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Nous ne nous sentons pas "en famille"
dans l'Eglise actuelle
Jean-Pierre Jouany

(2) Commentaires et débats


En recherche de dialogue

J'appartiens depuis 1994 au diocèse de BELLEY ARS.
Dans ce diocèse a "sévi" un évêque, Guy BAGNARD. Sa conception du management des associations diocésaines, sa conception même de l'Eglise, en termes de relations évêque/prêtres et clercs/laïcs, sa politique de recrutement et de formation de nouveaux prêtres, et son positionnement en matière d'œcuménisme, mettaient à rude épreuve l'espérance de nombre de membres de l'Eglise, prêtres ou laïcs, qui se reconnaissent dans l'ouverture de Vatican II.

Le déclencheur fut en fait sa réaction suite à une lettre circulaire d'octobre 1993, co-signée par 70 prêtres. Par cette lettre, les signataires invitaient toutes les instances du diocèse à une réflexion sur le renforcement possible du rôle des laïcs et plus fondamentalement à une recherche sur les ministères dans la perspective de confier à des laïcs certaines célébrations (baptêmes, mariages…). Le refus de situer cette démarche dans le cadre des instances pastorales diocésaines a conduit à l'initiation de ce groupe, initialement nommé GRM (Groupe de Recherche sur les Ministères). Depuis ce mouvement s'est donné des statuts en tant qu'association loi 1901 et est devenu CHRÉTIENS DE L'AIN EN RECHERCHE.

Mgr BAGNARD étant parti en retraite, un nouvel évêque a été nommé et ce mouvement auquel nous avons adhéré avec mon épouse a pris contact avec lui par courrier, en lui posant des questions, entre autres sur le fait que le diocèse avait interdit de mettre des salles de réunions à la disposition du CAR (Chrétiens de l' Ain en Recherche) et d'une façon plus générale sur les places des laïcs dans les paroisses, plus particulièrement sur le fonctionnement des Conseils Pastoraux Paroissiaux (qui n'existent pas dans tous les secteurs, ou sont nommés par le prêtre responsable de la paroisse).

Les représentants du CAR (Chrétiens de l' Ain en Recherche) ont rencontré une personne totalement à l'écoute, mais n'ont obtenu aucune prise de position. Lors de la dernière assemblée trimestrielle, il a donc été fait un compte rendu de cette rencontre et il a été discuté du « devenir » du CAR, compte tenu de cette situation nouvelle.

Cela a donné lieu à 4 propositions :
- Demander au nouveau conseil presbytéral de faire appliquer les consignes en matière de Conseils Pastoraux Paroissiaux dans tous les secteurs.
- Continuer d'organiser une fois par an une conférence ouverte faisant appel à un ou une conférencier(e) sur un thème d'ÉGLISE.
- Continuer d'organiser une fois par an une rencontre festive permettant, à tous ceux qui se sentent isolés, des moments de partage et de célébration (À titre d'exemple, dans certains secteurs le prêtre demande aux femmes ayant leurs règles de ne pas venir communier, ou refusent le mariage aux futurs mariés vivant en couple, etc.)
- Créer et faire vivre des communautés de bases au sein des secteurs.
Cette discussion a posé la question du risque de division de ces communautés au sein de la communauté paroissiale.

Nous ne nous sentons plus en famille

Après cet exposé de situation, je tombe sur ce texte de Michel JONDOT ("Rejeter l'exclusion") qui éclaire pour moi cette contradiction et ce difficile équilibre entre niveau de cohésion et niveau de détermination.

Du fait de mon âge, et de mes origines familiales, j'ai d'une part eu une éducation confessionnelle (chez les frères des écoles chrétiennes jusqu'à mon diplôme d'ingénieur de l’école Catholique d'arts et métiers de Lyon) mais j'ai aussi connu le scoutisme et l'action catholique. VATCAN II a été pour moi une occasion de nouveau départ et conversion. Une forme d'appel à avancer au large.
De par mon métier, j'ai été amené à souvent déménager et donc entrer dans de nouvelles communautés paroissiales, y compris en Lorraine sous concordat.
Nous nous sommes liés d'amitié avec un prêtre religieux appartenant à la congrégation des "fils de Marie Immaculée" qui venait d'être ordonné prêtre et de prendre ses fonctions dans une ville où je prenais mes fonctions de responsable (EDF GDF)
Il a suivi nos joies et deuils familiaux ainsi que la formation religieuse de nos enfants.
J'ai pu vivre l'expérience du CPP en région parisienne sur la paroisse des ULIS dans l'Essonne.

Retraité, après une longue période de dépression suite à des ennuis de santé, nous avons pu nous engager avec mon épouse dans l'accompagnement scolaire de jeunes collégiens ou lycéens issus de milieu défavorisés ainsi que dans l'appui aux demandeurs d'asile et la Pastorale des migrants.
En dehors même du contexte diocésain, nous ne nous sentons pas "en famille" dans l'ÉGLISE actuelle.

Nous nous posons beaucoup de questions sur la notion "d'évangélisation". Et j'aurai tendance à considérer que nous avons besoin d'une ÉGLISE à l'écoute des humains de leurs souffrances et de leurs attentes. Non pas bardées de certitudes ou dictant la loi, mais accompagnant les chrétiens dans leur rencontre des autres. Une ÉGLISE QUI NE JUGE pas mais porte un message d'amour et d'espérance. Celui des Béatitudes.
Vatican II m'a fait appréhender ma position de "cadre" comme celle de responsable au service du personnel que je devais "commander".
Une bonne synthèse de cet équilibre entre cohésion et détermination me semble être celle de l'appel des évêques de France au travers de DIACONIA.

« A la porte »

Alors pour reprendre l'expression de Christine Fontaine il existe une place "à la porte" ("A la porte") pour être ouvert sur l'extérieur, accueillir. Mais ce n'est pas facile, car il faut, me semble-t-il vivre sans cesse sous tension entre la vie de cette communauté qui se veut cohérente et fermée sur ses certitudes et les attentes de ceux qui sont rebutés par l'image donnée par cette Église. Et nous avons besoin de ressourcement, que nous ne trouvons pas forcément dans un rituel eucharistique vidé de son sens profond.

Ma recherche de "Chrétien" m'a fait découvrir cette chose immensément merveilleuse de l'AMOUR de Dieu pour tous les Humains. Amour qu'il nous appelle à partager. Il nous appelle à nous libérer de nos addictions ou penchants en allant vers l'autre ; en considérant l'importance de l'autre et avec la "certitude" qu'avec l'aide de l'ESPRIT tout est possible. Nous n'avons pas de "mérite" : simplement accepter cet amour avec humilité. Dans ce monde d'exclusion, Dieu par son incarnation par Jésus Christ avec l'aide du Saint Esprit et par sa Résurrection nous garantit une place dans son royaume, si nous l'acceptons.

Un tel message ne peut être enfermé dans une religion fermée.
Mais je me sens maladroit pour en témoigner.
Merci d'avoir pris le temps de me lire. Un tel échange correspond pour moi davantage à ce que j’attends de ce sacrement que l'on appelle "réconciliation".
Merci pour tous ces témoignages.
Je ne sais combien vous avez de lecteurs ni où ils se situent, mais ce serait sympathique d'organiser une rencontre avec célébration eucharistique "ouverte".

Fraternellement,
Jean-Pierre Jouany, le 05/06/2013
Sculptures de Pierre Meneval