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14ème dimanche du temps ordinaire


Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
Mt 11, 25-30

En ce temps-là, Jésus prit la parole : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l'as voulu ainsi dans ta bonté. Tout m'a été confié par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »

Un chemin peut s’ouvrir !
Christine Fontaine

Un secret à révéler
Michel Jondot

Reposons-nous un peu !
Christine Fontaine


Un chemin peut s’ouvrir !

Le poids écrasant

Il y eut deux années dans la vie de François d’Assise extrêmement difficiles. Il faillit sombrer dans le désespoir. Il portait un poids trop lourd. Il subissait le poids de l’institution ecclésiale qui voulait imposer à sa famille religieuse de rentrer dans le rang et et de renoncer à la liberté de l’Évangile dans laquelle elle baignait. François n’avait jamais voulu constituer un ordre mais une fraternité sans autre règle de vie que l’Évangile. Dès le départ, il eut des compagnons laïcs et d’autres prêtres comme Léon son confident de chaque heure. Mais entre les laïcs et les prêtres, s’il y avait différence de fonction dans la célébration de l’eucharistie par exemple, il n’y avait aucune prééminence. Ils étaient d’abord et avant tout des frères et cette fraternité prenait sa source dans l’Évangile. François et ses premiers compagnons ne voulurent jamais d’autres règle que l’Évangile, contrairement aux ordres monastiques solidement établis à l’époque et qui vivaient sous la règle de Saint Benoît ou de saint Augustin. Ils ne voulaient être propriétaires d’aucune terre ni d’aucun monastère non par une sorte de vertu mais parce que ces possessions les encombraient. Et voilà que l’institution ecclésiale appuyée par un certain nombre de nobles et de chrétiens bien-pensant - qui regardait au départ ces hommes comme des originaux sympathiques – se mirent à trouver que tout ceci, en se propageant, faisait un peu désordre. D’injonction en injonction, le pape en vint alors à exiger que François constitue un ordre religieux, ayant ses règles propres comme en ont les bénédictins par exemple. Parallèlement les prêtres progressivement eurent tendance à n’être plus des frères comme les autres. Un certain cléricalisme commençait à s’emparer de sa famille. Ce qui fut demandé à François et à ses compagnons des 1ers jours était en contradiction totale avec l’esprit de liberté qu’ils puisaient dans l’Évangile. François fut crucifié entre son désir de fidélité à l’Église et son désir de fidélité à l’intuition d’une vie nouvelle à la suite de Jésus-Christ. Il fut comme écrasé, anéanti par ce fardeau énorme qui pesait sur lui.

La déprise

« Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau », dit Jésus dans l’Évangile. Mais lorsque François interroge Jésus-Christ qui jusqu’alors l’avait toujours guidé, il ne trouve plus que la nuit obscure. Deux ans de combat et de ténèbres jusqu’au jour où, n’y tenant plus, il va, nous, dit-on trouver Claire, la sœur en qui il a toute confiance, celle qui partage depuis toujours son désir de vivre dans la liberté des enfants de Dieu. Claire comprend bien le désarroi – le désespoir même - de François et après l’avoir longuement écouté elle lui répond :
« Tu vois, François, si une sœur vient me dire pour la dixième fois qu’elle a cassé un vase, je vais peut-être m’en inquiéter et la réprimander parce que je peux encore quelque chose mais si une sœur me dit qu’elle a mis le feu à Saint Damien où nous résidons, si je vois sous mes yeux les bâtiments bruler, il me semble que je ne formulerais plus aucune réprimande et que je serais au-delà de toute inquiétude. Je ne pourrais plus que me tourner vers Dieu et lui dire : 'Mon Dieu, là ce qui arrive me dépasse totalement. Je n’y peux vraiment rien. Je suis trop petite, entièrement petite, toute petite devant ce qui arrive. Je n’ai ni la sagesse ni la science pour faire face à cette catastrophe. J’ignore comment on pourra vivre aujourd’hui et demain. Il ne me reste plus qu’à m’en remettre à toi pour me donner de faire face jour après jour. Et je crois que j’y trouverais le repos de l’âme, celui qui est révélé aux tout-petits.' »

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger. » Entre quitter l’Église ou rentrer dans l’ordre qu’elle veut imposer à François, un chemin s’ouvre pour lui : celui de la déprise intérieure. Sur ce chemin on n’a plus aucun projet précis pour l’avenir. On ignore totalement de quoi il sera fait mais on ne s’en soucie plus : cela nous dépasse totalement. On ne sait pas ce qu’on fera demain mais on cesse de s’inquiéter en tirant des plans sur la comète. On se laisse porter de jour en jour, faisant confiance à Dieu pour nous donner le pain quotidien, pour inventer avec lui une vie vraiment nouvelle, tellement nouvelle que nous la ramènerions à du déjà vécu si nous prétendions la connaître.

François à partir de ce jour vécut dans cette insouciance des enfants de Dieu qui est le contraire d’une fuite et le contraire aussi d’une démission. Il a maintenu toute la vigueur de son désir mais il s’est abandonné à Dieu pour lui donner jour après jour les moyens de le concrétiser. Alors le poids insupportable qui pesait sur lui est devenu léger. Il est sorti de la nuit obscure et il a effectivement trouvé les moyens de maintenir l’esprit de liberté et de fraternité qui caractérise sa famille. Il a fini par rédiger une règle mais qui comporte le plus possiibles de citations de l’Évangile. Il a nommé, comme on le lui demandait, un supérieur mais ce fut Elie qui n’était pas un saint mais qui était assurément un laïc. Il a demandé à ses frères de suivre l’exemple non pas d’Elie mais de Bernard qui lui était un saint. Libéré du poids qui pesait sur lui, il a su inventer des solutions qu’il n’avait pas même envisagées. Et si l’institution ecclésiale a fait de sa famille un ordre, c’est bien souvent un joyeux désordre qui l’a caractérisée tout au long de l’histoire. Il a fallu, au cours des siècles, que des hommes et des femmes incarnent toujours à nouveaux frais l’esprit qui caractérise sa famille spirituelle. Et sans jamais savoir où ils allaient, malgré le poids de l’ordre, ils y sont parvenus. N’est-ce pas son esprit de fraternité avec toute créature qui est venu jusqu’à nous lorsque nous évoquons le nom de François d’Assise ? Entre fuite de l’Église qui voulait le faire rentrer dans son ordre et renoncement à l’esprit de liberté qu’il trouvait dans l’Évangile, il a eu raison de s’en remettre à Dieu pour lui ouvrir le chemin de l’impossible.

Aujourd’hui

Aujourd’hui, surtout depuis les dernières élections présidentielles, beaucoup d’entre nous sont un peu comme François d’Assise avant la déprise que Claire lui a permis de faire. Nous sommes souvent écrasés par la tournure que prend une certaine Église aujourd’hui. Le nombre de catholiques épousant des thèses d’extrême droite s’accroit considérablement d’année en année. Au point que les évêques de France deviennent timides pour désapprouver vigoureusement cette tendance qu’ils n’hésitaient pas à condamner hier. Au nom même de notre fidélité à l’Évangile nous ne pouvons pas pactiser avec une idéologie de repli sur soi ou sur une patrie qui exclue les autres. Beaucoup aussi – et c’est souvent les mêmes – refusent de pactiser avec une Église qui se présente comme une citadelle inébranlable soucieuse avant tout de défendre sa morale familiale et désireuse de l’imposer à tous.

Beaucoup ont essayé de parler mais si souvent en vain. Aujourd’hui la plupart se taisent : les uns quittent l’Église sans faire de bruit, les autres y demeurent quand même mais au prix d’un renoncement à se battre contre des murs qui les écraseraient, pensent-ils, s’ils agissaient autrement. Se sentant trop petits, ils ne combattent plus. Une autre voie nous est proposée aujourd’hui, par l’Évangile de ce jour et l’expérience de François d’Assise. Un chemin entre fuite et démission… réservée précisément aux tout-petits. La voie de l’abandon à Dieu, de la déprise intérieure. Totalement assurés que l’Évangile ouvre un chemin de fraternité et non de domination ou d’exclusion des étrangers, assurés que nous sommes bien trop faibles pour lutter contre des citadelles, il nous reste – quand la maison brûle – à persévérer dans notre désir de fraternité et à nous en remettre à Dieu pour nous donner des occasions d’en vivre et de la susciter par nous jour après jour. Sans savoir où nous allons mais assurés que Dieu sera avec nous pour que cette fraternité trace les formes d’une Église toujours nouvelle dont aujourd’hui nous ignorons les contours.

Christine Fontaine


Un secret à révéler

L’entrée dans le langage

Pour comprendre cet Evangile, il est bon de se rappeler les sentiments que nous éprouvons lorsque, rejoignant une famille où vient de se produire une naissance, on rencontre le nouveau-né. Nous partageons la joie des parents, nous scrutons les traits du visage de l’enfant : « à qui ressemble-t-il ? » Plus profondément, quand on y réfléchit, on en vient à se poser une question grave que nous ne formulons pas toujours. Ce petit visage de chair cache un secret. Il peut sourire, il peut pleurer mais il ne sait pas parler. Plus ou moins confusément nous pressentons qu’il est aux bords d’un événement étonnant. Il échappera bientôt au sein de sa mère qui le nourrit ; tout va lui manquer ; il lui faudra, lentement, entrer dans le langage, se tourner vers ses proches, trouver les gestes et les mots capables de faire entendre son désir de vivre. « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». Le sage ou le savant est celui qui n’a pas besoin de demander : il sait ce qui est bon et il le possède. Son désir est satisfait. Le secret du tout-petit enfant c’est qu’il ne possède et ne connaît rien. Tout laisse à désirer. Le secret du petit enfant, c’est sa pauvreté : « Heureux les pauvres, le Royaume des Cieux est à eux ». Le Royaume des cieux est celui de la parole qui passe par nos lèvres ; elle véhicule le manque et le désir qui nous tournent les uns vers les autres et nous permet d’aimer et d’être aimés.

Entre le Père et le Fils

Ce que dit Jésus à propos de l’enfance a quelque chose d’assez bouleversant. Ce passage entre le moment où l’on sort du ventre maternel et celui où l’on entre dans le langage est présenté comme le secret que Dieu en Jésus est venu révéler aux hommes. Ce secret, ce passage au désir, n’est rien d’autre que le passage du Père au Fils et du Fils au Père. Qui est-il ce Jésus qui se présente comme le Fils d’un Dieu Père ? Et qui est-il ce Dieu Père qui confie tout à son Fils. Ils ne sont rien l’un sans l’Autre comme l’enfant n’est rien au moment où il va parler. Le Fils ne vit que de désirer le Père et le Père ne vit que de désirer le fils. On appelle Esprit ce lien de l’un à l’autre qui est comme leur secret. La vie de Dieu, en réalité, est la vie qui va se déployer chez le petit lorsque va s’ouvrir un désir qui n’a pas été encore corrompu. Ce désir est la possibilité de se tourner vers autrui, de l’appeler, de l’aimer.

Dieu se révèle

« Personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler ». A qui veut-il le révéler ? Mieux vaudrait demander : « A qui peut-il le révéler ». Lorsqu’on est respecté dans la ville à cause du pouvoir qu’on y exerce, il n’est plus nécessaire de se tourner vers autrui. Lorsqu’on a lu tous les évangiles et toute la Bible, lorsqu’on prétend connaître les mystères de Dieu, on peut être satisfait ; plus rien alors n’est à désirer et le mystère de Dieu est évanoui. Jésus le précise : il ne peut dire ses secrets aux sages et aux savants. Que chacun, pour entrer dans le mystère de Jésus, place son cœur là où le désir est à vif. S’il n’a rien à désirer pour lui, qu’il se tourne du côté où le pauvre appelle. Jean Chrysostome, l’Evêque de Byzance, la capitale où résidait l’Empereur, prêchait à des riches. Il ne leur demandait pas explicitement d’abandonner leurs richesses mais, par exemple, il demandait aux hauts fonctionnaires d’aller aux portes de la ville, d’y repérer les étrangers qui se pressaient pour entrer, afin de les accueillir et veiller à leur confort. A tout époque, en effet, le migrant est une personne en manque n’ayant ni sol ni maison ni emploi ni relations amicales ou familiales. Ce point où tout manque, est celui où Dieu se manifeste. Les richesses du haut-fonctionnaire ou son pouvoir ne le sauvent pas. En revanche Dieu se révèle à lui lorsqu’il entend le voyageur « peinant sous le poids du fardeau ».

« Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ». On a souvent reproché au christianisme d’être une morale d’esclaves et de se complaire dans la misère. C’est mal comprendre le message de Jésus. Il nous conduit d’une part à n’être jamais satisfaits et d’autre part à regarder l’avenir pour construire ou reconstruire s’il le faut. Le migrant perdu aux portes de la ville de Byzance n’est pas invité à s’enfermer dans sa misère. La parole lui est donnée pour qu’il en appelle à l’autre et à l’Autre. « Venez à moi... ». C’est à lui que nous allons lorsque se rencontrent ceux qui n’en peuvent plus et ceux qui « procurent le repos ». Le monde où l’on parle, où l’on écoute, où l’on appelle, où l’on répond, est le monde de l’Alliance avec Dieu et avec nos frères humains. Le mot « joug », sur les lèvres de Jésus, n’est pas innocent. Il permet de comprendre que l’aventure de la pauvreté, de l’amour et du désir est une aventure « conjugale », une véritable alliance.

« Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». En fin de compte, ce qui est révélé, c’est la jeunesse du cœur. Elle peut être retrouvée à tous les âges ; c’est en cela que l’Evangile est une Bonne Nouvelle. Quand le cœur est jeune et qu’il est à l’ouvrage, la face du monde peut changer et l’univers devient vraiment la maison où Dieu demeure avec les hommes

Michel Jondot

Reposons-nous un peu !

L'abandon

L'enfant s'endort dans les bras de son père. Et le père oublie tous les soucis du jour. Il ne se souvient plus de ce poids de fatigue qui lui courbait le épaules. L'enfant s'endort dans les bras de son père et le coeur du père s'émerveille. L'abandon de son petit entre ses bras, cette confiance de l'enfant qui lui est tout entier livré, l'émeut profondément. Ce petit sans résistance, sans défense, le touche au plus intime.

L'enfant réveille, au plus profond de son père, une tendresse inexprimable. Devant son petit, son coeur exulte, il tressaille de joie.

Ainsi en est-il avec Dieu.
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau. Venez à moi et je vous procurerai le repos » dit Jésus qui veut nous révéler le mystère de son Père. Dieu est ce Père qui ne demande rien d'autre que cette confiance qui nous permet de dormir en paix, ayant déposé entre ses mains le fardeau du jour. Dieu est ce Père dont le coeur s'émerveille devant ces fils d'hommes qui, à bout de fatigue, remettent leur vie entre ses mains parce qu'elle est trop lourde, trop rude, trop aride. Dieu est ce Père qui demande seulement un peu d'abandon à ses enfants. Le moindre acte d'abandon d'un seul de ses tout petits le repose de toutes les fatigues que lui causent les sages et les savants.

La fatigue

Les sages et les savants se fatiguent trop. Ils n'ont pas compassion d'eux-mêmes ;ils usent leurs forces à acquérir toujours davantage de connaissances, d'expériences. Ils doivent être compétitifs dans le domaine qui leur est propre. Ils n'ont pas le droit de se laisser dépasser. Ils sont contraints de se lancer toujours dans de nouvelles entreprises pour ne pas être mis au rebut de la société. La vie est pesante, trop pesante pour eux.

Et Dieu de son côté se fatigue - à longueur de vie - avec ces pauvres petits qui ne se reconnaissent même plus le droit de se reposer. Dieu sait bien que les fils d'hommes ont tellement pris l'habitude de travailler toujours que, dès qu'ils s'arrêtent, ils ont mauvaise conscience. Dieu se fatigue à leur répéter qu'il est bon de se reposer.
« Venez à moi, leur dit-il par Jésus, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous procurerai le repos.»

Mais les fils d'hommes ont oublié ce qu'est le repos et ils ne comprennent pas ce que Dieu leur veut. Ils considèrent la vie avec Dieu comme un autre fardeau, une tâche supplémentaire. Il y a un malentendu entre Dieu et ses enfants, un profond malentendu : les hommes - ayant perdu l'habitude de se reposer - ne comprennent pas que Dieu ne leur demande rien d'autre qu'un peu d'abandon, de repos, de déprise, de remise de leur vie entre ses mains. Or les hommes continuent à se demander ce que le Seigneur leur veut. Dieu demeure caché aux sages et aux savants.

L'exultation

L'enfant s'endort dans les bras de son père et le père oublie tous le soucis du jour. Lorsque l'enfant s'endort, le coeur de son père s'éveille et s'émerveille. Devant l'enfant abandonné entre ses bras, le père, par son petit, entre dans le mystère . Ce qu'il connaît alors n'est ni de l'ordre du simple sentiment, ni de l'ordre de la raison, ni de l'ordre de la sagesse. Il entre dans un domaine oublié, dans un domaine caché, mystérieux, inconnu.

L'enfant qui dort réveille en cet homme d'âge mûr l'esprit d'enfance. L'enfant révèle à son père que lui aussi a été ce petit. Et l'homme, du plus profond de lui- même, se souvient de l'enfant qu'il a été, de cet enfant qu'il demeure, de cet enfant qu'il est appelé à être, de cet enfant qu'un jour il sera.

Alors, à la suite de Jésus, il pressent que ce que Dieu a caché aux sages et aux savants il l'a révélé aux tout-petits ; Lorsque l'homme retrouve cet abandon, cette confiance première entre les bras de son Père des cieux, il comprend de quels flots de tendresse Dieu entoure celui qui consent à être simplement son tout-petit. Au plus intime, l'homme découvre alors ce que c'est que d'être fils de Dieu. Il connaît le Père en se reconnaissant fils.

« Personne ne connaît le Père si ce n'est le Fils » Le Père et le Fils s'émerveillent l'un et l'autre ; Ils se reposent l'un sur l'autre. Ils s'en remettent totalement l'un à l'autre. Et le Fils de l'homme exulte et chante : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange !»

Christine Fontaine