Le 19 mars 2013, "François" est intronisé officiellement à Rome.
Nous sommes heureux de l’élection de ce nouveau pape qui veut mettre la pauvreté et les pauvres au cœur de l’Eglise. Nous aimons la simplicité de paroles et de comportement
qu’il a manifestée lors de ses premières apparitions. Mais nous apprécions aussi l’humour du nouveau pape qui décide de se placer sous le patronage de François d’Assise.
En effet, comment se comporte François dans l’Eglise, au carrefour des XIIème et XIIIème siècles ? (1)
Il prend au pied de la lettre la parole de l’Evangile : « Va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres ». Il distribue tous ses biens pour vivre dans
la liberté de celui qui ne possède rien : sa seule assurance est que Dieu pourvoit à celui qui lui « abandonne tout ». Bientôt rejoint par une douzaine de compagnons,
ils vont à Rome pour que le pape reconnaisse leur « manière de vivre ». Ils ne veulent d’autres lois que celles de l’Evangile et sont… fort mal reçus : le pape
les renvoie sans ménagements. François découvre la richesse, le goût du pouvoir
et le faste du Latran. Il fait un premier sermon aux oiseaux. Mais la peinture de Giotto édulcore ce qui s’est passé. François s’adresse, non à de paisibles volatiles, mais aux oiseaux de
l’Apocalypse : il leur demander d’aller s’attaquer – bec et ongle - à la richesse et à la puissance qui se manifestent à Rome.
Profondément enraciné dans l’Eglise, François n’en demeura pas moins toujours critique vis-à-vis des richesses et du pouvoir, ceux du monde comme ceux de la hiérarchie. Il refusa toujours d’être prêtre.
Lorsque le nombre des frères augmenta considérablement, il lui fallut
envisager de mettre par écrit « une manière de vivre franciscaine ». Le pape lui demanda alors de rédiger une règle.
François écrivit un premier texte composé presque en totalité de passages
d‘Evangile. Il fut refusé. Il lui fallut alors se résigner à faire ce qu’il ne voulait pas : écrire une règle qui transformait la
fraternité en ordre religieux. Mais il ne céda pas pour autant : voyant ses derniers jours arrivés, il écrivit un Testament qui remettait en cause nombre de points de la règle.
A sa mort, en 1226, certains des frères voulurent suivre son Testament. D’autres – en grande partie des clercs appuyés par le pape – firent pression pour
que seule la règle officielle fasse loi. Des biographies divergentes furent écrites par les tenants de l’un
et l’autre courant. Saint Bonaventure, élu Ministre général de l’Ordre des Frères Mineurs en 1257, écrivit lui-même une vie officielle de François. Il fut alors ordonné que
toutes les autres biographies soient brûlées. Bien peu ont réchappé à ce qui fut le premier autodafé de l’histoire de l’Eglise.
Nous nous réjouissons que le Pape François accorde, à la suite du saint d’Assise, une importance centrale à la pauvreté et aux pauvres. Nous apprécions qu'il se soit présenté sous le titre
"d’évêque de Rome" et non de "Souverain Pontife". Nous espérons aussi que le choix de son nom s'accompagnera de décisions relativisant les places de l’institution, des règles et des commandements dans l’Eglise.
En priant pour lui, nous demandons à Dieu de lui donner l'humour et le courage nécessaires pour accomplir cette oeuvre.
L'équipe animatrice du site
"Dieu Maintenant"
1-
Nous suivons, dans cet article, l’étude sur François d’Assise par Jacques Le Goff, historien spécialiste du Moyen-âge et auteur d’une vie de François.
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