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12ème dimanche

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc
Lc 9, 18-24

Un jour, Jésus priait à l'écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : «Pour la foule, qui suis-je?» Ils répondirent : «Jean Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres, un prophète d'autrefois qui serait ressuscité.» Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre prit la parole et répondit: «Le Messie de Dieu.» Et Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne, en expliquant : «Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite.» Il disait aussi à la foule : "Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera."

Nouvelle homélie : Pour quoi souffrons-nous ?
Christine Fontaine

Qui est Jésus pour vous ?
Michel Jondot

Le miroir brisé
Christine Fontaine


Pour quoi souffrons-nous ?

Aimer la souffrance ?

« Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup… qu’il soit tué et que, le troisième jour, il ressuscite. » « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive… » Les musulmans, comme les foules dont parle l’Evangile, affirment que Jésus est un grand prophète. Mais ils ne croient pas qu’il soit mort en croix. Ils disent que c’est un sosie de Jésus qui a été crucifié parce qu’il est impossible que Dieu abandonne à une mort infâme celui qui l’a si bien servi. Beaucoup de musulmans reprochent aux chrétiens leur foi en un messie mourant sur la croix ; elle les conduit, disent-ils, à une sorte de masochisme.

Si certains musulmans nous prennent pour des amoureux de la souffrance, nous qui sommes chrétiens nous savons bien que marcher à la suite du Christ ne nous entraîne pas à nous complaire dans la douleur. Lorsque Jésus affirme « il faut que le Fils de l’Homme souffre beaucoup », tous les chrétiens savent que cette situation exprime le nouveau visage de Dieu. Qui est Dieu ? « Et vous qui dites-vous que je suis ? ». Cette mort en croix nous fait passer de l’image d’un Dieu Tout-Puissant qui juge et punit du haut de sa Seigneurie à la réalité d’un Dieu dont le seul bonheur est d’aimer ; d’un Dieu qui renonce à exercer toute autre puissance que celle de son Amour pour l’humanité, dans l’espérance qu’un jour nous en viendrons à y croire et à en vivre à notre tour.

De quoi souffrons-nous ?

Tout être humain aspire au bonheur et aucun – à moins d’être gravement perturbé – n’aime souffrir. Jésus pas plus qu’un autre et il déteste la mort : elle est, dit Saint Paul, son ennemie. Jésus n’aime pas souffrir mais il sait mieux que nous que sur cette terre aucune vie n’échappe à cette épreuve. Même si nous voulons de toutes nos forces en sortir, elle nous rattrape toujours. Nous n’avons pas le choix. Plus exactement, aux dires de Jésus, un choix s’offre bien à nous mais il concerne la cause de nos misères : nous avons le choix entre souffrir de n’être pas tout puissants ou de souffrir d’être encore trop puissants. Si, à l’image du Dieu Tout-Puissant que Jésus vient effacer, le bonheur pour nous consiste à exercer notre pouvoir sur les autres, nous souffrons chaque fois qu’il est mis en péril ou contesté. Si, à l’image de Dieu que Jésus vient révéler, nous cherchons le bonheur dans le fait de rendre les autres heureux, nous souffrons de leur malheur. « Prendre sa croix et suivre Jésus » c’est « mourir, comme le dit Thérèse d’Avila, de ne pas mourir », mourir de ne pas mourir à soi-même. C’est pleurer à la vue de ce qui limite en nous la puissance d’aimer autrui comme un frère, qu’il soit ami ou ennemi. C’est espérer que Dieu nous donnera la force d’aimer un jour comme lui, cette force d’aimer sans limite qui aujourd’hui nous manque encore. Prendre sa croix et suivre Jésus c’est jouer à « qui perd gagne » : c’est trouver la vie et le bonheur en se donnant à corps perdu.

Le disciple de Jésus-Christ, normalement, a choisi son camp. Il est appelé à trouver sa joie dans l’amour qu’il porte aux autres, quitte à en mourir. Il supporte l’injustice pour lui-même mais il lutte énergiquement contre celle que subissent ses compagnons d’humanité, quitte à y laisser sa vie. Il trouve sa joie à soulager les souffrances des autres chaque fois qu’il le peut. Il n’aime pas la souffrance mais il préfère souffrir plutôt que de faire souffrir. Il n’écrase personne du haut de son savoir, de sa force physique, de sa richesse ou de ses connaissances. Celui-là manifeste par sa propre existence le nouveau visage de Dieu révélé par Jésus-Christ.

De quoi souffre l’Eglise ?

Si les musulmans refusent de croire que Jésus a été mis en croix, aucun chrétien ne peut en douter. Nous savons tous que celui qui se dit disciple du Christ doit renoncer à lui-même, prendre sa croix et suivre Jésus. Mais nous avons tous tellement appris la leçon que pratiquement personne dans l’Eglise – qu’il soit clerc ou laïc – ne semble soumis à la tentation d’exercer maîtrise ou seigneurie sur les autres. A les en croire, ceux qui exercent le pouvoir (qu’ils soient clercs ou laïcs) ne le font jamais par goût mais pour être au service des fidèles ! D’ailleurs, disent-ils parfois, leur charge leur pèse et leur fonction les « crucifie ». Cependant combien de croyants ont quitté l’Eglise depuis plusieurs dizaines d’années parce qu’ils ne reconnaissaient ni l’Evangile ni le Dieu de Jésus-Christ dans l’exercice de ce pouvoir sacré ? Peut-être faut-il que le Pape François lui-même ose dénoncer ce dysfonctionnement pour que nous acceptions d’en prendre conscience. Récemment, il a appelé les évêques « à servir les laïcs et non à se servir d’eux » (1) . Nous avons tous le devoir de lutter contre cette sacralisation du pouvoir qui se pare de vertu. Cette tentation consiste à nous servir de ceux que nous prétendons servir.

« Comment faisons-nous en sorte, demande le Pape, que la corruption ne se niche pas dans nos cœurs ? ». Et il ajoute que le premier danger qui risque de ruiner à tout jamais l’Eglise est le cléricalisme. Le cléricalisme consiste à prétendre servir les autres alors qu’on aime s’imposer à eux en seigneur et maître. Il n’est malheureusement pas réservé aux seuls clercs. L’Eglise ne sera crédible que si nous luttons tous ensemble contre ce désir de dominer qui se cache sous une apparente vertu de service. Il nous appartient à tous, que nous soyons clercs ou laïcs, de nous aider mutuellement à détecter cette tentation du pouvoir qui nous guette souvent. Il appartient à tous les disciples de Jésus-Christ de dénoncer toute maîtrise sur autrui qu’on prétend reçue d’en-haut, dans le monde comme dans l’Eglise. On ne sauvera pas l’Eglise en fermant les yeux sur ses dysfonctionnements. On ne sauvera pas l’Eglise si, de son sein, ne se lèvent des hommes et des femmes, clercs et laïcs, qui souffrent par amour pour elle et luttent ensemble, en pure perte et sans souci du résultat, contre la sacralisation du pouvoir qui la mine. Il en va du visage de Dieu que nous avons et que nous donnons à voir à tout le monde. « N’appelez personne 'père' sur la terre, disait Jésus ; n’appelez personne maître… » Soyons simplement des frères !

Christine Fontaine


1) Lettre du Pape François au cardinal Ouellet, président de la commission pontificale pour l’Amérique latine (19/3/2016). Pour accéder au texte, cliquer ici : Le Pape appelle l’Église à « servir les laïcs et non se servir d’eux » / Retour au texte de l'homélie


Qui est Jésus pour vous ?

Répondre en vérité

Posez la question à l’un des nombreux musulmans que vous rencontrez. Sa réponse sera semblable à celle des contemporains de Jésus. Dans le Coran, Jésus est mis sur le même plan que les prophètes d’autrefois. Il est considéré, avec un infini respect, comme l’un des prophètes dont parle la Bible, sans doute le plus saint d’entre eux mais un modèle du passé. « Qui est Jésus pour vous ? » Un vrai musulman ira jusqu’à répondre comme Pierre : « Il est le messie de Dieu ». L’expression se trouve dans le Coran.

Certes, ils s’insurgeront vivement si vous rétorquez que pour vous le Messie est Fils de Dieu. Ils n’accepteront pas de vous entendre dire qu’Il est mort sur la Croix et qu’Il est ressuscité. Jésus, vous diront-ils, était trop saint pour que Dieu le laisse souffrir.

« Que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ? » Nous n’avons sans doute pas beaucoup de mal à répondre. Il suffit de reprendre les énoncés du « Je crois en Dieu » qu’on prononce à chaque homélie. Est-il si sûr que ces paroles suffisent pour répondre en vérité ? Pierre, prenant la parole au nom des disciples, ne se trompe pas en disant « Tu es le Messie de Dieu ». Ceci n’entraîne pas l’approbation de Jésus mais plutôt sa méfiance : « Taisez-vous ! » (« Il leur défendit vivement de le révéler à personne ! »). L’important c’est de reconnaître que sa vie est comme toute vie. Jusqu’à présent on n’a vu de lui que des guérisons, des miracles. On n’a entendu sur ses lèvres que des paroles qui redonnent confiance aux pauvres et aux exclus. Mais sa vie, comme toute vie, est gâchée, perdue d’avance. Elle risque de décevoir ceux qui viennent à Lui. Le Messie que Pierre reconnaît, est un homme, « le Fils de l’Homme ». Jésus leur explique : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les Anciens, les chefs de prêtres et les scribes, qu’il soit tué et que, le troisième jour, il ressuscite ».

Naître avec lui pour le connaître

« Qui suis-je ? » : qu’on me suive, qu’on épouse la vie qui est la mienne sans chercher à gagner quoi que ce soit. Toute vie humaine est de toute façon perdue. Garder sa vie, la gagner est un leurre. Autant prétendre garder entre ses cinq doigts crispés la gorgée d’eau qu’on prendrait pour apaiser sa soif plus tard, le moment venu. Oui, la vie est impossible à conserver. Alors, donnez-la. Convertissez la perte en cadeau et vous commencerez à me connaître. On ne connaît Jésus qu’en vivant avec lui, en renaissant avec lui. En jouant sur les mots on a dit que connaître signifiait « naître avec ».

« Qui suis-je ? » demande Jésus. Nul ne peut répondre avant de l’avoir suivi. Nul ne peut connaître Jésus sans avoir converti en cadeau ce qu’il possède comme ce qu’il est. « Celui qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera ».
« Pour moi » : tels sont les deux mots clés que Jésus adresse à la foule qui l’entoure. Lui-même dira, au dernier jour, lorsque tout sera foutu : « Prenez c’est mon corps livré pour vous et pour la multitude ». « Pour moi », « pour vous » : connaître Jésus n’est pas seulement tenir sur lui une vérité définie en termes exacts qu’on prononce avec conviction. C’est entrer dans une marche, c’est mettre un pied devant l’autre en s’oubliant quand il le faut pour la joie de celui que l’on croise, c’est mettre une croix sur ses propres attentes pour entendre l’appel de celui qui a besoin de nous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive ». Même lorsqu’on a les mains vides, on est invité à se donner, s’abandonner. Et lorsqu’on a les mains vides, reste la possibilité d’en appeler à autrui même en criant. C’est sur un cri d’appel à l’Autre que débouche le chemin de Jésus. Perdre sa vie, c’est entrer dans l’espace où rien ne peut arrêter le don : « pour moi », « pour vous ».

Comment répondre aujourd’hui ?

« Qui suis-je ? » On comprend que Jésus ait pu poser cette question à ses contemporains. On comprend que certains aient pu le suivre. Mais aujourd’hui, où le trouver ? Précisément en entrant dans cet espace où, sortant de soi, on donne et on reçoit. Perdant sa vie, Jésus disait « Qui me voit voit le Père ». Voyant celui qui reçoit ou qui donne, on peut dire qu’Il est là. Jésus avait prévenu notre objection avec la parabole du jugement dernier : « Chaque fois que vous l’avez fait, c’est à moi que vous l’avez fait ».

« Qui suis-je ? ». Que les époux aujourd’hui se regardent avec des yeux neufs et ils sauront répondre. Ne sont-ils pas donnés l’un à l’autre : ce n’est pas un hasard si le mariage chrétien est sacrement, c’est-à-dire présence de l’Autre.

La crise financière entraîne des situations de détresse. Tout citoyen un peu conscient y voit un appel à la solidarité. Chacun de ceux qui répondent se réfère sans doute à une certaine vision du monde qu’un chrétien peut partager. Par-delà tout système économique ou idéologique, celui qui marche à la suite de Jésus reconnaît qu’il serait infidèle s’il avait comme premier souci de défendre ses privilèges.

Enfin, pour revenir à nos voisins musulmans qui contestent notre manière de parler de Jésus, la meilleure façon de leur répondre est sans doute de lutter contre l’islamophobie et la xénophobie grandissantes. Ne sont-ils pas, bien souvent, les étrangers qu’il convient d’accueillir ? « J’étais un étranger et vous ne m’avez pas accueilli ». Le mépris dont ils sont l’objet de la part de bien des chrétiens, la peur qu’ils prennent notre place sont peut-être le symptôme que le chemin qui conduit à la Résurrection est à retrouver. Ceux qui nourrissent de tels sentiments, s’ils sont chrétiens, ressemblent à ceux qu’ils considèrent comme des indésirables. Jésus pour eux est dépassé, « un prophète du passé ! »

Michel Jondot


Le miroir brisé


Qui est Jésus?

« Pour vous, qui suis-je ? »
Devant cette question tout chrétien, tout homme sans doute,
est amené un jour ou l'autre à se situer.
Ainsi en va-t-il du citoyen Declergues qui, à la fin du siècle dernier,
risqua cette réponse :
« Pour vous qui suis-je ? »
Pour répondre à cette question,
il faut se souvenir que c'est le Christ qui le premier nous enseigne la fraternité.
D'où il faut conclure, à moins d'être de la plus insigne mauvaise foi,
que le Sauveur du monde est un républicain, un démocrate par excellence
et que son règne doit être une sainte république.»

Ce texte a été publié le 9 juin 1848.
Il fait du Fils de Dieu le républicain par excellence.
Mais ne nous hâtons pas de crier au burlesque ou au blasphème.
Ce texte manifeste simplement que le citoyen Declergues
attribue à Dieu ses propres images.
Républicain farouche, il fait du Christ la projection de son propre idéal;
et voilà comment... le règne de Dieu se confond
avec l'élaboration de la république.
Pour un monarchiste, le Christ est Roi. Pour un républicain, il est démocrate
et pour nous... qui est-il ?

Miroir de l'homme

Lorsque les juifs déclaraient que Jésus était Elie ou Jean-Baptiste,
ou un prophète d'autrefois,
c'est aussi aux images de bonheur que ces hommes se forgeaient
qu'ils se référaient en parlant de Jésus.
On attend un justicier, un libérateur, un mystique ou un républicain,
selon sa propre manière d'envisager la vie. Et notre réponse à la question :
« Qui dites-vous que je suis ? » manifeste davantage qui nous sommes,
nous qui répondons, plutôt que l'identité de Jésus.
Lorsque certains disent que Jésus est le libérateur des opprimés
alors que d'autres préfèrent le déclarer le maître de la vie intérieure
ils révèlent, par leur réponse, davantage qui ils sont que l'identité de Jésus.
« Que celui, dit Jésus, qui veut marcher à ma suite renonce à lui-même,
prenne sa croix et me suive. »
Suivre Jésus en renonçant à nous-mêmes
c'est peut-être renoncer à toutes ces images que nous projetons sur Jésus.
Renoncer à soi-même c'est peut-être accepter
que Jésus Christ ne soit pas un miroir de nous-mêmes.
Renoncer à soi-même c'est accepter que le Christ soit ce Christ,
autre que nous, Fils de l'Autre de nous tous, Fils de Dieu,
comme a su le reconnaître Pierre.
Renoncer à soi-même c'est peut-être demeurer très humble
devant tout ce que nous pourrons dire de Dieu.

Miroir de Dieu

Il faudra que le Fils de l'homme souffre beaucoup
pour que les hommes cessent de faire de Dieu une projection de ce qu'ils sont.
Il faudra qu'il soit rejeté par les Anciens, les chefs des prêtres et des scribes,
il faudra qu'il soit tué pour que se brise enfin le miroir où l'homme,
plutôt que Dieu, ne trouve que le reflet de soi.
Par sa mort en Croix, le Christ brise, tout ce qu'on avait pu dire de Dieu;
il brise l'image du Messie que le peuple juif s'était forgée;
il scandalise, il fait buter, il repousse toute sagesse humaine;
il faudra que le Fils de l'homme ressuscite le troisième jour
pour que l'homme se découvre le miroir de Dieu.

«Qui suis-je» dira l'homme à la suite de Jésus.
«N'oublie jamais que tu es Fils de Dieu » lui répondra Jésus!
Mais pour se découvrir fils avec le Fils il faut renoncer à soi-même,
se perdre, accepter d'être dépassé par le mystère qui nous habite.
«Qui suis-je, dira l'homme, quel être étonnant je suis,
moi que Dieu a créé à son image!»
«Qui est Dieu, dira l'homme, qui est-il celui qui me perd pour me sauver,
qui me blesse pour me guérir ?
Qui est celui qui me fait mourir à moi-même pour me donner sa Vie ?
Pour toi, mon Dieu, qui suis-je ?
Mais qui suis-je donc pour que Dieu m'aime ainsi?»

Christine Fontaine