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Pour une lecture en groupe de l'Evangile selon Saint Marc
Parcours « Les trois avenues »

5ème séance
Avant que tout commence


Texte des "trois avenues" dans l'Evangile selon saint Marc (PDF version imprimable)

Texte des "trois avenues" dans l'Evangile selon saint Marc (à l'écran)

Déroulement de la 5ème séance :
Avant que tout commence

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1- Parcours des textes

Présenter la séance consistera moins, pour terminer cette relecture, à chercher des corrélations à l’intérieur du texte qu’à s’interroger sur les corrélations entre les premiers mots de l’Evangile et ceux des autres : Matthieu, Luc, Jean.

Tous, comme St Marc, remontent aux origines qui précèdent le texte. Le commencement du texte évangélique semble nécessairement précédé.

Les premiers mots de Matthieu renvoient à la Genèse de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham ». Ceux de St Jean sont moins précis mais sans doute plus mystiques : « Au commencement » (1,1) était le Verbe, l’acte de parler. Saint Luc nous éclaire plus que les autres. Il précise ce qui a précédé sa rédaction : une enquête minutieuse sur ce qu’il va raconter et surtout sa volonté de répondre à un autre. Les mots de l’Evangile ne sont pas paroles en l’air mais discours adressé à quelqu’un. Plus qu’une vérité concrète telle que les historiens, de nos jours, cherchent à l’établir, l’Evangéliste se tourne vers un certain Théophile pour nouer un lien avec lui et répondre à une attente. Les mots de Luc sont bien clairs : « J’ai décidé, moi aussi, après m’être informé exactement d’en écrire pour toi l’exposé suivi. » « Pour toi » : cette simple mention donne la direction des premiers mots de chacun des Evangiles. Les lignes qui commencent amorcent une relation. Ils sont de l’ordre du don ; ils promettent de la jeunesse, des Béatitudes, de la nouveauté ; ils sont « Bonne nouvelle », Evangile.

Entre l’événement à rapporter ou le message à transmettre, jusqu’à la parole qui commence le texte, on devine un espace mystique que l’Evangile de Marc a peut-être plus souligné que les autres. Pour en venir à parler, les femmes ont eu à traverser l’angoisse. Comment penser ce passage entre ce qu’elles voient et ce qu’elles ont à dire ? Comment ce qu’elles ont à dire peut devenir commencement ? Pourquoi ce passage par la nuit ? (« L’obscurité se fit sur la terre entière ? »). Un philosophe juif, Levinas, peut-être nous aide à comprendre. Avant que la réalité soit dite, elle est prise dans l’acte de dire qui met en présence des sujets voués les uns aux autres, à l’écoute les uns des autres, otages les uns des autres. Avant d’être prise dans l’être, la réalité est ailleurs, dans « l’autrement qu’être » et le message qui rejoint l’humanité ouvre cet espace : celui du « Dire » où les sujets se doivent les uns aux autres.

On peut lire le texte
« Avant que tout commence.pdf »

2- L’échange entre les participants

- L’occasion est bonne pour prendre conscience qu’une parole dont on nous dit qu’elle a Dieu pour sujet, est un message qui est adressé à chacun ; le croyant a tendance à oublier qu’il en est le Destinataire. Faut-il s’efforcer de décrypter ce message, d’en dégager un sens clair ? Bien évidemment l’amour du pauvre, par exemple, est clair et rejoint toutes les époques ; de même le respect dû au plus faible. Peut-on faire l’inventaire des impératifs qui s’imposent à tous les croyants ?

- Quelle place faire à l’Evangile dans la vie quotidienne ? Faut-il en réserver la lecture aux messes du dimanche ? Que penser des commentaires qu’en font les prédicateurs ?

- Le recours à l’Evangile, aux yeux de certains théologiens, est le point de départ d’un renouveau ecclésial. Formons des équipes stables autour des évangiles. Réduisons le rituel au maximum : tous les évangélistes font apparaître Jésus comme critique des rituels pharisiens. L’Eglise renaîtra de l’écoute de l’Evangile, du partage du pain et du vin. Que faut-il en penser ? Y a-t-il des initiatives à prendre en ce sens ? Ne serait-ce pas une façon de faire renaître l’Evangile comme un « commencement » ? Un appel à se donner les uns aux autres en réponse aux paroles dont on dit à chacun : « Elles sont pour toi. »

3- Conclusion

Le prophète Jérémie a laissé transparaître ce qui précède tout « commencement » évangélique. Cette lecture, au terme d’une méditation silencieuse, peut conclure nos échanges.

La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes :
Avant même de te former au ventre maternel, je t’ai connu ;
Avant même que tu sois sorti du sein je t’ai établi.

Et je dis : « Ah ! Seigneur Yahvé,
vraiment je ne sais pas parler, car je suis un enfant ! »
« Ne dis pas ‘je suis un enfant’…
Car vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu iras,
Et tout ce que je t’ordonnerai, tu le diras.
N’aie aucune crainte en leur présence
Car je suis avec toi pour te délivrer,
Oracle de Yahvé !


Jérémie 1,18