Un bel événement a marqué cette année l’entrée en Avent.
Le dimanche 1er décembre, on lisait ces mots d’Isaïe : « De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances des faucilles ».
Le jeudi suivant s’éteignait Nelson Mandela. Sa vie avait été, pour reprendre le titre de son livre, « un long chemin vers la liberté ». Dans un pays divisé
où la discrimination était érigée en système politique, où la volonté du gouvernement était de parquer les Noirs dans un territoire à l’écart de la population blanche,
Mandela milita contre l’apartheid au sein d’un mouvement : l’ANC (African National Congress). Arrêté avec 155 autres militants, il n’hésite pas à faire appel
à l’épée : « On ne peut détourner, dit-il, l’attaque d’une bête sauvage les mains nues ».
Après 28 ans de lourdes épreuves – bagne et prison - , le 8 mai 1996 il se trouvait à la tête de son pays. L’épée se transformait en soc de charrue. Au terme
du « chemin pour la liberté », il s’engageait sur celui de la « vérité et de la réconciliation ». Deux groupes humains s’arrachaient à l’injustice
et à l’exclusion et se rapprochaient pour faire un seul peuple dont les membres devenaient capables de se pardonner.
Le mardi 10 décembre, la plupart des Chefs d’Etat se rassemblaient pour rendre hommage à Mandela. Le monde comprenait qu’autour de lui, l’humanité s’était
ennoblie. L’humanité grandit, en effet, lorsqu’elle s’arrache à l’injustice et rapproche les uns des autres les sujets ou les groupes humains qui s’excluaient.
Dans ce travail de réconciliation, le chrétien reconnaît l’incarnation de Dieu. Au terme de sa vie, Jésus disait : « Chaque fois que vous aurez arraché quelqu’un
à la faim, à la souffrance, à l’emprisonnement, c’est à moi que vous l’aurez fait ». Noël rappelle au chrétien que Dieu est au travail lorsque nous devenons plus humains.
Que la vie de Nelson Mandela aide chacun à comprendre que Noël n’est pas le souvenir d’un événement attendrissant autour d’un nourrisson. Noël est un appel à la
réconciliation quitte à passer, pour y parvenir, par l’insurrection.
On peut songer à la Palestine, par exemple. « Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens » disait Mandela. On peut penser à tous ceux que
l’Europe rejette et qui sombrent dans la mer. On peut songer aux populations défavorisées rejetées sur les marges des villes. La terre n’a pas fini de naître et de renaître.
Nous célébrons Noël lorsque les jours sont les plus courts. Au cœur de la nuit, en effet, Noël nous invite à nous engager sur le chemin qui conduit à la lumière.
Nicodème
Pastel de Pierre Meneval