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Qui donc est Dieu ?
Jean-Claude Caillaux

Depuis quelque temps le nom de Dieu redevient à la mode. Que ce soit pour le proclamer mort, pour dénoncer ceux qui – en son nom – sèment la mort, ou pour en faire le défenseur de valeurs judéo-chrétiennes, de toutes façons Dieu se vend bien ! Mais ce Dieu là parle beaucoup trop fort ! « Simplement le calme silence passionné qui parle ce que nul ne saurait inscrire », tel est le lieu de la rencontre avec notre Dieu pour Jean-Claude Caillaux. En relisant le Cantique des Cantiques, il nous livre une histoire d’amour où nous reconnaissons « le vrai visage de Dieu ».

Jean-Claude Caillaux est laïc, membre-fondateur de l'association " La Pierre d'Angle ".

(1)Commentaires et débats


Lointaine proximité
O Visage –
Simple puits,
Etouffé.
Interminable quête, errance,
Et Visage reconnu en la tendresse d’un regard.

Perle déposée au repli de nos nuits.


Le vrai visage de Dieu ! Comment percevoir, puis inscrire en la mémoire la vérité du visage de Dieu ! Le faut-il et comment et pourquoi ?
Qui pourrait en dire la clarté, sans en cacher l’obscur ! Et comment respecter le désert qu’il est sans obnubiler la source vive ! Dire qu’il est et qu’il n’est pas ! Qu’il parle et se tait, et se manifeste à la mesure de notre écoute et pourtant sans mesure !

Contenu en aucune parcelle de l’univers ni en personne ! Tel est notre Dieu ! Aucun système d’écriture ne l’enserre, pas de mots pour le définir. Il est moindre que le plus petit qui se puisse concevoir et rassemble en lui bien davantage que le plus grand qui se puisse imaginer !
Il est tout, ce qui pourrait bien signifier qu’il n’est rien !
Autant de mots pour ne dire que notre incapacité à le dire !

« Un faux semblant »

N’avez-vous pas entendu ces temps derniers que Dieu revenait à la une des newsmagazine : la guerre au nom de Dieu ! Ah, enfin, Dieu refait surface ! On avait cru, ne le saviez-vous pas, que Dieu était mort ! Nietzsche en sa critique l’avait annoncé, et on s’était empressé alentour de répéter la phrase. Eh bien non, vous savez la nouvelle : Dieu est de retour ! Les puissants du monde l’utilisent pour vernir leurs projets…

Serions-nous devenus capables de le dire, ce Dieu tant inconnu ? Ou serait-il devenu marchandise comme les autres, à la merci des pouvoirs et fantasmes ? Un Dieu passe-partout ? Bouche-trou ? Étiquetage à la mode de l’invraisemblable et humain déchaînement. Donnant des raisons de vivre ou de détruire ? Un faux-semblant, oui voilà le mot juste. Simulacre, illusion. Peut-être un alibi. Tant que Dieu est à la bouche de ceux qui gèrent la fureur et le fracas, alors, voyez-vous media du monde, c’est qu’il y a de l’espérance devant nous ! Un Dieu proche, enfin ! Qui se consomme accompagné des ingrédients du moment… Qui se consomme… Il suffit de jeter l’emballage après, pour ne pas polluer…

- Tu oublies ton sujet, me dit à l’oreille un passant qui me voyait écrire à la terrasse d’un café… C’est sur le Vrai visage de Dieu !
- Oui. C’est que je m’interrogeais… Y a-t-il un vrai visage de Dieu ? Y en aurait-il de faux ? De faux visages… Des mensonges, masques, rêves et mirages, fables et impostures, des diables déguisés, trublions, bougres et idoles, des sourires mortels et réceptacles de toutes les magies du monde… Vous savez, le gentil monsieur qui offre des bonbons aux petits enfants à la sortie des écoles… Je ne sais pas si ça existe, mais on me disait ça quand j’étais petit. Oh si, je sais maintenant, pas pour les bonbons, mais pour ces gentils qui vous vendent n’importe quelle suite de mots au nom de Dieu…
- Y’en a même de tous les bords, reprit le passant soudain intéressé et craignant mon humeur. C’est qu’il a bon dos, Dieu ! Comme dit l’autre, on ne prête qu’aux riches…
- Justement, c’est là qu’il y a problème ! On s’est trompé de Dieu ! Quelle histoire à n’en plus finir ! Je le savais bien, moi, qu’il ne fallait pas écrire sur Lui !
- Tu sais, c’est pas en regardant le ciel que tu feras ton papier…
Il a raison le passant… Allons ! A mon sujet !

« L’idolâtrie, ce sera pour une autre fois »

Je m’étais dit que j’écrirais sur l’idolâtrie. Cette forme figée du désir et de l’amour. Cet embrigadement derrière les mots, surtout quand ils parlent Dieu.
Les idoles, me disais-je, on en parle tant dans les Écritures, qu’il y a peut-être eu contamination. Je veux dire : la Bible est elle-même devenue une idole. Les versets bibliques se sont transformés en horoscopes… Les mots et les versets tracés pour être reçues comme des questions, voilà qu’ils servent de réponses. Toutes faites. Sorte de prêt-à-penser, prêt-à-réagir, prêt-à-aimer, prêt-à-prier. Ligne directe avec un Dieu pourvoyeur de textos ! Du cousu main, j’te dis : il suffit de prendre, les yeux fermés.

Les prophètes, les grands et les douze petits, et tous les autres, la parole de Jésus et même ses silences, ses idées derrière la tête et ses « vous voyez ce que je veux dire », les réactions des apôtres et du grand Paul…, tous sont mis à contribution dans cette lecture horoscopique… Même l’Apocalypse, ce grand livre des questions, se voit récupéré par les grands prêtres de l’auscultation des temps… La Bible, scalpel pour la dissection des signes…

Le passant, il est toujours là, m’écoute. Et fronce les sourcils… J’ai compris, l’idolâtrie ce sera pour une prochaine fois., car il me faudrait parler de la Parole de Dieu comme instrument de pouvoir…, et donc comme adversaire et déni de ce qu’elle est… Alors, oui, par les temps qui courent, j’en suis fatigué, l’idolâtrie, ce sera pour une autre fois…
Tout de même, juste pour mémoire, et pour ne pas paraître me défiler devant l’horreur : la Parole de Dieu, sa Parole, elle est une question qui nous désembourbe, qui met à nu les pensées les plus cachées… Elle est le feu, le levain dans la pâte, force bouleversante, créatrice en nous de tant de mondes nouveaux… Et si c’est sa Parole, alors elle doit bien être transparente de son Visage, et en déplier la vérité ! La Parole de Dieu, mon Dieu, comment a-t-elle pu servir pour une prédication de la peur et l’embrigadement des futurs sauvés ! J’en suis l’amant de cette Parole, le savez-vous (cf. Ps 69, 37) ! Et je ne la reconnais pas… Elle est dévastée !

Mon ami ne me quitte plus des yeux maintenant. Il voudrait que je me calme. Mais c’est peine perdue, car je suis en colère. Oui, vraiment en colère ! C’est d’amour et de tendresse dont les êtres humains ont nécessité et non de lois et de préceptes. Et voici que la Parole est devenue le recueil des interdits, des frustrations coupables…, elle qui dévoile l’océanique immensité de l’amour dont nous sommes aimés, d’abord, d’abord, et d’abord…

« La quête, simple, de ce qui fait de l’autre la source de l’inépuisable »

Arriverai-je à écrire sur le vrai Visage de Dieu… ?

Quand j’entends cette expression « Visage de Dieu », je pense aussitôt au Cantique, le grand Chant des Chants. Vais-je encore m’égarer ? Je vous promets, j’essaie de ne pas… Voyons plutôt.
Ce Cantique, invraisemblable chant d’amour entre la jeune femme et son amant, entre le bien aimé et celle dont il appréhende le désir. Chaque verset décrit la trace des routes obscures par lesquelles passent les deux amants, en même temps que l’inattendu lumineux. L’ombre précède la clarté, ou l’inverse. La lumière jaillit de la nuit qu’elle engendre. La tension est extrême en ces lignes incandescentes ! Absence, puis présence, mais une présence qui se cache, renonce, se défait, disparaît. Puis une voix soudain se fait entendre, qui ne se peut comprendre vraiment. Un silence non plus l’absence plein de tendresse. Mais les bras ne sont plus là pour l’étreinte. La passion n’en peut plus d’attendre, et dans le même mouvement prend le temps de la patience de l’amour qui se donne. Car aucun ne se refuse. C’est la quête, simple, de ce qui fait de l’autre la source de l’inépuisable.

« Où est-il mon bien-aimé ? » « Détourne de moi tes regards, car ils me fascinent. » « Si vous trouvez mon bien-aimé, dites-lui que je suis malade d’amour. » « Mais ne réveillez pas mon amour. » « La bannière qu’il dresse sur moi, c’est l’amour. »

Épreuve, route invisible, flux et reflux de vagues lentes sur le sable, trace de l’aigle sous les nuages… Et le corps fait défaut à l’instant même où sa beauté se manifeste. Et lorsqu’elle ouvre, la bien aimée, voilà qu’il disparaît, l’amant tant espéré ! C’est que si elle le tenait elle ne voudrait plus le laisser s’échapper… Elle en est malade ! Tellement malade que les filles de Jérusalem se demandent entre elles ce que peut bien avoir de plus que les autres cet amant rebelle ! Il est fait comme tous les hommes ! Eh bien non ! l’aimé, comme l’aimée, n’est jamais comme les autres ! Il ne serait pas l’aimé(e) ! Il serait un passant, pas plus pas moins. Un/une parmi d’autres. Mais l’aimé, l’aimée ! L’amour ! Et la tendresse ! Sans mesure commune !

Et c’est vrai que le bien aimé est plus beau que tous les enfants des hommes ! Sa tête en or fin, les boucles de ses cheveux, ses yeux presque des colombes, ses joues, ses lèvres et ses mains, son ventre et ses jambes, précieux comme l’amour, incomparables à quoi que ce soit, même pas au corps resplendissant dans l’imagination des toutes jeunes filles… Il est le bien-aimé. Pour sa bien-aimée. Et cet amant qui s’échappe pour être plus présent n’a de cesse de la regarder. De loin, de près, de nulle part, du plus profond. Ailleurs et ici. Tout le temps. Il ne regarde plus. Il vit et respire la tendresse. Qui n’a plus besoin du regard ni des mots. Qui n’est plus que souffle, partagé, donné et reçu. En une proximité lointaine. Qu’elle est belle, la toute-aimée : ses pieds, la courbe de ses flancs, son nombril, son ventre brassée de blé entouré de lys, et ses deux seins, son cou tour d’ivoire, ses yeux, son nez, sa tête et ses tresses comme pourpre… Elle lui fait perdre le sens, elle, la source, l’onde, scellée (Ct 5,10-15 ; 7,2-6 ; 4,9-12).

Ils sont l’un à l’autre et ne sont qu’un, mais qu’il est long d’être ainsi séparés, de ne vivre l’unité entre eux que dans l’absence des désirs. La nuit comme une aurore, et le jour recouvre les vergers de grande obscurité.

C’est qu’il est un secret à découvrir : il faut que l’amour consume pour que des cendres naisse une voix fragile qui dise combien maintenant l’un est la preuve de l’autre, et réciproquement. Admirable échange, inlassable travail pour se laisser devenir le lieu de l’amour. Ils frappent les amants, à la porte, espérant. Qu’il vienne ! Qu’elle s’approche ! Et que les entrailles du cœur se déposent dans le sien comme l’oiseau sur l’amandier…

« Une distance qui est accueil,
voilà l’histoire »

C’est qu’il est un second secret qui se dévoile : le retrait seul autorise de voir l’inépuisable qui anime la fragile beauté. Des gestes simples et sans mystère, d’une ardente patience. On les dirait suspendus, et pourtant frémissant de vie. Cherchant la clé du cœur…, et sachant que personne n’appartient à personne… Émane de chacun d’eux comme une lueur qui appelle la vie de l’autre qui contemple… Comme s’ils étaient, l’un pour l’autre, les gardiens de l’intimité.

Une distance qui est accueil, voilà l’histoire. Leur histoire : l’écart qui s’unit à l’alliance. Et où ni l’ombre ni la lumière ne se contrarient. Simplement le calme silence passionné qui parle ce que nul ne saurait inscrire. Disparaissent toutes les routes, les laissant seuls déchiffrer la parole sans fin… et traverser la nuit jusqu’au cristal… C’est qu’ils ne cessent d’être au seuil, ces deux-là, dans l’espoir de la fraîcheur sortant du labyrinthe, près de la rivière où les courants s’épousent. Il leur faudra la suivre pour trouver le feu. Telle est l’histoire, où l’on ne sait qui parle ! Parce que c’est l’amour !

Extraordinaire récit. Récit de l’amour inouï d’un jeune homme pour sa fiancée, du désir insatiable d’une jeune fille pour son amant. Des corps qui se chérissent sans se voir, qui s’écoutent sans se parler, qui se regardent dans l’amour… L’affection des cœurs, la beauté des corps : tout dit l’élan, le désir et l’amour.
Surprenante histoire dans le livre saint, à l’érotisme lancinant, qui désigne combien le visage de Dieu, l’inconnu, est à jamais loin des prises.
- De Dieu ! Qui parle de Dieu, en cette aventure de jeunesse qui comme l’aigle se renouvelle ?
- Patiente, ami passant…

« Dieu, si Dieu il y a, est cette histoire d’amour ! »

Cette histoire n’est pas le tracé de mots correctement agencés pour faire du sens. Le Chant lui-même est l’amour ! L’amour n’est pas à chercher en dehors de ce si rapide poème, comme son explication ! Leur amour, à tous les deux, est dans ce chant qu’ils échangent ! Il est ce Chant. Les mots qu’ils crient murmurent et taisent, est l’amour même. L’amour n’est rien d’autre que le chant qui l’exprime. Chant qu’ils se donnent et qu’ils disent à tous : l’amour n’est pas privé ; nous n’en sommes pas les propriétaires ! Voyez le bien aimé, admirez la bien aimée !

Davantage s’il se peut : cette histoire, n’est-ce pas ton histoire lorsque tu la lis ? A l’instant même où tu lis le Cantique, tu vis l’amour qui se dit, tu dis l’amour que tu vis ! Est-ce loin du présent de ton existence ? Peut-être. Je ne sais. Mais il n’empêche, il y a contemporanéité du texte que tu lis et de la vie que tu mènes maintenant. L’amour qui se montre est le tien. Fascinante histoire à la vérité. Récit provoquant ! Bouleversant ! Dieu, si Dieu il y a, est cette histoire d’amour ! Il est l’amour qui tisse les mots comme les regards et les attentes.
Cet amour raconté n’est pas un amour « spirituel » qui fait tout pour ne pas s’incarner marquant ainsi l’illusion du désir et l’atrophie impénitente du sentiment, mais une histoire d’amour charnel. Un homme aime une femme qui le lui rend mieux que bien. Une femme cherche un homme qui l’attend dans l’impatience. Ces deux-là vont-ils se trouver ? Je vous laisse relire le Cantique. Le lire à l’endroit, puis à l’envers, entre les lignes, dans votre mémoire, et dans votre présent, dans votre corps et dans votre esprit. Sans les distinguer pour ne pas fuir la vérité de l’amour.

Avant que l’amour de ce couple (marié ? pas marié ? tel n’est pas le problème !) soit la figure ou l’allégorie d’autre chose, cet amour existe. Amour qui ne retient rien, qui ne prend rien, dépossédé : à peine cet amour a-t-il désiré les baisers de la bouche de l’aimé que voici qu’il désire être entraîné sur ses pas, ailleurs (1,4) !

Mais allons plus loin. De qui parle ce grand Chant ? De l’être humain, en sa poursuite inaltérable de l’étreinte ? Ou de Dieu passant comme l’inconnu ? Pas de réponse à cette question, sinon celle-ci tout de même : comment parler de Dieu sans parler de l’être humain ? Et si je parle de l’homme et de la femme, en leur tension de désir et d’attente, n’est-il pas question de Dieu ? Ce Chant n’est pas théologique : il dit la vérité de la route humaine et amoureuse. Et c’est pourquoi c’est une des plus belles pages théologiques de l’Écriture ! Dieu s’y donne à contempler dans la tendresse qui ose et qui n’ose pas, faite d’approches et de caresses, de descente et de remontée, de fuite même, de patience et de passion.

Ce qui est vrai de l’histoire de l’homme avec la femme, de la femme avec l’homme, cette rencontre jamais achevée, qui se nourrit de son inaccomplissement, est vrai de la venue de Dieu vers l’être humain et de ce cri poussé par le psalmiste : « Toi mon Dieu, je te cherche dès l’aurore ; j’ai tant soif de toi ! Après toi toute ma chair languit ; je ne suis qu’une terre sèche, sans eau. Je veux te voir ! » (Ps 62,2-3).

Ce que dit le Cantique, c’est l’amour entre un homme et une femme. Et s’il se trouve que l’on peut fort bien lire le texte en son entier en y discernant la relation de Dieu avec l’être humain, c’est que l’amour de l’homme et de la femme est spirituel. Et même théologique. Paul, des siècles plus tard, ne dit rien d’autre, lorsqu’il voit dans l’alliance conjugale vécue dans la chair un grand « mystère », relatif au Christ et à l’Église (Ep 5,32). C’est bien pourquoi les mots d’amour, ceux qui s’emploient entre l’homme et la femme, peuvent advenir à leur vérité en se disant à Dieu. Ce n’est pas faire semblant, ce n’est pas non plus faute de vocabulaire assez riche ! C’est parce qu’il en est de l’essence même de l’amour !

« Les mots humains, très humains,
sont les mots de Dieu… »

A la vérité, la réalité est inverse : tout relation de vérité entre les êtres vient de Dieu. C’est Dieu qui est premier, comme l’amour. C’est Dieu qui révèle à elles-mêmes les créatures. C’est l’amour que je reçois de Dieu et que je lui retourne qui dit la vérité de la relation aimante que je peux vivre en mon expérience singulière. Si les vocables ne changent pas pour dire Dieu, c’est que l’amour trouve en lui son origine. Il n’y a pas, en ce texte si beau, de sens caché qui serait à chercher derrière la lettre… Les mots humains, très humains, sont les mots de Dieu lorsqu’il dit l’amour à sa créature. Ce que nous vivons, en tout notre être, d’amour reçu et donné, reçu parce que donné, signifie le Visage de Dieu. Bien plus : ce Visage, sans contour, habite pleinement ce que nous tentons de vivre en vérité.

Alors, comment dire le vrai visage de Dieu ? En vivant ici et aujourd’hui ce qu’il nous est donné de l’amour. En allant jusqu’au bout de ce qu’il nous est donné dans la rencontre indicible et pourtant sensible, improbable et pourtant réelle, entre l’homme et la femme. Car cet amour est allégorique de ce qu’est Dieu en sa vérité : Amour. Mais en disant qu’il est allégorique, cet amour humain n’est en rien déprécié... Il est mis à sa juste place, la plus haute : celle qui conduit et demeure au cœur de la révélation. L’amour rejoint l’Amour parce qu’il en provient. C’est bien le même amour. Cet amour qui dépasse toute autre réalité. Cet amour dont on ne peut rien dire, - même si l’on peut répéter ce que dit Paul en son hymne grandiose (1 Co 13). Car l’amour est une route incomparable à toutes les autres. Elle est l’excès de tous les autres chemins. Elle est un surcroît, qui ne peut que se recevoir dans l’admiration.

Tel est Dieu ! Tel est Dieu !
Non plus un mot, ni une image ! Mais le Père. Et Jésus, le Christ. Et l’Esprit.
Tel est Dieu, que ne cachent pas les Écritures !

Jean-Claude Caillaux
Peintures de Zaou-Wou-Ki