Genèse 1, 27-28
Dieu créa l’homme à son image ; mâle et femelle il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la ».
L’union de l’homme et de la femme est faite pour être féconde et remplir la terre. À partir de là, la réflexion chrétienne développera l’idée que cette fécondité, chez les chrétiens, doit offrir à ‘Église toujours plus de nouveaux fidèles. Ce texte et le suivant ont été souvent utilisés par ceux qui tiennent que, avant même qu’il y eût un sacrement, c’est Dieu lui-même qui a institué le mariage naturel et lui a donné des règles, qui à leurs yeux ne s’imposeraient pas aux seuls chrétiens.
Genèse 2, 22-24
Le Seigneur Dieu transforma la côte qu’il avait prise à l’homme en une femme qu’il lui amena. L’homme s’écria : « Voici cette fois l’os de mes os et la chair de ma chair ». (…) Aussi l’homme laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair.
Ce texte est important pour fonder la conception du mariage comme communauté plénière de vie entre deux personnes.
Matthieu 5, 31-32
Il a été dit : Si quelqu’un répudie sa femme, qu’il lui remette un certificat de répudiation. Et moi je vous dis : quiconque répudie sa femme – sauf en cas d’impudicité (porneia en grec) – la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une répudiée, il est adultère.
La signification exacte à donner au mot porneia, a fait l’objet d’immenses débats. La tradition catholique a en général entendu de manière restrictive cette exception pour porneia, en l’interprétant comme désignant les unions illégales, qui entraînent la nullité du mariage. La tradition orthodoxe fonde là-dessus son acceptation d’un remariage pour la partie innocente après un adultère.
Matthieu 19, 3-9
Des pharisiens lui dirent pour lui tendre un piège : « Est-il permis de répudier sa femme pour n’importe quel motif ? » Il répondit : « N’avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, les fit mâle et femelle et qu’il a dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair (…) à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais au commencement il n’en était pas ainsi. Je vous le dis : Si quelqu’un répudie sa femme – sauf en cas d’impudicité – et en épouse une autre, il est adultère.
Matthieu 19, 12
Il y a des eunuques qui sont nés ainsi du sein maternel ; il y a des eunuques qui ont été rendus tels par les hommes ; et il y en a qui se sont eux-mêmes rendus eunuques à cause du Royaume des cieux. Comprenne qui peut comprendre.
Jean 2, 1-12
L’épisode des noces de Cana, du point de vue qui nous occupe, intervient non dans ses détails, mais en ceci que la présence du Christ atteste que les noces sont en soi une bonne chose, contre certaines hérésies qui proscrivent mariage et procréation.
1 Corinthiens 7, 5-11
Ne vous refusez pas l’un à l‘autre, sauf d’un commun accord et temporairement, afin de vous consacrer à la prière ; puis retournez ensemble, de peur que votre incapacité à vous maîtriser ne donne à Satan l’occasion de vous tenter. (…) Je voudrais bien que tous les hommes soient comme moi (= célibataires) mais chacun reçoit de Dieu un don particulier, l’un celui-ci, l’autre celui-là. Je dis donc aux célibataires et aux veuves qu’il est bon de rester ainsi, comme moi. Mais s’ils ne peuvent vivre dans la continence, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que brûler. À ceux qui sont mariés j’ordonne, non pas moi mais le Seigneur : que la femme ne se sépare pas de son mari – si elle en est séparée, qu’elle ne se remarie pas ou qu’elle se réconcilie avec son mari – et que le mari ne répudie pas sa femme.
1 Corinthiens 7, 12-16
Aux autres, je dis — c’est moi qui parle et non le Seigneur — : si un frère a une femme non-croyante et qu’elle consente à vivre avec lui, qu’il ne la répudie pas. Et si une femme a un mari non-croyant et qu’il consente à vivre avec elle qu’elle ne le répudie pas. Car le mari non-croyant est sanctifié par sa femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par son mari. S’il en était autrement vos enfants seraient impurs alors qu’ils sont saints. Si le non-croyant veut se séparer qu’il le fasse ! Le frère ou la sœur ne sont pas liés dans ce cas. C’est pour vivre en paix que Dieu vous a appelés. En effet, sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ?
Ce texte fonde ce qu’on a appelé le « privilège paulin », intégré au droit canonique catholique (canon 1143), qui permet que soit dissous un mariage naturel qui était valide entre deux non chrétiens, si après la conversion au christianisme de l’un des deux le conjoint resté païen ne veut plus accepter la vie commune ; le conjoint chrétien ainsi répudié peut alors contracter mariage avec un chrétien.
Éphésiens 5, 22-32
Femmes soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur. Car le mari est le chef de la femme, tout comme le Christ est le chef de l’Église, lui le Sauveur de son corps. (…) Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré pour elle ; (…) il a voulu se la présenter à lui-même splendide, sans tache ni ride, sans aucun défaut ; il a voulu son Église sainte et irréprochable. C’est ainsi que le mari doit aimer sa femme, comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais personne n’a pris sa propre chair en aversion ; au contraire on la nourrit, on l’entoure d’attention comme le Christ fait pour son Église ; ne sommes-nous mas les membres de son corps ? C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne seront qu’une seule chair. Ce mystère est grand, je déclare qu’il concerne le Christ et l’Église.
La dernière phrase de ce texte appelle un commentaire : dès les premières traductions latines, le mot grec mustèrion a été rendu par sacramentum, mais il serait abusif d’utiliser alors en français « sacrement ». La notion théologique précise de sacrement ne sera dégagée qu’au moyen âge, il s’agit ici du mystère d’une réalité profonde voulue et révélée par Dieu. Traduire Ep 5,32 par « ce sacrement est grand » est un contresens, et le mystère qui associe le mariage de deux chrétiens à l’union Christ-Église est bien plus riche qu’une simple affectation à la catégorie de sacrement.
À côté des Écritures chrétiennes
On ne peut négliger le fait que dans l’Empire des premiers siècles les écoles philosophiques antiques continuent à prospérer, et que se diffusent jusque dans le grand public des états d’esprit qui en dérivent : un certain platonisme cherche à affranchir l’âme de la sujétion du corps, le stoïcisme promeut une maîtrise du comportement qui se méfie de la perte de contrôle de soi qui se manifeste dans l’exercice de la sexualité, y compris dans le mariage.