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Chant de marche de Noël
Extrait du poème de Paul Claudel
suivi d'une méditation par Christine Fontaine
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Pour toi, ville de David et de Booz, ô Bethléem Ephrata,
Certes tu n’es pas la plus mince entre toutes les cités de Juda,
Puisqu’à ton flanc cette nuit doit naître le Sauveur des hommes !
Chacun est venu du plus loin t’apporter ce nom dont il se nomme.
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Que de lumières dans tes rues ! que de tapage et que d’affaires !
César Auguste aujourd’hui recense toute la terre.
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L’Enfant Prodigue, qui traite le Mauvais Larron et les employés du Comput,
Se divertit chez le rôtisseur avec les joueuses de flûte.
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Il y a un feu pour chacun, excepté pour le Roi du Ciel.
Pauvre Jésus, quand Tu Te présentes, il n’y a jamais de place à l’hôtel !
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Joseph, avec l’humble Marie sur le petit âne, s’en va de porte en porte.
L’aubergiste, quand il voit cette femme enceinte, appelle au secours et main-forte !
Et refoule avec sa serviette sur le perron et sous la branche de sapin
Saint Joseph qui n’a point son auréole sur la tête, mais une vieille casquette en peau de lapin.
Paul Claudel
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Enfance !
L’enfance qui est derrière
« Une fois sortis de l’enfance il faut très longtemps pour y rentrer,
comme tout au long de la nuit
on retrouve une autre aurore. » (Georges Bernanos).
Aujourd’hui, c’est Noël.
On prétend que c’est la fête des enfants
et ce n’est pas faux
puisqu’en ce jour on aime à leur faire des cadeaux.
Mais Noël est d’abord la fête des grands,
le jour où les grands – sortis depuis longtemps de l’enfance -
sont invités à y rentrer.
Car l’enfance n’est pas d’abord derrière nous.
Elle est devant, toujours d’abord devant.
Ou plutôt l’enfance qui est derrière – si elle fut heureuse - est comme une étoile
qui nous guide à travers les nuits de nos existences.
Notre enfance, celle qui est derrière,
représente ce temps où la vie s’offrait à nous sous forme d’espérance
sans même que nous en prenions conscience.
L’enfance est portée par l’espérance du premier pas à faire,
de la première parole distincte à prononcer,
de la première lettre tracée en tremblant, de la première lecture.
L’enfance représente le temps des premières fois,
quand ce qui nous semblait hors d’atteinte devient possible.
L’enfance est ce temps où tout est possible…
jusqu’au jour où l’on apprend que… non…
et alors on fait ses premiers pas chez les grands !
L’enfance commence à s’éloigner
quand on se heurte pour la première fois
à une difficulté que l’on espérait pouvoir vaincre
- comme nous l’avions toujours fait -
mais qui se révèle insurmontable.
L’enfance qui est devant
Dans l’enfance on cueille l’espérance comme on cueille la vie.
Mais c’est l’enfance de derrière nous,
celle qu’il nous faut quitter,
pour devenir enfants de Dieu, car nous le sommes !
Aujourd’hui Dieu se fait enfant des hommes
pour qu’à notre tour nous devenions enfants de Dieu.
Il est temps aujourd’hui de croire que notre enfance
- celle que Dieu nous propose en vivant parmi nous -
est non pas derrière mais devant.
« Une fois sortis de l’enfance il faut très longtemps pour y rentrer,
comme tout au long de la nuit
on retrouve une autre aurore. »
Marie et Joseph ont supportés les fatigues d’un long voyage
à travers la Galilée et la Judée ;
ils n’ont pas trouvé de place dans l’hôtellerie ;
Marie mit au monde son fils au fond d’une grotte,
au plus noir et au plus froid de la nuit.
Dans l’enfance, on croit facile d’espérer.
Marie et Joseph ont dû apprendre à mettre un pied devant l’autre,
pour ne pas désespérer.
Combien de nuits nous faut-il traverser,
combien de chemins pierreux et tortueux nous faut-il parcourir
combien de combats nous faut-il mener
pour devenir capables d’espérer contre toute espérance
que Dieu ne nous a pas abandonné sur les routes de la vie
et qu’il est bien l’Emmanuel, Dieu-parmi-nous !
L’enfance dès aujourd’hui
Aujourd’hui c’est Noël pour les petits
pour qui il est comme naturel d’espérer
mais c’est aussi Noël pour les grands,
ceux qui sont tentés de désespérer d’eux-mêmes, de leur existence
ou du monde dans lequel nous vivons.
Aujourd’hui Dieu nous invite à vivre dans l’espérance
des enfants de Dieu,
celle qui est le fruit d’un combat contre toute la vieillesse du monde.
Sortis de l’enfance, nous disions : « Dieu m’a abandonné,
le Seigneur m’a oublié ! »
Mais en ce jour de Noël Dieu nous répond :
« Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit ?
Cesse-t-elle d’avoir pitié du fruit de ses entailles ?
Même si celles-là oubliaient,
moi je ne t’oublierai jamais ! » (Isaïe 49)
« Une fois sortis de l’enfance il faut très longtemps pour y rentrer,
comme tout au long de la nuit
on retrouve une autre aurore. »
L’autre aurore que Dieu nous propose, c’est maintenant
pour les petits comme pour les grands !
Christine Fontaine
Peintures d'Emil Nolde
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