Page d'accueil Nouveautés Sommaire Auteurs
Retour à "Quelques repères / Eglise" Contact - Inscription à la newsletter - Rechercher dans le site

La fête des fous
Harvey Cox

Harvey Cox, né en 1929 en Pennsylvanie, est un universitaire et théologien protestant. Son livre « La fête des fous » est un essai théologique sur les notions de fête et de fantaisie. Il écrit : « Pendant la Fête des Fous nul usage ni convention n’était à l’abri du ridicule. La Fête des Fous ne fut jamais populaire chez les puissants. »

Au Moyen-Âge, dans certaines régions d’Europe, une fête religieuse se développa sous le nom de Fête des Fous. En cette occasion pittoresque, habituellement célébrée vers le Premier Janvier, même des prêtres pieux à l’ordinaire et des bourgeois sérieux revêtaient des masques paillards, chantaient des refrains licencieux et, avec leurs bacchanales et leurs sarcasmes, empêchaient en général tout le monde de dormir. Des clercs ayant reçu les ordres mineurs se grimaient, se pavanaient dans les ornements liturgiques de leurs supérieurs, et singeaient les rites majestueux de l’Église et de la Cour. Quelquefois un prince de Tout-y-manque, un roi du Peu-de-Sens ou un évêque des Fous était élu pour présider les événements. Dans certains endroits, l’évêque des Fous célébrait même une messe parodique. Pendant la Fête des Fous nul usage ni convention n’était à l’abri du ridicule et même les plus hauts personnages du royaume pouvaient être tournés en dérision.

La Fête des Fous ne fut jamais populaire chez les puissants. Elle fut constamment proscrite et critiquée (1). La Fête des Fous avait démontré qu’une culture pouvait périodiquement se moquer de ses pratiques religieuses et royales les plus sacrées, imaginer, au moins une fois de temps en temps, un genre de monde entièrement différent – un monde où le dernier était le premier, où les valeurs acceptées étaient inversées, où les fous devenaient rois, où les enfants de chœur étaient des prélats. (…)

Démasquer la vanité des puissants fait toujours apparaître leur pouvoir moins irrésistible. C’est pourquoi les tyrans tremblent devant les bouffons, et les dictateurs interdisent les chansonniers. (…) Nous avons besoin pour notre époque et dans notre propre langage culturel de redécouvrir ce qu’il y a de juste et de bon dans la Fête des Fous. Nous avons besoin d’une renaissance de l’esprit, et il y a des signes qui l’annoncent (2).

Harvey Cox

1- Malgré la condamnation de cette fête au Concile de Bâle en 1431, le Fête des Fous survécut jusqu’au XVIe siècle puis elle disparut progressivement. / Retour au texte
2- Extraits de Harvey Cox La Fête des Fous, Ed. du Seuil 1969, pages 13…16. / Retour au texte