Comme un petit enfant dire des choses à l’Invisible
prière, supplication, rage ou tendresse
regret ou jubilation,
des mots tout neufs, vierges et fort
Ça échappe
on ne s’en aperçoit même pas
sinon quelquefois après coup
On les dit comme en arrière de soi
du côté de celui qui en nous est l’enfant
toujours à l’aurore de la vie
naïf comme la volonté divine. (…)
Converser de choses et d’autres
et soudain
il se fait sans qu’on l’ait voulu
qu’on se met à parler enfin
parler de la vie, de la mort, de l’avenir de l’humanité
l’amour, la vérité
Dieu peut-être et peut-être pas
les grands chemins de l’homme, les religions, la foi
On s’en parle les uns aux autres sans haine
sans controverse, sans passion basse
mais parce que cela importe plus que tout le reste
et qu’on en parle si peu souvent
Et il arrive alors qu’une parole dite en passant, sans effort et sans intention,
soit baume, lait et miel , eau très pure, sang vivifiant
juste à temps pour celui qui l’attendait
et le fond du cœur est ouvert.
Maurice Bellet (1)
Icône : Christ des réfugiers
1- Maurice Bellet,
Extraits de L’IMMENSE, Nouvelle Cité 1987
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