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Didier Levy, le 13/05/2025

Bonjour,
Je viens de partager, très largement, l'article de Gildas Labey.

Un article qui, à mon sens, appelle le plus grand intérêt (...). Outre que ce texte possède tout ce qui mérite de le tenir pour remarquable sur l'ensemble des considérants qu'il analyse et développe, je confesse qu'il a représenté une exemplaire validation de l'une de mes convictions personnelles les plus fortes, acquise et ancrée de longue date.

Mais pour qui ne partage pas et ne saurait partager cette conviction, il porte une interpellation intellectuelle, historique et bien sûr spirituelle qui, de par sa densité et à partir de la réfutation de ''la prétention romaine à la possession de l’unique vérité'', me parait imposer de s'y confronter. En clair, cette interpellation peut ainsi se poser, i.e. par cette citation : « Si l’on veut réduire la domination cléricale et toutes ses conséquences, jusque dans la violence des abus, alors c’est la distinction asymétrique clerc/laïc qu’il faut abolir. »

Je me permets d'ajouter, ci-dessous, le texte de la présentation que j'en ai faite dans mon partage avec mes lecteurs habituels sur FB. En vous remerciant de votre attention (et en comptant sur votre indulgence à mon égard ...).

Fraternellement. Didier Levy

LE CONFLIT ENTRE LA PUISSANCE PROPHETIQUE ET LE POUVOIR INSTITUÉ.
Un article de Gildas Labey publié par Dieu Maintenant

Ne manquez surtout pas cette lecture d’un texte en tous points remarquable. Et vraiment capital en ce qu’il confronte et éclaire les termes de ce conflit : « … l’esprit prophétique comporte un refus de camper sur des rituels, des comportements, des traditions établies toujours en passe d’étouffer l’inspiration, l’engagement exemplaire au cœur des réalités humaines multiples et changeantes, et le désir de les vivifier, de les comprendre et de les accompagner au plus proche d’elles-mêmes »
VERSUS :
« Mais dès lors que les responsables ecclésiaux tiennent volontiers le langage de l’éternité, confondant (sciemment !) l’Eglise du Christ avec son organisation temporelle, ils entretiennent la croyance que la durée à l’identique, la stabilité du même symbolisent et concrétisent une éternelle volonté divine ».

Quel bonheur de se surprendre à lire une réflexion aussi forte, aussi solidement et clairement étayée, et qui est celle dont on avait presque cessé d’espérer qu’elle s’offre un jour à vos yeux et à votre esprit ! Oui, un bonheur intellectuel doublé d’une joie spirituelle, et que je ressens personnellement avec une profondeur toute particulière car l’analyse de Gildas Labey argumente et – oh combien ! - valide une conviction qui avait cheminé dès mon adolescence et qui, depuis au moins deux décennies, s’était établie en moi comme l’une de ces certitudes majeures en lesquelles s’ancre une pensée pour s’approfondir et se diriger. Lui manquait l’adhésion à l’argumentaire qu’elle vient de rencontrer et qui la fait passer de la prise de conscience personnelle, qui par nature renvoie à son auteur, à l’idée qu’elle est fondée à se revendiquer comme un engagement de l’intellection collective.

Tout mérite assurément d’être pesé dans l’article de Gildas Labey. Et en particulier l’éclairage historique qui, contre la hiérarchie romaine, ‘’ sa violence normative institutionnelle et son déni de l’égalité’’, convoque tant les Cathares, ‘’militants de la pauvreté divine’’, que ‘’l’intuition fondatrice de François d’Assise’’. De même pour les considérants contemporains : qu’il s’agisse de l’étouffement en Amérique latine de la théologie de la libération et de l’œuvre de don Helder Camara, ou de la pratique et au discours des ’’nouveaux prêtres ensoutanés’’ qui mettent à profit les moyens de communication pour ‘’ conserver une mainmise cléricale sur ce qui tombe sous leur juridiction, dans un esprit de tradition figé’’.

L’avant-dernier paragraphe du texte de Gildas Labey ne saurait être cité qu’en son entier (ou quasiment). On pourra mesurer que tout y est dit pour qui entend ‘’… qu’il y a une sagesse prophétique vivifiante, audacieuse, capable d’entendre la voix d’un Dieu inattendu’’ :

« En effet, si l’on veut réduire la domination cléricale et toutes ses conséquences, jusque dans la violence des abus, alors c’est la distinction asymétrique clerc/laïc qu’il faut abolir, en revenant à l’unique et égale condition baptismale partagée par tous les croyants. A partir de là, et en se ressourçant au modèle de ce que l’on dit être celui des premières communautés chrétiennes, alors, ressaisissant les fonctions nécessaires à la vie de la communauté : prier et célébrer, enseigner, œuvrer caritativement, gérer l’intendance, que l’on forme des hommes et des femmes à l’exercice de ces fonctions ; qu’elles soient exercées à tour de rôle, à chaque fois pour un temps donné, dans une institution collectivement pilotée par des membres choisis par et dans les assemblées. Et si l’on peut redéfinir le rôle d’une instance centrale (romaine ou autre), qu’elle soit de coordination, de communication, d’accompagnement, de mise en lien des communautés les unes avec les autres ».

Espérons avec Gildas Labey ‘’que le recours à la tradition, ce qui est livré d’une génération à l’autre, soit comme une ressource pour l’aujourd’hui et non comme un bastion fermé sur l’hier’’. Et surtout que vienne le temps ‘’de refonder par les sources, de contester ce qui a été institué naguère pour assurer l’autorité surplombante des clercs et la subordination des laïcs’’. En partageant l’image qu’il propose pour faire comprendre que cette attente demeurera vaine ‘’tant que le sol, les fonds n’auront pas été salutairement retournés, aérés, comme on retourne et laboure un champ pour lui redonner le pouvoir de fructifier, de produire de nouveau et du nouveau’’.

Qu’on permette à celui qui n’est qu’un commentateur de l’article si pénétrant de Gildas Labey de s’essayer à la refondation par les sources. En exposant sa première contestation, ancrée et argumentée de longue date par l’exercice d’un libre examen qui s’espère un tant soit peu éclairée par l’Esprit. Choisie parce qu’elle renvoie à l’interpellation contemporaine qui ouvre sur toutes les autres adressées au pouvoir catholique : l’exclusion perpétrée à l’encontre du féminin que le conclave qui vient de s’achever a mondialement affichée et qui, au-delà de l’arriération insoutenable et des préconçus névrotiques en lesquelles elle est enracinée, prenait sous la Lumière les traits d’une provocation. Et la source de cette contestation, baignant dans le calme et l’aération des plus sûrs parcours de l’intelligence, réside tout simplement dans le dialogue fondateur de la résurrection : celui qui fait de Marie de Magdala l’Apôtre des apôtres. La seule témoin de la résurrection du corps – on n’est pas dans le récit allégorique d’un ressuscité traversant les murs ou les portes, ou ascensionnant le ciel -, cette femme à qui l’homme sorti du tombeau des morts demande avec douceur de Cesser de le toucher parce cette résurrection les (re)place sous les prescriptions de la Loi. Jamais il ne sera mieux affirmé que cette Loi n’était pas abolie mais accomplie.