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33ème dimanche du temps ordinaire

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc
Mc 13, 24-32

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel.

Que la comparaison du figuier vous instruise : Dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l'été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l'homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant au jour et à l'heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. »

Nouvelle homélie : La fin des temps
Michel Jondot

Que paraisse ton jour !
Christine Fontaine

Le temps de la fin
Michel Jondot


La fin des temps

La fin est proche

On voit des jeunes gens ou des jeunes filles qui abandonnent leurs familles, se convertissent à l’islam et partent rejoindre les troupes De Daesh. On les retrouve en Syrie : c’est de là, aux dires du Prophète Mohammed, que doivent partir les ultimes combats qui précèdent la fin des temps. Aujourd’hui, sans attendre, il leur faut combattre le mal par les armes partout où il se trouve. La victoire est assurée. La victoire est proche. Lorsqu’elle se produira, surgira dans la gloire celui qu’on appelle le Mahdi. Les portes s’ouvriront alors et, après le Jugement dernier, les méchants seront envoyés au feu de l’Enfer tandis, que pour les autres, s’ouvrira un monde merveilleux où tous les désirs seront comblés. Ceux qui sont engagés dans ce djihad ne peuvent craindre la mort ; ils sont assurés que leur martyre les fera entrer, avant les autres, dans le bonheur définitif. On appelle « messianisme » ce mouvement qui entraîne tant d’hommes et de femmes à se tourner vers le Mahdi, quitte à répandre la terreur partout dans le monde et à plonger eux-mêmes dans la mort.

Le « christianisme » est la traduction de ce mot « messianisme ». « Christ » et « Messie » : les deux termes sont équivalents. Le premier est la version grecque de l’autre dont la racine est hébraïque. Le messie, aux yeux des Juifs du temps de Jésus, est le libérateur qu’on attend pour sauver le peuple. Une poignée d’hommes et de femmes ont affirmé l’avoir vu en suivant le charpentier de Nazareth. Ils ont témoigné qu’en lui la victoire était acquise : Jésus s’était montré à eux, vivant, après avoir vaincu, comme dit Paul, « le dernier ennemi, la mort ». Avant de les quitter, il avait prié ses amis d’attendre son retour ; la poignée des Juifs convertis à son message et vivant à Jérusalem, vivaient de cette promesse. Cette attente messianique avait atteint une intensité extrême lorsque, quelques dizaines d’années après son retour au Père, les armées romaines entraient dans Jérusalem et saccageaient le Temple. Ce monument manifestait et réalisait, en notre temps, l’Alliance de Dieu avec les hommes. Sa disparition plongeait les croyants dans « une grande détresse » ; elle ne pouvait être comprise que comme la fin du monde : pour les disciples de Jésus, la chute du Temple était le signe que leur Seigneur était aux portes.

Après la fin

Il leur a fallu méditer sur la déception qui s’en est suivie et le texte de ce dimanche en est la trace. Le Maître avait prévu cette catastrophe. De ce bâtiment dont les Juifs étaient fiers, il avait dit : « Il n’en restera pas pierre sur pierre. » Il avait parlé de ce drame en termes hyperboliques, dans le style apocalyptique qui n’était pas rare à son époque : « Après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées. » Cette catastrophe, à l’en croire, sera bien le signe de la proximité de son retour : « Lorsque vous verrez cela, sachez que le Fils de l’Homme est proche. » Mais l’événement ne se produira pas dans le temps des horloges et des calendriers : « Quant à ce jour et cette heure-là », ils échappent à tout calcul et toute prévision. « Nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils. »

Il faut recourir à une parabole que rapporte l’Evangile de Matthieu pour comprendre de quel temps et de quelle proximité il s’agit. Décrivant cette venue du Fils de l’Homme, Jésus projetait dans le temps des hommes l’écart qui nous sépare d’un temps autre, le temps de l’Autre. La proximité de son heure est la rencontre du prochain, de celui qui appelle et que nous tentons de rejoindre. Rencontrer le Messie c’est s’approcher d’autrui pour lui permettre de vivre : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger et vous m’avez accueilli ; nu et vous m’avez vêtu ; malade et vous m’avez visité ; prisonnier et vous êtes venus me voir. » En fin de compte, attendre son retour, c’est être soi-même messie pour autrui.

Le triomphe de la vie

Jésus emploie une jolie comparaison pour faire comprendre le messianisme des disciples de Jésus que nous voulons devenir. Ce Galiléen qui avait traversé les villages de sa province savait bien ce qu’il en était du regard des paysans. Dès que les figuiers se mettaient à fleurir, la saison des récoltes était proche. Dans ce pays où le soleil fait des merveilles, le passage des bourgeons aux fruits est impressionnant. Dès qu’ils apparaissent on se prépare à la cueillette et on se réjouit : la vie est la plus forte. La venue du Messie, dans la cohérence chrétienne, est le triomphe de la vie sur la mort.

Le désir d’un monde nouveau est au cœur de tout homme mais il peut être dévié. Les illusions d’une fraction de l’islam nous le rappellent : ne croyons pas que les musulmans sont violents par nature. Nos pays européens, de tradition chrétienne, en ont fait la triste expérience en suivant des dictateurs que les foules européennes prenaient pour des sauveurs. Toutes les communautés humaines peuvent sombrer dans la haine et engendrer la mort plutôt que d’accueillir la vie et de la faire grandir.

Michel Jondot


Que paraisse ton jour !

Le jour de Dieu

Il y aura d’abord une terrible détresse mais ce ne sera pas encore la fin. Il faudra encore passer par la nuit totale. Le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat et ce ne sera pas encore la fin. Il faudra encore subir l’ébranlement du ciel entier : les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’Homme sur les nuées avec grande puissance et grande gloire.

Jésus parle à ses disciples de sa venue et pour les instruire, il compare les événements redoutables qui l’accompagnent aux branches d’un figuier qui deviennent tendres à l’approche de l’été. Il y aura d’abord cette fragilité de la vie qui bourgeonne mais il faudra encore attendre que le bourgeon s’épanouisse en feuille sous la poussée de la vie. Il y aura le temps du printemps où la vie apparaît dans sa fragilité et sa force, dans sa tendresse nouvelle. Alors, nous saurons que commence la saison des fleurs et bientôt celle des fruits.

Jour et nuit

Quand ces événements arriveront-ils ? Nous ne le savons pas. Personne ne le sait, pas même le Fils mais seulement le Père. Le Fils ne sait pas lui-même quand il viendra mais il sait qu’il viendra, et il nous prépare à sa venue.

La détresse terrible, insinue Jésus, est aussi pour vous, mes disciples, le signe avant-coureur d’une joie immense comme un bourgeon au printemps. La nuit obscure est aussi pour vous, mes disciples, le temps où la vie pousse, se fortifie, où le bourgeon s’épanouit en feuille. Pour vous qui êtes greffés sur l’arbre de la croix, le temps de l’épreuve est le temps de l’espérance.

Que tout soit ébranlé, que les ténèbres s’abattent sur vous, que le ciel et la terre disparaissent, ne craignez pas, ne craignez plus ! Ces présages de malheur sont, en vérité, l’annonce de ma victoire définitive sur toutes les forces de mort qui vous retiennent dans la nuit.

Tout concourt au bien de celui qui est arrimé à l’arbre de Vie. Le malheur non moins que le bonheur tout contribue à fortifier la vie que Dieu donne à celui qui croit en lui.

L’attente du jour

Quand ces événements arriveront-ils ? Quand serons-nous capables de ne plus être effrayés par les détresses qui s’abattent sur nous ? Quand pourrons-nous considérer que le malheur aussi contribue à fortifier la vie ? Quand pourrons-nous vivre toute épreuve en gardant les yeux fixés sur le Christ ? Quand saurons-nous considérer la nuit comme l’attente d’un Jour d’une splendeur infinie ?

Nous ne savons ni le jour ni l’heure où notre regard deviendra suffisamment clairvoyant et pur pour voir dans l’épreuve le bourgeonnement de la vie. Mais nous savons que cette heure et ce jour viendront. Jésus-Christ nous en instruit. Il nous l’a promis.

Dans l’attente de ce jour où l’espérance des croyants ne sera plus ébranlée, où elle sera enfin comblée, que Dieu nous donne d’en appeler à Lui lorsque l’épreuve nous semble insurmontable et la nuit trop obscure. Dans l’attente de ce jour où nous n’aurons plus peur, que Dieu nous donne de ne pas craindre nos défaillances, nos désespérances. Dans l’attente de ce jour où nous serons inébranlables dans l’Amour, l’Espérance et la Foi que Dieu nous consolide de jour en jour.

Christine Fontaine

Le temps de la fin

L’angoisse de la fin

Tout a un terme, peut-être. Le cosmos s’achemine vers sa fin. Les écologistes ne cessent de nous mettre en garde : ils nous décrivent les détresses qui nous attendent avec la fonte des glaces polaires, ils prédisent les catastrophes dues à l’accumulation des déchets de toutes sortes, ils nous expliquent les menaces nucléaires et leurs conséquences. Certains propos politiques d’aujourd’hui ressemblent étrangement aux paroles de ce dernier discours de Jésus, juste avant d’entrer dans cette dernière semaine où, à en croire Marc, le vendredi, « l’obscurité se fit sur toute la terre, en plein milieu du jour ».

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat et les puissances célestes seront ébranlées ».

En réalité, des générations entières ont vécu dans l’angoisse de cette fin du monde. On raconte que beaucoup de chrétiens américains émigrent en Israël parce que c’est là, prétendent certains, que se produira cette Apocalypse dont beaucoup, soi-disant, décèlent les signes avant-coureurs. C’est là que seront rassemblés « les élus des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel », si l’on en croit les paroles de l’Evangile de ce jour. On se précipite : il s’agit d’être les premiers au rendez-vous.

« Mes paroles ne passeront pas »

C’est mal comprendre la cohérence de l’Evangile. Que s’effondre l’univers, fondamentalement rien ne changera. Depuis la première page de la Bible, la splendeur du soleil et l’éclat de la Bible sont inséparables du fait que Dieu parle : « Dieu dit et cela fut ». Les psaumes font entendre que les cieux que l’on regarde sont un poème où l’on reconnaît le style de Dieu : « Les cieux racontent la gloire de Dieu » (Psaume 19,2). Les premières lignes de l’Evangile de Jean nous apprennent à déchiffrer le monde. Rien ne commence et rien ne se poursuit sans la Parole de Dieu qui prend chair en Jésus : « nous avons vu sa gloire » précise l’apôtre. Jean, en effet, est le seul à avoir vu sa gloire ; aux côtés de Marie, il était seul au pied de la croix à l’heure de sa passion. C’était l’heure de sa gloire : il s’effaçait avant de ressusciter parmi les croyants pour demeurer avec eux.

« Que la comparaison du figuier vous instruise » Effectivement, dans un pays comme la Palestine, il n’y a pratiquement pas d’écart entre l’apparition des feuilles sur l’arbre et le moment où l’on cueille les fruits. La chaleur du printemps hâte la maturation beaucoup plus rapidement que dans nos pays européens. De même, entre l’instant où Jésus parle et celui où l’univers prend forme ou disparaît, l’écart est négligeable. Rien ne se fait sans lui, sa parole ne peut disparaître. « Le ciel et la terre peuvent bien passer, sa parole ne disparaîtra pas » et, nous le croyons sur le témoignage de ceux qui ont écrit l’Evangile, là où surgit sa parole, là surgit la vie.

« Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte ». Les exégètes s’efforcent d’interpréter quel est le « cela » signifié dans la phrase que nous rapporte Marc. La génération à laquelle Jésus a parlé est passée et c’est la nôtre, aujourd’hui, qui reçoit le message. Il reste brûlant d’actualité. Ouvrons les yeux le plus lucidement du monde ; regardons ce qui arrive et quel que soit l’événement dont nous sommes témoins, croyons-le bien, Le Fils de l’Homme est à notre porte. Le ciel et la terre peuvent bien s’effondrer, sa présence ne peut s’effacer : « Mes paroles ne passeront pas ».

Que faire aujourd’hui ?

Elles viennent jusqu’à nous ces paroles. Que devons-nous en faire aujourd’hui ?

D’abord, elles doivent nous aider à dépasser la mythologie contemporaine. On s’empare des propos scientifiques pour alarmer le monde. J’entends dire, au moment où j’écris cette homélie que l’univers n’existera plus à Noël 2012 ! L’Evangile nous protège de ces prophéties alarmistes. Même si l’on prenait le texte de Marc au pied de la lettre, nous savons que la connaissance de la fin du monde, au sens où on l’entend communément, échappe même à Jésus. Mais il est vrai aussi que, quel que soit le visage de l’avenir, nous le vivrons avec le message de l’Evangile qui étymologiquement signifie Bonne Nouvelle. Au milieu des angoisses d’aujourd’hui soyons témoins de l’espérance.

Ces paroles nous rappellent aussi que chaque temps qui nous est donné à vivre est figure de la fin : « Le Fils de l’homme est proche, à vos portes ». Sa présence se manifeste aux croyants dans les échanges qu’ils entretiennent fraternellement les uns avec les autres. Il est sûr que le sort de la planète inquiète nos contemporains. Une nouvelle morale se met en place où le respect de l’environnement devrait s’imposer à chacun. Il est trop évident que le chrétien, dans la mesure où il ne peut séparer sa connaissance de l’univers et le travail de la parole qui vient de Dieu et où Dieu se révèle, ne peut se mettre à l’écart des propos que tiennent moralistes ou savants. Il se doit d’écouter, de répondre, s’il en a les compétences, et de partager le souci de « cette génération » comme disait Jésus en parlant de ses contemporains.

Michel Jondot