Martin Luther
3- Luther au couvent
A l’automne de 1506, Luther prononce les trois vœux d’obéissance, de pauvreté et de chasteté. Dès ses premières années au couvent, auquel il était entré par une crainte
subite de la mort, mais peut-être aussi pour faire son salut (l’on considérait alors les vœux monastiques comme une seconde planche de salut, après celle du baptême,
et l’état monastique comme la voie supérieure vers le ciel), Luther accomplit scrupuleusement ses devoirs religieux , jeûnant et pratiquant la pénitence ; dès alors aussi,
il redoute le Dieu juge, devant la sainteté duquel il ressent de manière aiguë sa condition de pécheur.
La préparation à la prêtrise, à la fin de 1506, ne fait qu’attiser ses scrupules, et lorsque, le 2 mai 1507, il célèbre sa première messe, il se sent si indigne de célébrer
l’eucharistie qu’il manque de s’enfuir de l’autel.
A la fin de 1510, Luther est envoyé à Rome avec un confrère afin de régler un problème afférent à son ordre. De ce voyage dans la cité pontificale, Luther ne semble pas
avoir rapporté des impressions plus négatives que la plupart de ses contemporains : comme eux, il est scandalisé par le luxe de la Curie, mais, par des pratiques
pieuses diverses (visite de tombes de martyrs, célébration de messes dans plusieurs églises de la ville…), il cherche à acquérir des grâces en nombre. Ce n’est que
par la suite que, de manière polémique, Luther insistera sur le choc causé par son séjour dans la ville sainte.
A l’automne 1511, Luther est déplacé par Staupitz (vicaire général des Augustins pour l'Allemagne) à Wittenberg. En mai 1512, il est choisi comme sous-prieur de ce couvent, et nommé directeur des études.
On aurait tort, en se fondant sur les témoignages polémiques a posteriori de Luther, de ne dresser qu’un sombre tableau de ces années passées au couvent (Luther
ne quittera d’ailleurs le froc de moine qu’en 1525) : de la vie monastique, il retiendra notamment les prières des heures (les psaumes, intensément médités au couvent,
lui donneront non seulement matière à des éditions en langue vernaculaire, deux cours, ainsi que des commentaires sous forme de lettres ouvertes adressées aux premières
communautés évangéliques dans les années 1520), mais ils imprégneront encore son oraison quotidienne, cri d’espoir (parfois de détresse) adressé à Celui duquel il sait tout
attendre.
C’est néanmoins, comme nous le verrons, lui qui portera, en 1522, au monachisme occidental l’un des coups les plus rudes, par son écrit Jugement sur les vœux monastiques.
Texte : Extraits de la Bible allemande (Deutsche Bibel)
Je pense qu’il n’y a eu ou ne pourra y avoir sur terre aucun livre, rassemblant les exemples ou les légendes des saints, plus remarquable que le Psautier ; et si l’on
souhaitait que, parmi tous les exemples, légendes et récits, soient lus et regroupés les meilleurs, et présentés de la meilleure manière, il faudrait que l’on parvienne au
psautier actuel. Car nous n’y trouvons pas seulement ce qu’ont fait un ou deux saints, mais ce que font le chef même de tous les saints ainsi que tous les saints, comment
ils se comportent vis-à-vis de Dieu, de leurs amis et de leurs ennemis, et comment ils agissent dans tous les malheurs et les dangers, et les acceptent.
La vérité, la fidélité, signifient que l’on peut compter sur quelqu’un et trouver en lui refuge, et qu’il tient ce qu’il a dit et ce que l’on attend qu’il fasse. C’est
ainsi que partout dans l’Ecriture, Dieu se fait aussi célébrer comme étant miséricordieux et fidèle envers nous, à savoir qu’il nous témoigne amour et fidélité, et qu’il
nous montre à tous amitié et bienfait, et que nous puissions joyeusement compter sur lui.
Martin Luther
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