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Astrid Borg
Vers le soleil levant

La ville s’agite
Les ânes braient, les enfants crient, les foules dansent
On immole l’agneau dans la cour des maisons
La lumière brille dans les yeux
Il a jeté dans l’eau cheval et cavalier
Les puissants bientôt vont tomber de leurs trônes.

Vive Dieu, vive la fête. Mangeons, buvons !
Prenez la coupe
Le fruit de la vigne est bon
Mais le ver est dans le fruit
Et la main de Judas a plongé dans le plat.

Les arbres du jardin montent vers le ciel
Et la terre est jonchée des corps
que le sommeil écrase
La lune se bat encore contre les ténèbres
La nuit refuse la lumière du monde
Le ciel est lourd et s’assombrit.
Abandonné de tous, abandonné du Père. Le ciel est sourd.
Pourquoi !

Les maîtres de la loi deviennent ses esclaves
Les prêtres idolâtrent le néant
Plus rien ne tient debout
Tout est brouillé.
On ne veut plus de lui, on ne veut plus de Dieu
On veut sa mort
Et que le sang coule et couvre la multitude !

Au sortir de la nuit s’ouvre un étrange chemin
Au sortir du Prétoire commence une rude marche
Lourde est la Croix qu’il faut porter
Jusqu’au gibet.
Mais ce gibet n’est pas ce qu’ils pouvaient penser.

Elles l’avaient suivi sur les routes de Galilée
Pourquoi mon Dieu, pourquoi cet abandon ?
Pour dire vrai, il n’est pas sourd.
La terre gronde et tremble et craque
Quand s’enflamme le ciel
Et le ciel se déchire
Comme au jour du Jourdain
Ecoutons.
Il dit, il ne cesse de dire :
« L’homme est mon fils bien-aimé. »

Elles sont demeurées fermées dans le silence
Pendant trois nuits.
Elles pleurent encore des larmes de cristal
En sortant cette fois des murs de leur prison
A l’heure où la nuit s’accroche encore au jour
Marchant vers le tombeau
Les mains pleines de parfums
Pour dissiper les odeurs de la mort.
Vêtues de robes sombres
Elles font face à l’homme aux vêtements de fête
D’une blancheur éclatante.

Quittez vos robes de tristesse
Déjà le jour s’arrache à la nuit
Sortez d’ici et brisez le silence.

Elles l’avaient suivi sur les routes de Galilée et de Judée
Et dans les rues de Jérusalem
Elles avaient bien compris quand il disait « Suivez-moi »
Elles l’avaient suivi jusqu’à la croix
Les voici maintenant les mains videse.

Mais, vive Dieu, elles reconnaissent son accent.
C’est bien lui ! c’est tout lui !
Il l’avait dit :
« Celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres ! »

Il a parlé, il parle, il vit
Voici leur tour, il faut parler, il faut chanter
En reprenant la route.
Il les attend en Galilée ; il nous attend
Un oiseau de bonheur s’envole dans les hauteurs
Et la lumière s’étale.
La joie gonfle les cœurs.
Les femmes s’en vont et marchent à pas de joie.

La route est terminée et le voyage commence
On peut se mettre en marche
Le visage tourné du côté où le soleil se lève.



Texte de Nicodème