Page d'accueil Nouveautés Sommaire Auteurs
Retour "Temps ordinaire" Retour "Année C" Contact - Inscription à la newsletter - Rechercher dans le site

21ème dimanche

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc
Lc 13, 22-30

Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. Quelqu'un lui demanda : « Seigneur, n'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : 'Seigneur, ouvre-nous', il vous répondra : 'Je ne sais pas d'où vous êtes.'

Alors vous vous mettrez à dire : 'Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.' Il vous répondra : 'Je ne sais pas d'où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal.'

Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l'orient et de l'occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »

Le grand bazar !
Christine Fontaine

La Porte étroite
Michel Jondot

Il en faudrait si peu !
Christine Fontaine


Le grand bazar !

Le bazar de la charité

À la fin du siècle dernier un incendie, celui du bazar de la charité, est devenu tristement célèbre. De hautes personnalités de la Chrétienté avaient organisé une grande vente au profit de je ne sais quelle œuvre. Des stands avaient été aménagés, un chapiteau dressé et, le jour de l’inauguration, le feu prend à l’intérieur de l’immense forum. Au début ce n’était qu’un petit incendie mais la panique s’installe… Devant le danger, tout le monde se rue vers les issues.

Bilan, seules quelques personnes seront sauvées ; les autres sont mortes non seulement brûlées mais piétinées et étouffées les unes par les autres.

Ainsi, lorsque devant le danger, on cherche d’abord à sauver sa propre vie, c’est la mort, le malheur et les larmes qui triomphent. Bien peu en réchappent et, il est à craindre que pour ce « peu » la vie ait définitivement perdu sa saveur.

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » demande l’interlocuteur de Jésus. En posant cette question, l’homme imagine le Royaume comme un grand bazar de la charité. Cet homme ose penser que là où Dieu est Roi - là où règne l’Amour – on peut envisager le bonheur seulement pour quelques-uns tandis qu’un grand nombre vivrait dans le malheur. A ceux qui, comme cet homme, pensent que l’on peut faire son bonheur, son salut, chacun pour soi – sans se soucier d’abord du bonheur et du salut des autres – le maitre répondra : « Je ne sais pas d’où vous êtes… Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal ! »

Oui, ils font le mal ceux qui frappent à la porte du Royaume en désirant entrer sans faire entrer les autres. Ceux-là pourtant étaient les amis du maître : « Ils ont mangé et bu en sa présence et il a parlé sur leurs places. » Ils sont de la famille d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Ceux-là ont été aimés par le Maître de l’Amour. L’Amour leur était offert, donné ! Mais au lieu d’en vivre en se mettant à leur tour à aimer, au lieu de laisser grandir ce qui était semé, ils l’ont laissé mourir en le retenant pour eux-mêmes. C’est l’Amour qui avait poussé le Maître jusqu’à eux mais ils n’ont pas suivi le chemin. Ils sont passés à côté de la porte qu’il leur avait ouverte. Au lieu que cet Amour donné les emporte vers les autres, ils en ont fait un privilège qui leur est réservé.

« Je suis la porte » avait dit Jésus. « Efforcez-vous d’entrer par la porte » sinon vous vous mettez vous-mêmes dehors, car je ne laisserai pas dans mon Royaume s’infiltrer ce qui fait le malheur des hommes. « Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous serez jetés dehors. » Les pleurs et les grincements de dents n’ont pas de place dans le Royaume. Ils sont jetés dehors. Le malheur n’a pas de place en Dieu.

Ainsi celui qui se pose la question « n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » - puisqu’il envisage que l’on puisse être heureux les uns sans tous les autres – se met lui-même dehors. En croyant se sauver sans se soucier des autres, il crée un monde de malheur et de mort comme les rescapés du bazar de la charité.

Le festin de Dieu

Mais le Royaume de Dieu n’est pas un grand bazar de la charité. C’est un repas de fête offert au monde entier. « Alors on viendra de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi prendre place au festin dans le Royaume de Dieu ! »

On se fait de fausses images de Dieu. On l’imagine à notre ressemblance. Lorsque nous sommes heureux, nous oublions si souvent le malheur des autres parce que nous ne les aimons pas vraiment… Et ceux que nous oublions, un jour ou l’autre forcément réclameront leur part et se retourneront contre nous. Nous croyons que nous pouvons être heureux les uns sans les autres ; nous croyons que nous pouvons être heureux en arrêtant d’aimer, en arrêtant l’amour sur quelques-uns… Et nous faisons un monde de malheur et de tristesse.

Mais Dieu n’est pas à notre image. Dieu est Bon. Réellement Bon. Et il nous aime. Dieu, lui, sait aimer en vérité. Il veut le bonheur de tous. Il sait qu’on ne peut pas être heureux en se coupant des autres, en arrêtant d’aimer. Il veut qu’avec lui nous désirions le bonheur, le salut de chacun sans exception. Dieu règne lorsque l’humanité tout entière partage la vie comme un repas de fête : « Oui, on viendra de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi prendre pace au festin dans le Royaume de Dieu. »

Ainsi vivre dans le Royaume, c’est être pris, emporté par l’Amour – par Dieu ! Un amour qui n’accepte jamais de se résigner au malheur d’un seul. Un amour qui pousse à abandonner sa vie, son bonheur, pour que les autres vivent et soient heureux. Un amour qui fait toujours passer la joie de l’autre avant la sienne, qui trouve sa joie de voir chacun heureux.

C’est « au cours de sa marche vers Jérusalem » que Jésus prononça ces paroles. Jérusalem, la ville où Jésus va aimer à en mourir pour sauver l’humanité de son malheur. La ville où Jésus va aimer jusqu’à l’extrême en demeurant dans l’amour envers ceux qui le mettent à mort, où il va aimer par-delà toute limite humaine pour ne laisser nul homme hors d’atteinte de l’Amour.

Grâce à Jésus, par Jésus, tout homme, toute femme, est aimé d’avance et quel que soit le malheur où il s’enferme. Tout homme, toute femme, est sauvé par l’Amour qui lui est porté. Dieu ne s’est pas résigné à laisser un seul homme hors du bonheur. Il a tout perdu par amour pour nous. Il a tout perdu pour nous sauver. Il nous maintient dans son amour, quoi que nous fassions, alors même que nous le tuons. Et il a gagné !

Du premier au dernier

Au bout du compte – pour ma part je le crois – l’humanité toute entière sera sauvée par grâce, simplement parce que Dieu ne se résigne pas à notre malheur. Même ceux qui se sont exclus eux-mêmes du bonheur d’aimer – ceux qui sont dans les pleurs et les grincements de dents – à la fin seront sauvés.

En effet, Jésus ne dit pas qu’ils sont définitivement perdus. Il déclare qu’ils seront « les derniers » : « Oui il y a des derniers qui seront les premiers et des premiers qui seront derniers. » Ils seront les derniers… mais ils finiront par suivre le reste de l’humanité ! Dommage simplement qu’ils aient tant tardé ! Dommage qu’ils se soient ainsi attardés dans le malheur, car le Royaume de Dieu leur était proposé dès le départ. Ils connaissaient l’amour, ils pouvaient en vivre et ils sont passés à côté !

Dieu est Bon, réellement bon. Il a fait le monde, notre monde, avec sagesse et par amour. Il nous a fait pour le bonheur dès maintenant et à chaque instant. Chaque fois que nous aimons, chaque fois que nous nous oublions parce que le bonheur de l’autre nous importe plus que le nôtre, chaque fois c’est déjà pour nous le Royaume. Dieu veut notre bonheur maintenant. Il nous aime heureux sans tarder. Il nous veut dès maintenant frères en humanité, nous réjouissant de la joie de l’autre plutôt que de la jalouser, compatissant à ses souffrances plutôt que de nous écarter de lui.

Mais la sagesse de Dieu est folie pour le monde. Les hommes ont préféré la concurrence au partage, l’indifférence à la tendresse. Son royaume n’est plus de ce monde et ceux qui prétendent le contraire en font les frais. Ils se font exploiter, anéantir ; ils sont persécutés ou expulsés ; ils ne sont pas efficaces, pas rentables et se font traiter de naïfs. Tout cela est vrai. Mais tout ce qu’on peut leur dire ou leur faire ne les fera pas démordre. Oui, ils seront traités de fous et ne chercheront pas à s’en défendre. Ils refusent toujours de se défendre, ce serait sortir de l’Amour ! Mais cette folie d’amour fait leur joie et leur bonheur et ils la préfèrent à la prétendue sagesse des hommes.

Ceux-là iront faibles mais heureux, vulnérables mais vivants, pauvres mais libres. Ils ne haussent pas le ton sur la place publique mais personne ne pourra arrêter leur Parole ou leur Silence… Personne ne pourra empêcher que par leur vie ils annoncent : « Le monde, notre monde de malheur et de guerre peut être autre dès maintenant. Pourquoi tarder, pourquoi s’attarder dans le malheur et la haine ? Pourquoi continuer à faire de ce monde un grand bazar de la charité ? »

Ceux-là dès maintenant sont citoyens du Royaume. Et si, comme à Jésus, un jour on leur demande : « N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? », sûrement ils répondront que pour leur part ils refusent de faire partie de ce « peu » là ! Car ils ne pourraient être heureux tant qu’un homme sur la terre demeure dans le malheur. Alors humblement, pauvrement, sans faire de bruit, en silence, à la suite de Jésus ils prendront la route de Jérusalem, la route où l’on meurt d’amour mais où la mort est vie donnée pour la multitude… Route de vie, de Joie et de bonheur sans fin et pour chacun, jusqu’au dernier des derniers !

Christine Fontaine


La Porte étroite

Qui sera sauvé ?

Plusieurs fois chaque année, nous sommes amenés à interrompre nos occupations quotidiennes. La mort a enlevé un de nos amis ou de nos voisins. Nous accompagnons la famille pour ses obsèques, conscients de la gravité de l’événement. Inévitablement le deuil, à plusieurs étapes de nos existences nous atteint de plus près : un être cher disparaît de notre horizon ; notre vie en est bouleversée. Dans ces circonstances, surgissent les questions les plus fondamentales : qu’en est-il de la vie ? Y a-t-il une survie ? Nous reverrons-nous ? Où nous reverrons-nous ? La réponse avait une certaine évidence voici quelques décennies : Enfer, Purgatoire, Paradis. A partir de l’enseignement de l’Eglise la foi du chrétien cherchait ses réponses, dans la crainte ou l’Espérance, à l’intérieur d’images plus ou moins mythologiques que le rationalisme de nos contemporains ne peut plus entendre. On connaît le retentissement qu’a eu, peu de temps avant sa mort, en mai 2013, la réflexion d’un catholique célèbre, Prix Nobel de médecine : « Quand je disparaîtrai, il ne restera plus rien de moi ». Sommes-nous promis au néant ? Pouvons-nous espérer être sauvés ? Qu’est-ce qu’être sauvé ? Qui sera sauvé ?

« Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : ‘Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ?’ ».

Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite

La réponse de Jésus peut paraître déconcertante. On risque de voir, dans le maître de maison auquel il fait allusion, l’image d’un Dieu impitoyable qui éloigne de lui ceux qui lui auront déplu. Quel manque d’intelligence que d’enfermer le Père de Jésus dans un rôle de despote inaccessible à la moindre pitié ! En réalité, le scenario construit par Jésus consiste à décrire une époque aussi éloignée du présent que le ciel peut l’être de la terre. Le temps dont il parle tout comme la maison à la porte de laquelle on frappe en vain, échappent à l’expérience. « Restez les pieds sur terre, là où vous avez prise sur le réel !» dit en substance Jésus. L’écart est effectivement incommensurable entre les événements qui se succèdent sur la route qui mène à Jérusalem et l’univers inaccessible à la raison dont on ne peut parler qu’en termes imaginaires.

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » On comprend la question ; on perçoit l’angoisse qui la motive ; avouons que nous la partageons. Mais remarquons que Jésus n’y répond pas. A l’immensité des siècles, il oppose l’étroitesse du temps de nos vies. « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». Qu’est-ce que le salut ? C’est la vie que nous construisons au fil des jours. Elle est le fruit de nos efforts ; elle est aussi un don à recevoir. Chaque jour, chaque instant qui passe ouvre sur un temps nouveau qu’il nous faut accueillir et « saluer » comme l’arrivée d’un ami qui présente un cadeau.

Le lieu du salut

On a longtemps reproché aux chrétiens d’enfermer l’humanité dans l’illusion que le bonheur était pour un autre univers. Certains en sont même venus à accuser les chrétiens. On leur reprochait une vilaine hypocrisie ; la consolation dans un monde futur justifiait à nos yeux, disait-on, la construction d’un univers produisant le monde des pauvres ; victimes de systèmes économiques injustes, ils auraient leur revanche plus tard. Rien n’est plus étranger au message de Jésus. Le « salut » est aujourd’hui, là où nous mangeons et buvons, sur les places où nous nous rencontrons, sur les routes où nous posons nos pas. De même, il se réalisait dans cette marche vers Jérusalem que nous rapporte Luc, dans les paroles échangées avec Jésus, dans les maisons où il mangeait et buvait, dans les synagogues où il enseignait. Et, dans l’étroitesse de nos vies, le salut passe pour nous lorsque quelqu’un nous arrache à la tristesse ou à la maladie ; il passe par nous lorsque nous arrachons à la soif ou à la faim les populations du Sahel ou lorsque nous trouvons, l’hiver, un logement au sans-abri à celui que le froid risque de tuer. Nous connaissons par cœur les paroles que Jésus nous a laissées pour indiquer le chemin du salut chrétien dans l’exigüité de nos existences mortelles.

Chacun des instants de nos vies est la porte étroite par où passe le salut de Dieu et il appartient à chacun de savoir l’accueillir. Il est pourtant un instant plus décisif que tous les autres où la porte se ferme. Est-ce la chute dans le néant ? « Quand je disparaîtrai, il ne restera plus rien de moi » : ces paroles d’un Prix Nobel chrétien restent troublantes. Peut-être convient-il de reconnaître que nous disparaissons entièrement : en cela au moins nous partageons la pauvreté de l’incroyant. Mais la vie est toujours, pour les croyants, un jaillissement hors du néant. « Ex nihilo » : disent les théologiens dans leur jargon. La création se produit, à en croire l’Ecriture et la Tradition « ex nihilo ». Cette espérance accompagne la foi du chrétien mais c’est l’affaire de Dieu et non la nôtre. Comment serons-nous sauvés ? « N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Refusons ces questions, si nous voulons être fidèles à Jésus. Accueillons le temps qui vient, la porte étroite par où il nous est donné de passer.

Michel Jondot


Il en faudrait si peu !


Pas même un seul !

Un jour Abraham, l'ami de Dieu, était devant la ville de Sodome,
une ville que Yahvé avait décidé de détruire tant sa ébauche et son injustice étaient grandes.
Et Abraham tente de négocier, il intercède en faveur de Sodome.
«Mon Seigneur, si je trouvais dix justes dans cette ville renoncerais-tu au châtiment?»
- « Si tu en trouves dix, j'y renonce » dit Dieu
- « Et s'il n'en reste que cinq ? »
- « Pour cinq, je sauve toute la ville...»
- « Mon Seigneur, et si dans cette ville, il restait seulement& un seul juste ? »
- « A cause de la présence d'un seul juste, je sauverai toute la ville » dit Dieu.
Mais Abraham n'en trouva& pas même un seul !
Et la ville fut détruite.

- «Seigneur, dit l'interlocuteur de Jésus, n'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés?»
- « Et s'il n'en restait pas même un seul comme à Sodome ?" dit Jésus.
Et s'il ne restait personne qui puisse entrer par la porte étroite ?
Et si j'étais contraint de tout anéantir parce que le coeur des hommes était perverti, égaré loin de Dieu ? »

- « Comment pourrait-il se faire, dit l'homme, alors que tu as tant de disciples
qui mangent et boivent en ta présence et qui écoutent ton enseignement ? »
- « A combien d'entre vous devrai-je dire : je ne sais pas d'où vous êtes ?
Eloignez-vous de moi vous tous qui faites le mal !
» répond Jésus.



Un petit reste

- « N'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? dit l'homme.
- « Ce petit peu, ce petit reste, dit Jésus m'est indispensable pour sauver l'ensemble de l'humanité.
Ne te fie pas aux apparences :
ce petit reste qui en appelle à Dieu en toute vérité et me permet d'intervenir en faveur de tous,
ce petit reste ne le cherche pas ailleurs que chez toi.
Ne compte pas sur les autres pour agir à ta place, eux font de même,
et c'est ainsi... qu'il n'en resta pas même un seul et que Sodome fut détruite !
Ce qui est sûr, c'est que le péché n'entrera pas dans le Royaume des Cieux.
Il ne passera pas la porte.
Ce qui est sûr, c'est qu'il ne suffit pas d'être croyant et de dire
"Seigneur, Seigneur ouvre-nous" pour être compté au nombre des élus.
La foi qui n'agit pas sera comptée pour rien.
La foi n'est rien sans la charité.
Dieu trouvera-t-il un petit reste, un petit peu d'amour pur,
exempt de compromission avec le péché ? Dieu trouvera-t-il un seul juste parmi les hommes ?
Dieu en regardant Sodome n'en a pas trouvé !

Ce qu'il faut à Dieu pour pouvoir sauver l'humanité
ce sont des hommes et des femmes qui désirent le salut de tous autant que le leur propre, plus si c'est possible.
Ce qui est nécessaire à Dieu ce sont des hommes et des femmes
qui ne se résignent pas à laisser un seul homme hors d'atteinte du salut que Dieu propose.
Ce qu'il faut à Dieu ce sont des homes qui épousent son propre désir de sauver toute l'humanité.

L'humanité entière

Y en aura-t-il quelques-uns parmi nous qui auront le souci de tous les autres sans exception, qui se donneront sans défaillance,
qui intercéderont auprès de Dieu pour que de l'Orient à l'Occident, du Nord au Midi, la foule immense des hommes prenne place au festin dans le Royaume de Dieu ?

Nous comptons facilement sur les autres pour agir à notre place.
Et de proche en proche, de défaillance en défaillance,
il risque, au bout du compte, de ne rester personne
qui puisse entrer par cette porte étroite.

Dieu nous demande de devenir petits pour être du nombre de ceux qui rentrent par la porte étroite.
Celui qui, reconnaissant son propre péché autant que celui de l'humanité en appellera - de tout son coeur - à la grâce de Dieu...
Ce tout petit qui ne s'appuiera pas sur ses mérites, sachant qu'il n'en a aucun, mais qui du fond de Sodome en appellera à la miséricorde de Dieu...
Ce tout petit est indispensable à Dieu pour sauver le monde.
Chacun de nous est appelé à devenir ce petit-là.

« Bien des premiers seront derniers » dit Jésus
et il ajoute : « Eloignez-vous de moi vous qui faites le mal ».
Ils font le mal ceux qui se prétendent disciples de Jésus Christ et refusent d'épouser son désir de sauver tous les hommes.
Ils font le mal ceux qui se soucient de leur salut sans désirer le bonheur de tous les autres.
Mais ces derniers peuvent devenir premiers si, du fond de leur indifférence, ils en appellent à Dieu pour leur donner du coeur à l'ouvrage !

Christine Fontaine