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Unions naturelles
Marcel Vette

A la suite de notre article "Mariages homosexuels ?", Marcel Vette nous communique cette page où il raconte - avec sérieux et humour - une histoire d'amour dont parle la Bible : celle de Ruth et de Noémie.
Marcel Vette a créé un théâtre de marionnettes qui a joué pendant plus de 25 ans des scènes de la Bible, ce qui explique la connaissance détaillée qu'il en a. Il nous écrit : " Je ne suis pas un exégète, mais un saltimbanque... donc toujours en marge sur les parvis ... "

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Avant de dénoncer les déviances du monde d’aujourd’hui qui menacent les lois naturelles du mariage entre un homme et une femme, il serait bon d’inviter les chrétiens à relire, dans la Bible, le livre de Ruth dont voici un bref résumé :

Nous sommes vers l’an 1100 avant Jésus-Christ. Noémie, son mari et ses deux fils, quittent Bethléem pour fuir une terrible sécheresse. Ils sont semi-nomades, et vont conduire leur troupeau vers le pays de Moab au climat plus clément. Ils s’y installent plusieurs années et leurs deux fils épousent deux Moabites. Puis le père et les fils meurent. Il reste trois femmes veuves, sans enfant. Noémie décide de retourner vivre à Bethléem et rend la liberté à ses belles-filles pour qu’elles refassent leur vie, mais Ruth refuse de quitter sa belle-mère et la supplie en ces termes :

- Ne me demande pas de t’abandonner ! Là où tu iras, j’irai. Là où tu vivras, je vivrai. Là où tu passeras la nuit, je la passerai. Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. Là où tu mourras, je mourrai et là je serai enterrée. Je fais le serment que seule la mort nous séparera ! »

Ce poème est une déclaration d’amitié, d’amour et de fidélité. Il est proclamé par une femme qui s’adresse à une autre femme. Elles vivront ensemble à Bethléem. Ruth « s’attache » à sa belle-mère. Ce verbe, disent les exégètes, est le même verbe employé dans le récit de la Création du monde, où il est dit que l’homme « s’attachera » à sa femme pour ne faire qu’une seule chair. Certains théologiens pensent que le poème attribué à Ruth a servi de référence, dans le passé, pour justifier l’indissolubilité du mariage et il est parfois lu lors de cérémonies à l’église ! N’y a-t-il pas un brin d’ironie à cela ?

Ruth, l’étrangère, épousera Booz, lui-même fils de Rahab, la prostituée de Jéricho. Booz est un cousin de Noémie et ainsi, Ruth donnera un fils « légitime » pour sa belle-mère. Les femmes de Bethléem viendront fêter cette naissance en disant :
- Il est né un fils à Noémie !
Noémie prendra l’enfant sur ses genoux, ce qui signifie en ce temps-là, qu’elle l’adopte.
Ruth serait-elle une « mère-porteuse » avant l’heure ?

Quelles que soient les interprétations que l’on peut imaginer, Ruth reste un modèle de valeur et de vertu. Elle est appréciée dans Bethléem comme une « femme parfaite » qui, pour Noémie, vaut plus que si elle avait eu « sept fils » !

Elle est ancêtre du Christ et arrière-grand-mère de David, le célèbre roi qui a séduit la belle Bethsabée, l’a mise enceinte, a fait trucider son mari ! Il a aussi porté une grande affection pour Jonathan dont l’amitié lui était « plus délicieuse que l’amour des femmes ».

On comprend mieux pourquoi le Christ, avec de tels ancêtres, pouvait dire dans les synagogues et dans les rues : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés » (Luc 6.36) et proclamer un message d’Amour Universel.

Marcel Vette
Pastels de Pierre Meneval