Avant de dénoncer les déviances du monde d’aujourd’hui qui menacent les lois naturelles du mariage entre un homme et une femme, il serait
bon d’inviter les chrétiens à relire, dans la Bible, le livre de Ruth dont voici un bref résumé :
Nous sommes vers l’an 1100 avant Jésus-Christ. Noémie, son mari et ses deux fils, quittent Bethléem pour fuir une terrible sécheresse. Ils sont
semi-nomades, et vont conduire leur troupeau vers le pays de Moab au climat plus clément. Ils s’y installent plusieurs années et leurs deux fils épousent
deux Moabites. Puis le père et les fils meurent. Il reste trois femmes veuves, sans enfant. Noémie décide de retourner vivre à Bethléem et rend la liberté
à ses belles-filles pour qu’elles refassent leur vie, mais Ruth refuse de quitter sa belle-mère et la supplie en ces termes :
- Ne me demande pas de t’abandonner ! Là où tu iras, j’irai. Là où tu vivras, je vivrai.
Là où tu passeras la nuit, je la passerai. Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. Là où tu mourras, je mourrai et là je serai enterrée. Je fais le
serment que seule la mort nous séparera ! »
Ce poème est une déclaration d’amitié, d’amour et de fidélité. Il est proclamé par une femme qui s’adresse à une autre femme. Elles vivront ensemble
à Bethléem. Ruth « s’attache » à sa belle-mère. Ce verbe, disent les exégètes, est le même verbe employé dans le récit de la
Création du monde, où il est dit que l’homme « s’attachera » à sa femme pour ne faire qu’une seule chair. Certains théologiens pensent
que le poème attribué à Ruth a servi de référence, dans le passé, pour justifier l’indissolubilité du mariage et il est parfois lu lors de cérémonies à l’église !
N’y a-t-il pas un brin d’ironie à cela ?
Ruth, l’étrangère, épousera Booz, lui-même fils de Rahab, la prostituée de Jéricho. Booz est un cousin de Noémie et ainsi, Ruth donnera
un fils « légitime » pour sa belle-mère.
Les femmes de Bethléem viendront fêter cette naissance en disant :
- Il est né un fils à Noémie !
Noémie prendra l’enfant sur ses genoux, ce qui signifie en ce temps-là, qu’elle l’adopte.
Ruth serait-elle une « mère-porteuse » avant l’heure ?
Quelles que soient les interprétations que l’on peut imaginer, Ruth reste un modèle de valeur et de vertu. Elle est appréciée dans Bethléem comme
une « femme parfaite » qui, pour Noémie, vaut plus que si elle avait eu « sept fils » !
Elle est ancêtre du Christ et arrière-grand-mère de David, le célèbre roi qui a séduit la belle Bethsabée, l’a mise enceinte, a fait
trucider son mari ! Il a aussi porté une grande affection pour Jonathan dont l’amitié lui était « plus délicieuse que l’amour des femmes ».
On comprend mieux pourquoi le Christ, avec de tels ancêtres, pouvait dire dans les synagogues et dans les rues : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés » (Luc 6.36)
et proclamer un message d’Amour Universel.
Marcel Vette
Pastels de Pierre Meneval