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Un parcours d’Église (1936-2020)
Jean Verrier

En mai 1954, quelques mois avant le déclenchement de la guerre d'Algérie, Jean organise avec plusieurs jeunes chrétiens de son âge une rencontre sur les conditions de vie des Nord-africains en France et sur la situation en Algérie : « C’est dans ces années que brusquement, un soir précis, en montant les escaliers de la gare d’Asnières, j’ai comme la révélation que les pauvres sont au centre de ma vie chrétienne. Une révélation comme celle que reçut Claudel derrière un pilier de Notre-Dame de Paris ! »

Né lui-même dans une famille pauvre, poussé par des maîtres de « la laïque », il gravira tous les échelons de l’enseignement jusqu’au poste de professeur à l’université de Vincennes (devenue Saint-Denis – Paris-VIII). Des relations de profonde amité le lieront pendant 50 ans à Tzvetan Todorov, jusqu'à sa mort en 2017. Il sera également un ami proche de Michel de Certeau. Il partage avec eux le refus de toute pensée unique, de tout totalitarisme.

A notre demande, Jean raconte ici son parcours d’Église. Un parcours fait de multiples rencontres d’un bout du monde à l’autre et d’une fidélité aux relations que Marie, son épouse, et lui ont ainsi eu l'occasion de créer. On y découvre que la foi de Jean trouve dans l’écoute des autres sa propre nourriture, qu’ils soient ou non croyants. A propos du Concile Vatican II, il écrit : « C’est certes un événement important dans ma vie de chrétien. (…) Et pourtant je n’en garde pas le souvenir d’un chamboulement, d’une rupture de digue comme le sera pour moi, un peu plus tard mai 68. Ce fut plutôt comme la reconnaissance d’un « déjà là ». Et petit à petit la vague est retombée, tout est rentré dans l’ordre, un ordre légèrement déplacé, comme dans l’histoire de l’enseignement quand de nouvelles pratiques deviennent des règles avec aussi peu de souplesse et d’invention que les précédentes. »

Merci, Jean, d’avoir accepté – malgré ton intense discrétion – de livrer à
Dieu maintenant ce témoignage d’une vie de foi dont nous sommes partie prenante et dont nous désirons être les héritiers !

(1) Commentaires et débats

Né dans une famille chrétienne

Je suis né à Asnières sur Seine le 29 décembre 1936, et j’y demeure toujours. Mon père est enfant d’une mère célibataire. Ma mère est orpheline, élevée dans une institution religieuse. Tous deux sont mariés à 22 et 20 ans, en 1920. Ma sœur aînée a épousé en 1942 un « gardien de la paix » et ils ont eu deux enfants. Une autre sœur est morte à 7 ans en 32, je ne l’ai pas connue.

Je suis né dans une famille pauvre, mon père a été placé dans une imprimerie à Clichy dès l’âge de 13 ans, il a fini sa carrière manœuvre dans la même imprimerie. Il été envoyé au STO de 1942 à 45. Durant ces années mon beau-frère a assuré l’autorité paternelle. Ma mère faisait des fleurs artificielles à domicile pour l’institution où elle avait été élevée, « Les Violettes », à Courbevoie. Tous deux sont de fervents chrétiens.

Je suis un bon élève, bon au caté aussi, enfant de chœur, première communion, patronage Saint-Louis de Gonzague, colonie de vacances paroissiale, Cœurs vaillants. Nous nous bagarrons contre les scouts et les jeunes lycéens quand nous nous retrouvons dans des locaux différents sur le même terrain, au 6 rue de la Concorde (!). C’est un jeu, comme dans La Guerre des boutons. Il y a deux églises à Asnières dans les années 40 : Notre-Dame du Perpétuel Secours, l’église est en béton, néo-romane, inachevée, vers les quartiers nord, et, plus au sud, dans le quartier résidentiel, il y a Sainte-Geneviève, ancienne église du château qui date du 18ème siècle. Mes parents et moi nous fréquentons ND du Perpétuel Secours, « le Perpét ». Bernard Fradin, vicaire à Asnières, m’invite après une colo pour des vacances dans la famille de ses parents. Son jumeau, prêtre comme lui, est prof au petit séminaire d’Issy. Milieu bourgeois, 16ème arrondissement. Mes parents y sont invités à déjeuner. Je pense qu’il rêve que j’entre au séminaire, mais il ne m’en parle pas, ou je ne m’en souviens pas.

Au Cours complémentaire d’Asnières, en 1950-51, je prépare l’entrée à l’École normale d’instituteurs de Paris grâce à Jean Maîtron, qui commence à rédiger son Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier. C’est un militant de 40 ans, généreux, foncièrement anticlérical, auteur d’une Histoire de l’anarchie, il est heureux d’aider un fils de prolétaire à prendre l’ascenseur social. Il jouera pour moi le rôle de Monsieur Germain, l’instituteur d’Albert Camus.

Chrétien dans l’enseignement public

L’École Normale d’Instituteurs (ENI) est alors une sorte de séminaire laïc. J’y entre en classe de seconde, en octobre 1951, et j’y resterai de 14 à 17 ans. Je fais partie d’une « Équipe enseignante » (action catholique de l’enseignement public) animée par un prêtre rattaché à la Mission de France, André Cherrier, qui nous fait connaître les foyers chrétiens de l’Action Catholique Ouvrière de St-Denis où il demeure et où nous célébrons des messes toutes nouvelles pour moi, dans son petit studio au fond d’une cour, 18 rue Brise Échalas. Un peu plus tard, il rejoint l’équipe de St-Jean des Grésillons à Gennevilliers, avec René Lehoday, Gilles Rufniac, Jean Rabier. Il y a aussi l’Algérien Saâd Abssi que je retrouverai 40 ans plus tard à l’Association « Villes Univers », mais je ne me souviens pas l’y avoir alors rencontré. À la paroisse St-Jean des Grésillons je fais la connaissance d’autres militants algériens : Lachmi du MNA et Malek Benmebkout du FLN. Pendant ce temps, à « l’équipe », nous lisons la Bible et j’y fais des découvertes toujours en liaison avec l’actualité.

1954 : le marxisme, les Prêtres-ouvriers, l’Algérie, le bac…

Le prof de philo de l’ENI est Guy Besse, membre du bureau central du Parti Communiste Français. Stalinien, il tire à boulets rouges sur l’Église. Une demi-douzaine d’entre nous, sur la vingtaine d’élèves de la classe, des chrétiens, lui répliquent régulièrement, un aîné (19 ans) mène le groupe : Jacques Piraud. Nous découvrons le marxisme. Pour nous, l’Église est celle des Prêtres Ouvriers (P.O.). Pour Besse, nous sommes des marginaux, non représentatifs. Besse triomphe en mars 54 quand les P.O. sont condamnés par Rome.

Novembre 1954 allait marquer aussi le déclenchement de la guerre d’indépendance de l’Algérie. En mai 54 nous avions organisé une réunion d’information à l’aumônerie, ouverte à tous les Normaliens de l’École, sur la vie des Nord-africains d’Asnières et Gennevilliers et sur la situation en Algérie. Nous en avions informé François Mauriac par une lettre signée de 47 noms. Mauriac la cite dans son Bloc-Notes de L’Express à la date du dimanche 30 mai, la commente, et conclut par ces mots : « Ce sont eux, ces quarante-sept petits élèves-maîtres qui portent dans leurs faibles mains ce feu que le Fils de l’homme est venu jeter sur la terre. »

Et en juin, juste avant le bac, nous organisons une rencontre entre Besse et le père Duna, un dominicain rencontré aux réunions du Couvent St-Jacques animées par le père Liégé. J’ai alors le sentiment que nous faisons connaître à notre prof de philo le vrai visage de l’Église. J’ai 17 ans.

C’est dans ces années que brusquement, un soir précis, en montant les escaliers de la gare d’Asnières, j’ai comme la révélation que les pauvres sont au centre de ma vie chrétienne. Une révélation comme celle que reçut Claudel derrière un pilier de Notre-Dame de Paris !

Dans ces mêmes années je m’abonne à La Quinzaine, bimensuel de militants chrétiens engagés à gauche, édité par « Temps présent » et animé par Jacques Chatagner. Je participe aux réunions du 68 rue de Babylone. J’y rencontre Élia Perroy, Robert Barrat, Claude Tresmontant qui fait connaître la pensée de Teilhard de Chardin, et pour la première fois Michel de Certeau. J’ai le souvenir d’une réunion très mouvementée sur l’Algérie au Centre Catholique des Intellectuels Français (CCIF) organisée par La Quinzaine, avec Malek, et de la bagarre avec un groupe d’Action française venu perturber la réunion.

Nombreuses escarmouches avec l’épiscopat : condamnation de La Quinzaine en 1955, remplacement par Le Bulletin, nouvelle condamnation, remplacement par La Lettre. Je suis resté ensuite pendant quelques années abonné à Parvis qui a pris la relève. Puis j’ai alterné jusqu’à maintenant entre un abonnement à Témoignage Chrétien et un autre à La Vie. Bien que l’Église ne se résume pas à la hiérarchie, elle reste pour moi cette autorité contre laquelle il faut toujours batailler. Mais je n’ai jamais été tenté de partir sur la pointe des pieds comme « le Troisième homme » (François Roustang). « À qui irions-nous ? »

1954 : … le bac, et le début d’une vie de couple

De 1953 à 1955, avec Marie, j’avais joué dans une troupe de théâtre amateur de la paroisse Sainte-Geneviève d’Asnières. Spectacles à Asnières : Le Vrai Mystère de la Passion d’A. de Grébant (avec crucifixion sur scène !), Scapin, etc. Tournée dans le Perche. Liens avec des jeunes de la paroisse. Marie est cheftaine de guides, famille de petite noblesse, quatre filles, traditionnelle, artiste, ouverte. Sociologiquement très différente de la mienne, mais avec un point commun : ils sont tous des catholiques pratiquants. Après le bac, pendant mes 3 années de classe préparatoire, Marie suit les cours de l’École des Psycho-praticiens à l’Institut Catholique où elle retrouve nos amis Brunot d’Asnières et elle fait la connaissance de Pierre Remande, délégué de la Catho à l’Union Nationale de Étudiants de France (UNEF). Nous participons ensemble à l’Assemblée Générale au cours de laquelle, tard dans la nuit, Jean-Marie Le Pen, président de la Corpo de Droit, quitte avec fracas l’UNEF à propos de l’Algérie. Pierre sera le parrain de notre deuxième enfant, Anne, en 1961. Nous continuons à suivre aujourd’hui avec lui et son épouse Thérèse le cours de l’histoire de l’Église.

1954-57 : 3 années de préparation à l’École Normale Supérieure de St-Cloud au lycée Henri IV. J’intègre l’École en 57 et nous nous marions. L’ex-équipe enseignante de 51-54 s’est autonomisée, elle est devenue « L’Équipe », toujours avec André Cherrier, qui préside notre mariage. Des couples se sont formés : Dacheux, Laval, Ducasse, Knepper, Monfront… qui feront équipe pendant des décennies. Réunions mensuelles, camps d’été. Une demi-douzaine de ses membres se réunira encore une fois par an entre 2015 et 2018. C’est au cours de ces retrouvailles récentes que je suis surpris d’entendre la majorité d’entre eux dire que, tout en restant fidèles à nos premiers engagements sociétaux et politiques, ils sont devenus agnostiques. André a abandonné la prêtrise dans les années 60 et a épousé Françoise, membre de l’équipe, ils auront 4 enfants. Il meurt accidentellement en 2014.

Juste après le bac, en juillet 54, je pars en Espagne avec Christian Monfront, un des membres de « l’équipe ». C’est la première de mes rencontres avec des chrétiens à l’étranger, la découverte de l’Église universelle. Au cours d’un voyage en train de plus de dix heures nous avons tout le temps de faire la connaissance d’une équipe de l’Action catholique ouvrière catalane clandestine dont certains membres sont passés par les prisons de Franco. Ils font une enquête sur la situation du pays et de l’Église en Andalousie. Ils ont créé une maison d’édition : Nova Terra. Parmi eux, Padre Jaime est coiffé d’un chapeau ecclésiastique et porte la soutane. Longue conversation sur l’Église espagnole. Leonardo Ramirez nous invitera à Barcelone en 1957 pour notre « voyage de noce ». Nous faisons mieux connaissance avec les Comas et avec Josep et Montserrat Espinas. Josep deviendra maire « socialiste » d’un quartier de Barcelone. Nous le revoyons encore en Espagne en 2017 ainsi que les enfants de Leonardo, mort en 2013. Plusieurs voyages au fil des années : Espagne–France, France-Espagne. Le Père Jaime épousera l’institutrice Pepita.

Pendant la guerre d’Algérie je fais partie du « clan routier » des Scouts de France d’Asnières Le Fils prodigue. L’aumônier est le Père Liégé. Nous animons le dimanche matin la « messe des jeunes » à Notre Dame du Perpétuel secours à laquelle Marie participe. Quelques tensions avec le curé de la paroisse, le père Lesaint,

Malek, qui était logé plus ou moins secrètement au presbytère de Puteaux, quitte la France avant 57. Nous resterons en contact pendant toute la guerre. Il a épousé Florence Leroy, photographe au journal des Guides de France avec qui il a fait un voyage en Algérie. Elle écrit un article sur les relations entre chrétiens et musulmans ; pendant la guerre, elle le suivra dans ses nombreux voyages au Caire et ailleurs. Il aurait été aussi à la tête de la willaya IV à Bou Saada. Après la guerre, à leur retour à Nanterre, nous nous fréquenterons pendant plusieurs années et restons liés à leurs deux fils. Pendant tout ce temps nous restons aussi en contact avec les prêtres de St-Jean des Grésillons.

En 1955 je participe avec André Cherrier et Pierre-Louis Marger, au nom du clan routier, au 5ème « Festival mondial de la jeunesse et des étudiants de la jeunesse » à Varsovie. Nous avions rencontré Mgr Feltin qui nous avait dit regretter de ne pas pouvoir nous autoriser à y participer… simplement parce que nous le lui demandions. Nous y allons quand même. Nous participons à plusieurs réunions de chrétiens des pays du bloc communiste, en particulier le groupe de chrétiens polonais « Pax ». Plusieurs membres de Pax viendront à Paris où nous poursuivrons nos échanges.

Nous quittons notre paroisse maternelle
tout en restant Asniérois

J’anime encore 2 ou 3 colos de la paroisse d’Asnières dans le Poitou. Nos enfants naissent en 1958, 61 et 64. Les 2 aînés ne supportent pas le caté paroissial trop scolaire. Nous nous en chargeons, avec un autre couple ami, Bernadette et son mari Jean-Marie qui travaille à La Croix, et avec le pasteur de Bois-Colombes, Jean-Paul Sauzède. Un jeune vicaire d’Asnières, Bernard Gendarme, se joint parfois à nous. Quelques enfants de voisins se joignent au petit groupe. On nous reproche de faire des « eucharisties domestiques ». Mais quand, après la première communion, le curé nous demande de continuer avec de nouveaux enfants, nous refusons, d’autant que les liens avec la paroisse se sont distendus, en particulier après une réunion que nous avions initiée avec les Brunot à l’occasion de la parution d’un livre des évêques de France sur la politique. Nous y avions convié des conseillers municipaux d’Asnières chrétiens qui n’ont pas dit un mot, pas plus que le curé et les deux vicaires présents. Comme nous nous en plaignions au Père Lesaint celui-ci nous a répondu : « Vous savez que vous ne représentez que 5% de la paroisse. » Depuis ce jour- là nous n’avons plus mis les pieds à la paroisse Ste-Geneviève d’Asnières, sauf pour les mariages, baptêmes, enterrements dans les familles de nos amis asniérois.

Le Père Lesaint était un breton, peu enclin à mettre en question les dogmes, très têtu, mais attachant. Il se déplaçait dans la ville sur un vieux vélo, il est venu chercher Marie en 2CV à la maternité Foch de Suresnes après la naissance de Pierre, notre 3ème enfant, en 1964, pendant que je faisais mon service militaire. Mais les seuls vicaires de Ste-Geneviève avec lesquels nous avons eu des liens d’amitié étaient tous sur la marge : Adrien Coppens, un néerlandais que nous sommes allés voir chez lui avec notre fils Pierre dans les années 70. Il avait alors épousé une religieuse. Jacques Perrotti qui a fondé l‘association des chrétiens homosexuels « David et Jonathan » avait invité quelques amis proches de la paroisse dans sa maison de l’Oise pour un week-end mémorable sur le couple. Tous se distinguaient par des homélies vigoureuses. En revanche, un jour où nous revenions de Saint-Séverin que nous commencions à fréquenter, nous avons rencontré un des vicaires d’Asnières, Guy Marchand, sympathique, avec qui j’avais fait des colos, qui n’a su que nous dire : « Ah oui, Saint-Séverin, là où on dit la messe les pieds au mur ! »

Le père Michel Boue, lui, a participé au petit groupe œcuménique informel que nous avions baptisé « le club Dieu », pendant 3 ans, à Bois-Colombes avec des protestants : les pasteurs Jean-Paul Sauzède, Laurent Schlumberger, 2 autres protestants. Il y a aussi François Simon journaliste au Monde, Gilles de Courtivron journaliste à La Vie. La règle dont nous étions convenus était de dire librement tout ce qui faisait question dans nos vies de chrétiens sans que nous cherchions à y répondre les uns aux autres. Par exemple Michel Bou s’est interrogé sur le déroulement des baptêmes qu’il célébrait dans la paroisse d’Asnières et a progressivement modifié les textes du rite. Ou bien plusieurs se sont interrogés sur le texte du Credo que nous récitions à chaque messe. L’épouse de Laurent Schlumberger, devenu dans les années 2010 président de la Fédération protestante de France, n’a pas pu supporter d’entendre ce qu’elle jugeait des hérésies et a dû quitter le groupe, avec Laurent. Nous avons gardé nos liens d’amitié avec lui.

Après avoir quitté la paroisse Ste-Geneviève d’Asnières nous sommes allés au Couvent Saint-Jacques, rue des Tanneries à Paris, où nous avons retrouvé Paul Blanquart que j’avais connu en 1954-55 en classe préparatoire au lycée Henri IV et qui était entré chez les dominicains l’année suivante. Proche un temps de Fidel Cstro, journaliste à Politique Hebdo et à La Gueule Ouverte, il a ensuite pris ses distances par rapport à l'Ordre. Il y avait aussi Yves Le Gal, Philippe Roqueplo, Jacques Pohier, et bien sûr Congar, Chenu, Dubarle. Plus tard nous y avons aussi retrouvé René Luneau, africaniste, ami de la famille. Pendant un temps nos enfants nous y ont accompagnés, séduits par la jeunesse, l’invention des jeunes frères, surtout à l’occasion de fêtes : Noël et Semaine sainte. Nous retrouvions aussi nos amis Brunot d’Asnières, et leurs enfants.

Puis nous sommes allés à Saint-Bernard de Montparnasse. Un ami de la paroisse d’Asnières a parlé de notre « tourisme spirituel ». En 1981 nous avons découvert le Centre Pastoral Halles Beaubourg auquel nous restons fidèles depuis 35 ans.

D’autres rencontres avec des chrétiens à l’étranger

En 1958 et 59 j’ai été boursier de séjour de l’ENS pendant un an en Angleterre, à Saint-Albans (Hertsfordshire), à une 30aine de km au nord de Londres. Nous y sommes partis avec notre premier enfant, Éric, qui avait 6 semaines. Nous avons été accueillis par des familles de « Roman catholics », en particulier Jimmy et Kathleen Greening et leurs 7 enfants qui demeuraient dans notre rue, et Robin et Joan Piercy et leurs deux enfants. Nous sommes toujours restés en relation avec eux, et après leur mort avec leurs enfants. Nous partagions les mêmes choix de société qu’eux, ils étaient des militants travaillistes, mais, plutôt que les messes « irlandaises » qu’ils fréquentaient nous préférions suivre les offices de l’abbaye anglicane de Saint-Albans où il était question de la ségrégation en Afrique du sud et de la menace atomique. Le livre de Father Huddelston : Nought for your comfort a été pour moi une découverte. Je pensais pouvoir cultiver mon œcuménisme, mais Jimmy, qui était conseiller municipal travailliste, et sa généreuse épouse irlandaise Kathleeen, étaient plutôt soucieux de ne pas se faire absorber par les anglicans. Nos amis de « l’équipe » sont venus nous rendre visite, accompagnés d’un couple de Congolais, Augustin et Pierrette Kombo, amis d’André. Augustin, alors étudiant à l’École d’agriculture de Rennes, frère de l’évêque de Brazzaville, est devenu ministre de l’agriculture de la République démocratique du Congo avant d’être assassiné. Nous sommes restés en relation avec lui jusqu’à sa mort. Pierrette est morte en 2019. André Cherrier, tout particulièrement, est resté en relation avec les Greening jusqu’à la mort des uns et des autres. Nous avons revu récemment Michael, le fils aîné des Piercy qui avait 11 ans à l’époque.

Une autre histoire avec des chrétiens de l’étranger commence en 1972 au cours d’une série de missions d’enseignement entre mon université Paris 8-Vincennes et l’université de Ouagadougou en Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso. Je me suis lié d’amitié avec un étudiant particulièrement doué pour le théâtre, Prosper Kompaoré, aujourd’hui directeur de l’Atelier Théâtre Burkinabè et organisateur du Festival international du Théâtre pour le développement (FITD). J’ai codirigé sa thèse sur les rapports entre les cérémonies traditionnelles, c’est-à-dire religieuses, et le théâtre contemporain. Il a fait plusieurs séjours d’étude en France. J’ai fait la connaissance, avec Marie qui m’accompagnait dans une de mes missions, de sa famille, de son père catéchiste, de sa mère, de ses frères et sœurs. À Paris il a retrouvé une jeune religieuse burkinabè en séjour d’étude qu’il a épousée. Nous avons assisté à leur mariage, puis à la naissance de leur fille Yennenga dont Marie est la marraine. Les liens se sont multipliés et renforcés au cours des années, La référence chrétienne est constante dans nos échanges épistolaires. J’ai le sentiment de faire église avec Prosper, sa femme Yvette et sa fille Yennenga.

Quant à la famille Muñoz, depuis les années 50 elle est comme notre église familiale d’Amérique. La sœur aînée de Marie, Isabelle, a épousé en 1958 à Washington, Joe Muñoz, fils de fermiers du Montana, mère indienne, étudiant à l’université catholique de Georgetown, dessinateur à la NASA. Ils ont 3 enfants. En 1962 une autre sœur de Marie, Françoise, hôtesse de l’air aux Etats-Unis, est victime d’un accident d’avion pendant son service. Et 18 mois plus tard, en 1964, Isabelle meurt à la naissance de son 3ème enfant, Jeannette. Joe a écrit un journal, entre le jour de la naissance de Jeannette et celui de la mort d’Isabelle qui est pour nous un témoignage spirituel de très grand prix. Nous avons beaucoup accompagné Joe jusqu’à ce qu’il rencontre à Washington, dans la paroisse qu’il fréquentait avec Isabelle, Armelle, française elle aussi, qu’il a épousée et qui est vite devenue une autre sœur pour nous. Ils ont eu deux autres enfants, je suis le parrain de Roldan, leur aîné. Entre 1977 et 2008 j’ai donné pendant 15 étés des cours d’été aux Etats-Unis, à Middlebury College, dans le Vermont, ce qui a été une merveilleuse occasion de voir grandir la famille Muñoz, car Joe et Armelle ont maintenant 12 petits-enfants. Les uns ou les autres sont également venus en France, ils sont presque tous venus à Asnières l’été 2018. Tous sont des catholiques « pratiquants ». Notre neveu Gilles dirige à Portland un Centre hospitalier d’accueil de migrants après avoir été éducateur de rue à New-York. Il nous a abonné depuis des années à Catholic Worker fondé en 1933 par Dorothy Day et Peter Maurin.

Ce qui ne m’a pas empêché pendant mes étés à Middlebury de fréquenter plutôt les célébrations de l’Église épiscopalienne (anglicane), souvent présidées par des femmes, d’être abonné jusqu’à ce jour à la revue Forward day by day, et d’entretenir quelques fraternels échanges avec certains de leurs rédacteurs.

1962-1965 : Vatican II

Jean XXIII, Paul VI. C’est certes un événement important dans ma vie de chrétien. Mon beau-père, entre autres, s’en est réjoui avec moi. Et pourtant je n’en garde pas le souvenir d’un chamboulement, d’une rupture de digue comme le sera pour moi, un peu plus tard, mai 68. Ce fut plutôt comme la reconnaissance d’un « déjà là ». Et petit à petit la vague est retombée, tout est rentré dans l’ordre, un ordre légèrement déplacé, comme dans l’histoire de l’enseignement quand de nouvelles pratiques deviennent des règles à suivre avec aussi peu de souplesse et d’invention que les précédentes.

Après Vatican II, dans les années 70, nous formons avec les Brunot, les Renard, et quelques amis asniérois, ce que nous appelons une « communauté de base », appelée bientôt « Le Base », avec des réunions mensuelles, chez l’un ou l’autre, un peu dans l’esprit du « club Dieu », avec des échanges sur l’actualité du monde, de l’Église et de nos familles, une lecture continue du Nouveau Testament au fil des pages et des semaines, et un moment de prière, parfois le partage d’un repas. J.M. Brunot devient le parrain de notre 3ème enfant, Marie la marraine du second enfant de nos amis Renard. Ces liens demeurent après la mort des Renard.

Nous avons gardé de bonnes amitiés, dans le quartier et la paroisse, ponctuées de sorties champêtres ou au théâtre, de fêtes dansantes, régulièrement à la Saint-Sylvestre. Aux paroissiens du quartier qui ne partageaient pas nos engagements politiques, nous avons proposé un temps de prière hebdomadaire mais bref, d’une demi-heure, la proximité géographique nous permettant d’être fidèles et ponctuels au rendez-vous. Nous sommes en moyenne une demi-douzaine, parfois moins, parfois davantage. Chacun lit un texte de son choix, avec des temps de silence, on évite les bavardages de quartier comme les commentaires de l’actualité, on se retrouve pour un dîner en commun à la fin de l’année. La rencontre a lieu toujours chez la même personne pendant plusieurs années de suite. Cette rencontre de prière, « la Prière », dure depuis une cinquantaine d’années, sans interruption. Plusieurs sont morts, quelques-uns ont rejoint le groupe. La doyenne a 97 ans.

La vie professionnelle : autoformation et vie associative

J’occupe mon premier poste de professeur de français au lycée Fontenelle à Rouen en 1962. Je fais connaissance dès la rentrée avec Jean-Pierre Chrétien, un historien qui m’engage à rejoindre le « groupe de recherche de jeunes enseignants Enseignement 70 ». Sans statuts, libre de toute appartenance politique ou religieuse, il n’en est pas moins animé par une dizaine d’enseignants de mon âge issus de la Jeunesse Étudiante Chrétienne (JEC) : Jacques Bourreaux, Jean Lecuir, Robert Chapuis (futur membre du gouvernement Rocard),… Hélène Huot, ou, comme moi, du syndicalisme étudiant. « Changer l’école pour changer la société, changer la société pour changer l’école », devise des Cahiers pédagogiques, pourrait aussi être la nôtre. Bulletin mensuel ronéotypé, réunions, sessions d’été. Mai 68 nous attire plus d’une centaine de nouveaux adhérents, ce qui dépasse nos capacités logistiques. Nous ne sommes plus de jeunes enseignants débutants, passer de l’autoformation à la formation des autres à l’échelon national n’est plus de notre ressort mais de celui de l’État. Les « littéraires » du groupe, une demi-douzaine, rejoignent et bientôt animent la nouvelle Association Française des Professeurs de Français (AFPF) toujours en activité aujourd’hui sous le nom d’AFEF (Association française pour l’enseignement du français). Elle est laïque, son histoire n’a aucun rapport avec celle de l’Église.

Au début des années 70, le développement des sciences humaines : linguistique, sociologie, psychanalyse… bouleverse les études littéraires et l’enseignement de la langue et de la littérature. Je suis recruté en 1970 au tout nouveau Centre Universitaire expérimental de Vincennes, en partie à cause de mon expérience à Enseignement 70. Ce Centre universitaire, créé par le ministre de l’éducation Edgar Faure à la suite de mai 68, deviendra l’Université Paris-Vincennes, puis, sera déménagé à Saint-Denis en 1982. Je me lance d’abord dans la narratologie et la sémiotique, l’étude des contes et mythes de transmission orale, étude favorisée par des missions au Burkina. Mes recherches croisent celles de chercheurs chrétiens comme Xavier-Léon Dufour, Paul Ricoeur, Michel de Certeau, Guy Lafon, le groupe d’Entrevernes… Je participe à quelques colloques, par exemple « La Bible en Littérature » (Metz, 1994/ Cerf 97). Mais assez vite, principalement à cause de mon intérêt pour les questions d’enseignement, de missions dans plusieurs pays européens et extra-européens (Maghreb, Égypte, Burkina, Brésil, Sibérie…), de la direction de thèses d’étudiants étrangers, nombreux à Vincennes, je m’oriente vers les problèmes de la réception des textes mais dans une perspective différente de celle de H.R. Jauss. Ayant pris ma retraite en 2000, je m’aperçois aujourd’hui, en 2020, d’une lente et plus ou moins secrète convergence entre mon intérêt « profane » pour les questions de la réception et de la transformation des textes, de l’oral à l’écrit, d’une culture à l’autre, et la question du statut des textes bibliques, ancien et nouveau testaments, qui fonde ma réflexion sur l’histoire de la Parole de Dieu.

Villes Univers : l’accueil des migrants, le dialogue avec les musulmans

En 1995 j’assiste dans les locaux paroissiaux d’Asnières à une réunion animée par Étienne Boespflug, ancien d’ATD Quart monde, sur les difficultés de logement d’une dizaine de familles asniéroises, en présence du maire et de conseillers municipaux. Je suis frappé par la façon dont cette réunion est menée et par son efficacité : plusieurs familles seront relogées dans les semaines qui suivent. L’association « Asnières Univers », à l’initiative de chrétiens, dont Michel de la Villéon, curé de Saint-Joseph des Quatre routes, dans les quartiers nord d’Asnières, avait été officiellement déclarée en 1990 avec pour devise : « Français, étrangers, ne restons pas étrangers les uns aux autres ». L’association deviendra « Villes Univers ».

Michel m’avait déjà invité à participer à des rencontres avec l’imam d’Asnières dans la petite mosquée construite à l’emplacement d’une chapelle désaffectée rue de l’abbé Lemire. Je l’accompagnerai jusqu’à sa mort en participant à la rédaction d’un petit Bulletin qu’il dirigeait depuis la Maison Sainte-Thérèse où il finissait ses jours.

J’adhère à Villes Univers, et, à partir de ma retraite, alors que le maire d’Asnières a supprimé les subventions municipales ce qui nous oblige à nous priver de notre unique secrétaire, je deviens membre du CA, rédige plusieurs éditoriaux du Bulletin de l’association et surtout je participe à l’accueil hebdomadaire des étrangers où j’entraîne une amie du « Base ». Je suis souvent en binôme avec Saâd Abssi qui est vice-président de l’association. C’est un ancien militant du FLN et fervent musulman qui a fréquenté lui aussi dans les années 50 l’équipe de St-Jean des Grésillons. De longs et nombreux échanges sur une vingtaine d’années nous permettent alors de construire une fraternelle amitié, et éclairent ma foi chrétienne. Il me fait connaître Michel Jondot, ancien curé de Sainte-Bathilde à Chatenay-Malabry, et Christine Fontaine, fondateurs de Mes tissages et la Maison islamochrétienne. Je participe en 2010, dans la grande mosquée de Gennevilliers En-Nour inaugurée en 2009, en présence du maire communiste et sous la présidence de Mohammed Benali, à une grande manifestation islamo-chrétienne où plusieurs membres de Saint-Merry sont présents.

Saint-Merry : l’évangile dans la ville, une église du seuil

En 1987, j’avais participé à un stage d’été de « L’Arc en Ciel », à Saint-Jean de Sixt, le chalet ouvert en 1975 par Xavier de Chalendar qui venait de recevoir une lettre de mission de l’Archevêque de Paris, Marty, pour faire de l’église Saint-Merry, dans le IVème arrondissement de Paris, le Centre Pastoral Halles Beaubourg (CPHB). Au cours de ce stage je fais la connaissance de Jean-Claude Thomas. Tous deux m’invitent à fréquenter le CPHB avec Marie. Nous y allons dès la rentrée d’octobre, tout de suite conquis par les célébrations, l’entrée en prière par les chants animés par Jean-Claude, Alain Cabantous et une joyeuse bande. Intéressés aussi par la présence d’une équipe de réfugiés chiliens, etc. C’est devenu, depuis cette date, notre cellule d’Église.

C’est une église du seuil (site :
saintmerry.org). J’y expérimente la coresponsabilité entre prêtres et laïcs. L’équipe pastorale est élue à bulletin secret par l’assemblée pour 3 ans. Le territoire du Centre dépasse largement celui de la paroisse, il y vient des chrétiens de toute la région parisienne. Je n’avais jamais connu une vie d’église de ce type. Je participe à de nombreuses activités :
Préparations de célébrations dominicales une semaine à l’avance ; participation au groupe de chant (GRAL : Groupe de Recherche et d’Animation Liturgique) et réalisation de deux CD ; animation d’un atelier mensuel de lecture à haute voix pendant 10 ans; participation aux journées de « L’Homme debout » en liaison avec le Centre Pompidou ; participation au groupe « Formation et liturgie » ; coordination des réunions de Carême ; accueil et présentation de John S. Spong, évêque anglican de Newark, E.U., et de ses livres parus aux éditions Karthala ; suivi de sessions de formation du théologien Jesus Asurmendi ; animation du groupe « Que sont nos amis devenus ? », etc.

Des liens d’amitié fraternelle se sont tissés avec de nombreux membres du Centre, en particulier au moment du cancer et de la mort de notre fils Éric. Sur les « 250 fidèles » nous en connaissons personnellement une bonne centaine.

Nous sommes retournés souvent jusqu'à ces dernières années au chalet de l'Arc en Ciel, et avons participé à l’animation d’une bonne quinzaine de sessions : chant, initiation à l’économie avec notre ami François Simon journaliste au Monde et Elena Lasida, prof d’économie à la Catho et membre de la commission Justice et Paix, session avec un imam, session autour de la vieillesse, préparation d’une semaine sainte avec Joseph Moingt, etc. J’ai été membre du CA sous la présidence de Jean-Claude Thomas. Nous y retrouvons souvent des membres du CPHB.

Aujourd’hui, en 2020, nous avons 7 petits-enfants, de 18 à 35 ans. Quatre d’entre eux vivent en couple. Aucun n’est baptisé. Nous nous retrouvons tous au moins une fois par an, plus souvent avec certains d’entre eux. Tous semblent soucieux que nous restions fidèles à notre ancrage à Saint-Merry où quelques-uns viennent participer à certaines fêtes.

Voici quelques questions, de plus en plus insondables : qu’est-ce que le « sacré », les sacrements, la « présence réelle dans l’eucharistie », le rôle du prêtre, mais aussi notre place dans la chaîne des vivants, la mort…

Epilogue (mars 2022)

Ce parcours se terminait en septembre 2020. Mais tout a été bousculé en février 2021 quand l’archevêque de Paris a décidé, sans aucune concertation, de mettre fin au Centre pastoral de Saint-Merry à compter du 1er mars. Nous ne sommes plus « sur le seuil » nous sommes « hors les murs » comme nous avons choisi de nommer notre nouveau site : Saint-Merry-hors-les-murs. C’est une communauté humaine de plusieurs centaines de membres qui est brusquement frappée, littéralement excommuniée. Une pétition de soutien recueille en quelques mois plus de 12 000 signatures. Un livre de témoignages est publié en octobre: Et vous m’avez accueilli. Contributions pour une Église vivante, éd. Salvator. L’archevêque démissionne en décembre, mais nous ne reviendrons pas en arrière, une autre communauté (San’ Egidio) occupe les lieux, nous sommes devenus une église nomade.

Et d’autres événements surviennent, sans lien direct avec la fermeture de Saint-Merry, comme la publication, toujours en octobre, du rapport de la « Commission sur les abus sexuels dans l’Église » (Ciase) qui souligne que ces agressions sexuelles, pudiquement baptisées « abus », sont systémiques. Pour moi elles ont pour origine le caractère sacré du prêtre, « alter Christus », qui le sépare des fidèles et lui confère tous pouvoirs sur eux. Et cela, jamais l’institution sacerdotale ne le remettra en question. Les réactions que la publication de ce rapport suscite parmi les catholiques et dans les médias me font alors mesurer combien je me suis éloigné de l’Église catholique romaine. Certains la quittent sur la pointe des pieds. Je les comprends mais j’y ai été baptisé il y a 84 ans. Je participe aux assemblées communautaires de Saint-Merry hors les murs qui se tiennent dans des paroisses amies, je suis assidu aux Partages dominicaux de la Parole par zoom, qui rassemblent des dizaines de Saint-Merriens auxquels se joignent quelques nouveaux venus. De nouvelles formes de prières et de rencontres s’inventent. Impossible cependant de voir clairement la suite du parcours. C’est pour moi un véritable bouleversement, renforcé par la pandémie au cours de laquelle il survient, et par cet autre bouleversement qui s’annonce à la fin d’une longue vie.

Jean Verrier, mise en ligne le 12/09/2020 - mise à jour mars 2022

Peintures de David Malkin