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Alice Damay-Gouin, le 05/06/2013
Lettre au pape François
François, mon frère « n'oublie pas les pauvres ! » t'a suggéré l'un de tes amis cardinaux.
Merci, François, mon frère, pour le souffle d'espoir reçu en ce jour de ta présentation au peuple. Merci de respirer la joie de vivre, merci pour ton humour et ta simplicité.
François, mon frère, « n'oublie pas les pauvres. » N'oublie pas les sans-voix qui ne peuvent communiquer avec toi. Aucune courroie de transmission NE REMONTE à toi. Tu t'es entouré de 8 cardinaux. La belle affaire ! Ils ne peuvent pas plus entendre notre message. Il y a une coupure et rien ne remonte par le filtre qui ne laisse passer que du haut vers le bas. Qu'avons-nous besoin de penser, aussi ? ...François, tu parles et tous tes textes nous sont transmis comme s'il s'agissait de paroles d'Évangile. Comment puis-je te dire que je n'aime pas ta façon de dire certaines choses ?
Je n'aime pas ta vision de l’Évangélisation : « dire la messe en public, dire ou proclamer la bonne Nouvelle. » Je ressens cela comme « aller vers l'autre en étant sûr (e) de sa Vérité, RICHE de cette vérité...» je préfère : « Évangéliser, aller vers l'autre, l'écouter, découvrir ses richesses, prendre le temps de s'apprivoiser, partager, approfondir ensemble, chercher ensemble, aimer et surtout savoir demander un service à l'autre, dans l'esprit de Jésus disant « donne-moi à boire ».
Je n'aime pas lorsque tu parles de la vie avant la naissance. Je n'aime pas cette insistance qui tend à faire croire que l’Église ne s'intéresse qu'à ça. Tu affirmes : « Dieu donne la vie ». Affirmation gratuite, personne ne peut justifier. Quant à la vie avant la naissance, mon Église, me semble-t-il, a une pensée évolutive dans le temps.
Je n'aime pas, surtout, lorsque tu mets le chrétien dans un monde à part. « Le chrétien est choisi pour de grandes choses. » Comment te dire que pour moi, cette phrase est insupportable ? Nous sommes tous et toutes, croyant(e)s ou non, choisi(e)s pour de grandes choses. Je crois surtout que, tous et toutes, nous vivons, aimons au cœur de l'humanité toute entière.
François, mon frère, « n'oublie pas les pauvres ! » Hans Küng t'invite à restaurer notre Église, à l'image de François d'Assise. Je voudrais-te dire que c'est l’Évangile qu'il faudrait restaurer avant tout. L’Église l'a tellement encombré de hiérarchie, de sexisme, de décorum, tiare, crosses, mitres, costumes brodés, de trésors, de cérémonies, de symboles, d'interprétations..., de lois, d'interdits, d'exclusions, d'excommunications, de rejet...Jésus ne piquerait-il pas une colère et ne chasserait-Il pas les vendeurs du temple ????????
Jésus nous a donné un message d'Amour et des hommes en ont fait une religion ( « et même de la haine », m'a ajouté un copain)
François, mon frère, « n'oublie pas les pauvres ! »
François, redécouvrir l’Évangile et ne supporter aucune injustice, même et surtout au sein de notre Église. Aucun argument théologique ne peut justifier une discrimination.
François, mon frère, « n'oublie pas les pauvres. » Surtout les parias en notre Église, ceux dont on ne parle pas, les évêques envoyés à Partenia ou en retraite anticipée, les prêtres qui aiment une personne, les enfants de ces prêtres...
François, mon frère,
emmène-nous au cœur du monde, de notre humanité toute entière et vivons, tous et toutes ensemble, dans l'Esprit des Béatitudes, dans l'Accueil de l'Autre, dans la rencontre de l'Autre, dans l'Amour, Amour qui sera fécond, qui nous fera accomplir des petits miracles chaque jour.
Dans la Joie, l'Espérance, la Paix, fruits de l'Amour... Dans l'Amour du Christ...
