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8ème dimanche du temps ordinaire

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
Mt 6, 24-34

Comme les disciples s'étaient réunis autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : Aucun homme ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'Argent. C'est pourquoi je vous dis : Ne vous faites pas tant de souci pour votre vie, au sujet de la nourriture, ni pour votre corps, au sujet des vêtements. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils ne font pas de réserves dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? D'ailleurs, qui d'entre vous, à force de souci, peut prolonger tant soit peu son existence ? Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'était pas habillé comme l'un d'eux. Si Dieu habille ainsi l'herbe des champs, qui est là aujourd'hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : 'Qu'allons-nous manger ?' ou bien : 'Qu'allons-nous boire ?' ou encore : 'Avec quoi nous habiller ?' Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché. Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine.

Nouvelle homélie : La parole et le pain
Michel Jondot

A chaque jour suffit sa peine
Christine Fontaine

L'Apocalypse ou le Royaume!
Michel Jondot


La parole et le pain

Il ne suffit pas de boire ou de manger

On a parlé d’une expérience assez cruelle dont se sont rendus coupables une poignée de psychologues aux Etats-Unis, voici une vingtaine d’années. On avait sélectionné vingt nouveau-nés ayant même constitution et on les avait séparés en deux groupes de dix. Tous avaient les mêmes soins et le même allaitement. Mais les uns étaient entourés de caresse et de câlins ; les autres recevaient nourriture et soins sans qu’on leur manifeste la moindre tendresse. Il a fallu très vite arrêter l’expérience. Autant les premiers bébés se développaient normalement, autant les autres dépérissaient.

Cette expérience éclaire l’Evangile de ce jour. Il ne suffit pas de s’interroger pour savoir ce qu’on va boire ou manger, comment on se logera ou s’habillera. Le bonheur de l’homme est ailleurs. Il est une façon de regarder la vie qui place l’humanité en-dessous du monde animal ou végétal. « Regardez les lis des champs…regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans les greniers, et votre Père les nourrit. Vous-mêmes ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ! »

On ne peut servir Dieu et l’argent

On peut hausser les épaules. Ces propos risquent de sembler scandaleux aux chômeurs qui ne peuvent plus nourrir leurs familles ni leur fournir les vêtements qui les protègeront du froid. Pourtant, si l’on écoute attentivement les propos de Jésus, on s’aperçoit que son regard n’est pas dépourvu de sagesse. Ce qui paraît de l’insouciance cache peut-être un vrai secret quand on prend au sérieux les propos qui encadrent le discours. Au départ on nous avertit : « On ne peut pas servir Dieu et l’Argent. » Au terme on nous indique le chemin à suivre pour que tout soit donné à chacun : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout viendra par surcroît. »

S’il y a des pauvres dans les sociétés riches et des riches dans les sociétés pauvres c’est bien sûr parce que l’argent circule d’une façon injuste. Le fonctionnement de l’économie de marché aboutit à créer des écarts extraordinaires et à diviser l’humanité : d’un côté les privilégiés et de l’autre les exclus. Il faut avoir le souci d’écraser son concurrent pour que marchent les affaires. Place au plus fort (« Ne pouvant trouver le juste, on a trouvé le fort » Pascal). Si plutôt que de voir en autrui un concurrent on voyait en lui un frère, la justice coulerait comme un fleuve et nous trouverions le Royaume que Jésus nous demande de chercher.

Le Royaume de Dieu et sa justice

Un bébé ne peut survivre sans être enveloppé de tendresse : il ne vit pas seulement de lait. De même l’adulte « ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » ; tout homme et toute femme que nous rencontrons sont comme un message que Dieu nous adresse. Deux mots sont à mettre en relation dans le discours de Jésus (« souci » et « foi »). Le mot « souci » revient cinq fois en l’espace de quelques lignes. Il désigne dans tous les cas un mouvement qui tourne vers soi-même : « le souci de prolonger sa vie », le souci de savoir de quoi on va pouvoir se nourrir ou se vêtir, « le souci du lendemain ». Mais ce terme s’oppose à un autre : « hommes de peu de foi. » La foi désigne la confiance en autrui et cette confiance est pure quand elle s’oriente en même temps vers Dieu et vers nos proches. Par-delà toute concurrence, nous sommes appelés à vivre dans la confiance mutuelle ; alors autrui aura souci de nous comme nous aurons souci de lui. Nous vivrons du mystère de Dieu et de son Royaume.

Une parabole qui nous vient de la sagesse d’Extrême-Orient illustre assez bien cette façon de voir. Quelqu’un est amené à visiter successivement l’enfer et le ciel. En enfer il voit des hommes et des femmes en vis-à-vis à une table où se trouvent des plats succulents. Mais les baguettes pour les prendre sont trop longues : on ne peut s’en servir pour porter les aliments à la bouche. Tous restent sur leur faim, désespérés. Curieusement, le visiteur découvre le même décor au Paradis : des personnes en vis-à-vis et de merveilleuses nourritures entre eux. Mais là, grande est la joie entre tous. Chacun oubliant sa propre faim peut prendre les baguettes et les porter jusqu’aux lèvres du vis-à-vis et comme tous ont souci d’autrui, nul n’est laissé de côté et l’affection entre les convives est totale.

Manifestement l’Evangile de ce jour concerne la vie en société. Dans notre pays, nous avons la chance de pouvoir contribuer à la façon de vivre en commun. De quoi avons-nous souci en cette période d’élection en écoutant les candidats à la responsabilité présidentielle ? Ne pensons pas d’abord à nos intérêts personnels. Si nous sommes parmi les privilégiés et si nous croyons à l’Evangile, nous nous devons d’abord d’avoir souci des plus démunis. Qui risque de défendre le mieux ceux qui n’ont pas de logement ou les étrangers qui frappent à notre porte ?

N’oublions pas que nous appartenons à une époque où nous sommes proches les uns des autres malgré la distance entre les continents. Il est bon, bien sûr, de veiller à la sécurité de nos concitoyens mais ce serait folie d’oublier nos responsabilités à l’égard des peuples dont les membres sont obligés de quitter leur pays pour échapper à la sauvagerie de la guerre ou à la faim. Nous finirons par sombrer tous dans la mort si nous nous replions sur nos frontières. Depuis notre premier souffle, plus que de nourriture, nous avons besoin d’être liés à autrui. Demandons-nous qui a besoin de nous et de notre pays et l’humanité s’orientera vers le Royaume de Dieu qu’il nous faut chercher.

Michel Jondot


A chaque jour suffit sa peine

Trop de peine

Il y avait un jardin qu’on appelait la terre. C’était au commencement du monde, c’était avant. Il y eut un jour où Dieu créa le ciel et la terre, les oiseaux dans le ciel et les fleurs des champs. Il y eut un jour où Dieu créa l’humanité sur cette terre et où il lui donna maîtrise sur l’univers. Ce jour-là Dieu vit que tout ce qu’il avait fait était bon.

Mais il y eut aussi un autre jour ; c’était aussi au commencement du monde. Ce jour-là l’homme et la femme virent qu’ils étaient nus et ils connurent le souci de se vêtir. Ce jour-là, Dieu annonça aux hommes qu’ils auraient à gagner leur pain à la sueur de leur front ; dès lors ils connurent le souci de trouver le manger et le boire. Ce jour-là enfin Dieu annonça que l’humanité serait enfantée dans la douleur et qu’elle connaîtrait la mort et l’homme – du commencement au terme de sa vie - connut la peur de souffrir et de mourir. De ce jour date notre peur de chaque jour : celle de l’avenir.

Il y eut un jour, au commencement du monde, où tout était pour l’humanité bonheur et beauté. Mais ce jour-là est passé. Il y eut un autre jour où l’homme appris ce que c’est que l’inquiétude. Ce jour-là n’est pas encore terminé. Aujourd’hui, Dieu nourrit toujours les oiseaux du ciel mais il ne le fait pas à notre place pour notre famille. Il habille toujours l’herbe des champs mais il n’achète pas à notre place les vêtements indispensables à nos enfants. Alors que vaut cette invitation de Jésus à ne pas se faire tant de soucis ? L’éloge de l’imprévoyance peut paraître bien joli mais il ne marche qu’au paradis et il est perdu pour nous aujourd’hui.

Ne vous faites pas tant de soucis

« Ne vous faites pas tant de soucis pour votre vie… »
« Ne vous faites pas tant de soucis : ne dites pas comment allons-nous manger et boire ou comment allons-nous nous habiller… »
« Ne vous faites pas tant de soucis pour demain… »
« Ne vous faites pas tant de souci ! », par trois fois Jésus nous le dit comme pour nous enfoncer un clou dans la tête. S’il se répète ainsi c’est peut-être parce qu’il sait qu’il ne sera pas entendu en une seule fois. Mais puisqu’il nous le dit trois fois, gageons qu’il y a dans ses paroles quelque chose de réellement important à recevoir progressivement… Alors tentons de le suivre pas à pas.

Remarquons d’abord que Jésus ne dit pas de ne pas se faire de soucis du tout mais de ne pas s’en faire « tant ». Il y a donc un souci légitime et un autre qui est en trop. Et Jésus précise ; le souci de trop est celui qui porte sur l’avenir : « Ne vous faites pas tant de soucis pour demain, demain se souciera de lui-même, à chaque jour suffit sa peine. »

« Sa peine » ! Il n’est pas question pour Jésus de nous faire rêver du paradis terrestre. S’il y a de la peine à vivre c’est bien le signe que le paradis est définitivement perdu. Il s’agit – en premier lieu – de sortir des illusions : ce monde sans peine, sans souffrance, sans blessure et sans mort n’existe pas. Ceux qui voudraient nous faire croire qu’on peut ou qu’on pourra un jour y échapper sont des fous dangereux qu’il ne faut à aucun prix suivre… L’histoire du vingtième siècle nous a d’ailleurs appris à nous en méfier. Aux dire de Jésus, chaque jour sur cette terre comportera une part de peine… ce qui ne veut pas dire qu’il ne comportera pas aussi une part de joie. Mais ceux qui désirent chaque jour seulement la joie se leurrent. Pour ne pas être eux-mêmes dans la peine, ils feront à coup sûr celle des autres.

Cherchez d’abord le Royaume et sa justice

« Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus… il leur disait… » Ce n’est pas aux foules mais bien à ses disciples que Jésus parle ce jour-là. Les disciples n’échapperont pas à la peine du jour ni aux soucis quotidiens. Cependant, nous dit Jésus, que votre souci et votre peine consistent d’abord à « chercher le royaume de Dieu et sa justice. Tout le reste vous sera donné par surcroît. » Entre les foules et les disciples, Jésus marque une ressemblance et une énorme différence : les uns comme les autres connaîtront la peine. Mais les premiers peineront à désirer toujours plus de confort, d’assurance, de pouvoir ou d’argent pour eux-mêmes ou leurs proches, rêvant ainsi pouvoir échapper aux soucis de l’avenir. Les disciples peineront à construire un royaume où l’argent ne soit pas le dieu que l’on adore : « Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’Argent. »

La justice de ce monde ultralibéral dans lequel nous vivons aujourd’hui consiste à vivre chacun pour soi d’abord. La justice du Royaume consiste à refuser de vivre les uns sans les autres. Jésus nous demande de faire passer la justice du Royaume avant celle de ce monde, à faire passer les relations d’amitié et de justice entre tous avant les possessions personnelles. Ce royaume sera toujours à chercher, jamais totalement trouvé mais tout disciple est appelé à faire un pas pour le faire advenir. Saint Jean Chrysostome, dans les premiers siècles de l’Eglise, n’hésitait pas à rappeler aux chrétiens en quoi consiste la justice du Royaume ; il leur disait : « Si l’un de vous a deux paires de chaussures alors que sur terre il existe une personne qui va nu pieds, celui-là a le devoir de donner la paire qu’il a en trop… sinon c’est un voleur : il vole le bien des pauvres. » Le pape François, en écho, déclare aujourd’hui : « Ne pas partager la richesse avec les pauvres, c’est du vol. » Certes on a de la peine quand on désire construire le Royaume. On ne peut qu’y tendre jour après jour, poser le pas que l’on peut faire aujourd’hui sans se soucier de celui du lendemain. Mais on ne se fait plus tant de souci pour soi quand on a d’abord le souci des autres !

Christine Fontaine


L'Apocalypse ou le Royaume!

Où va l'univers?

L'angoisse commence à saisir l'humanité lorsque l'on considère l'état de la planète. Où va l'univers ? Le réchauffement climatique entraîne des catastrophes naturelles : des populations entières sont englouties sous les eaux. On peut craindre une véritable apocalypse avant quelques dizaines d'années.

Ce dérèglement cosmique est le fruit du comportement humain. Depuis l'avènement du monde marchand l'appât de l'argent conjugué au progrès de la science a fait naître une industrie qui est moins au service de l'homme qu'à celui du fonctionnement d'un système injuste. La concurrence fait naître sans cesse des besoins inédits pour ouvrir des marchés nouveaux et permettre aux plus forts de s'enrichir au détriment des moins riches. L'inégalité entre les humains s'accroît au fur et à mesure que la nature se dégrade. La fabrication des produits requiert l'utilisation d'énergies fossiles, gaz, pétrole, charbon qui dégagent un gaz carbonique aggravant de plus en plus ce qu'on appelle « l'effet de serre ». Leur mise sur le marché accroît les écarts entre les hommes. Pour ne parler que des Etats-Unis, les revenus les plus élevés étaient 50 fois supérieurs à celui d'un ouvrier en 1975 ; en 2005 l'écart s'est multiplié par cinq.

Notre époque plus qu'une autre est en situation de comprendre les propos de Jésus. Le regard plein de tendresse qu'il porte sur les oiseaux du ciel ou sur l'herbe des champs est inséparable de son mépris pour l'argent. On ne peut servir Dieu et l'argent. Faire passer l'argent avant ce que le texte de ce jour appelle « le Royaume de Dieu et sa justice »ne peut qu'abîmer le don de Dieu qui est gratuit. L'Evangile nous invite à regarder le monde avec le regard de Jésus. Le cosmos nous est donné à lire comme un message; il est poème aux yeux de la Bible. « Que l'oiseau vole au-dessus de la terre » ; « Que la terre se couvre de verdure, d'herbe qui rend féconde sa semence ». Jésus, à coup sûr, entend ces paroles attribuées au Créateur, dans le livre de la Genèse, lorsque, s'adressant à ses disciples, il voit le paysage de Galilée. « Le cieux racontent la gloire de Dieu », dit le psaume. « Heureux ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre » : heureux serions-nous si nous savions recevoir le don de Dieu.

La fin des illusions

On pensera peut-être que les propos de Jésus, pour poétiques qu'ils soient, sont bien utopiques. « Ne dites pas « qu'allons-nous manger » ou bien « Qu'allons-nous boire ? » ou encore « Avec quoi nous habiller ? ». Ces mots sont peut-être plus réalistes qu'il n'y paraît. Le souci de l'habillement, par exemple, est tel qu'il donne matière à une publicité assez scandaleuse dans les pays riches. Pour faire vendre les produits qu'il fabrique, le monde dépense en publicité 400 milliards de dollars. Il en faudrait dix fois moins pour éradiquer la faim dans le monde ! « Qu'allons-nous manger ? » C'est une question qui ne se poserait pas si l'humanité ne s'était pas lancée dans un développement fou. Plus un pays se développe industriellement et plus sa nourriture se modifie. Avant que la Chine ne connaisse la croissance d'aujourd'hui, chaque habitant consommait 15 kilos de viande par an. En 2010, il en consommait quatre fois plus. Ceci modifie le rapport à cette nature que Jésus nous invite à admirer. Pour que la viande soit « rentable », on nourrit les animaux avec des céréales - soja ou maïs - dont la culture efface l'herbe des champs et qui donne matière à spéculation boursière.

L'angoisse commence à saisir l'humanité. Tous les partis politiques sont obligés désormais de tenir compte, dans leur programme politique, de l'avenir et de la survie du monde. Quel contraste avec les années 60 ! A cette époque, un grand chrétien, Teilhard de Chardin, nourrissait l'optimisme d'une humanité qui voyait se déployer des énergies qu'elle considérait comme un progrès. Le temps des illusions est fini. Est-ce une raison pour désespérer ? Jamais un chrétien n'a le droit de désespérer : l'espérance colle à sa foi à condition de vivre dans la charité. Teilhard de Chardin peut nous fournir les raisons « de rendre compte de l'espérance qui est en nous ».

L'heure de la charité;

Cet anthropologue qui est aussi théologien voit l'humanité s'orienter vers un point de convergence : l'apparition de la conscience appelle une « planétarisation » - nous disons aujourd'hui une mondialisation- où l'ensemble des consciences, sans qu'aucune ne perde sa singularité, entrent en communication les unes avec les autres. Il appelle « omega » ce point de convergence où se manifeste le Christ comme le beau fruit de l'humanité. A lire l'Evangile de ce jour, il n'est peut-être pas fou d'entendre que ce point est l'avènement de ce que Jésus appelle « le Royaume de Dieu et sa justice ». Comme un veilleur attend l'aurore guettons ce temps où les nations se tourneront les unes vers les autres sans calculer le profit qu'elles pourront tirer de la rencontre mais en vivant dans cette gratuité de Dieu que Jésus sait déceler sur les collines verdoyantes de Palestine. Notre message nous permet de rejoindre l'humanité au coeur de sa détresse. A chacun, bien sûr, d'apprendre à vivre dans la modération qui mettra un frein à l'emballement des systèmes financiers. Mettons-nous à l'écoute des économistes ; viendra, c'est inévitable, le grand génie (masculin ou féminin) qui saura faire en sorte que les possibilités de communication extraordinaires que nous connaissons se transforment en réelle charité. Viendra l'heure où, d'un bout à l'autre de la planète, hommes et femmes désireront se rencontrer non pour arracher des marchés mais pour donner et recevoir sans souci du lendemain et dans la joie de vivre. « La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture ? »

Michel Jondot