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Les Curés rouges
Chanson de Jacques Bertin (vidéo)
Présentation par Christine Fontaine

Pour rendre hommage à tous ceux qui, aujourd'hui comme hier, ont donné ou donnent leur vie pour que s'ouvrent des passages entre les hommes. Pour remercier les jeunes et les adultes qui refusent de s'emmurer au sein de leur nation, leur culture ou leur religion. C'est alors que Dieu passe au coeur de l'humanité et que nous vivons, en vérité, la Pâque du Seigneur !

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Présentation des "curés rouges"
Les Curés rouges, chant de Jacques Bertin (vidéo)
Paroles du chant

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Présentation des " Curés rouges "

C'était hier ou avant-hier...

« Les saints vont en enfer », tes grands-parents ou tes parents ont peut-être lu ce roman de Gilbert Cesbron dont la première édition date de 1955. C'est un beau témoignage sur les soucis de l'Eglise de France au milieu du siècle dernier. Pour présenter son ouvrage, il écrivait à l’époque : « Voici un livre qui risque de déplaire un peu partout. Mais la prudence est-elle encore une vertu ? Dans un monde où des hommes de même langage ne peuvent plus se comprendre sans interprète ; dans un temps où l’on assassine les médiateurs, et où l’honneur commande d’être écartelé : dans ce siècle où règne la croix sans le Christ, je veux n’être d’aucun parti. J’ai trop vu de partisans pour rester capable d’un autre choix. Ainsi je ne quitterai pas la main des hommes au milieu desquels j’ai grandi, parce que je tends la main à mes amis de Sagny.(…) On chercherait en vain Sagny sur une carte ; mais, ce que j’en raconte, on le trouvera dans presque toute la banlieue de Paris à la condition d’y porter un œil pur et un cœur exempt de parti pris. »

Dans ce roman, Gilbert Cesbron décrit la vie d’un coin de banlieue industrielle, autour des années 1950 avec ses drames et ses révoltes, ses souffrances et ses lassitudes. A cette époque, le Parti Communiste était très présent dans le monde ouvrier des banlieues. On appelait ses adhérents "les rouges", à cause de la couleur de leur drapeau. Deux prêtres ont décidé d’habiter à Sagny. Ils sont les amis d’Ahmed un nord africain, de Marcel l’ivrogne qui bat son garçon ou de Suzanne la prostituée. C’est dans le même sillage que s’inscrivent « les curés rouges » qu’évoque la chanson de Jacques Bertin. Ces prêtres ont travaillé en usine ou dans le bâtiment ; ils ont partagé jour après jour la vie et les luttes des ouvriers. Beaucoup se sont syndiqué à la CGT, certains sont devenus membres du Parti Communiste. Tous avaient donné leur vie entière en réponse à la question qui taraudait, dès la fin des années 30, le cardinal Suhard, archevêque de Paris : " Je n'ai pas à chercher bien loin le sujet de mes méditations, écrit-il. C'est toujours le même : il y a un mur qui sépare l'Eglise de la masse. Ce mur, il faut l'abattre à tout prix pour rendre au Christ les foules qui l'ont perdu... Mais comment faire ? "

Quand Gilbert Cesbron écrivait que son roman « risquait de déplaire à beaucoup », il parlait en connaissance de cause. Bien qu’il prît soin de ne mettre en scène aucun prêtre syndiqué, il savait que la très grande majorité des catholiques de France s’indignaient de ces « curés rouges » qui choisissaient de vivre parmi les plus démunis plutôt que de s’occuper du salut des bons pratiquants. Quant à l’institution ecclésiale à son plus haut niveau, après avoir considéré cette « expérience » d’un œil souvent interrogatif voire soupçonneux, elle l’interdit totalement en 1954 par crainte de la contamination du PCF sur ses prêtres. La plupart des prêtres-ouvriers s'inclinèrent, quelques uns refusèrent et gardèrent leur style de vie. Pour tous ce fut une terrible épreuve : ceux qui avaient donné leur vie pour l’Evangile se voyaient crucifiés par l’Eglise. Ce n’est qu’à l’issue du concile Vatican II, en 1965, et à la demande d’évêques français, que le pape Paul VI autorisa la reprise du mode de vie des prêtres ouvriers. En 1976, ils étaient plus de 800 en France.

Aujourd'hui et demain...

Aujourd’hui, plutôt que de « prêtres ouvriers », on parle de « prêtres au travail ». On en comptait environ 500 dans les années 2000. On les trouve souvent partenaires de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) et de l’Action Catholique Ouvrière (ACO) ; ils appartiennent à la Mission Ouvrière ou à la Mission de France. Ils engagent leurs vies dans des relations avec des hommes et des femmes qui ne partagent pas leur foi. Ils les rencontrent dans le travail salarié, le monde associatif, dans des engagements politiques et souvent aussi comme simples voisins de palier. Les prêtres du Prado, les Fils de la Charité et des religieux et religieuses de différentes provenances partagent leurs engagements.

Dans la banlieue Nord de Paris, à Gennevilliers, commune communiste sans interruption depuis 1934, le Maire nous disait : « La ville de Gennevilliers a été marquée depuis toujours par la présence fraternelle des Prêtres Ouvriers et de la Mission de France. La municipalité se réjouit vraiment de leur collaboration. Des religieuses et des prêtres vivent dans les barres d’HLM, entretiennent des relations amicales avec leurs voisins musulmans, s’engagent dans des associations avec eux. La relation de nombreux chrétiens avec la mosquée est excellente. La présence de l’Eglise est désirée à Gennevilliers : elle contribue à humaniser la ville. » Que ceux qu’on appelait « les curés rouges » en soient profondément remerciés ! Ils ont ouvert et ouvrent encore des passages entre les individus, les peuples, les cultures et les religions.

Dans une société marquée trop souvent par la peur de l’étranger, « les curés rouges » demeurent un signe de l’hospitalité de Dieu à l’égard de tous, en particulier des plus marginaux. Que la chanson de Jacques Bertin, composée en 2011, rende hommage non seulement à tous ceux qui nous ont précédés, mais à ceux qui vivent aujourd’hui et tous ceux qui suivront ! Que leur vie rappelle à tous les chrétiens que, comme le disait Gilbert Cesbron, la prudence n’est pas une vertu… dans un monde où des hommes de même langage ne peuvent plus se comprendre sans interprète ; dans un temps où l’on assassine les médiateurs, et où l’honneur commande d’être écartelé…

Christine Fontaine

Les curés rouges
Paroles et musique de Jacques Bertin (2011)
Pastels et sculptures de la vidéo : Pierre Meneval


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lescuresrouges
par dieumaintenant

Paroles du chant

Tous ces petits curés oubliés par l'Histoire / Furent balayés par le flot de l'avenir
Ah, chers vaincus pour rien, travailleurs pour la gloire - Pour Dieu - / Ah, je voudrais pourtant vous retenir !

Petits curés, jadis brisés par la bêtise / L'évêché, le parler-bas, le qu'en-dira-t-on
La bourgeoisie, le député, toute la grise / Bondieuserie locale bornée, le bon ton !

C'était jadis... et c'est pour toujours dans ma tête / C’était jadis et il ne me reste rien de vous
Un ou deux noms... Le grand silence des défaites / Et l'écho des croassements. Souvenez-vous

Les laïcards se moquent de vous, et les rouges / - Car ils savent - vous traitent d'utiles idiots
Trois cheftaines vous suivent, et voilà, rien ne bouge / Vous parlez de luttes de classes à des dévots

Quelques rombières qui n'attendent que la messe / D'ailleurs et de l'onction, du décor, du mourir
Tandis que vous les bousculez dans leur paresse / Les gens d'argent, ceux-là, vous auront vu venir !

Les gens d'argent - les gros - les patrons des usines / Vous brandissez des mots terribles sous leur nez
Petits curés, ils vous auront par la famine / Du cœur ! Et là on verra bien si vous osez

La ramener, avec votre classe ouvrière / Les taudis, la Vierge des pauvres, délirez !
" La joie du Christ rayonnera de la misère ! " / C'est un prêtre, il paraît qu'il lit l'Humanité

Dans les salles houleuses, sous la rage du vent / On vous a vu brandir ce Christ imaginaire,
C'est Jésus l'ouvrier, à la tête des gens / Mais il n`y a pas de Christ à part vous, sur la Terre

Petits curés, vous y aurez cru, à l'aurore / Et dans des livres à tirages limités
Vous me parlez, tandis que la toux vous dévore / Puis on vous a mutés dans un hameau hanté

Dérivant sous la pluie. C'est ici, le Royaume / Dites-vous. Trois maisons, des labours, deux poivrots
Mais si nous naviguons tous, n'est-ce pas, vers l'aube / Il faut donc aller profond dans la nuit sans mots

La nuit sans mots... Tout ça est loin, très loin. / La ville a continué sans vous sa dérive, elle aussi
L'argent gagne. L'argent. Les églises sont vides / Mais on ne comprendra rien à ce monde-ci

On ne comprendra rien à ces rues, ces silences / Ces jardinets, ces barres, ces alignements
Et comment le peuple a vécu ici - La France - / Si on ne sait pas voir sur ce vitrail tremblant

Sur les cités sortant du sol, sur le courage / Quelque chose comme un immobile ouragan
Un visage imprimé en haut des ciels d'orage / Et ce crucifix dans la main des jeunes gens

La main des jeunes gens pilleurs des citadelles / La main brûlante et sans merci des jeunes gens
Et si l'on ne vous voit, soutane en forme d'ailes / Foncer droit dans ces avenues, sombres et violents

Aller dans les soirs vers les nuits peuplées d'étoiles / Ce domaine inconnu dont vous voyiez les feux
Ou dans l'église abandonnée mettre la voile / Vous dirigeant à l'estime vers le bon Dieu

Puis vous mouriez de maladie, de solitude / Dans la cure glaciale et avant d'être vieux
" J'aí servi " et " Je crois " puis les Béatitudes / "Heureux soient les cœurs purs : ils entreront chez Dieu ! "

Mais vous avez trente ans toujours, dans ma mémoire / Poignée de graines qui furent jetées des cieux !
Et vous avez construit un pays dans l'Histoire / Heureux soient les cœurs purs : ils entreront chez Dieu

Jacques Bertin

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