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Ce n’est pas moi qui vous crierai que je suis indigne !
Auguste Valensin

Auguste Valensin (1879-1953), jésuite, fut un acteur de premier plan dans les conflits qui agitèrent le monde intellectuel catholique de l’entre-deux-guerres. L’un de ses principaux soucis fut de combattre l’emprise idéologique que l’Action française exerçait sur nombre de catholiques. Il nous propose ici de partager sa foi en la résurrection.

« Si, par impossible, à mon lit de mort, il m’était manifesté avec une évidence parfaite que je me suis trompé, qu’il n’y a pas de survie, que même il n’y a pas de Dieu, je ne regretterais pas de l’avoir cru ; je penserais que je me suis honoré en le croyant, que si l’univers est quelque chose d’idiot et de méprisable, c’est tant pis pour lui, que le tort n’est pas en moi, d’avoir pensé que Dieu est, mais en Dieu, de n’être pas » (1).

« Les sentiments que je voudrais avoir à cette heure (et que j’ai actuellement) : penser que je vais découvrir la Tendresse. Il est impossible que Dieu me déçoive, l’hypothèse seule est énorme ! J’irai à lui et je lui dirai : je ne me prévaux de rien, sinon d’avoir cru en votre bonté. C’est bien là en effet ma force, toute ma force, ma seule force. Si cela m’abandonnait, si cette confiance en l’Amour me désertait, tout serait fini, car je n’ai pas le sentiment de valoir, surnaturellement, quoi que ce soit ; et s’il faut être digne du bonheur pour l’avoir, c’est à y renoncer. (…) Et je n’éprouve pas le besoin de me demander pourquoi mon Père m’aime ; ou ce qu’il aime en moi. Je serais d’ailleurs fort embarrassé pour répondre ; même strictement, dans l’incapacité de répondre. Il m’aime parce qu’il est l’Amour ; et il suffit que j’accepte d’être aimé de lui pour l’être effectivement.

Mais il faut que je fasse ce geste personnel d’accepter. Cela c’est la dignité, la beauté même de l’amour qui le veut. L’amour ne s’impose pas ; il s’offre. O Père, merci de m’aimer ! Et ce n’est pas moi qui vous crierai que je suis indigne ! En tout cas, m’aimer, moi, tel que je suis, voilà qui est digne de vous, digne de l’amour essentiel, digne de l’amour essentiellement gratuit ! Oh ! cette pensée m’enchante ! Me voilà bien à l’abri des scrupules, de la fausse humilité, décourageante, de la tristesse spirituelle » (2).

Auguste Valensin
Peinture de John David Wissler

1- Auguste Valensin – Autour de ma foi. Aubier 1948 / Retour au texte
2- Auguste Valensin – La joie dans la foi. Aubier 1955 (livre posthume) / Retour au texte