mc 6, 7-13
Jésus appelle les Douze, et pour la première fois il les envoie deux par deux. Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais,
et il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route, si ce n'est un bâton ; de n'avoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie dans leur ceinture.
« Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »
Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l'hospitalité dans une maison, restez-y jusqu'à votre départ.
Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. »
Ils partirent, et proclamèrent qu'il fallait se convertir.
Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d'huile à de nombreux malades, et les guérissaient.
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Pays de mission !
Christine Fontaine
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Une nouvelle évangélisation
Michel Jondot
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Tenez la route !
Christine Fontaine
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Pays de mission !
La nouvelle évangélisation
« En ce temps-là, Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. »
Le terme de mission a longtemps été réservé à l’évangélisation des terres non chrétiennes. En 1943, un ouvrage célèbre coécrit par deux prêtres séculiers – les abbés Henri Godin et Yvan Daniel – fit l’effet d’une bombe au moins par son titre : « France pays de mission ». Ils y décrivent la forte déchristianisation des milieux ouvriers en France. Depuis, cette déchristianisation n’a cessé de s’accroître. Il ne s’agit plus seulement du monde ouvrier mais de la société dans sa très grande majorité qui a abandonné presque tous les repères de la foi chrétienne. Dans les années 70, Jean-Paul II remplace le mot « mission » par l’expression « nouvelle évangélisation ». Il appelle tous les catholiques – et en particulier les jeunes – à participer à cette annonce de l’Évangile au sein des terres déchristianisée.
L’appel à une « nouvelle évangélisation » a été sans cesse repris par les papes successifs et les évêques au moins en Europe. La hiérarchie insiste pour qu’on l’ancre sur l’essentiel de la foi chrétienne : l’annonce de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ.
Des générations entières se sont évertuées à répondre à l’appel du Pape et des évêques, ne serait-ce qu’au sein de leur propre famille, où ils constatent bien souvent l’indifférence religieuse de leurs enfants. Mais, au moins jusqu’à aujourd’hui, il semble que tous nos efforts ne portent guère de fruits.
L’évangélisation selon les évangiles
Dans l’évangile de ce jour, « Jésus commence à envoyer ses apôtres en mission ». Il s’agit d’un commencement, d’un début. Jésus leur demande de parcourir non des terres païennes mais des terres bien juives, autrement dit il les appelle à convertir des membres de leur propre religion. La situation semble à peu près analogue à celle que nous connaissons aujourd’hui sous le terme de « nouvelle évangélisation ».
Il ne peut, bien sûr, être question pour les apôtres d’annoncer la mort et la résurrection du Christ. Nous sommes au tout début, alors que Jésus commence juste à être connu. Mais il s’agit cependant pour Jésus de ne pas laisser ses amis prendre de mauvaises habitudes. C’est pourquoi, avant de partir, il leur donne ses premières consignes : « Il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton : pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. »
Quand on est ainsi démuni de tout moyen pour assurer sa propre subsistance, on se trouve livré au bon vouloir des autres. On perd toute situation de domination sur eux. Sans réserve de nourriture et n’ayant pas les moyens d’en acheter, ils revêtent le vêtement du pauvre qui quémande un accueil totalement gratuit. Un accueil qu’on pourra leur refuser sans qu’ils aient le droit d’insister : « Si dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds ; ce sera pour eux un témoignage. » Il s’agit d’un témoignage de liberté : les apôtres auront à respecter le refus des autres ; ils doivent reconnaître le droit de les repousser. « Si vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y... Mettez des sandales et ne prenez pas de tunique de rechange », leur dit Jésus. Autrement dit, acceptez d’être dans la situation du pauvre qui demande à être accueilli librement et gratuitement, sans avoir de tunique de rechange c’est-à-dire sans changer de comportement en cours de route.
« Ils partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir. » Se convertir, c’est-à-dire se retourner. Mais vers quoi leurs hôtes sont-ils appelés à se tourner ? Les apôtres, venus en pauvres parmi eux, font appel à la liberté des autres de les recevoir ou non et ils font confiance à leur capacité, trop souvent enfouie, de sortir de relations purement mercantiles. On comprend que cette manière d’être missionnaire « expulse beaucoup de démons » et « guérisse de nombreuses malades » !
L’évangélisation selon la tradition
Nous sommes appelés aujourd’hui à travailler pour une nouvelle évangélisation. Il nous est demandé de centrer notre annonce sur la mort et la résurrection de Jésus-Christ. A l’heure de sa Passion, Jésus se fera le Pauvre parmi les pauvres, renonçant à tout pouvoir si ce n’est celui de nous manifester l’amour totalement libre et gratuit de Dieu à l’égard de l’humanité entière.
Dès lors ses apôtres se feront missionnaires en épousant la Paque de Jésus. « Frères, écrit Saint Paul aux Corinthiens, quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage humain ou de la sagesse. Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié. Et c’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je suis arrivé chez vous. Mon langage, ma proclamation de l’Évangile, n’avaient rien à voir avec le langage d’une sagesse qui veut convaincre… » (1 CO 2,1-4).
Quand les catholiques parlent de nouvelle évangélisation sont-ils toujours fidèles à la tradition des apôtres ? De cette première mission à celle de Saint Paul, ils se présentent humbles et pauvres dans la société des hommes, demandant l’aumône d’un accueil libre et gratuit, sans employer le langage d’une sagesse qui veut convaincre. À Lourdes, quand Marie apparaît pour la première fois à Bernadette, elle lui demande : « Voulez-vous me faire la grâce de venir chaque jour à la grotte de Massabielle ? » Peut-être pourrions-nous adopter à l’égard de la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui la même attitude que Marie…–
Christine Fontaine
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Une nouvelle évangélisation
Etranges consignes
Que de misères en notre temps !
Je songe à telle ou telle maman célibataire qui a perdu son emploi et arrive au terme de ses droits d’allocation de chômage. Comment assurer une
nourriture saine pour ses enfants quand le frigidaire est vide ? Tous doivent se serrer la ceinture. Où trouver de quoi payer l’essence à mettre
dans la voiture pour les nombreuses démarches qui s’imposent ? Force est de se déplacer à pieds : quand on n’a pas la moindre pièce de monnaie dans
les poches, il n’est pas question de prendre les transports en commun. Pas question non plus de changer la paire de chaussures du gamin ou la veste
de sa sœur : pas de vêtement de rechange possible.
Il faut refuser que des situations de ce genre continuent à se produire : c’est une évidence !
Et pourtant, il semble bien que ce soit la manière de vivre que Jésus propose à ses disciples.
« Il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route mais seulement un bâton : pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.
'Mettez des sandales. Ne prenez pas de tunique de rechange.' »
L’idéal que propose Jésus serait-il inhumain ? Chacun serait jeté sur les chemins de la vie, exposé aux pires insécurités et à l’angoisse face aux lendemains ?
Les conditions du bonheur
En réalité Jésus décrit la condition nécessaire pour que, dans une société, on puisse vivre le bonheur.
Cette condition a plusieurs dimensions :
« Il commença à les envoyer deux par deux. » La pire des catastrophes, dans une vie humaine, c’est la solitude. L’existence est
impossible sans compagnonnage. Le lien qui unit ceux que Jésus envoie, le fait de pouvoir s’appuyer sur autrui ou de pouvoir répondre aux
besoins de ce dernier, ont plus d’importance que l’argent dont on dispose. Une vraie communion entre deux personnes rend plus fort que tout l’or du monde.
Mais ce compagnonnage est trop étroit. Il devrait pouvoir s’étendre à toute la société. Jésus mise sur une communauté humaine où chaque citoyen peut compter
sur tous les membres de la cité. L’aventure proposée aux disciples suppose l’hospitalité de tous. La maison devant laquelle ils passent devrait être à
leurs yeux comme leur propre demeure : « Quand vous aurez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. » Là où l’hospitalité
est refusée, ceux que l’on rencontre sont inconsistants aux yeux de Jésus. L’accueil d’autrui donne corps à l’individu ; le refus de l’accueil déshumanise,
pulvérise le cœur : « Si dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds :
ce sera pour eux un témoignage. »
Prendre le relais
Ce compagnonnage de la cité n’existe encore que d’une façon imparfaite lors de cet envoi en mission. Les apôtres sont envoyés pour appeler à se
convertir. On oserait presque dire, si le mot ne connotait quelque violence, qu’ils étaient envoyés pour faire la révolution. La conversion est
à recommencer et même à reprendre à sa racine.
Elle commence avec le compagnonnage qui nous lie avec nos amis. Qu’entre les uns et les autres, la simplicité soit telle que nous puissions, sans
honte, formuler nos demandes et sans s’agripper sur ce qu’on possède, se protéger des services qu’on pourrait être amené à rendre. Quand la confiance
entre nous est grande, c’est avec bonheur qu’on entre dans ce mouvement de donation qui fait de nous des êtres humains.
A notre siècle de mondialisation, une forme d’hospitalité doit s’étendre au monde entier. Quel miséreux aujourd’hui, au moins dans nos pays privilégiés,
peut s’appuyer sur un ami ? Quand la pauvreté est trop grande, on ne peut en appeler, bien souvent, qu’à des institutions. Il faut reconnaître que
l’Eglise de France apporte sa contribution aux aides humanitaires du pays. Cela ne suffit pas ! Le Pape François, invitait au Vatican tous les exclus
du monde, tous ceux qui non seulement sont rejetés des maisons habitables mais à qui on retire les terres qui les font vivre. Il ne suffit pas d’assister
les plus démunis, a-t-il dit dans ce contexte ; il s’agit de créer de nouvelles formes de participation qui incluent les mouvements où les pauvres
d’aujourd’hui peuvent se lever et réclamer des droits que le Souverain Pontife a qualifiés de « sacrés ».
La plupart d’entre nous ne sont pas des économistes. Néanmoins nous sommes capables d’indignation. Faut-il continuer à se résigner à un système où 8
personnes, sur les 7 millions d’habitants, possèdent la moitié des richesses du monde ? Nous sommes tous des électeurs. Devons-nous rester indifférents
lorsque les candidats à une élection veulent qu’on exclue de notre terre ces milliers de personnes qui sombrent dans la mer en demandant l’hospitalité
à nos pays ? Les Douze étaient envoyés pour chasser les démons, faisaient des onctions d’huile et guérissaient les malades. A chacun de prendre le
relais et d’entrer ainsi dans ce qu’on appelle une « nouvelle évangélisation ».
Michel Jondot
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Tenez la route !
Avant le départ
Pour la première fois Jésus envoie les apôtres deux par deux. Ils sont à la veille de prendre la route et Jésus veut leur faciliter la
marche. « N’emportez rien pour la route, dit Jésus, si ce n’est un bâton ; n’ayez ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie dans la ceinture, mettez des sandales,
ne prenez pas de tunique de rechange. »
Lorsque nous sommes à la veille de partir en voyage nous envisageons toutes les situations que nous risquons de trouver et nous emportons ce dont nous
pouvons avoir besoin en toutes circonstances : de l’argent, des sacs et des valises pleines des chaussures et du linge de rechange. Nous emportons tout ce qui nous
semble utile et nos bagages sont souvent très lourds ; mais nous oublions de prendre le bâton dont Jésus nous parle pour faciliter notre marche. Nous prévoyons
tout, nous chargeons nos épaules et nous oublions de nous munir des sandales indispensables à en croire Jésus.
Pour la première fois Jésus envoie les apôtres deux par deux sur la route et il leur dit, avant le départ, de ne pas oublier de prendre un bâton et des
sandales : « Mettez des chaussures légères et appuyez-vous sur une canne sinon vous ne tiendrez pas la route », déclare Jésus.
Emportez le nécessaire
C’était la première fois que Jésus envoyait ainsi ses apôtres sur la route et, dans l’euphorie des commencements, ils risquaient d’oublier
de mettre des sandales. Ainsi, à certaines heures, sommes-nous prêts à tout quitter pour suivre le chemin de l’Evangile mais, dès la première heure de marche,
nous avons trop mal aux pieds pour pouvoir continuer !
« Prends ce qui t’aidera à tenir la route, dit Jésus, prend ce qui t’aidera à marcher d’un pas régulier : munis-toi d‘un bâton, et n’oublie pas de
mettre des sandales aux pieds sinon la première écharde dans ta chair t’empêchera d’avancer. »
« Mais aussi, ajoute Jésus, ne t’encombre de rien d’inutile, ne porte pas un poids de bagage qui t’obligerait sans cesse à interrompre ta marche pour te reposer. »
Ceux que Jésus invite à parcourir la route de l’Evangile reçoivent cette unique prescription : emporter ce qui peut aider et laisser ce qui risque de peser. Mais nous
ignorons ce qui peut nous aider et ce que nous devons lâcher. Quel est pour chacun le bâton nécessaire, les sandales indispensables à la marche ? Nous ne le savons pas.
Ainsi nous risquons de lâcher ce qu’il faut conserver et de garder ce qu’il faut quitter. Alors Jésus nous donne une dernière instruction.
Marchez dans la confiance
« Quand vous aurez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter,
partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Quand on sait pouvoir recevoir l’hospitalité, il est inutile d’emporter un sac
de provisions, des pièces de monnaie ou de la nourriture pour la route. Jésus demande à ses disciples de croire que sur la route où il les envoie, ils rencontreront
suffisamment d’amis pour les accueillir et les nourrir. Il les invite à compter sur la capacité d’ouverture des autres. Il s’agit alors de lâcher tout ce qui nous
permettrait de vivre en comptant sur nos propres ressources. Nous sommes invités à croire que l’autre possède des capacités d’accueil et qu’il les déploiera
à notre égard. Cette foi en l’autre est le bagage des disciples de Jésus-Christ. Cette foi est contagieuse et permet à l’Autre qui nous envoie de faire des miracles.
Mais l’autre peut être un ennemi ou simplement demeurer indifférent et me laisser alors dans le besoin. Jésus le sait bien c’est pourquoi il envisage le risque,
pour ses disciples, de n’être pas reçus. Cependant cette possibilité ne doit pas altérer leur foi : « Si dans une localité on refuse de vous accueillir…
partez en secouant la poussière de vos pieds… » La foi dans les autres au nom de l’Autre peut butter sur une porte fermée ou sur un mur d’indifférence.
Dans ce cas, il s’agit de ne pas se servir du bâton que nous tenons en mains pour forcer les portes. Il ne convient pas de se fatiguer inutilement à convaincre.
Il faut avancer sans retenir – pas même un grain de poussière – de cette funeste expérience. Les autres peuvent se fermer, Dieu demeure le Tout-Autre
sur qui nous pouvons nous appuyer et qui nous ouvrira d’autres passages.
La foi en Dieu ne peut pas aller sans la foi en ceux que nous rencontrons sur la route. Mais la foi dans les autres ne va pas, pour le disciple de Jésus,
sans la foi en Dieu. Telle est la conversion qui se diffuse au passage des disciples. Quels bagages emporter sur cette route ?
Quels seront notre bâton ou nos sandales, nos appuis indispensables pour avancer ? Quel seront les valises qu’il ne faut surtout pas emporter ? La règle que
Jésus nous donne consiste à ne pas prendre de quoi se suffire à soi-même mais de laisser un peu d’espace pour vivre dans une relation de confiance
avec les autres et avec Dieu. Sur cette base, à chacun de voir le pas qu’il peut faire avec l’aide de Dieu !
Christine Fontaine
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