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Charles de Foucauld
Claude Rault

Charles de Foucauld est né le 15 septembre 1858 à Strasbourg (France) et mort le 1 décembre 1916 dans le Sahara algérien. A l’occasion du centenaire de sa mort, Mgr Claude RAULT, évêque du Sahara algérien, nous offre une très belle méditation sur sa vie (1).

Le texte intégral de cette méditation se trouve sur le site des "amis du diocèse du Sahara" : http://amisdiocesesahara.free.fr/ On y trouve entre autre plusieurs articles de Mgr Claude Rault ainsi que des méditation de Charles de Foucauld.

(0)Commentaires et débats

(...) Comment résumer en quelques mots la vie tellement donnée qui fut la sienne ?
Un jour, à Tamanrasset, en visite au Bordj qu’il y avait construit, j’interrogeais Rania une jeune musulmane qui accueillait les visiteurs, et je lui demandais comment en une phrase elle pourrait résumer la vie et le message de Charles de Foucauld. Hésitante devant une telle question, elle nous a dit :
« C’était un homme qui avait tout et qui a tout quitté pour avoir ce qu’il n’avait pas » !
Elle avait saisi l’essentiel de cette recherche assoiffée de Dieu dans la vie du Frère Charles.

« Un homme qui avait tout et qui a tout quitté pour avoir ce qu’il n’avait pas... »

Charles avait tout pour réussir une belle carrière militaire. Doué d’une intelligence sans doute supérieure à la moyenne… il avait laissé de côté ses belles capacités pour s’adonner à la paresse et à une vie légère... Mais il était travaillé par ce qu’il n’avait pas.

Il sort de l’armée pour inconduite, y revient pour goûter une vie d’aventure, se plait à batailler et à dormir dehors avec ses compagnons soldats dans l’Ouest de l’Algérie.

Mais il n’est pas encore satisfait.

Il quitte l’armée. Il s’enferme, apprend l’arabe et le yddish et prépare une expédition au Maroc, là où personne n’était encore allé, se déguise en juif errant. Pendant plusieurs mois il mène cette vie de découverte. Il écrit et publie un ouvrage sur son exploration au Maroc. Il réussit et il devient célèbre, connaît la gloire de cette réussite.

Mais ce n’est pas cela qu’il cherche.

« Un homme qui avait tout et qui a tout quitté pour avoir ce qu’il n’avait pas... »

Il a découvert au fil de ses voyages des hommes qui ont la foi, des musulmans qui mettent leur confiance en Dieu, qui prient, pour qui la vie a un sens. Cette découverte le travaille, lui qui n’a pas la foi.

Peu à peu ce qu’il n’a pas commence à l’attirer. Et il se retrouve à genoux dans le confessionnal d’une église de Paris, aux pieds d’un prêtre, l’abbé Huvelin, qui ne le lâchera pas.

Il pense avoir ce qu’il n’avait pas, mais cela ne sera qu’au terme d’une longue recherche. Et il commence une interminable randonnée spirituelle, d’abord dans le pays de Jésus. Il reste à Nazareth, fait un essai de vie monastique, trouve que le plus pauvre des monastères est trop riche pour lui. Il cherche encore, change de monastère, est relevé de ses vœux, fait des études de théologie, est ordonné prêtre. Il croit avoir trouvé…

« Un homme qui avait tout et qui a tout quitté pour avoir ce qu’il n’avait pas... »

Il lui manque de rejoindre les plus lointains, les plus pauvres et les plus isolés ; il part en 1901 à Béni Abbès, est à la fois moine, aumônier des militaires, défenseur acharné de la cause des esclaves. Mais ce n’est pas assez. Il lui faut aller plus loin encore. Il fait presque le vœu de ne pas sortir de sa clôture. Mais il apprend qu’une femme touarègue a sauvé des français en les accueillant chez elle au Hoggar.

Et il part pour d’autres horizons. Il n’avait pas encore obtenu ce qu’il n’avait pas ! Le voici au Hoggar, en 1905, à Tamanrasset, seul au milieu d’un petit village touareg. Il s’incarne et se met à l’étude de la langue… il veut devenir l’un d’eux. Sa vie se passe entre la solitude et la rencontre des pauvres, des plus aisés, et des militaires venus le trouver. Il prie, travaille dur, parfois plus de 12 heures par jour.

Il veut la dernière place. Mais son conseiller spirituel un peu dépassé le lui avait dit : « Jésus a tellement pris la dernière place que personne ne saurait la lui ravir ».

Ayant tout donné de ses vivres lors d’une famine, il attend la mort. Nous sommes en 1908. Et ce sont ses amis pauvres qui vont lui redonner la vie en lui donnant le lait des chèvres destiné aux enfants… Un grand tournant dans sa vie ! Il n’aura donc pas la dernière place !

Sa vie change. Il s’aperçoit sans doute qu’il faut aussi laisser aux autres la joie de donner. En tout cas ce sont ces pauvres, plus pauvres que lui qui lui ont redonné la vie !

« Un homme qui avait tout et qui a tout quitté pour avoir ce qu’il n’avait pas... »

Il va peu à peu lâcher prise enfin ! Et connaître la joie de l’abandon. Etre lui-même, travailler, prier, vivre au milieu de ce peuple, accueillir… Et surtout se préparer à suivre le chemin de son Bien Aimé Frère et Seigneur Jésus.

Le voici donc parvenu au but, prêt à avoir ce qu’il n’avait pas. Cela va lui être donné le soir du 1er décembre 1916. Il est tué devant son Bordj qui ne l’a pas protégé, sans doute trahi par l’un de ses proches, comme son Maître… Grain jeté en terre qui meurt pour porter du fruit.

« Un homme qui avait tout et qui a tout quitté pour avoir ce qu’il n’avait pas... »

Et ce qu’il n’avait pas lui a enfin été donné : la découverte du visage de Jésus, ce Bien Aimé Seigneur et Frère qu’Il n’a cessé de chercher pour enfin être avec lui.

Laissons-nous attirer nous aussi par ce Dieu qui donne sens à notre vie.

Il nous renvoie sans cesse vers les autres, les plus lointains, les plus abandonnés pour y retrouver le visage caché de Jésus, notre Bien-Aimé Frère et Seigneur. (…)

Monseigneur Claude Rault
Peinture de Cirilo Martinez Novillo

1- Extrait de l’homélie prononcée par Monseigneur Claude Rault à Strasbourg, le 17 septembre 2016, pour des personnes proches de la spiritualité du Frère Charles de Jésus. / Retour au texte