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Les grandes traductions de la Bible
Michel Poirier


Michel Poirier a passé le plus clair de sa vie professionnelle à enseigner le grec ancien et le latin à des étudiants exigeants. Son intérêt pour quelques Pères de l’Église a pu prendre plus d’importance dans ses travaux après sa retraite. Il a suivi pendant quelques années un séminaire sur la traduction grecque de l’Ancien Testament à l’École Normale Supérieure et il est chargé dans la Revue des Études Latines du compte rendu des publications sur les premières traductions latines de la Bible. Le travail d’un de ses anciens étudiants sur Luther l’a aidé à mieux connaître le Réformateur. Il nous propose ici un exposé élaboré il y a quelques années pour un public œcuménique.

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Préambule : la langue originelle des textes bibliques

La Bible des Juifs (l'Ancien testament des chrétiens) est écrite en hébreu. Le Nouveau Testament est écrit en grec ancien.

Précisons :

Quelques passages de la Bible juive sont écrits en araméen, une langue du même groupe sémitique que l'hébreu, et qui au temps de Jésus était devenue depuis plusieurs siècles la langue commune et courante de toute la région, Palestine, Syrie, etc. Pour les livres de l'Ancien Testament que nous ne possédons qu'en grec, voir plus loin.

N'ayons pas la confiance naïve de croire que le texte hébreu des Bibles imprimées aujourd'hui coïncide parfaitement et en chaque verset avec celui que Jésus lisait, ou entendait à la synagogue. Dans une civilisation où les textes sont recopiés à la main, et quel que soit le respect avec lequel on traite un texte religieux, des variations sont inévitables, surtout dans une communauté déjà dispersée dont les juifs de Palestine ne constituent qu'une partie, et une communauté partagée entre des tendances diverses (n'oublions pas que les sadducéens ne reconnaissent que le Pentateuque). D'autre part la liste des livres inspirés n'est pas encore constituée en un canon définitif, il y a des hésitations, auxquelles échappent bien sûr le Pentateuque et les textes des grands prophètes, reconnus depuis longtemps. C'est seulement après la catastrophe de la ruine de Jérusalem et du Temple en 70 de notre ère que les rabbins pharisiens éprouvèrent le besoin de délimiter plus précisément le canon juif des Ecritures et de tenter d'unifier son texte. Le Temple détruit, l'Ecriture se substituait à lui comme centre de ralliement du Peuple. Il y eut notamment une réunion de rabbins à Jamnia (ou Yavné), vers 90-95, où beaucoup pensent que ce travail fut effectué ; elle est déjà postérieure aux premiers textes chrétiens, les lettres de Paul, et à trois de nos Evangiles au moins. En réalité, Jamnia n'est qu'un épisode de ce processus de canonisation et de régularisation, et il est hardi de prétendre décider quand il fut exactement achevé.

Le Nouveau Testament a été écrit en grec, pour des lecteurs dont le grec est la langue maternelle, par des auteurs qui le pratiquent couramment, soit à titre de langue maternelle, soit à titre de langue véhiculaire commune de la moitié orientale de l'empire romain et des royaumes situés plus à l'est où Alexandre était jadis passé en conquérant. Mais Jésus parlait araméen et pratiquait certainement la Bible juive dans son texte hébreu, certains des documents partiels intermédiaires qu'on décèle entre la première tradition orale et la rédaction définitive des Evangiles en grec peuvent avoir été en araméen. Il y a donc eu une première traduction, orale ou écrite, préalable au texte lui-même. Ne majorons pourtant pas cet élément : les citations de la Bible juive qu'on lit dans le NT sont tirées de la Septante, dont nous allons bientôt parler, et ne portent pas la trace d'une traduction directe effectuée par l'auteur sur un texte araméen ou hébreu différent. En conséquence, traduire en français non pas le texte grec que nous avons sous les yeux, mais un texte sémitique sous-jacent qu'on reconstituerait, me paraît arbitraire, même si cette tentative a pour mérite de faire percevoir certains harmoniques (j'emploie "harmonique" par métaphore à partir du sens du mot en musique). Dans l'épisode évangélique des Béatitudes, c'est faire violence au grec que de traduire makarioi autrement que par "heureux", "bienheureux", l'auteur ne pouvait attendre de ses lecteurs qu'ils comprennent autre chose. Quand Chouraqui traduit par "en marche", d’après le terme sémitique sous-jacent qu’il décèle, c'est un commentaire, à ce titre pertinent et enrichissant, ce n'est pas une traduction.

1. La traduction grecque des Septante,
et les autres traductions grecques

L'histoire des traductions de la Bible commence dès avant l'ère chrétienne. "Désireux de leur (= à nos sujets juifs) être agréable, ainsi qu'à tous les juifs de la terre et à leurs descendants, nous avons décidé de faire traduire votre Loi de ce que vous appelez le texte hébreu en langue grecque, pour avoir ces livres-là aussi dans notre bibliothèque, avec les autres "livres du Roi". Dans ces conditions, tu ferais bien et tu répondrais à notre sollicitude en choisissant des hommes d'une vie exemplaire, des Anciens versés dans la connaissance de leur Loi, capables d'en faire une traduction, six de chaque tribu, pour trouver un texte qui représente l'accord de la majorité, vu l'importance de la recherche. Aussi bien pensons-nous qu'une fois accompli, ce travail nous fera grand honneur." Voilà ce qu'un roi d'Egypte du début du troisième siècle avant notre ère, Ptolémée Philadelphe, aurait écrit au grand-prêtre juif, il est vrai d'après un récit qui date d'au moins un siècle plus tard. Encore plus légendaire est la tradition selon laquelle les septante, ou plutôt septante-deux, traducteurs auraient miraculeusement produit tous, en 72 jours, une traduction identique.

On gardera de ces traditions ce qui est probable : pour les besoins des juifs d'Alexandrie, une communauté nombreuse dans laquelle la plupart ne comprenaient que le grec, et sans doute aussi pour satisfaire la curiosité religieuse et juridique du monarque du moment, les cinq livres de la Loi proprement dite, le Pentateuque, furent traduits dès le 3ème siècle, le reste de la Bible juive le fut progressivement au cours des deux siècles suivants. En tout cas, à l'époque de Jésus, la traduction est complète, et elle sera régulièrement utilisée par les auteurs du Nouveau Testament dans leurs citations.

Elle est même plus que complète. Elle contient certains livres, ou certaines parties de livres, pour lesquels nous n'avons pas aujourd'hui d'original hébreu, soit que celui-ci ait existé mais ait disparu plus tard accidentellement ou pour avoir été rejeté par les rabbins à l’époque de la réunion de Jamnia, soit que le livre ou le passage ait été écrit directement en grec dans un milieu juif hellénisé. Le partage entre ces deux catégories de textes n'est pas définitif, les découvertes archéologiques récentes ont mis au jour quelques fragments hébreux ou araméens de textes qu'on ne connaissait qu'en grec.

Cette Bible en grec, accueillie avec enthousiasme dans le judaïsme égyptien, adoptée par la diaspora de langue grecque, et seule connue des premiers écrivains chrétiens, a été souvent contestée par le judaïsme de Jérusalem et de Palestine. Non seulement elle ose traduire le texte sacré, mais la traduction a en maint endroit été influencée par l'évolution des idées religieuses depuis la rédaction, la traduction devient parfois interprétation. C'est ainsi qu'en plusieurs passages la perspective d'une résurrection des justes y est bien plus explicite que dans l'original.

Après la rupture entre l'Église naissante et le judaïsme, la Bible des Septante deviendra d'autant plus suspecte que c'est d'elle que se nourrissent les chrétiens, et que ceux-ci argumentent à partir d'elle pour soutenir que Jésus est le Messie. Pour les rabbins, elle est devenue en quelque sorte crypto-chrétienne, et ils appellent de leurs voeux de nouvelles traductions. Ainsi verront le jour vers 130 la traduction d'Aquila, tellement littérale qu'elle violente souvent la langue grecque, puis vers 165 (date controversée) celle de Symmaque. De leur côté, certains manuscrits de la Septante portent la trace de révisions opérées durant les premiers siècles de son histoire en fonction du texte hébreu circulant alors dans telle ou telle région.

Quoi qu'il en soit, la Septante a le mérite d'avoir été traduite sur un texte hébreu antérieur de plusieurs siècles au texte officiel du judaïsme, ce qui peut être précieux quand ce dernier comporte des passages devenus incompréhensibles par suite d'un accident de la transmission. Les spécialistes à la fois hellénistes et hébraïsants repèrent alors, par exemple, qu'une lecture approximative du mot hébreu sous-jacent à tel mot grec peut avoir conduit au texte hébreu reçu.

De cette histoire complexe, on retiendra qu'il faut manier avec d'infinies précautions la notion de texte original, celui-ci ne se réduit pas totalement au texte hébreu canonisé par les rabbins à la fin du premier siècle après Jésus, et pourvu de voyelles seulement au haut Moyen Age.

La Septante dans la tradition de l'Église grecque

On a vu que les auteurs du Nouveau Testament sont tributaires de la Septante pour leur citations de la Bible juive. Les communautés qui vont naître dans l'Empire romain (on ne traitera pas ici des Églises de l'Orient, à l'est de l'Euphrate) sont toutes de langue grecque, sauf, partiellement, en Palestine et en Syrie. Pour les lectures de l'Ancien Testament dans la liturgie, c'est tout naturellement à la Septante qu'on recourt alors. Lorsque les Pères grecs produiront des traités d'exégèse, c'est encore la Septante qu'ils commenteront. Jusqu'à nos jours, la Septante est restée la Bible de l'Église grecque et byzantine, et quand celle-ci, au Moyen Age, a essaimé dans les pays slaves, c'est encore la Septante qui a servi de base à l'étude et aux traductions. Il en a été de même quand, dans une partie des Églises d'origine grecque au Proche-Orient, on s'est mis à célébrer en arabe. La Septante reste l'Ancien Testament de tout le monde orthodoxe.

2- Les "vieilles latines"
(traductions latines antérieures à saint Jérôme)

En Occident, notamment à Rome, la prédication chrétienne s'est d'abord exercée dans les milieux où l'on parlait grec (cela va des esclaves venus de l'est du bassin méditerranéen jusqu'à l'aristocratie cultivée en passant par le monde du négoce maritime). A Rome, et bien que la correspondance de l'Église utilise le latin dès les années 250, le grec n'a été supplanté par le latin comme langue liturgique qu'au quatrième siècle. Là encore, cela veut dire pour l'Ancien Testament la Septante.

C'est, semble-t-il, à Carthage et dans la province africaine qui l'entoure que les communautés chrétiennes ont commencé à passer au latin, dès les environs de 200. Bien entendu, on a dû alors traduire la Septante et le Nouveau Testament, d'abord les textes proclamés dans la liturgie (c'était indispensable), et bientôt le tout. Au milieu du troisième siècle, cette traduction africaine est apparemment complète. Au cours des siècles qui suivront, elle subira des révisions, et elle influencera plus ou moins les traductions qui seront élaborées en Italie et dans le reste de l'Occident romain au fur et à mesure que le latin l'emportera. Ces traductions alimentent les citations scripturaires des Pères de l'Église latine jusqu'à saint Augustin et même au-delà. Ces traductions sont souvent très littérales, leur latin est largement un calque du grec. Donc, pour l'Ancien Testament, c'est encore la Septante, et non pas la Bible des rabbins de leur temps, qui sous-tend la réflexion de ces Pères. Il est bon de le savoir lorsqu'on les lit, car il est parfois vain de chercher dans une Bible française traduite sur l'hébreu la source de leur pensée. Le cas de saint Ambroise, évêque de Milan de 374 à 397, capable de lire en grec la Septante, Aquila et Symmaque, et de les comparer, est tout à fait exceptionnel, ses confrères se fiaient à la traduction vieille-latine en usage dans leur Église.

Les savants modernes ont souvent parlé à ce propos d'une traduction vieille-latine, la Vetus Latina comme on dit en latin. C'est encore sous ce titre traditionnel qu'un organisme de recherche publie actuellement très progressivement, livre biblique par livre biblique, les fragments de ces vieilles traductions que nous livrent, outre quelques manuscrits d'Ecriture, les citations qu'en font les Pères. Mais chacun sait désormais qu'on doit parler de "vieilles latines" au pluriel, chaque écrivain a la sienne, qui est celle de son Église locale, bien qu'il soit possible de constater entre ces diverses versions de larges similitudes, et de reconnaître des sortes de familles (africaine, italienne), plus ou moins apparentées.

3. La Vulgate : le rôle de saint Jérôme

En 382, Jérôme arrive pour la seconde fois à Rome. Il était né en Illyrie (du côté de la Croatie ou de la Slovénie d'aujourd'hui) quelque trente-cinq ans auparavant. C'était un homme de forte culture classique en même temps qu'érudit, sachant le grec et déjà teinté d'hébreu, doué d'un vrai talent d'écrivain, initié à la vie monastique au cours de séjours en Gaule et en Syrie, baptisé jadis à Rome et ordonné prêtre à Antioche en Syrie. Le pape Damase fait de lui son secrétaire, tandis que de pieuses aristocrates dont les palais romains ont pris des allures de monastères se disputent ses conseils et ses commentaires spirituels. Jérôme est convaincu de la mauvaise qualité des traductions bibliques alors en usage. De sa propre initiative ou à la demande du pape, il entreprend de réviser le texte latin du Nouveau Testament : ses corrections visent à la fois à améliorer la qualité du latin utilisé et à fonder les choix sur un texte grec le plus sûr possible. Il ne mènera à bien que la révision des Evangiles, c'est un de ses disciples qui, un peu plus tard, révisera Paul, et sans doute aussi les autres épîtres, les Actes, l'Apocalypse.

En décembre 384, il est déçu de ne pas être élu pour succéder à Damase. Il n'a plus l'oreille du nouveau pape, l'ascétisme au coeur des palais n'est plus aussi bien vu à Rome. Jérôme et ses protectrices s'embarquent pour la terre où a vécu le Christ. Ils se fixent à Bethléem, où Jérôme va développer sans entraves ses activités érudites, aidé par ses amies qui, ayant renoncé au monde pour elles-mêmes et vivant une vie conventuelle, mettent leur richesse au service de la bibliothèque et des travaux de leur grand homme. Celui-ci entreprend la révision de l'Ancien Testament, d'abord en tentant une nouvelle traduction latine d'après un texte des Septante soigneusement revu à l'aide des Hexaples d'Origène : ce dernier, un siècle et demi plus tôt, avait rassemblé sur des colonnes parallèles la traduction des Septante, le texte hébreu des rabbins contemporains, les traductions grecques d'Aquila, de Symmaque, et une autre traduction encore, d'origine juive elle aussi. De cette première tentative de Jérôme sur l'Ancien Testament, il reste essentiellement la traduction des Psaumes qui fut celle du bréviaire romain jusqu'au milieu du 20ème siècle. Malheureusement pour les études bibliques, nous ne possédons plus aujourd'hui que des traces des Hexaples d'Origène.

Entre temps, Jérôme s'est mis à une étude plus approfondie de la langue hébraïque, il s'est même mis pour cela à l'école de juifs du voisinage et il rencontre des rabbins. Il se convainc qu'il serait préférable de traduire directement sur l'original hébreu. C'est ce qu'il appelle "la vérité hébraïque". Il va progressivement et jusqu'à la fin de sa vie (il mourra en 419) mener à bien la traduction intégrale du texte hébreu, ce qui l'amène à faire une seconde traduction des psaumes, sans renier la première.

Cette traduction de Jérôme laisse de côté plusieurs des livres bibliques qui ne sont connus qu'en grec, car il s'est rangé à l'opinion des rabbins, qui les laissent hors du canon de leurs Ecritures. Lorsque l'Église adoptera les traductions de Jérôme et en fera sa "Vulgate", elle fera appel pour ces textes à des révisions des "vieilles latines", d'origine encore discutée.

La généralisation de la Vulgate dans l'Église latine

Le parti que Jérôme avait pris en faveur de la vérité hébraïque ne fut pas approuvé immédiatement. Il heurtait les habitudes, surtout s'il était question de recourir à ces nouveautés dans la lecture liturgique. Pour le savant qu'était Jérôme, le choix avait été évident. Aux yeux du théologien et du pasteur, était-il légitime de renoncer à la tradition de l'Église et de préférer à la version citée par les apôtres et les évangélistes (on n'avait alors aucun doute sur les auteurs du Nouveau Testament) un texte vérifié auprès des juifs, et amputé de livres qu'on avait appris à révérer ? Augustin, par exemple, était très réticent, et l'avait fait savoir à Jérôme ; il n'a jamais utilisé que la vieille latine de son Église.

Peu à peu cependant, le parti de la rigueur scientifique l'emporta, au moins en ce qui concerne les traductions, car on ne renonça pas au canon traditionnel, plus étendu, hérité de la Septante, ni à la répartition des livres qu'elle avait adoptée, très différente de l'ordre canonisé par les rabbins. Ainsi présentée, et complétée comme on l'a dit pour ce que Jérôme n'avait pu (dans le Nouveau Testament) ou voulu (dans l'Ancien) traduire, la Bible de Jérôme finit par devenir la "Vulgate" de l'Église dans l'Occident latin, mais cela ne fut général qu'au bout de trois siècles.

Au Moyen Age, la perte presque générale de la connaissance du grec et plus encore de l'hébreu dans le monde latin fit de la Vulgate la forme unique sous laquelle on connaissait la Bible, la forme unique sous laquelle on l'invoquait dans les débats théologiques. La Vulgate était devenue, en Occident, la Bible, tout de même que la Septante était l'Ancien Testament dans le monde orthodoxe.

La Vulgate, Bible catholique jusqu'à une date récente.

Avec la Renaissance, la Vulgate se trouva contestée. Au 15ème siècle, les contacts noués avec l'Orient lors de pourparlers pour une réunion des Églises (concile de Florence, 1439), puis l'arrivée d'érudits grecs fuyant les Turcs qui venaient de prendre Constantinople (1453), avaient amené en Occident une brassée de manuscrits grecs. L'humanisme naissant s'intéressa aussi à l'hébreu, et le Collège de France, dès sa fondation par François 1er, lui réserva une chaire.

En 1516, Érasme donna une traduction latine nouvelle du Nouveau Testament, appuyée sur les travaux philologiques les plus récents. C'était considérer la Vulgate comme une traduction ordinaire, dépassable et dépassée. Les théologiens conservateurs s'alarmèrent. Bientôt Luther et les autres Réformateurs revendiquèrent pour tous les fidèles l'accès direct aux Ecritures, la Bible fut traduite, de l'hébreu et du grec, dans les diverses langues d'usage.

A Rome, en réponse, on se crispa sur la Vulgate, qu'on ne fut pas loin de proclamer inspirée. Le Concile de Trente (1545-1563) se contenta finalement de déclarer qu'elle doit être tenue pour authentique dans les discussions et les explications de la foi : ainsi, même si des contresens philologiques avaient pu s'y glisser, on la canonisait sur le plan doctrinal.

Dans l'Église catholique romaine, dès lors, les traductions en langue moderne ne furent pas prohibées absolument, mais elles furent surveillées, parfois supprimées lorsque leur orthodoxie était suspectée, et de toute façon considérées comme à ne pas mettre entre toutes les mains, le contact avec l'Ecriture devait passer par le prône du curé. En français, la traduction issue du milieu janséniste et publiée en 1696 par Lemaître de Sacy eut un succès et une influence durables, mais elle était faite sur la Vulgate, non sur les originaux. En 1870 encore, le Concile Vatican I mit la seule Vulgate en avant.

C'est en 1893 que le pape Léon XIII écrivit : "Il est nécessaire aux professeurs d'Ecriture Sainte et convenable pour les théologiens de connaître les langues dans lesquelles les livres canoniques ont été initialement écrits par les auteurs sacrés". La voie était ouverte à un retour aux textes originaux, et à des traductions directes à partir d'eux (ainsi, en français, dès 1894-1904, la Bible du chanoine Crampon, sans véritable concurrente catholique jusqu'en 1950). La Vulgate demeurait respectable, elle était détrônée.

4- Cyrille, Méthode, et leur postérité

La Vulgate nous a menés loin, jusque vers 1900. Revenons au Moyen Age.

Fallait-il vraiment inclure dans cette revue des grandes traductions de la Bible le travail des deux frères Cyrille et Méthode, apôtres des slaves au 9ème siècle ? Car ces grecs, envoyés par Constantinople évangéliser les slaves d'Europe centrale avec la bénédiction de Rome, n'ont traduit dans la langue de leurs fidèles que les Evangiles, le psautier, et les autres textes bibliques nécessaires à la célébration de la liturgie. Mais cette inauguration d'un travail que d'autres poursuivront est capitale parce que, ce faisant, ils ont fait entrer les peuples slaves dans le monde de la culture écrite. A l'aide de lettres du grec complétées par de nouveaux signes inventés, Cyrille a bâti un alphabet adapté à la langue dans laquelle il traduisait. Ce n'est pas exactement l'alphabet dit "cyrillique", utilisé maintenant pour le russe, le bulgare et le serbe, mais c'en était le précurseur. Avec ces traductions bibliques et liturgiques, les slaves recevaient non seulement un alphabet en même temps que la foi, mais aussi la possibilité de développer une grammaire, un dictionnaire, de constituer leur langue comme une langue de culture pouvant se mesurer avec le latin et le grec (souvenons-nous que le premier texte écrit en français date du même siècle, et que le latin restera encore longtemps la seule langue de communication universelle en Occident).

5. Les traductions de la Renaissance :
Érasme, Luther, la Bible anglaise du roi Jacques

On a déjà mentionné la traduction latine du Nouveau Testament par Érasme. Ajoutons seulement qu'en vue de cette traduction il avait effectué un travail critique d'établissement du texte grec, d'après les manuscrits. C'est ce texte grec que Luther, en 1521, va se mettre à traduire en allemand, alors que, mis par son prince à l'abri au château de la Wartburg après la rupture définitive avec Rome et les autorités du Saint-Empire, il passe un an dans une retraite forcée et studieuse. Plus tard, il poursuivra en traduisant intégralement l'Ancien Testament, d'après l'hébreu, tout en s'aidant de la traduction grecque des Septante. La signification de cette grande oeuvre est multiple : 1) elle met le texte inspiré tout entier à la disposition de tout fidèle sachant lire (1), avec la possibilité de se l'approprier personnellement - 2) elle se rapproche autant que possible des textes originaux ; en particulier, Luther ne considère plus comme inspirés et normatifs pour la foi les livres absents de la Bible hébraïque, livres qu'il nomme "apocryphes", même s'il leur reconnaît une utilité pour la piété, alors que l'Église romaine va leur maintenir sa confiance sous la dénomination de "deutérocanoniques" - 3) la langue allemande jusque-là n'avait pas réalisé son unité, dispersée qu'elle était en multiples dialectes régionaux ; ces dialectes vont bien sûr subsister, mais l'oeuvre de Luther va, par les choix qu'il a opérés, établir une langue littéraire solide, en même temps qu'elle crée un vocabulaire allemand des concepts philosophiques et religieux (2).

Luther fut évidemment imité par les Réformateurs des autres pays, et les traductions se multiplièrent dans le monde protestant. Il faut faire une place particulière à la Bible anglaise du roi Jacques 1er. Elaborée à la demande du roi, de 1607 à 1611, par des équipes de savants biblistes et linguistes, elle n'en possède pas moins une grande unité de ton. Postérieure à Shakespeare, elle ne peut prétendre avoir créé la langue littéraire de l'Angleterre. Ce rôle reviendrait plutôt aux traductions données par Tyndale de 1525 à 1536 au moment où l'Angleterre allait basculer dans la Réforme, traductions qu'elle a remplacées. Mais la Bible du roi Jacques a profondément influencé les esprits et le style dans le monde anglo-saxon presque jusqu'à nos jours, au point que lorsqu'au vingtième siècle l'Église d'Angleterre a voulu la remplacer par une version plus scientifique, plus sûre selon les critères contemporains, cela a suscité autant de résistance qu'il y en a eu à la même époque chez les prêtres catholiques lorsque Rome a voulu sous Pie XII remplacer dans les bréviaires (qu’on récitait encore en latin avant Vatican 2) les psaumes de la Vulgate par un texte aux allures de thème scolaire. On se désolait de voir remisé un texte présent dans toutes les mémoires, chargé de poésie, sous-jacent à bien des pages de littérature anglaise.

6. Les missionnaires de l'époque moderne, traducteurs de la Bible

Au milieu du 17ème siècle, dans les colonies anglaises d'Amérique, le pasteur John Eliot fut le premier qui traduisit la Bible dans une langue amérindienne. Lors du grand effort missionnaire du 19ème siècle et au-delà qui a coïncidé avec l'expansion coloniale des nations européennes, les missionnaires catholiques et protestants ont certes trop souvent considéré que leurs patries d'origine apportaient "la" civilisation, et ont trop peu respecté les cultures locales, allant jusqu’à détruire comme idolâtriques de précieux témoignages de leurs traditions. Mais il ne faut pas omettre que, parallèlement, leur premier effort a été de se faire initier à la langue des "indigènes", de comprendre cette langue, de la transcrire dans une écriture européenne, d'en dominer le fonctionnement (au besoin en rédigeant grammaire et dictionnaire), pour traduire au moins les Evangiles, et bientôt toute la Bible. Ces traductions ont soustrait bien des langues jusque-là purement orales à la précarité, aux aléas des suites de la colonisation. Ce fut surtout le cas en Afrique, mais en Asie aussi, où les missionnaires rencontraient des langues de vieille civilisation, cela a pu profiter à des langues de groupes minoritaires. La traduction de l'Evangile est souvent la première reconnaissance de la dignité d'une langue, et du peuple qui la parle.

7. Les tendances actuelles,
sérieux scientifique et œcuménisme

Pendant la première moitié du 20ème siècle, les chrétiens français ont disposé des Bibles du protestant Louis Segond (1880) et du catholique Augustin Crampon (publication achevée en 1904). A partir de 1950, les traductions se multiplient, comme d'ailleurs dans les autres langues importantes.

Ce qui caractérise ces traductions de notre époque, c'est le sérieux scientifique, et bientôt le souci oecuménique.

Sérieux scientifique. Ceci se manifeste d'abord dans l'établissement du texte hébreu et grec qui sert de base à la traduction : comme pour un texte de la littérature classique, on se réfère aux manuscrits anciens, on admet que tel verset admis par la tradition mais absent des témoins les plus sûrs a des chances d'être interpolé. Cela se manifeste encore dans les introductions qui esquissent l'histoire du texte : on n'en est plus au temps où un érudit incroyant qui démontrait que Moïse ou Isaïe ne pouvaient avoir écrit tout ce qui est mis sous leur nom en tirait argument pour déconsidérer la foi, et où les autorités confessionnelles censuraient au nom de la foi ces mêmes découvertes lorsqu'un érudit chrétien les faisait, là-dessus les catholiques savent les difficultés qu'a rencontrées au début du 20ème siècle le grand bibliste que fut le Père Lagrange, fondateur de l'Ecole Biblique de Jérusalem. Désormais, la science ne fait plus peur à Rome (encyclique Divino afflante spiritu 1943). Cela se manifeste enfin dans l'effort pour des traductions fidèles dans le détail et susceptibles d'être comprises, donc écrites dans le français de notre siècle.

Souci oecuménique. Jadis, avec Crampon et Segond, les catholiques avaient leur Bible et les protestants la leur. On n'en est plus là. Il y a eu les progrès de l'oecuménisme, et aussi les effets du sérieux scientifique : si l'on cherche à être le plus exact possible sans penser à défendre sa boutique, les différences s'estompent. La Bible de Jérusalem, produite par l'Ecole Biblique (catholique) de Jérusalem (1955) est entre les mains de nombreux protestants. Un pas de plus a été accompli quand un collectif interconfessionnel a mis en chantier une Traduction Oecuménique de la Bible, achevée en 1975. Ces deux Bibles sont probablement actuellement ce que l'on fait de mieux en français, sans négliger les qualités de la Bible en français courant (1982), finalement très fidèle au sens, bien plus qu'on ne pourrait croire en constatant son vocabulaire simplifié. Aux Etats-Unis, la New American Bible (1970) est elle aussi interconfessionnelle.

Pour conclure :
à la poursuite du texte original
les pièges du vocabulaire spécialisé

Pour conclure, j'aimerais exposer deux questions qui se posent à moi quand j'aborde la Bible et ses traductions.

1. C'est une bonne chose d'avoir tenu, après des siècles de règne de la Vulgate latine, à reprendre pour base les textes originaux. Mais où est exactement le texte original ? Pour le Nouveau Testament, la difficulté est limitée, elle est la même que pour Cicéron ou Platon, l'édition critique d'après les manuscrits laisse quelques incertitudes, mais elles sont de peu d'importance sur le fond. Pour l'Ancien, il en va différemment. On a vu que le texte hébreu reçu, le texte qu'on appelle massorétique, et qui constitue en quelque sorte la Vulgate juive, provient d'un travail de collecte et de révision effectué vers 90 de notre ère dans le monde juif, et poursuivi ensuite, puisque la notation des voyelles est bien postérieure, jusqu’à l’époque carolingienne. Ce qui s'écartait de cette Vulgate hébraïque a cessé peu à peu d'être recopié, et s'est évanoui. Mais les juifs d'Alexandrie, qui avaient traduit la Septante de quatre à deux siècles auparavant, devons-nous les considérer comme moins fidèles au Seigneur que les rabbins de Jamnia ? Je ne suis pas sûr que l'Église ait à soumettre sa liste et son texte des livres bibliques à des décisions juives postérieures à Jésus et aux apôtres. A l'inverse, je ne crois pas non plus qu'on doive systématiquement considérer que le texte hébraïque sous-jacent à la Septante est plus valable parce que plus ancien. Il peut arriver qu'il en soit ainsi, notamment lorsqu'il est possible de comprendre paléographiquement comment une faute de copie a fait passer du texte dont témoigne la Septante à un texte massorétique peu compréhensible (3). Mais ordinairement les différences ont d'autres origines, il existait des traditions diverses dans un monde juif déjà dispersé depuis l'époque de l'exil et du retour, resté partiel, à Jérusalem. Pour certains textes, on a des traces d'une recension courte et d'une recension longue. Ces divergences peuvent refléter des partis théologiques différents, on l'a vu à propos de la résurrection. Comme chrétiens, devons-nous donner plus de poids aux rabbins de Jamnia ? ou à la Septante parce que c'est elle que citent les auteurs du Nouveau Testament ? A mes yeux, la question reste ouverte, et peut-être une réponse unique, universellement valable, est-elle un leurre. Notre science court après le texte original absolu, elle s'en approche toujours un peu plus, mais il reste toujours en avant.

2. Le problème du vocabulaire spécialisé. Lorsqu'une école de pensée ou une institution en est à ses débuts, ce n'est que peu à peu qu'elle se forge un vocabulaire pour les concepts qu'elle élabore ou les fonctions qu'elle suscite en son sein, ensuite ce vocabulaire se fixe et se fige (4). Tous les traducteurs, même quand ils ne sont pas ou plus chrétiens, sont tributaires d'habitudes de langage qui ne sont pas toujours justifiées quand il s'agit des premiers textes de notre foi. En voici deux exemples tirés du Nouveau Testament.

Toutes les traductions du NT comportent un certain nombre de fois le verbe "ressusciter". Ce mot n'existe pas dans le texte original grec ! Il y avait bien en grec ancien un verbe signifiant "vivre de nouveau", mais il est absent, à la seule exception de Lc 15,24 et 15,32, où il s'agit du "fils prodigue", dont son père dit par deux fois qu'il est "revenu à la vie", anezèsen (en latin : reuixit). En fait, notre verbe "ressusciter", transitif ("Dieu a ressuscité Jésus") ou intransitif ("il ressuscita") traduit, à peu près à égalité d'emploi, deux verbes grecs qui tous deux, selon la voix employée, peuvent également rendre les deux valeurs. Pour ne parler que de la valeur intransitive ("il ressuscita"), l'un signifie exactement "se mettre debout quand on était assis ou à terre", "se lever" ou "se relever", "se redresser" (anistamai), l'autre "sortir du sommeil", "s'éveiller", "se lever du lit" (egeiromai). Et bien sûr le NT les utilise aussi dans leur emploi banal. Cela explique bien des choses. Lorsque nous lisons : "Il leur recommanda de ne raconter à personne ce qu'ils avaient vu, jusqu'à ce que le Fils de l'homme ressuscite d'entre les morts" (Mc 9,9), "d'entre les morts" n'ajoute rien à "ressuscite", et paraît un pléonasme ; si nous lisions : "... se soit relevé (ou : redressé) d'entre les morts", il n'y aurait plus de problème. L'évangéliste continue : "Ils observèrent entre eux cet ordre, tout en se demandant ce qu'il entendait par ressusciter d'entre les morts" (Mc 9,32). Si les disciples ne comprennent pas ce que veut dire ressusciter, ils sont vraiment bêtes ! Avec le vrai texte, "se relever d'entre les morts", un mystère subsiste. Et lorsque Jésus guérit le paralytique en lui disant "Lève-toi, prends ton brancard" (Mc 2,11 et parallèles), "lève-toi", c'est "lève-toi de ton lit comme quand tu t'éveilles", c'est le même verbe que pour la résurrection. Ce rapprochement, qui donne une singulière résonance à l'épisode, est imperceptible dans nos traductions. Les méfaits de ce vocabulaire spécialisé ne datent pas d'hier, dès les traductions latines le verbe resurgere devient un terme technique pour parler de la résurrection, et se distingue assez vite de surgere, "se lever", le verbe ordinaire (qui cependant continue à être utilisé quelquefois pour la résurrection). Je rêve de traductions d'où le verbe "ressusciter" serait absent, comme en grec, et où on lirait pour l'un des verbes "s'éveiller" ou "se lever", et pour l'autre "se relever" ou "se remettre debout" (5). Qu'elles sont belles, ces notions d'éveil et de remise debout en lesquelles s'exprime la réalité de la résurrection !

L'autre cas que je voudrais examiner est celui du mot grec presbuteroi, littéralement "les gens plus âgés", en fait dans les habitudes du Proche-Orient antique les "Anciens", les membres du comité qui anime et administre une institution communautaire, par exemple une synagogue juive. Cet emploi sera encore vivant au 4ème siècle de notre ère dans la diaspora juive (6). Or c'est ce terme qui, dans le NT, désigne (souvent en concurrence ou complémentarité avec episcopoi, "surveillants", "vigilants") les responsables des Églises aussi bien à Jérusalem que dans les communautés nées de la prédication de Paul. Dès les traductions latines de l'antiquité, le terme est traduit uniquement par seniores pour les institutions juives ou autres, alors qu'un néologisme, calqué sur le grec, presbyteri, se substitue dans la majorité des cas à seniores pour les responsables chrétiens, et bientôt sera seul employé dans la vie des Églises occidentales. Dans nos traductions françaises, presbuteroi est traduit par "les anciens" quand il s'agit des juifs, les traductions catholiques ont eu trop longtemps tendance à écrire "les presbytres" pour les responsables des premières communautés, la Bible de Jérusalem le fait encore dans Timothée, Tite et Jacques, tandis que la TOB utilise avec raison partout "les anciens", et l'on écrit tout simplement "les prêtres" quand on traduit les textes ecclésiastiques produits en latin en Occident à partir de 200 environ. Cette distribution sur trois termes différents de la traduction d'un seul mot grec n'est pas innocente, elle masque des réalités que le glissement progressif (achevé vers l'époque de saint Augustin) du presbytérat chrétien vers un nouveau sacerdoce a occultées.

Nous avons la chance de disposer d'excellentes traductions. Il n'empêche que du travail reste à faire. Et d'ailleurs il en restera toujours, les besoins évoluent et s'affinent.

Michel Poirier


1- Des tentatives en ce sens avaient déjà eu lieu, dès le 14ème siècle en Angleterre, avec le "préprotestant" Wyclif. Son livre avait été brûlé. Dès les débuts de l'imprimerie, des Bibles en catalan et en allemand avaient paru. Toutes ces traductions avaient été faites sur la seule Vulgate. / Retour au texte
2- A ce sujet, on lira Philippe BÜTTGEN, Martin Luther, "De la liberté du chrétien", La Naissance de l'allemand philosophique, Paris, Editions du Seuil, 1996. / Retour au texte
3- L'ancienne version syriaque, invoquée dans certaines notes de la TOB, est également utile. / Retour au texte
4- Au cours des années où j'ai enseigné le grec ancien, j'ai pu constater la tendance qu'ont les philosophes, lorsqu'ils traduisent Platon, à utiliser le vocabulaire spécialisé de leur discipline, devenu traditionnel pour exposer la doctrine de l'école platonicienne, alors que chez Platon lui-même ce vocabulaire est encore "à l'état naissant", comme disent les chimistes : il garde un pied dans la vie courante de son temps tout en esquissant la marche vers des concepts particuliers, et la traduction dans un vocabulaire de spécialiste fait disparaître la richesse de ces harmoniques. Il en est de même pour le Bible. / Retour au texte
5- Une bizarrerie de la TOB : alors que dans les synoptiques le verbe "ressusciter" traduit les deux verbes grecs, dans Jean on a utilisé "ressusciter" pour le verbe grec signifiant se redresser, se lever de la position assise, et "se relever" (d'entre les morts) pour le verbe signifiant s'éveiller, se lever du lit. A cause de cela, j'ai failli croire que ce verbe était absent du vocabulaire de la résurrection chez Jean ! / Retour au texte
6- Inscription sur mosaïque de la synagogue d'Apamée, en Syrie, conservée aux Musées royaux d'Art et d'Histoire à Bruxelles. / Retour au texte