Le Seigneur ne demande de nous que deux choses : l’amour de Dieu et l’amour du prochain, voilà ce à quoi nous devons travailler. (…) Le signe le plus sûr, à mon sens que nous avons ces deux amours, est la fidélité que nous montrons à garder l’amour du prochain. Car on ne peut savoir si nous aimons Dieu, bien que nous en ayons des indices probants, mais, pour l’amour du prochain, nous pouvons savoir ce qu’il en est.
Soyez sûres, que plus vous progresserez en celui-ci, plus vous serez avancées en l’amour de Dieu. Car l’amour que sa Majesté a pour nous est si grand, qu’en retour de celui que nous avons pour le prochain, il fait grandir de mille manières celui que nous avons pour lui, je ne puis en douter.
Quand je vois ce qui arrive à certaines âmes, très préoccupées à voir où elles en sont de leur oraison, si encapuchonnées en priant qu’elles semblent ne pas oser bouger, ni en détourner leur pensée de peur de perdre un petit peu du plaisir qu’elles y ressentaient, cela prouve combien peu elles comprennent le chemin qui mène à l’union avec Dieu. Elles pensent que là est toute l’affaire, non, mes sœurs, non. Le Seigneur veut des actes. Si tu vois une malade à qui tu puisses donner quelque soulagement, cela ne fait rien de l’laisser cette dévotion pour l’aider. Si elle souffre, que cela soit ta souffrance ; si cela était nécessaire, jeûne pour qu’elle ait de quoi manger. (…)
Demandez à notre Seigneur de vous donner ce parfait amour du prochain et laissez faire sa Majesté, elle vous donnera plus que vous ne sauriez désirer.
Thérèse d’Avila
Extrait du Château intérieur, chapitre 3.
Peinture de Soeur Marie-Boniface